Texte intégral
Monsieur le Président, Cher Jérôme
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux, vous vous en doutez, d'être parmi vous aujourd'hui. D'autant plus que vous avez eu l'excellente idée d'organiser votre congrès dans ma région, en Bretagne.
C'est déjà mon troisième congrès des Jeunes agriculteurs, en tant que président de la FNSEA et voilà maintenant une année que nous défendons, ensemble Jérôme, les paysans. Je voudrais te dire, Jérôme, combien j'apprécie le travail que nous menons ensemble. Je voudrais également souligner la confiance réciproque qui lie nos deux équipes et saluer les efforts que nous avons tous engagé pour dynamiser notre réseau.
En Bretagne où pour une fois, on ne pourra pas dire qu'il pleut tout le temps - même si le temps d'aujourd'hui me contredit.
Les bretons ont subi de plein fouet la sécheresse qui a touché de nombreuses productions en France.
Une sécheresse qui est arrivée tout juste après le gel.
Nous avons donc subi un début 2003 bien difficile.
Mais que cela ne nous empêche pas, bien au contraire, de nous mobiliser et de réfléchir ensemble à l'avenir de notre agriculture.
" Paysan dans dix ans " C'est le titre de votre rapport. Et chacun peut s'amuser à imaginer ce qu'il sera dans dix ans.
Mais en réalité, derrière ce titre, révisé ce matin à 0h45 : " Bien dans sa tête et bien dans ses bottes - Paysan un métier d'avenir ", il y a tout un programme !
Il y a un plan d'action que nous pouvons élaborer et suivre ensemble.
Un plan d'action qui n'a qu'un seul objectif : des paysans nombreux, sur tout le territoire et qui vivent de leur métier.
Ce plan d'action se résume en trois mots pour les trois combats que nous allons mener ensemble : pérennité, prix et politique.
Pérennité de nos exploitations, Prix de nos produits, Politiques agricoles.
[assurer la pérennité de nos exploitations]
Et je commencerai par la pérennité de nos exploitations. Voilà un mot qui n'a peut-être plus beaucoup de sens pour certains d'entre nous.
Entre le gel, la sécheresse et les crises sectorielles, il est difficile de tracer des voies d'avenir. C'est particulièrement vrai en Bretagne, comme l'a souligné tout à l'heure le président du conseil régional où les secteurs porcins et de la volaille sont durement touchés.
Ces crises révèlent à quel point l'agriculture est la colonne vertébrale du monde rural.
Quand un paysan met la clé sous la porte, combien d'entreprises, combien d'emplois entraîne-t-il dans sa chute ? Des exploitations disparaissent et c'est tout un pan de l'économie locale qui est menacé.
C'est pourquoi, il faut se serrer les coudes, il faut être solidaires. En agissant d'abord avec nos propres moyens en faisant appel à nos filières, à nos interprofessions.
Et je regrette que la filière porcine n'ait pas montré plus de volonté pour sortir de la crise. A quoi servent nos combats contre la distribution si nous n'avons pas la solidarité dans nos filières pour nous en sortir ?
Mais il faut aussi que les Pouvoirs publics nous soutiennent pour laisser le moins longtemps possible dans le doute les producteurs secoués par les crises.
Mais le ministère de l'Agriculture montre aussi de bonnes dispositions, comme il a pu le faire récemment en maintenant le système des prêts bonifiés.
D'ailleurs dans cette affaire, il a fallu la force conjointe des JA et de la FNSEA pour convaincre. C'est ensemble que nous avons obtenu gain de cause. Cela doit nous donner confiance pour d'autres dossiers, celui de l'assurance-récolte par exemple.
Lorsque le ministre est intervenu au congrès de Rodez, il a pris de nombreux engagements, notamment sur ce dossier. Aujourd'hui, il doit forcément constater, avec les producteurs sinistrés par le gel ou la sécheresse, que nous avons besoin de ce dispositif.
Pour travailler correctement, pour mener son exploitation sur le long terme, il faut sécuriser ses productions.
A partir de là, on peut se projeter dans l'avenir et envisager de quelle manière transmettre son outil de travail.
Vous menez des réflexions et des actions pour favoriser l'installation et la transmission.
Et vous savez que je suis très sensible à toutes vos initiatives. Vous les avez très bien présentées lors de la Journée nationale d'installation. A cette occasion, vous avez eu raison de mettre l'accent sur la promotion du métier - il faudrait d'ailleurs activer le fonds de communication - sur le développement des partenariats, sur l'aide à l'installation et sur la transmission.
Installation et transmission : voilà deux dossiers directement concernés par la réforme des retraites.
Cette question d'actualité est essentielle pour l'ensemble des catégories sociales, y compris pour la profession agricole.
Notre combat syndical commun nous a permis d'être reconnus comme partenaire social à part entière. A ce titre, avec Jérôme, nous avons été reçus par François Fillon et nous lui avons présenté nos propositions.
Parmi celles-ci, il y en a une sur laquelle nous avons fortement insisté : l'allongement de la durée de cotisation et ses conséquences sur l'installation des jeunes.
Nous l'avons déjà dit, tant au ministre des affaires sociales qu'à celui de l'agriculture : il ne faut pas que la réforme des retraites réduise à néant tous nos efforts en termes d'installation.
C'est évident, il y a un équilibre à trouver. Mais je refuse que l'on pénalise la jeunesse agricole !
Notre solidarité est forte en agriculture, elle l'est particulièrement dans le domaine des retraites.
C'est aujourd'hui le cas avec la mise en place de la retraite complémentaire.
Mais il aura quand même fallu attendre le début du XXIème siècle pour que nos aînés bénéficient d'une retraite à hauteur de 75 % du SMIC.
Cette amélioration sociale, nous en avons partagé le coût, nous les actifs, avec l'État.
Le Gouvernement vient d'annoncer aux centrales ouvrières une retraite minimum à hauteur de 85 % du SMIC en 2008.
Nous n'accepterons pas d'exception agricole. Et le coût supplémentaire devra être pris en charge par l'État.
Cet alignement ne se fera pas au détriment des actifs, notamment des jeunes, et ne mettra pas en danger la compétitivité des exploitations.
Avancer sur l'assurance-récolte, assurer nos retraites, conforter notre protection sociale : tout cela est essentiel pour assurer la pérennité de nos exploitations. Mais bien sûr, cela ne suffira pas si nous n'avons pas de revenu.
[défendre le prix de nos produits]
Et justement, parlons un peu des prix agricoles. Vous vous souvenez tous du mois d'octobre 2001 :
- Quand les animaux ne se vendaient plus,
- Quand le marché français était envahi par des viandes étrangères,
- Quand les prix de la viande étaient au plus bas, dans les exploitations bien sûr, pas dans les linéaires !
- Quand les éleveurs étaient au désespoir.
Vous vous souvenez de ce que nous avons fait ensemble pour sauver un secteur du naufrage.
Si vous l'aviez oublié, de toute façon, la Commission vous aura rafraîchi la mémoire.
L'Europe a osé nous infliger une amende de 17 millions d'euros pour entente.
Et voilà quelques milliers de producteurs aux revenus inférieurs au SMIC assimilés aux plus grands requins du " business " mondial. C'est une promotion dont on aurait pu se passer !
D'autant plus que les vrais requins, eux, nagent toujours, et en eaux troubles. Mais quand on veut gagner, il est certainement plus facile de s'attaquer à des paysans qu'aux cartels de la distribution ou aux monopoles de l'informatique.
On veut nous faire perdre nos repères : d'un côté on s'en prend aux syndicalistes, de l'autre on reçoit, avec tous les honneurs d'un chef d'État, Bill Gates, le roi du logiciel !
Avec cette décision, la Commission va au-delà d'un simple rappel réglementaire, vous le savez aussi bien que moi : elle met en danger l'exercice du droit syndical. Et elle révèle sa conception de l'Europe : une Europe ultra-libérale, vaste zone de libre-échange, écrasant l'Europe des peuples et l'Europe des forces sociales.
Alors nous allons nous défendre. Nous allons déposer un recours devant le Tribunal de première instance des communautés européennes, et si cela ne suffit pas, nous irons nous expliquer devant la Cour de justice.
La liberté syndicale vaut bien plus que la liberté du commerce !
Nous allons nous défendre pour sauver nos organisations et surtout pour sauver la libre expression des forces sociales !
Celui qui bâillonnera les JA et la FNSEA n'est pas encore né.
Et vous savez, quand la Commission nous accuse d'entente, j'ai bien envie de lui retourner le compliment.
J'accuse la Commission d'entente avec l'OMC !
La Commission se vend au commerce mondial.
Et nous sommes en première ligne pour subir les effets néfastes de cette stratégie.
[les négociations internationales]
En effet, dans quatre mois, la conférence ministérielle de l'OMC se tiendra à Cancun, au Mexique.
En quatre mois, les négociateurs vont affiner leurs stratégies et développer leurs arguments pour gagner ou tout du moins, perdre le moins possible, dans ce partage du marché mondial.
D'un côté, les États-Unis et les pays du groupe de Cairns avancent à découvert avec des théories ultra-libérales.
Mais qu'est-ce que cela veut dire " libéral " aux Etats-Unis ? J'ai cru comprendre que cela pouvait être une garantie de prix dans la loi agricole de Monsieur Bush.
De l'autre, l'Union européenne, est prête, elle, à brader son agriculture pour je ne sais quelle chimère.
Nos négociateurs MM Lamy et Fischler ont un mandat, celui de Berlin : ils doivent s'y tenir.
Le marché mondial ne doit pas être un marché uniforme et banalisé mais un marché d'étals colorés, achalandés d'une grande diversité de produits.
Un marché dans lequel tous les paysans, toutes les productions, toutes les régions doivent trouver leur place.
Nous devons nous battre pour cette diversité, pour que soient reconnues les spécificités de toutes les agricultures.
Celles de l'agriculture européenne tout d'abord qui s'inscrit aujourd'hui, avec son cortège de normes sociales, environnementales, économiques dans le développement durable.
Et c'est une agriculture qui ne produit pas seulement pour un marché de l'agro-alimentaire mais aussi pour celui des loisirs, pour dynamiser un milieu rural, pour répondre aux attentes de la société.
Se battre pour la diversité des agricultures, c'est aussi agir de manière solidaire avec les producteurs des pays en développement. Et l'aide la plus déterminante que l'on pourra apporter à ces pays est politique.
Aujourd'hui, ces pays désignent les agricultures subventionnées comme les responsables de toutes leurs difficultés.
Or, je suis convaincu, et je le suis d'autant plus depuis mon récent voyage en Afrique de l'Ouest, que c'est d'abord en privilégiant ses propres consommateurs, en organisant son propre marché que l'on renforce son agriculture.
Notre solidarité avec les agriculteurs des régions difficiles se traduit par notre position en faveur de politiques régionales protégeant leurs marchés.
Une protection des marchés que nous réclamons aussi en Europe et qui passe par le respect de la préférence communautaire, un des principes essentiels pour continuer à promouvoir notre agriculture.
Nous nous battrons pour que les paysans soient au cur des négociations agricoles et pour que l'OMC ne devienne pas le gérant de l'hypermarché du monde !
C'est tout cela, Jérôme, qu'il faudra dire aux jeunes agriculteurs lors du premier congrès mondial que vous avez eu la volonté d'organiser à Paris. Vous avez accompli un travail formidable, qui remportera, j'en suis certain, un grand succès. Et je voudrais saluer Bernard Layres et toute son équipe pour ce projet qu'il a su mener à bien.
Ce grand événement sera une occasion unique pour mieux comprendre les autres agricultures, pour débattre et échanger avec les paysans du monde entier.
[la politique agricole commune]
Parce qu'attention ! Les idées ultra-libérales n'appartiennent pas seulement aux américains ou aux pays du groupe de Cairns. Elles sont largement reprises, même si elles sont un peu maquillées, par la Commission européenne.
Aujourd'hui, le projet de réforme de la PAC de M. Fischler n'est pas négociable.
Et notre opposition n'est pas une opposition de principe, c'est une opposition de survie !
Le projet qui est sur la table aujourd'hui renforce les orientations prises en 1992 : des orientations avec une seule logique, la baisse des prix, des prix qui se rapprochent du prix mondial.
Pourquoi la Commission ne fait-elle pas un bilan de 92 avant de proposer sa réforme ?
La Commission ne fait pas de bilan car elle a peur des résultats. Des résultats que nous connaissons tous. Elle a peur de voir la réalité : des prix qui s'effondrent, des revenus en baisse, des installations en forte diminution.
Aujourd'hui, que trouve-t-on dans les projets de la commission : la baisse des prix, la modulation, la dégressivité, la conditionnalité, la fin de la préférence communautaire et des organisations communes de marché, et enfin le découplage avec ce que cela veut dire en termes de dérégulation des marchés.
Un beau programme pour faire disparaître un grand nombre de paysans.
La FNSEA n'acceptera jamais que le marché organise tout et que l'on régule le nombre de paysans par les crises. On en sait quelque chose en Bretagne quand à chaque crise du porc des paysans disparaissent et pas forcément les porcheries.
Ce que nous voulons, c'est une meilleure gestion des marchés, une meilleure valorisation des productions et plus de valeur ajoutée.
C'est la valeur ajoutée qui crée les emplois et pas les aides - sauf dans les DDA !-.
N'en déplaise à la Commission, nous sommes sensibles aux attentes de la société et nous pouvons nous engager encore plus pour l'environnement, pour le bien-être animal, pour la qualité, pour la sécurité sanitaire, pour le progrès social mais pas avec des prix toujours plus bas !
[la mobilisation du 26 mai]
C'est pour cela que nous sommes mobilisés.
Le 26 mai, les paysans seront dans la rue pour défendre notre modèle agricole, notre modèle alimentaire, nos territoires et nos productions et pour dire " non " aux projets de la commission européenne.
A Laval, à Montauban, à Sierck et à Saint-Etienne, les paysans de toute la France se feront entendre, c'est notre avenir qui est en jeu. Mais pas seulement le nôtre, c'est l'avenir de milliers d'emplois, notamment en milieu rural.
Dans cette salle, vous êtes tous convaincus des enjeux. A votre tour, soyez convaincants pour qu'il y ait un maximum de paysans dans les rues lundi prochain.
Les baisses des prix, la fin de la préférence communautaire et la fin des organisations communes de marché, la disparition des quotas, sans compter les conséquences du gel et de la sécheresse : aucun paysan ne peut rester indifférent à la situation de l'agriculture.
Nous sommes tous concernés.
Disons haut et fort que nous voulons une autre politique agricole.
D'une voix forte, unie et solidaire, le 26 mai nous défendrons ensemble l'agriculture française !
Je vous remercie.
(source http://www.fnsea.fr, le 22 mai 2003)
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux, vous vous en doutez, d'être parmi vous aujourd'hui. D'autant plus que vous avez eu l'excellente idée d'organiser votre congrès dans ma région, en Bretagne.
C'est déjà mon troisième congrès des Jeunes agriculteurs, en tant que président de la FNSEA et voilà maintenant une année que nous défendons, ensemble Jérôme, les paysans. Je voudrais te dire, Jérôme, combien j'apprécie le travail que nous menons ensemble. Je voudrais également souligner la confiance réciproque qui lie nos deux équipes et saluer les efforts que nous avons tous engagé pour dynamiser notre réseau.
En Bretagne où pour une fois, on ne pourra pas dire qu'il pleut tout le temps - même si le temps d'aujourd'hui me contredit.
Les bretons ont subi de plein fouet la sécheresse qui a touché de nombreuses productions en France.
Une sécheresse qui est arrivée tout juste après le gel.
Nous avons donc subi un début 2003 bien difficile.
Mais que cela ne nous empêche pas, bien au contraire, de nous mobiliser et de réfléchir ensemble à l'avenir de notre agriculture.
" Paysan dans dix ans " C'est le titre de votre rapport. Et chacun peut s'amuser à imaginer ce qu'il sera dans dix ans.
Mais en réalité, derrière ce titre, révisé ce matin à 0h45 : " Bien dans sa tête et bien dans ses bottes - Paysan un métier d'avenir ", il y a tout un programme !
Il y a un plan d'action que nous pouvons élaborer et suivre ensemble.
Un plan d'action qui n'a qu'un seul objectif : des paysans nombreux, sur tout le territoire et qui vivent de leur métier.
Ce plan d'action se résume en trois mots pour les trois combats que nous allons mener ensemble : pérennité, prix et politique.
Pérennité de nos exploitations, Prix de nos produits, Politiques agricoles.
[assurer la pérennité de nos exploitations]
Et je commencerai par la pérennité de nos exploitations. Voilà un mot qui n'a peut-être plus beaucoup de sens pour certains d'entre nous.
Entre le gel, la sécheresse et les crises sectorielles, il est difficile de tracer des voies d'avenir. C'est particulièrement vrai en Bretagne, comme l'a souligné tout à l'heure le président du conseil régional où les secteurs porcins et de la volaille sont durement touchés.
Ces crises révèlent à quel point l'agriculture est la colonne vertébrale du monde rural.
Quand un paysan met la clé sous la porte, combien d'entreprises, combien d'emplois entraîne-t-il dans sa chute ? Des exploitations disparaissent et c'est tout un pan de l'économie locale qui est menacé.
C'est pourquoi, il faut se serrer les coudes, il faut être solidaires. En agissant d'abord avec nos propres moyens en faisant appel à nos filières, à nos interprofessions.
Et je regrette que la filière porcine n'ait pas montré plus de volonté pour sortir de la crise. A quoi servent nos combats contre la distribution si nous n'avons pas la solidarité dans nos filières pour nous en sortir ?
Mais il faut aussi que les Pouvoirs publics nous soutiennent pour laisser le moins longtemps possible dans le doute les producteurs secoués par les crises.
Mais le ministère de l'Agriculture montre aussi de bonnes dispositions, comme il a pu le faire récemment en maintenant le système des prêts bonifiés.
D'ailleurs dans cette affaire, il a fallu la force conjointe des JA et de la FNSEA pour convaincre. C'est ensemble que nous avons obtenu gain de cause. Cela doit nous donner confiance pour d'autres dossiers, celui de l'assurance-récolte par exemple.
Lorsque le ministre est intervenu au congrès de Rodez, il a pris de nombreux engagements, notamment sur ce dossier. Aujourd'hui, il doit forcément constater, avec les producteurs sinistrés par le gel ou la sécheresse, que nous avons besoin de ce dispositif.
Pour travailler correctement, pour mener son exploitation sur le long terme, il faut sécuriser ses productions.
A partir de là, on peut se projeter dans l'avenir et envisager de quelle manière transmettre son outil de travail.
Vous menez des réflexions et des actions pour favoriser l'installation et la transmission.
Et vous savez que je suis très sensible à toutes vos initiatives. Vous les avez très bien présentées lors de la Journée nationale d'installation. A cette occasion, vous avez eu raison de mettre l'accent sur la promotion du métier - il faudrait d'ailleurs activer le fonds de communication - sur le développement des partenariats, sur l'aide à l'installation et sur la transmission.
Installation et transmission : voilà deux dossiers directement concernés par la réforme des retraites.
Cette question d'actualité est essentielle pour l'ensemble des catégories sociales, y compris pour la profession agricole.
Notre combat syndical commun nous a permis d'être reconnus comme partenaire social à part entière. A ce titre, avec Jérôme, nous avons été reçus par François Fillon et nous lui avons présenté nos propositions.
Parmi celles-ci, il y en a une sur laquelle nous avons fortement insisté : l'allongement de la durée de cotisation et ses conséquences sur l'installation des jeunes.
Nous l'avons déjà dit, tant au ministre des affaires sociales qu'à celui de l'agriculture : il ne faut pas que la réforme des retraites réduise à néant tous nos efforts en termes d'installation.
C'est évident, il y a un équilibre à trouver. Mais je refuse que l'on pénalise la jeunesse agricole !
Notre solidarité est forte en agriculture, elle l'est particulièrement dans le domaine des retraites.
C'est aujourd'hui le cas avec la mise en place de la retraite complémentaire.
Mais il aura quand même fallu attendre le début du XXIème siècle pour que nos aînés bénéficient d'une retraite à hauteur de 75 % du SMIC.
Cette amélioration sociale, nous en avons partagé le coût, nous les actifs, avec l'État.
Le Gouvernement vient d'annoncer aux centrales ouvrières une retraite minimum à hauteur de 85 % du SMIC en 2008.
Nous n'accepterons pas d'exception agricole. Et le coût supplémentaire devra être pris en charge par l'État.
Cet alignement ne se fera pas au détriment des actifs, notamment des jeunes, et ne mettra pas en danger la compétitivité des exploitations.
Avancer sur l'assurance-récolte, assurer nos retraites, conforter notre protection sociale : tout cela est essentiel pour assurer la pérennité de nos exploitations. Mais bien sûr, cela ne suffira pas si nous n'avons pas de revenu.
[défendre le prix de nos produits]
Et justement, parlons un peu des prix agricoles. Vous vous souvenez tous du mois d'octobre 2001 :
- Quand les animaux ne se vendaient plus,
- Quand le marché français était envahi par des viandes étrangères,
- Quand les prix de la viande étaient au plus bas, dans les exploitations bien sûr, pas dans les linéaires !
- Quand les éleveurs étaient au désespoir.
Vous vous souvenez de ce que nous avons fait ensemble pour sauver un secteur du naufrage.
Si vous l'aviez oublié, de toute façon, la Commission vous aura rafraîchi la mémoire.
L'Europe a osé nous infliger une amende de 17 millions d'euros pour entente.
Et voilà quelques milliers de producteurs aux revenus inférieurs au SMIC assimilés aux plus grands requins du " business " mondial. C'est une promotion dont on aurait pu se passer !
D'autant plus que les vrais requins, eux, nagent toujours, et en eaux troubles. Mais quand on veut gagner, il est certainement plus facile de s'attaquer à des paysans qu'aux cartels de la distribution ou aux monopoles de l'informatique.
On veut nous faire perdre nos repères : d'un côté on s'en prend aux syndicalistes, de l'autre on reçoit, avec tous les honneurs d'un chef d'État, Bill Gates, le roi du logiciel !
Avec cette décision, la Commission va au-delà d'un simple rappel réglementaire, vous le savez aussi bien que moi : elle met en danger l'exercice du droit syndical. Et elle révèle sa conception de l'Europe : une Europe ultra-libérale, vaste zone de libre-échange, écrasant l'Europe des peuples et l'Europe des forces sociales.
Alors nous allons nous défendre. Nous allons déposer un recours devant le Tribunal de première instance des communautés européennes, et si cela ne suffit pas, nous irons nous expliquer devant la Cour de justice.
La liberté syndicale vaut bien plus que la liberté du commerce !
Nous allons nous défendre pour sauver nos organisations et surtout pour sauver la libre expression des forces sociales !
Celui qui bâillonnera les JA et la FNSEA n'est pas encore né.
Et vous savez, quand la Commission nous accuse d'entente, j'ai bien envie de lui retourner le compliment.
J'accuse la Commission d'entente avec l'OMC !
La Commission se vend au commerce mondial.
Et nous sommes en première ligne pour subir les effets néfastes de cette stratégie.
[les négociations internationales]
En effet, dans quatre mois, la conférence ministérielle de l'OMC se tiendra à Cancun, au Mexique.
En quatre mois, les négociateurs vont affiner leurs stratégies et développer leurs arguments pour gagner ou tout du moins, perdre le moins possible, dans ce partage du marché mondial.
D'un côté, les États-Unis et les pays du groupe de Cairns avancent à découvert avec des théories ultra-libérales.
Mais qu'est-ce que cela veut dire " libéral " aux Etats-Unis ? J'ai cru comprendre que cela pouvait être une garantie de prix dans la loi agricole de Monsieur Bush.
De l'autre, l'Union européenne, est prête, elle, à brader son agriculture pour je ne sais quelle chimère.
Nos négociateurs MM Lamy et Fischler ont un mandat, celui de Berlin : ils doivent s'y tenir.
Le marché mondial ne doit pas être un marché uniforme et banalisé mais un marché d'étals colorés, achalandés d'une grande diversité de produits.
Un marché dans lequel tous les paysans, toutes les productions, toutes les régions doivent trouver leur place.
Nous devons nous battre pour cette diversité, pour que soient reconnues les spécificités de toutes les agricultures.
Celles de l'agriculture européenne tout d'abord qui s'inscrit aujourd'hui, avec son cortège de normes sociales, environnementales, économiques dans le développement durable.
Et c'est une agriculture qui ne produit pas seulement pour un marché de l'agro-alimentaire mais aussi pour celui des loisirs, pour dynamiser un milieu rural, pour répondre aux attentes de la société.
Se battre pour la diversité des agricultures, c'est aussi agir de manière solidaire avec les producteurs des pays en développement. Et l'aide la plus déterminante que l'on pourra apporter à ces pays est politique.
Aujourd'hui, ces pays désignent les agricultures subventionnées comme les responsables de toutes leurs difficultés.
Or, je suis convaincu, et je le suis d'autant plus depuis mon récent voyage en Afrique de l'Ouest, que c'est d'abord en privilégiant ses propres consommateurs, en organisant son propre marché que l'on renforce son agriculture.
Notre solidarité avec les agriculteurs des régions difficiles se traduit par notre position en faveur de politiques régionales protégeant leurs marchés.
Une protection des marchés que nous réclamons aussi en Europe et qui passe par le respect de la préférence communautaire, un des principes essentiels pour continuer à promouvoir notre agriculture.
Nous nous battrons pour que les paysans soient au cur des négociations agricoles et pour que l'OMC ne devienne pas le gérant de l'hypermarché du monde !
C'est tout cela, Jérôme, qu'il faudra dire aux jeunes agriculteurs lors du premier congrès mondial que vous avez eu la volonté d'organiser à Paris. Vous avez accompli un travail formidable, qui remportera, j'en suis certain, un grand succès. Et je voudrais saluer Bernard Layres et toute son équipe pour ce projet qu'il a su mener à bien.
Ce grand événement sera une occasion unique pour mieux comprendre les autres agricultures, pour débattre et échanger avec les paysans du monde entier.
[la politique agricole commune]
Parce qu'attention ! Les idées ultra-libérales n'appartiennent pas seulement aux américains ou aux pays du groupe de Cairns. Elles sont largement reprises, même si elles sont un peu maquillées, par la Commission européenne.
Aujourd'hui, le projet de réforme de la PAC de M. Fischler n'est pas négociable.
Et notre opposition n'est pas une opposition de principe, c'est une opposition de survie !
Le projet qui est sur la table aujourd'hui renforce les orientations prises en 1992 : des orientations avec une seule logique, la baisse des prix, des prix qui se rapprochent du prix mondial.
Pourquoi la Commission ne fait-elle pas un bilan de 92 avant de proposer sa réforme ?
La Commission ne fait pas de bilan car elle a peur des résultats. Des résultats que nous connaissons tous. Elle a peur de voir la réalité : des prix qui s'effondrent, des revenus en baisse, des installations en forte diminution.
Aujourd'hui, que trouve-t-on dans les projets de la commission : la baisse des prix, la modulation, la dégressivité, la conditionnalité, la fin de la préférence communautaire et des organisations communes de marché, et enfin le découplage avec ce que cela veut dire en termes de dérégulation des marchés.
Un beau programme pour faire disparaître un grand nombre de paysans.
La FNSEA n'acceptera jamais que le marché organise tout et que l'on régule le nombre de paysans par les crises. On en sait quelque chose en Bretagne quand à chaque crise du porc des paysans disparaissent et pas forcément les porcheries.
Ce que nous voulons, c'est une meilleure gestion des marchés, une meilleure valorisation des productions et plus de valeur ajoutée.
C'est la valeur ajoutée qui crée les emplois et pas les aides - sauf dans les DDA !-.
N'en déplaise à la Commission, nous sommes sensibles aux attentes de la société et nous pouvons nous engager encore plus pour l'environnement, pour le bien-être animal, pour la qualité, pour la sécurité sanitaire, pour le progrès social mais pas avec des prix toujours plus bas !
[la mobilisation du 26 mai]
C'est pour cela que nous sommes mobilisés.
Le 26 mai, les paysans seront dans la rue pour défendre notre modèle agricole, notre modèle alimentaire, nos territoires et nos productions et pour dire " non " aux projets de la commission européenne.
A Laval, à Montauban, à Sierck et à Saint-Etienne, les paysans de toute la France se feront entendre, c'est notre avenir qui est en jeu. Mais pas seulement le nôtre, c'est l'avenir de milliers d'emplois, notamment en milieu rural.
Dans cette salle, vous êtes tous convaincus des enjeux. A votre tour, soyez convaincants pour qu'il y ait un maximum de paysans dans les rues lundi prochain.
Les baisses des prix, la fin de la préférence communautaire et la fin des organisations communes de marché, la disparition des quotas, sans compter les conséquences du gel et de la sécheresse : aucun paysan ne peut rester indifférent à la situation de l'agriculture.
Nous sommes tous concernés.
Disons haut et fort que nous voulons une autre politique agricole.
D'une voix forte, unie et solidaire, le 26 mai nous défendrons ensemble l'agriculture française !
Je vous remercie.
(source http://www.fnsea.fr, le 22 mai 2003)