Texte intégral
A. Hausser -. C'est une journée un peu particulière... Le Congrès français se réunit à Versailles et le Conseil de sécurité se réunit à l'ONU - dernière étape, vraisemblablement, avant une guerre en Irak. J. Chirac a rappelé, répété hier qu'il fallait redonner du temps aux inspecteurs et que la France était prête à opposer son veto à une nouvelle résolution. Vous ne redoutez pas que dans cette affaire, la France devienne un peu le bouc émissaire de ceux qui partent en guerre ?
- "La France a une conviction et le Président Chirac l'a très bien exprimée : c'est que l'on peut obtenir le désarmement de l'Irak, c'est-à-dire l'objectif recherché, par d'autres méthodes que par l'intervention militaire, la guerre. Et le début des inspections montre que, en effet, ce n'est pas une illusion, ce désarmement peut devenir une réalité par les inspections. Evidemment, la France a tout fait pour faire partager cette conviction. Cela étant, nous en avons une deuxième : c'est qu'il faut garder l'union le plus possible, de toute la communauté internationale, parce que même s'il doit y avoir une intervention militaire, il y aura l'après-guerre, et la paix ne pourra réussir que s'il y a vraiment une union au niveau des Européens et de toutes les démocraties."
Justement, à propos des Européens, est-ce que vous pensez que la position de la France, d'abord, est assez bien comprise, assez bien expliquée ? Et à quoi va ressembler le sommet européen qui doit se tenir jeudi et vendredi à Bruxelles ?
- "Il semble bien quand même que les Européens, finalement, tirent de cette période très difficile une leçon. Ils ont besoin de se confronter plus souvent et d'arriver quand même à des positions beaucoup plus communes pour l'avenir. Et peut-être, de cette crise actuelle, l'Europe sortira renforcée. En tout cas, nous allons tout faire pour expliquer à nos amis européens qui n'ont pas tout à fait la même manière de voir, que nous n'avons pas fait cela par un sentiment d'hostilité aux Etats-Unis, mais que nous l'avons fait par conviction. Et moi, j'envisage de voir un certain nombre de parlementaires aller dans les capitales des quinze Etats européens pour le dire, pour l'expliquer et pour dialoguer, tant il est vrai que nous voulons aussi que l'Union européenne, au-delà de cette crise, retrouve plus de cohésion et de force."
Avant le sommet ?
- "En tout cas, sans trop tarder, pour que nous puissions bien préserver cette Union européenne, dont on aura besoin, quoi qu'il arrive."
C'est pour cela que J.-P. Raffarin a dit dans une interview aux Echos que notre vie européenne n'est pas suspendue à cette crise ?
- "Absolument. Je dirais même, à la limite, que la crise doit fortifier en nous l'esprit d'un partenariat plus égal avec les Etats-Unis, éviter une subordination, mais en même temps maintenir la confiance avec les Etats-Unis."
Dans cette même interview aux Echos, le Premier ministre revoit la croissance en baisse, cette fois-ci, officiellement. Elle ne sera que de 1,3 % dans le meilleur des cas, et non pas de 2,5 %, hypothèse sur laquelle le budget avait été bâti, ce qui implique de facto un arrêt de la baisse des impôts. L'inflation repart ; vous même, vous dites que les baisses d'impôts seront dorénavant ciblées. C'est la fin des bonnes nouvelles ?
- "Non. D'abord, J.-P. Raffarin ne fait que constater aujourd'hui une situation économique mondiale qui peut aussi à nouveau s'améliorer rapidement après s'être détériorée beaucoup plus rapidement qu'on ne le pensait. Deuxièmement, il dit, et il a raison, que le cap choisi au départ est juste : il faut mobiliser tous ceux qui créent de la richesse, tous nos travailleurs, les soulager un peu d'un certain nombre d'impôts qui entravent le dynamisme français. Simplement, c'est vrai, il faut être réaliste : cette marche en avant, il faut la rythmer en fonction des circonstances et puis il faut la cibler et regarder quels effets, par exemple, certains allégements ont sur le dynamisme des Français."
La gauche vous accuse de favoriser les riches...
- "C'est tout à fait faux, parce qu'il s'agit aussi du petit créateur d'entreprise. Dans la dernière loi dite "d'initiatives économiques", on a favorisé le petit créateur d'entreprise qui crée quelques emplois qui vont immédiatement rendre service à des chômeurs. Qu'est-ce que c'est que ces histoires ? La gauche revient avec une idéologie, alors qu'elle a démontré, par les temps heureux de la croissance, qu'elle était incapable de réformer ce pays et de lui donner un potentiel de croissance plus fort."
Quand J. Lang dit que le plan de rigueur existe, mais qu'il est maquillé, secret, clandestin, c'est faux ? Il y a quand même des crédits qui sont gelés ; certains vont être annulés carrément...
- "C'est faux, parce que la rigueur, cela voudrait dire par exemple qu'on augmente les prélèvements."
Est-ce qu'on ne va pas y arriver si jamais la croissance est trop faible ?
- "Non. Le Premier ministre est clair, il a raison d'ailleurs : on ne va pas augmenter les prélèvements qui handicapent la France, et si l'on doit, à un moment donné, diminuer ou en tout cas ralentir certaines dépenses, cela doit être fait avec beaucoup de discernement, pour éviter par exemple de ralentir l'investissement."
Aujourd'hui, vous allez à Versailles pour entériner la réforme de la décentralisation qui va entrer dans la Constitution, et de facto, il y aura des lois qui vont préciser son application. Là aussi, on vous reproche de vouloir démanteler le service public.
- "Aujourd'hui, au fond, ce que nous allons consacrer, c'est une France plus efficace."
C'est vous qui le dites...
- "Je suis président de Conseil général ; je sais que quand on est plus près des gens, on est souvent meilleur, parce qu'on regarde de très près la qualité du service. Pour le contribuable, on regarde aussi que cela coûte le moins cher possible pour le meilleur service rendu. Et puis en même temps, la réforme d'aujourd'hui - et c'est en cela qu'elle est intéressante -, elle prévoit des règles de péréquation. Quand l'Etat transfère une compétence, il doit transférer une ressource."
Mais le jour où il n'aura plus de sous, il faudra les trouver !
- "Il y a des règles constitutionnelles qui vont régler maintenant ces transferts de compétences, et pour des communautés moins riches, il y a l'assurance d'une péréquation. Et enfin, il y a plus de démocratie, puisqu'il y aura un droit de pétition pour permettre d'inscrire à l'ordre du jour de nos mairies un sujet difficile que le conseil municipal n'aurait pas voulu inscrire initialement. Il y a donc là une France qui se dessine, qui sera plus efficace, plus économe, plus solidaire et plus démocratique. Je trouve qu'un certain nombre de critiques seront bien mal venues devant cette évolution qui correspond à la société d'aujourd'hui."
Comment allez-vous calmer les craintes des gens qui vont être transférés ? Les syndicats déjà se manifestent dans ce domaine, notamment dans l'éducation...
- "Nous avons des précédents. Il y a déjà des fonctionnaires d'Etat, dans les premières étapes de décentralisation que G. Defferre avait initiées, qui sont venus dans les collectivités locales, et je dois dire qu'un certain nombre d'entre eux peuvent témoigner qu'ils ont pu réussir leur vie professionnelle et servir les autres et servir le public, comme c'est la vocation d'un fonctionnaire, dans de meilleures conditions parfois que s'ils étaient restés dans un Etat centralisé où on gère les femmes et les hommes depuis Paris. Ce n'est pas l'idéal pour la gestion des ressources humaines."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 mars 2003)
- "La France a une conviction et le Président Chirac l'a très bien exprimée : c'est que l'on peut obtenir le désarmement de l'Irak, c'est-à-dire l'objectif recherché, par d'autres méthodes que par l'intervention militaire, la guerre. Et le début des inspections montre que, en effet, ce n'est pas une illusion, ce désarmement peut devenir une réalité par les inspections. Evidemment, la France a tout fait pour faire partager cette conviction. Cela étant, nous en avons une deuxième : c'est qu'il faut garder l'union le plus possible, de toute la communauté internationale, parce que même s'il doit y avoir une intervention militaire, il y aura l'après-guerre, et la paix ne pourra réussir que s'il y a vraiment une union au niveau des Européens et de toutes les démocraties."
Justement, à propos des Européens, est-ce que vous pensez que la position de la France, d'abord, est assez bien comprise, assez bien expliquée ? Et à quoi va ressembler le sommet européen qui doit se tenir jeudi et vendredi à Bruxelles ?
- "Il semble bien quand même que les Européens, finalement, tirent de cette période très difficile une leçon. Ils ont besoin de se confronter plus souvent et d'arriver quand même à des positions beaucoup plus communes pour l'avenir. Et peut-être, de cette crise actuelle, l'Europe sortira renforcée. En tout cas, nous allons tout faire pour expliquer à nos amis européens qui n'ont pas tout à fait la même manière de voir, que nous n'avons pas fait cela par un sentiment d'hostilité aux Etats-Unis, mais que nous l'avons fait par conviction. Et moi, j'envisage de voir un certain nombre de parlementaires aller dans les capitales des quinze Etats européens pour le dire, pour l'expliquer et pour dialoguer, tant il est vrai que nous voulons aussi que l'Union européenne, au-delà de cette crise, retrouve plus de cohésion et de force."
Avant le sommet ?
- "En tout cas, sans trop tarder, pour que nous puissions bien préserver cette Union européenne, dont on aura besoin, quoi qu'il arrive."
C'est pour cela que J.-P. Raffarin a dit dans une interview aux Echos que notre vie européenne n'est pas suspendue à cette crise ?
- "Absolument. Je dirais même, à la limite, que la crise doit fortifier en nous l'esprit d'un partenariat plus égal avec les Etats-Unis, éviter une subordination, mais en même temps maintenir la confiance avec les Etats-Unis."
Dans cette même interview aux Echos, le Premier ministre revoit la croissance en baisse, cette fois-ci, officiellement. Elle ne sera que de 1,3 % dans le meilleur des cas, et non pas de 2,5 %, hypothèse sur laquelle le budget avait été bâti, ce qui implique de facto un arrêt de la baisse des impôts. L'inflation repart ; vous même, vous dites que les baisses d'impôts seront dorénavant ciblées. C'est la fin des bonnes nouvelles ?
- "Non. D'abord, J.-P. Raffarin ne fait que constater aujourd'hui une situation économique mondiale qui peut aussi à nouveau s'améliorer rapidement après s'être détériorée beaucoup plus rapidement qu'on ne le pensait. Deuxièmement, il dit, et il a raison, que le cap choisi au départ est juste : il faut mobiliser tous ceux qui créent de la richesse, tous nos travailleurs, les soulager un peu d'un certain nombre d'impôts qui entravent le dynamisme français. Simplement, c'est vrai, il faut être réaliste : cette marche en avant, il faut la rythmer en fonction des circonstances et puis il faut la cibler et regarder quels effets, par exemple, certains allégements ont sur le dynamisme des Français."
La gauche vous accuse de favoriser les riches...
- "C'est tout à fait faux, parce qu'il s'agit aussi du petit créateur d'entreprise. Dans la dernière loi dite "d'initiatives économiques", on a favorisé le petit créateur d'entreprise qui crée quelques emplois qui vont immédiatement rendre service à des chômeurs. Qu'est-ce que c'est que ces histoires ? La gauche revient avec une idéologie, alors qu'elle a démontré, par les temps heureux de la croissance, qu'elle était incapable de réformer ce pays et de lui donner un potentiel de croissance plus fort."
Quand J. Lang dit que le plan de rigueur existe, mais qu'il est maquillé, secret, clandestin, c'est faux ? Il y a quand même des crédits qui sont gelés ; certains vont être annulés carrément...
- "C'est faux, parce que la rigueur, cela voudrait dire par exemple qu'on augmente les prélèvements."
Est-ce qu'on ne va pas y arriver si jamais la croissance est trop faible ?
- "Non. Le Premier ministre est clair, il a raison d'ailleurs : on ne va pas augmenter les prélèvements qui handicapent la France, et si l'on doit, à un moment donné, diminuer ou en tout cas ralentir certaines dépenses, cela doit être fait avec beaucoup de discernement, pour éviter par exemple de ralentir l'investissement."
Aujourd'hui, vous allez à Versailles pour entériner la réforme de la décentralisation qui va entrer dans la Constitution, et de facto, il y aura des lois qui vont préciser son application. Là aussi, on vous reproche de vouloir démanteler le service public.
- "Aujourd'hui, au fond, ce que nous allons consacrer, c'est une France plus efficace."
C'est vous qui le dites...
- "Je suis président de Conseil général ; je sais que quand on est plus près des gens, on est souvent meilleur, parce qu'on regarde de très près la qualité du service. Pour le contribuable, on regarde aussi que cela coûte le moins cher possible pour le meilleur service rendu. Et puis en même temps, la réforme d'aujourd'hui - et c'est en cela qu'elle est intéressante -, elle prévoit des règles de péréquation. Quand l'Etat transfère une compétence, il doit transférer une ressource."
Mais le jour où il n'aura plus de sous, il faudra les trouver !
- "Il y a des règles constitutionnelles qui vont régler maintenant ces transferts de compétences, et pour des communautés moins riches, il y a l'assurance d'une péréquation. Et enfin, il y a plus de démocratie, puisqu'il y aura un droit de pétition pour permettre d'inscrire à l'ordre du jour de nos mairies un sujet difficile que le conseil municipal n'aurait pas voulu inscrire initialement. Il y a donc là une France qui se dessine, qui sera plus efficace, plus économe, plus solidaire et plus démocratique. Je trouve qu'un certain nombre de critiques seront bien mal venues devant cette évolution qui correspond à la société d'aujourd'hui."
Comment allez-vous calmer les craintes des gens qui vont être transférés ? Les syndicats déjà se manifestent dans ce domaine, notamment dans l'éducation...
- "Nous avons des précédents. Il y a déjà des fonctionnaires d'Etat, dans les premières étapes de décentralisation que G. Defferre avait initiées, qui sont venus dans les collectivités locales, et je dois dire qu'un certain nombre d'entre eux peuvent témoigner qu'ils ont pu réussir leur vie professionnelle et servir les autres et servir le public, comme c'est la vocation d'un fonctionnaire, dans de meilleures conditions parfois que s'ils étaient restés dans un Etat centralisé où on gère les femmes et les hommes depuis Paris. Ce n'est pas l'idéal pour la gestion des ressources humaines."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 mars 2003)