Texte intégral
J'ai tenu à vous rencontrer à l'issue de la seconde journée de trois jours que j'effectue à Rio car cette journée était consacrée en particulier à des entretiens avec des membres du gouvernement brésilien et a constitué le cur de mon voyage. J'ai rencontré successivement ici à Rio : M. Tapias, ministre du Développement, de l'Industrie, et du Commerce extérieur, M. Pratini de Moraes, ministre de l'Agriculture et M. Lampreia, ministre des Relations extérieures. J'ai rencontré ces ministres avec une délégation qui comprenait des membres du parlement français, députés et sénateurs. L'objectif de notre visite était triple : premièrement, contribuer au renforcement des relations économiques et commerciales qui sont déjà excellentes entre les deux pays, ensuite avoir avec les autorités brésiliennes des discussions approfondies sur les grande négociations commerciales en cours, tant à l'Organisation mondiale du commerce qu'entre l'Union européenne et le Mercosur, car le Brésil est un acteur majeur et très respecté de ces négociations, et enfin je souhaitais aussi apporter mon soutien à un séminaire de réflexion, organisé par le Medef international et qui réunissait 200 entreprises françaises en présence de tous les ambassadeurs de la zone Amérique du Sud . Ce Forum me permet de manifester l'intérêt des entreprises françaises pour le Brésil.
Sur le plan bilatéral, avant de répondre à vos questions, je voudrais faire les observations suivantes : tout d'abord remarquer la qualité, la chaleur, la franchise des entretiens que j'ai eus aujourd'hui et qui se situent dans le prolongement de l'esprit exceptionnellement amical des entretiens que le président Cardoso a eus à Paris avec le président Chirac et Lionel Jospin, le Premier ministre français. Je veux saluer aussi la pertinence de la politique menée par le gouvernement brésilien avec l'amélioration, très encourageante, de la situation conjoncturelle et la poursuite d'importantes et nécessaires réformes structurelles. Je me félicite également de l'équilibre de nos échanges commerciaux qui semble se confirmer mais je pense bien entendu qu'il pourrait s'établir à un niveau supérieur de ce qu'il est aujourd'hui. Le Brésil est notre deuxième partenaire commercial hors OCDE et Mahgreb, mais nous sommes son sixième fournisseur. Sur le plan des investissements, la France est le quatrième investisseur étranger au Brésil et le deuxième européen. Le Brésil est la première destination pour nos investissements dans les pays émergents mais nous voulons encore faire mieux et je voudrais signaler que nous sommes le deuxième investisseur derrière les Etats-Unis sur les cinq premiers mois de cette année. C'est un fait significatif à nos yeux. Sur le plan multilatéral et commercial, je me réjouis de la communauté de vue avec le Brésil sur les grandes orientations à donner aux négociations de l'OMC, c'est à dire un nouveau cycle large et global permettant de déboucher sur un nouvel équilibre mondial bénéfique pour tous et en particulier pour les pays en développement, une mondialisation par conséquent humanisée.
Nous sommes très favorables au développement et à la consolidation du Mercosur qui est un atout majeur pour un développement durable et démocratique de la zone et, peut-être une locomotive de l'intégration économique de l'Amérique du Sud. C'est dans cet esprit que nous abordons les négociations commerciales Union européenne - Mercosur. Nous voulons que celles-ci avancent le plus vite possible mais sur des bases solides. Nous espérons que la coïncidence de notre présidence française de l'Union européenne au deuxième semestre avec la présidence du MERCOSUR par le Brésil nous permettra ensemble de donner une nouvelle impulsion à cette négociation.
Q - Comment la France est-elle arrivée à occuper la seconde place parmi les investisseurs étrangers ?
R - Vous savez que Peugeot, Renault et Usinor ont fait des investissements considérables et là se trouve l'explication. Usinor vient de décider un investissement de 450 millions de dollars pour une usine de laminage à froid dans l'Etat de Santa Catarina .
Q - La question des barrières agricoles a-t-elle été abordée lors de votre entretien avec le ministre des Relations extérieures ?
R - Je pense que les deux entretiens que j'ai eus avec le ministre de l'Agriculture et celui des Relations Extérieures ne pouvaient pas ne pas aussi porter sur les questions de l'agriculture. C'est une question importante pour nos deux pays. Je voudrais, avant de répondre plus précisément à votre question, rappeler que l'Union européenne est de très loin le premier importateur de produits agricoles brésiliens : 46% de part d'importation agricole pour l'Union européenne contre 20% pour les Etats-Unis seulement. Je ne veux pas qu'il y ait de malentendus sur cette question. Je sais que l'on reproche à l'Union européenne et à la France d'avoir une attitude protectionniste à l'égard de leur agriculture. En fait, la France achète dix fois plus de produits agricoles au Brésil que le Brésil n'en achète à la France. La politique agricole commune de l'Union européenne a déjà, depuis 1992 et encore davantage avec Agenda 2000, largement réduit les subventions à l'agriculture, qu'il s'agisse des subventions internes ou des restitutions à l'exportation. Je voudrais dire que l'Union européenne a parfaitement respecté les engagements qu'elle avait pris à Marrakech. Bien entendu, les négociations sur l'agriculture qui se sont engagées à Genève seront abordées par la France avec bonne foi et nous irons vers une poursuite de la réduction progressive des subventions à l'exportation mais je veux dire aussi que dans le cadre des négociations multilatérales, nous ne voulons pas que se reproduisent ce qui s'est passé à Seattle. Nous voulons une négociation globale et équilibrée dans laquelle l'agriculture est un sujet parmi d'autres et dans laquelle l'agriculture ne doit pas être une négociation préalable. C'est un sujet important mais il y en a d'autres.
Q - Pensez-vous Monsieur le Ministre qu'au cours de la prochaine Présidence française de l'Union européenne, il y aura une meilleure bonne volonté de la France s'agissant de cette question d'agriculture ?
R - La bonne volonté de la France s'est déjà manifestée depuis l'Agenda 2000 . Il s'agit d'ailleurs d'une position européenne et il ne s'agit pas de la position de la seule France et par conséquent nous ferons une démarche de bonne foi, mais j'insiste que pour la France, Agenda 2000 est notre référence parce que nous considérons que l'agriculture est un sujet commercial mais c'est aussi un enjeu de société. Nous voulons une agriculture qui prenne en compte l'emploi, qui soit respectueuse de l'environnement et nous ne souhaitons pas une agriculture qui soit le désert de nos zones rurales.
Q - Quel est le budget de l'agriculture de l'Union européenne ?
R - Je peux simplement vous dire que les fonds européens agricoles seront, s'agissant du soutien à l'exportation, réduits de 90% à 21% d'ici 2006. Je rajouterai que les prix d'intervention sur les marchés ont baissé de 45% et de 35% pour la viande bovine et des céréales et que ces chiffres montrent que l'image protectionniste de l'Europe agricole est fausse. Une précision sur les subventions à l'exportation : elles ne concernent que 9% de nos exportations agricoles au lieu de 55% en 1992. Vous voyez à quel point la situation a évolué.
Q - Mis à part la sidérurgie et le secteur automobile cités comme constituant les investissements français les plus importants, quels pourraient être les autres secteurs d'intérêt pour la France ? L'assainissement peut-être ?
R - Bien sûr, le secteur de l'eau et de l'assainissement intéressent au plus haut point les entreprises françaises. Je vous rappelle que des groupes comme Suez Lyonnaise des Eaux et Vivendi sont les premiers groupes mondiaux. Elles ont une expertise et un savoir-faire inégalé, je pense. De plus, ces entreprises françaises ont une grande habitude des concessions de service public. Elles savent par conséquent, à la demande des autorités publiques, concilier les préoccupations d'intérêt général et l'efficacité de la gestion privée.
Q - Et les assurances ?
R - Vous savez que la France a dans le domaine des services une position importante. Nous sommes le troisième exportateur mondial de services et dans aucun pays au monde, la question des services, et par conséquent la question des assurances aussi, ne nous est étrangère.
Q - Quelle est la situation du commerce bilatéral ?
R - Le commerce bilatéral représente 22 milliards de francs d'échanges et c'est un échange équilibré, ce dont nous nous félicitons. Cela représente 4% du marché brésilien. Nos points forts sont les biens d'équipement et la pharmacie et les points forts brésiliens concernent les huiles minérales, la pâte à papier, les fruits, le minerai de fer. Les investissements totalisent en flux 5 milliards de francs.
Q - Quels sont les domaines que la France souhaiterait intensifier ?
R - On peut citer le domaine de l'aéronautique et je pense notamment à Airbus. S'agissant d'Eembraer, je remarquerai le partenariat entre la France et le Brésil et confirmer la vraie volonté des entreprise françaises concernées de coopérer avec la compagnie brésilienne.
Q - Avez-vous eu des entretiens sur la technologie Ariane ?
R - C'est une coopération qui est traditionnelle. Il existe un accord depuis 1996 et nous attachons une grande importance à cette question./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 juin 2000)
Sur le plan bilatéral, avant de répondre à vos questions, je voudrais faire les observations suivantes : tout d'abord remarquer la qualité, la chaleur, la franchise des entretiens que j'ai eus aujourd'hui et qui se situent dans le prolongement de l'esprit exceptionnellement amical des entretiens que le président Cardoso a eus à Paris avec le président Chirac et Lionel Jospin, le Premier ministre français. Je veux saluer aussi la pertinence de la politique menée par le gouvernement brésilien avec l'amélioration, très encourageante, de la situation conjoncturelle et la poursuite d'importantes et nécessaires réformes structurelles. Je me félicite également de l'équilibre de nos échanges commerciaux qui semble se confirmer mais je pense bien entendu qu'il pourrait s'établir à un niveau supérieur de ce qu'il est aujourd'hui. Le Brésil est notre deuxième partenaire commercial hors OCDE et Mahgreb, mais nous sommes son sixième fournisseur. Sur le plan des investissements, la France est le quatrième investisseur étranger au Brésil et le deuxième européen. Le Brésil est la première destination pour nos investissements dans les pays émergents mais nous voulons encore faire mieux et je voudrais signaler que nous sommes le deuxième investisseur derrière les Etats-Unis sur les cinq premiers mois de cette année. C'est un fait significatif à nos yeux. Sur le plan multilatéral et commercial, je me réjouis de la communauté de vue avec le Brésil sur les grandes orientations à donner aux négociations de l'OMC, c'est à dire un nouveau cycle large et global permettant de déboucher sur un nouvel équilibre mondial bénéfique pour tous et en particulier pour les pays en développement, une mondialisation par conséquent humanisée.
Nous sommes très favorables au développement et à la consolidation du Mercosur qui est un atout majeur pour un développement durable et démocratique de la zone et, peut-être une locomotive de l'intégration économique de l'Amérique du Sud. C'est dans cet esprit que nous abordons les négociations commerciales Union européenne - Mercosur. Nous voulons que celles-ci avancent le plus vite possible mais sur des bases solides. Nous espérons que la coïncidence de notre présidence française de l'Union européenne au deuxième semestre avec la présidence du MERCOSUR par le Brésil nous permettra ensemble de donner une nouvelle impulsion à cette négociation.
Q - Comment la France est-elle arrivée à occuper la seconde place parmi les investisseurs étrangers ?
R - Vous savez que Peugeot, Renault et Usinor ont fait des investissements considérables et là se trouve l'explication. Usinor vient de décider un investissement de 450 millions de dollars pour une usine de laminage à froid dans l'Etat de Santa Catarina .
Q - La question des barrières agricoles a-t-elle été abordée lors de votre entretien avec le ministre des Relations extérieures ?
R - Je pense que les deux entretiens que j'ai eus avec le ministre de l'Agriculture et celui des Relations Extérieures ne pouvaient pas ne pas aussi porter sur les questions de l'agriculture. C'est une question importante pour nos deux pays. Je voudrais, avant de répondre plus précisément à votre question, rappeler que l'Union européenne est de très loin le premier importateur de produits agricoles brésiliens : 46% de part d'importation agricole pour l'Union européenne contre 20% pour les Etats-Unis seulement. Je ne veux pas qu'il y ait de malentendus sur cette question. Je sais que l'on reproche à l'Union européenne et à la France d'avoir une attitude protectionniste à l'égard de leur agriculture. En fait, la France achète dix fois plus de produits agricoles au Brésil que le Brésil n'en achète à la France. La politique agricole commune de l'Union européenne a déjà, depuis 1992 et encore davantage avec Agenda 2000, largement réduit les subventions à l'agriculture, qu'il s'agisse des subventions internes ou des restitutions à l'exportation. Je voudrais dire que l'Union européenne a parfaitement respecté les engagements qu'elle avait pris à Marrakech. Bien entendu, les négociations sur l'agriculture qui se sont engagées à Genève seront abordées par la France avec bonne foi et nous irons vers une poursuite de la réduction progressive des subventions à l'exportation mais je veux dire aussi que dans le cadre des négociations multilatérales, nous ne voulons pas que se reproduisent ce qui s'est passé à Seattle. Nous voulons une négociation globale et équilibrée dans laquelle l'agriculture est un sujet parmi d'autres et dans laquelle l'agriculture ne doit pas être une négociation préalable. C'est un sujet important mais il y en a d'autres.
Q - Pensez-vous Monsieur le Ministre qu'au cours de la prochaine Présidence française de l'Union européenne, il y aura une meilleure bonne volonté de la France s'agissant de cette question d'agriculture ?
R - La bonne volonté de la France s'est déjà manifestée depuis l'Agenda 2000 . Il s'agit d'ailleurs d'une position européenne et il ne s'agit pas de la position de la seule France et par conséquent nous ferons une démarche de bonne foi, mais j'insiste que pour la France, Agenda 2000 est notre référence parce que nous considérons que l'agriculture est un sujet commercial mais c'est aussi un enjeu de société. Nous voulons une agriculture qui prenne en compte l'emploi, qui soit respectueuse de l'environnement et nous ne souhaitons pas une agriculture qui soit le désert de nos zones rurales.
Q - Quel est le budget de l'agriculture de l'Union européenne ?
R - Je peux simplement vous dire que les fonds européens agricoles seront, s'agissant du soutien à l'exportation, réduits de 90% à 21% d'ici 2006. Je rajouterai que les prix d'intervention sur les marchés ont baissé de 45% et de 35% pour la viande bovine et des céréales et que ces chiffres montrent que l'image protectionniste de l'Europe agricole est fausse. Une précision sur les subventions à l'exportation : elles ne concernent que 9% de nos exportations agricoles au lieu de 55% en 1992. Vous voyez à quel point la situation a évolué.
Q - Mis à part la sidérurgie et le secteur automobile cités comme constituant les investissements français les plus importants, quels pourraient être les autres secteurs d'intérêt pour la France ? L'assainissement peut-être ?
R - Bien sûr, le secteur de l'eau et de l'assainissement intéressent au plus haut point les entreprises françaises. Je vous rappelle que des groupes comme Suez Lyonnaise des Eaux et Vivendi sont les premiers groupes mondiaux. Elles ont une expertise et un savoir-faire inégalé, je pense. De plus, ces entreprises françaises ont une grande habitude des concessions de service public. Elles savent par conséquent, à la demande des autorités publiques, concilier les préoccupations d'intérêt général et l'efficacité de la gestion privée.
Q - Et les assurances ?
R - Vous savez que la France a dans le domaine des services une position importante. Nous sommes le troisième exportateur mondial de services et dans aucun pays au monde, la question des services, et par conséquent la question des assurances aussi, ne nous est étrangère.
Q - Quelle est la situation du commerce bilatéral ?
R - Le commerce bilatéral représente 22 milliards de francs d'échanges et c'est un échange équilibré, ce dont nous nous félicitons. Cela représente 4% du marché brésilien. Nos points forts sont les biens d'équipement et la pharmacie et les points forts brésiliens concernent les huiles minérales, la pâte à papier, les fruits, le minerai de fer. Les investissements totalisent en flux 5 milliards de francs.
Q - Quels sont les domaines que la France souhaiterait intensifier ?
R - On peut citer le domaine de l'aéronautique et je pense notamment à Airbus. S'agissant d'Eembraer, je remarquerai le partenariat entre la France et le Brésil et confirmer la vraie volonté des entreprise françaises concernées de coopérer avec la compagnie brésilienne.
Q - Avez-vous eu des entretiens sur la technologie Ariane ?
R - C'est une coopération qui est traditionnelle. Il existe un accord depuis 1996 et nous attachons une grande importance à cette question./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 juin 2000)