Texte intégral
Madame et Monsieur les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Ministres, Monsieur le Commissaire,
Mesdames et Messieurs,
Laissez-moi vous dire combien j'ai plaisir à assister à cette réunion dans cette île si conviviale de la Barbade. En me rendant ces derniers jours à la Havane, Port-au-Prince et Saint-Domingue, j'ai pu mieux mesurer le remarquable potentiel économique que représente cet espace régional de la Caraïbe, la richesse de ses ressources humaines, mais aussi la dynamique culturelle qui sous tend ses transformations. Espace régional, convergence ou encore intégration régionale, c'est le thème sur lequel je souhaiterais insister aujourd'hui à la veille de nos discussions sur le renouvellement du partenariat entre l'Union européenne et les ACP. Bien sûr, à propos de rapprochement régional, je voudrais me féliciter, d'ores et déjà, de la présence de notre partenaire cubain venu assister pour la première fois à notre rencontre. La France voit dans cette présence un premier pas vers une intégration plus complète. J'ai pu me rendre compte lors de mon passage à la Havane combien il est nécessaire, combien il est opportun de renforcer la cohérence économique régionale sans exclusive dans la région caraïbe. Les autorités cubaines m'ont indiqué clairement leur volonté de s'inscrire dans cette perspective. Je ne doute pas que le dialogue politique avec Cuba, auquel nous sommes tous attachés en Europe et dans le groupe ACP, mais aussi le dialogue économique, nous permettront d'atteindre cet objectif dans le futur.
Depuis la publication par la Commission européenne du "Livre vert" sur Lomé, nous avons eu tout loisir de débattre du bilan de nos 25 ans de partenariat et d'en tirer les leçons pour l'avenir. Comme vous le savez, nous approchons du moment où nous nous retrouverons pour décider ensemble de ce que seront nos relations à l'horizon 2000. Il s'agit désormais de nous concentrer sur le degré d'ambition que nous souhaitons donner à la future Convention.
Mon pays attache la plus grande importance au maintien de ce lien privilégié et spécifique qui caractérise le partenariat UE-ACP. Or, cet objectif ne pourra être atteint que si nous parvenons à l'adapter aux défis auxquels chacun d'entre nous est aujourd'hui confronté. Notre monde change. Il suit une double évolution : les frontières s'ouvrent par la liberté accrue des échanges, mais parallèlement les pays se regroupent autour de solidarités communes fondées sur des critères économiques, géographiques ou historiques. L'Union européenne a elle-même suivi cette évolution ; elle l'a encouragée par son ouverture au commerce mondial et tente de la maîtriser par la protection de ses intérêts commerciaux mais aussi des droits sociaux et individuels de ses citoyens. C'est dans cette perspective que nous concevons le renouvellement d'un engagement fort de l'Union européenne en faveur du développement des pays ACP : rechercher avec eux les moyens de leur pleine insertion dans le monde de demain ; et préserver, voire renforcer, les solidarités existantes au sein du groupe ACP.
La grande entreprise de la construction européenne après les destructions de la dernière guerre, témoigne de ce que l'union des ressources et des nations peut être facteur à la fois de commerce, d'investissement et de développement maîtrisé. C'est de cette réflexion qu'est née également la volonté de l'Union européenne de contribuer à la coopération régionale entre ses partenaires extérieurs. Dans le cadre de la Convention de Lomé, les programmes indicatifs régionaux successifs ont apporté le témoignage concret de cet engagement depuis de longues années. Beaucoup a été fait en vertu de ces actions uniques en leur genre. Il convient désormais de leur donner une nouvelle impulsion, en les inscrivant dans une perspective d'intégration régionale. La France est en effet convaincue qu'une telle approche répond parfaitement aux enjeux du développement.
Nous nous félicitons des progrès réalisés en ce sens par les ACP et déplorons qu'ils soient insuffisamment connus. L'intégration régionale, aussi bien en Afrique, que dans le Pacifique et la Caraïbe, apparaît comme une préoccupation majeure. Les initiatives sont nombreuses et participent d'une approche de plus en plus globale. Il est donc logique que nous en tenions compte pour notre partenariat à venir.
Dans le champ politique, nous avons tous conscience des vertus que peut avoir la coopération régionale notamment en matière de prévention et de règlement des conflits. Les moments douloureux que nous avons vécus ces dernières années ont rarement été circonscrits à l'échelle d'un pays. Il importe, en conséquence, que le dialogue que nous menons au titre du partenariat UE-ACP, et dont la France souhaite le renforcement, prenne en compte cette dimension régionale et offre toute la souplesse nécessaire au traitement des problèmes dans un cadre adapté. Nous souhaitons examiner avec les ACP de quelle manière l'Union européenne pourrait soutenir les efforts des pays d'une même région en faveur de la paix.
La Coopération au développement est un autre domaine où l'Union européenne et les ACP auraient tout avantage à porter une attention accrue aux initiatives inscrites dans une perspective régionale. Les pays d'une même région rencontrent souvent des difficultés similaires, auxquelles il convient d'apporter des réponses globales. Tel est le cas notamment de la vulnérabilité des Etats insulaires du Pacifique, due à leur isolement et à la contrainte que font peser en permanence les aléas climatiques. En Afrique, les infrastructures d'un pays en matière de transport ou d'énergie peuvent contribuer au désenclavement et à la prospérité économique de ses voisins. Dans la Caraïbe, certains secteurs de production, en raison de leur poids, peuvent bénéficier d'une réflexion d'ensemble sur la manière d'accroître leur compétitivité : il suffit de citer le cas de la banane.
Enfin, en matière commerciale, la France est convaincue que l'intégration économique régionale est le meilleur moyen pour les ACP de s'insérer à terme dans l'économie mondiale libéralisée. L'Union européenne peut y contribuer en établissant avec les ACP un partenariat économique global et en développant des relations avec des régions intégrées. Une libéralisation progressive des échanges, dans ce cadre régional, permettra de stimuler les flux d'investissements privés, dont nous savons combien ils comptent aujourd'hui pour le développement. La constitution de pôles régionaux économiques évitera que la mise en conformité de notre partenariat avec les règles de l'Organisation mondiale du Commerce soit envisagé comme une nouvelle menace dirigée contre nos partenaires en développement.
Dans ce cadre, la France attache également le plus grand prix à ce que l'évolution du régime commercial de la Convention se fasse dans le respect d'économies encore fragiles et avec le plein accord des ACP. La vision ambitieuse et volontaire que nous avons de notre futur partenariat ne nous dispense pas de plaider, par souci de prise en compte des contraintes budgétaires et sociales des économies en développement, pour une démarche progressive et vigilante. Nous veillerons à ce que les réformes commerciales et douanières s'accompagnent de mesures techniques et financières concrètes de l'Union européenne.
Enfin, nous insistons sur le maintien d'un accord substantiel, fixant des objectifs, des principes, un contenu et des modalités valables pour tous les pays ACP. Nous ne souhaitons pas que la promotion de l'intégration régionale entre en effet en contradiction avec une solidarité qui s'est forgée au fil des conventions successives. Bien au contraire, un partenariat adapté au prochain millénaire offrira les meilleures chances de préserver l'esprit de Lomé.
C'est à cet esprit que la France est fidèle, je puis vous l'assurer, Madame et Monsieur les Présidents, Mesdames et Messieurs les Ministres, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs. Mon pays espère que nos prochaines discussions permettront d'assurer sa pérennité bien au delà de l'an 2000.
Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 octobre 2001)
Mesdames et Messieurs les Ministres, Monsieur le Commissaire,
Mesdames et Messieurs,
Laissez-moi vous dire combien j'ai plaisir à assister à cette réunion dans cette île si conviviale de la Barbade. En me rendant ces derniers jours à la Havane, Port-au-Prince et Saint-Domingue, j'ai pu mieux mesurer le remarquable potentiel économique que représente cet espace régional de la Caraïbe, la richesse de ses ressources humaines, mais aussi la dynamique culturelle qui sous tend ses transformations. Espace régional, convergence ou encore intégration régionale, c'est le thème sur lequel je souhaiterais insister aujourd'hui à la veille de nos discussions sur le renouvellement du partenariat entre l'Union européenne et les ACP. Bien sûr, à propos de rapprochement régional, je voudrais me féliciter, d'ores et déjà, de la présence de notre partenaire cubain venu assister pour la première fois à notre rencontre. La France voit dans cette présence un premier pas vers une intégration plus complète. J'ai pu me rendre compte lors de mon passage à la Havane combien il est nécessaire, combien il est opportun de renforcer la cohérence économique régionale sans exclusive dans la région caraïbe. Les autorités cubaines m'ont indiqué clairement leur volonté de s'inscrire dans cette perspective. Je ne doute pas que le dialogue politique avec Cuba, auquel nous sommes tous attachés en Europe et dans le groupe ACP, mais aussi le dialogue économique, nous permettront d'atteindre cet objectif dans le futur.
Depuis la publication par la Commission européenne du "Livre vert" sur Lomé, nous avons eu tout loisir de débattre du bilan de nos 25 ans de partenariat et d'en tirer les leçons pour l'avenir. Comme vous le savez, nous approchons du moment où nous nous retrouverons pour décider ensemble de ce que seront nos relations à l'horizon 2000. Il s'agit désormais de nous concentrer sur le degré d'ambition que nous souhaitons donner à la future Convention.
Mon pays attache la plus grande importance au maintien de ce lien privilégié et spécifique qui caractérise le partenariat UE-ACP. Or, cet objectif ne pourra être atteint que si nous parvenons à l'adapter aux défis auxquels chacun d'entre nous est aujourd'hui confronté. Notre monde change. Il suit une double évolution : les frontières s'ouvrent par la liberté accrue des échanges, mais parallèlement les pays se regroupent autour de solidarités communes fondées sur des critères économiques, géographiques ou historiques. L'Union européenne a elle-même suivi cette évolution ; elle l'a encouragée par son ouverture au commerce mondial et tente de la maîtriser par la protection de ses intérêts commerciaux mais aussi des droits sociaux et individuels de ses citoyens. C'est dans cette perspective que nous concevons le renouvellement d'un engagement fort de l'Union européenne en faveur du développement des pays ACP : rechercher avec eux les moyens de leur pleine insertion dans le monde de demain ; et préserver, voire renforcer, les solidarités existantes au sein du groupe ACP.
La grande entreprise de la construction européenne après les destructions de la dernière guerre, témoigne de ce que l'union des ressources et des nations peut être facteur à la fois de commerce, d'investissement et de développement maîtrisé. C'est de cette réflexion qu'est née également la volonté de l'Union européenne de contribuer à la coopération régionale entre ses partenaires extérieurs. Dans le cadre de la Convention de Lomé, les programmes indicatifs régionaux successifs ont apporté le témoignage concret de cet engagement depuis de longues années. Beaucoup a été fait en vertu de ces actions uniques en leur genre. Il convient désormais de leur donner une nouvelle impulsion, en les inscrivant dans une perspective d'intégration régionale. La France est en effet convaincue qu'une telle approche répond parfaitement aux enjeux du développement.
Nous nous félicitons des progrès réalisés en ce sens par les ACP et déplorons qu'ils soient insuffisamment connus. L'intégration régionale, aussi bien en Afrique, que dans le Pacifique et la Caraïbe, apparaît comme une préoccupation majeure. Les initiatives sont nombreuses et participent d'une approche de plus en plus globale. Il est donc logique que nous en tenions compte pour notre partenariat à venir.
Dans le champ politique, nous avons tous conscience des vertus que peut avoir la coopération régionale notamment en matière de prévention et de règlement des conflits. Les moments douloureux que nous avons vécus ces dernières années ont rarement été circonscrits à l'échelle d'un pays. Il importe, en conséquence, que le dialogue que nous menons au titre du partenariat UE-ACP, et dont la France souhaite le renforcement, prenne en compte cette dimension régionale et offre toute la souplesse nécessaire au traitement des problèmes dans un cadre adapté. Nous souhaitons examiner avec les ACP de quelle manière l'Union européenne pourrait soutenir les efforts des pays d'une même région en faveur de la paix.
La Coopération au développement est un autre domaine où l'Union européenne et les ACP auraient tout avantage à porter une attention accrue aux initiatives inscrites dans une perspective régionale. Les pays d'une même région rencontrent souvent des difficultés similaires, auxquelles il convient d'apporter des réponses globales. Tel est le cas notamment de la vulnérabilité des Etats insulaires du Pacifique, due à leur isolement et à la contrainte que font peser en permanence les aléas climatiques. En Afrique, les infrastructures d'un pays en matière de transport ou d'énergie peuvent contribuer au désenclavement et à la prospérité économique de ses voisins. Dans la Caraïbe, certains secteurs de production, en raison de leur poids, peuvent bénéficier d'une réflexion d'ensemble sur la manière d'accroître leur compétitivité : il suffit de citer le cas de la banane.
Enfin, en matière commerciale, la France est convaincue que l'intégration économique régionale est le meilleur moyen pour les ACP de s'insérer à terme dans l'économie mondiale libéralisée. L'Union européenne peut y contribuer en établissant avec les ACP un partenariat économique global et en développant des relations avec des régions intégrées. Une libéralisation progressive des échanges, dans ce cadre régional, permettra de stimuler les flux d'investissements privés, dont nous savons combien ils comptent aujourd'hui pour le développement. La constitution de pôles régionaux économiques évitera que la mise en conformité de notre partenariat avec les règles de l'Organisation mondiale du Commerce soit envisagé comme une nouvelle menace dirigée contre nos partenaires en développement.
Dans ce cadre, la France attache également le plus grand prix à ce que l'évolution du régime commercial de la Convention se fasse dans le respect d'économies encore fragiles et avec le plein accord des ACP. La vision ambitieuse et volontaire que nous avons de notre futur partenariat ne nous dispense pas de plaider, par souci de prise en compte des contraintes budgétaires et sociales des économies en développement, pour une démarche progressive et vigilante. Nous veillerons à ce que les réformes commerciales et douanières s'accompagnent de mesures techniques et financières concrètes de l'Union européenne.
Enfin, nous insistons sur le maintien d'un accord substantiel, fixant des objectifs, des principes, un contenu et des modalités valables pour tous les pays ACP. Nous ne souhaitons pas que la promotion de l'intégration régionale entre en effet en contradiction avec une solidarité qui s'est forgée au fil des conventions successives. Bien au contraire, un partenariat adapté au prochain millénaire offrira les meilleures chances de préserver l'esprit de Lomé.
C'est à cet esprit que la France est fidèle, je puis vous l'assurer, Madame et Monsieur les Présidents, Mesdames et Messieurs les Ministres, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs. Mon pays espère que nos prochaines discussions permettront d'assurer sa pérennité bien au delà de l'an 2000.
Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 octobre 2001)