Texte intégral
Quels sont les enjeux principaux du 47e congrès de la CGT ?
D'abord, la consolidation de notre première place dans le paysage syndical français, confirmée par les élections prud'homales (décembre 2002) et par le développement en nombre de syndiqués. Nous avons besoin d'actualiser nos objectifs revendicatifs et de nous pencher sur notre organisation, son mode de fonctionnement et ses structures (syndicats d'entreprise, de site). Les prud'homales ont montré que nous sommes sans doute l'organisation ayant le potentiel de développement le plus important.
Il nous faut pallier la disparition d'un certain nombre de secteurs dans lesquels nous étions traditionnellement forts par des implantations nouvelles dans les petites et moyennes entreprises du privé.
Des militants semblent craindre le "recentrage" de la CGT. Y a-t-il un risque de "cédétisation" de la confédération ?
Avec le 47e congrès à Montpellier, nous fêterons le "centenaire" du 2e congrès fondateur de la CGT (Montpellier, 1902). A cette époque, le slogan repris par les congressistes était l'unité des salariés, quels que soient leurs catégories ou leurs lieux de travail. Bien sûr, la question de l'unité s'appréhende différemment aujourd'hui. Face aux objectifs du gouvernement et du patronat, la mobilisation des salariés et l'unité syndicale sont nécessaires. C'est sur cette base-là que peuvent s'ouvrir de véritables négociations.
"Notre rôle est aussi de savoir sortir le stylo", dites-vous. Quels accords pouvez-vous conclure dans le climat social actuel ?
Partons de l'exemple des retraites. Inutile d'entretenir un faux suspens : on va vers un affrontement sérieux avec le gouvernement sur ce dossier. Dès lors que nous n'avons pas de réponse satisfaisante à la plate-forme rédigée par les sept syndicats, nous ne voyons pas ce qui s'oppose à d'autres actions. Si certains pensent qu'appeler à la mobilisation est superflu, ils prendront leur responsabilité. Le gouvernement aurait tort de considérer qu'il peut passer en force.
Sur l'ensemble des négociations, on est confronté à un Medef qui, tantôt, se tourne vers les syndicats quand il espère pouvoir trouver un accord sur des bases, par ailleurs, très peu démocratiques, compte tenu des règles du jeu actuel. Et tantôt, joue du lobbying lorsqu'il pense obtenir gain de cause par la représentation politique, qui lui est plutôt favorable.
La revendication d'une "Sécurité sociale professionnelle", n'est-elle pas un peu démagogique, voire illusoire ?
Il nous faut redéfinir un certain nombre de droits nouveaux qui tiennent compte du contexte économique. Depuis ces dernières années, les salariés sont les laissés-pour-compte d'une économie imprévisible, des effets de la mondialisation, d'évolutions objectives aussi dans l'appareil de production. Il faut réinventer des garanties sociales correspondant mieux à leurs aspirations. La CGT doit être en capacité de critiquer la manière dont fonctionnent les groupes multinationaux et ne pas renoncer, en même temps, à définir de nouvelles règles sociales protégeant les salariés victimes de processus économiques actuels.
Le "recentrage" syndical ne permet-il pas de prendre ses distances avec les partis politiques, et notamment le PCF ?
La crise politique révélée par le 21 avril 2002 [premier tour de l'élection présidentielle] ne doit pas nous amener, au motif que l'on est la première organisation syndicale, à prétendre occuper une place au-delà de notre espace traditionnel. Le total de nos effectifs - 685 000 - signifie que la CGT a largement plus d'adhérents que n'en ont tous les partis politiques confondus, de droite ou de gauche. C'est dire que la réalité des sensibilités politiques à l'intérieur du syndicat est très vaste et qu'on y trouve des militants engagés. Ce qui ne pose pas problème dès lors qu'ils respectent les règles de vie et le débat syndical ; et je n'ai pas détecté, à quelques rares exceptions près, d'attitude consistant à vouloir placer la CGT au service d'une démarche politique.
Je pense que le congrès nous permettra d'éclairer les positions en présence. L'ambition de la CGT n'est pas d'entretenir une avant-garde éclairée parmi les salariés. Notre objectif est d'être plus déterminé sur nos valeurs pour être un syndicat plus représentatif du plus grand nombre de salariés.
Certains voient dans la réforme concernant les cotisations ou la réduction du nombre de dirigeants une volonté de contrôle. Que leur répondez-vous ?
Le dernier congrès de Strasbourg, en 1999, nous a mandatés pour engager une réforme et proposer un système de cotisations, qui suscite aujourd'hui de l'incompréhension ou de la suspicion. Il n'est pas question pour la direction de passer en force sur cette question et nous ne mettrons pas en place un nouveau dispositif, même s'il obtenait une faible majorité.
En même temps, les questions du financement se posent. Par exemple, il est aujourd'hui tout à fait anormal que 2 200 syndicats CGT ne payent pas leurs cotisations à la confédération. Tous les syndicats doivent contribuer à son fonctionnement qui passe par celui des fédérations, des unions départementales et locales. Il nous faut convaincre de l'intérêt d'un redéploiement militant.
Concernant les directions, la commission exécutive va être un collectif réduit à cinquante personnes, à parité stricte, à la fois homme-femme et public-privé. Il n'y a pas de carrières linéaires dans la CGT, où l'on commencerait dans la section d'entreprise pour finir en retraite au bureau confédéral, voire secrétaire général.
(source http://www.tresor.cgt.fr, le 27 août 2003)
D'abord, la consolidation de notre première place dans le paysage syndical français, confirmée par les élections prud'homales (décembre 2002) et par le développement en nombre de syndiqués. Nous avons besoin d'actualiser nos objectifs revendicatifs et de nous pencher sur notre organisation, son mode de fonctionnement et ses structures (syndicats d'entreprise, de site). Les prud'homales ont montré que nous sommes sans doute l'organisation ayant le potentiel de développement le plus important.
Il nous faut pallier la disparition d'un certain nombre de secteurs dans lesquels nous étions traditionnellement forts par des implantations nouvelles dans les petites et moyennes entreprises du privé.
Des militants semblent craindre le "recentrage" de la CGT. Y a-t-il un risque de "cédétisation" de la confédération ?
Avec le 47e congrès à Montpellier, nous fêterons le "centenaire" du 2e congrès fondateur de la CGT (Montpellier, 1902). A cette époque, le slogan repris par les congressistes était l'unité des salariés, quels que soient leurs catégories ou leurs lieux de travail. Bien sûr, la question de l'unité s'appréhende différemment aujourd'hui. Face aux objectifs du gouvernement et du patronat, la mobilisation des salariés et l'unité syndicale sont nécessaires. C'est sur cette base-là que peuvent s'ouvrir de véritables négociations.
"Notre rôle est aussi de savoir sortir le stylo", dites-vous. Quels accords pouvez-vous conclure dans le climat social actuel ?
Partons de l'exemple des retraites. Inutile d'entretenir un faux suspens : on va vers un affrontement sérieux avec le gouvernement sur ce dossier. Dès lors que nous n'avons pas de réponse satisfaisante à la plate-forme rédigée par les sept syndicats, nous ne voyons pas ce qui s'oppose à d'autres actions. Si certains pensent qu'appeler à la mobilisation est superflu, ils prendront leur responsabilité. Le gouvernement aurait tort de considérer qu'il peut passer en force.
Sur l'ensemble des négociations, on est confronté à un Medef qui, tantôt, se tourne vers les syndicats quand il espère pouvoir trouver un accord sur des bases, par ailleurs, très peu démocratiques, compte tenu des règles du jeu actuel. Et tantôt, joue du lobbying lorsqu'il pense obtenir gain de cause par la représentation politique, qui lui est plutôt favorable.
La revendication d'une "Sécurité sociale professionnelle", n'est-elle pas un peu démagogique, voire illusoire ?
Il nous faut redéfinir un certain nombre de droits nouveaux qui tiennent compte du contexte économique. Depuis ces dernières années, les salariés sont les laissés-pour-compte d'une économie imprévisible, des effets de la mondialisation, d'évolutions objectives aussi dans l'appareil de production. Il faut réinventer des garanties sociales correspondant mieux à leurs aspirations. La CGT doit être en capacité de critiquer la manière dont fonctionnent les groupes multinationaux et ne pas renoncer, en même temps, à définir de nouvelles règles sociales protégeant les salariés victimes de processus économiques actuels.
Le "recentrage" syndical ne permet-il pas de prendre ses distances avec les partis politiques, et notamment le PCF ?
La crise politique révélée par le 21 avril 2002 [premier tour de l'élection présidentielle] ne doit pas nous amener, au motif que l'on est la première organisation syndicale, à prétendre occuper une place au-delà de notre espace traditionnel. Le total de nos effectifs - 685 000 - signifie que la CGT a largement plus d'adhérents que n'en ont tous les partis politiques confondus, de droite ou de gauche. C'est dire que la réalité des sensibilités politiques à l'intérieur du syndicat est très vaste et qu'on y trouve des militants engagés. Ce qui ne pose pas problème dès lors qu'ils respectent les règles de vie et le débat syndical ; et je n'ai pas détecté, à quelques rares exceptions près, d'attitude consistant à vouloir placer la CGT au service d'une démarche politique.
Je pense que le congrès nous permettra d'éclairer les positions en présence. L'ambition de la CGT n'est pas d'entretenir une avant-garde éclairée parmi les salariés. Notre objectif est d'être plus déterminé sur nos valeurs pour être un syndicat plus représentatif du plus grand nombre de salariés.
Certains voient dans la réforme concernant les cotisations ou la réduction du nombre de dirigeants une volonté de contrôle. Que leur répondez-vous ?
Le dernier congrès de Strasbourg, en 1999, nous a mandatés pour engager une réforme et proposer un système de cotisations, qui suscite aujourd'hui de l'incompréhension ou de la suspicion. Il n'est pas question pour la direction de passer en force sur cette question et nous ne mettrons pas en place un nouveau dispositif, même s'il obtenait une faible majorité.
En même temps, les questions du financement se posent. Par exemple, il est aujourd'hui tout à fait anormal que 2 200 syndicats CGT ne payent pas leurs cotisations à la confédération. Tous les syndicats doivent contribuer à son fonctionnement qui passe par celui des fédérations, des unions départementales et locales. Il nous faut convaincre de l'intérêt d'un redéploiement militant.
Concernant les directions, la commission exécutive va être un collectif réduit à cinquante personnes, à parité stricte, à la fois homme-femme et public-privé. Il n'y a pas de carrières linéaires dans la CGT, où l'on commencerait dans la section d'entreprise pour finir en retraite au bureau confédéral, voire secrétaire général.
(source http://www.tresor.cgt.fr, le 27 août 2003)