Texte intégral
Le 10 juillet 2002, le commissaire Fischler au nom de la commission européenne a présenté une proposition de réforme de la Politique Agricole Commune. Réforme radicale remettant en cause les fondements mêmes de ce qui fût à la base de la construction et du développement d'une politique agricole européenne : préférence communautaire, organisation et gestion de marchés uniques.
En cette fin de semestre de présidence grecque, après maints conseils des ministres de l'agriculture formels ou informels, beaucoup veulent en terminer. En finir par lassitude, en finir sur des compromis de dernière heure, pas toujours bien étudiés dans leurs conséquences mais si agréables à obtenir pour une photographie finale permettant à chacun de pavoiser sur un non-échec : personne n'a gagné mais chacun a sauvé son essentiel... enfin le croit-il ou le fait-il croire !
Alors, nous sommes arrivés à l'heure des marchandages de couloirs, des désinformations, des intoxications, des manoeuvres diverses...
Les agriculteurs français, quant à eux, ne veulent en aucun cas se prêter à ce genre de gesticulations. Leurs positions sont claires, connues, maintes fois répétées. Il y a quinze jours, dans le calme et la sérénité, ils étaient 40 000 à le dire dignement : oui à une vraie PAC assise sur ses fondamentaux et permettant à un nombre important de paysans de vivre de leur métier ; non à une Europe agricole ouverte à une mondialisation de courants d'air, significatifs de prix de plus en plus bas, de baisse de qualité et de sécurité alimentaire, de fin du modèle agricole européen.
Pour sa part, la Commission et tout particulièrement le commissaire Fischler sont à la manuvre. Acheter les uns, en convaincre d'autres, intimider, isoler. Et tout cela après avoir effrontément menti aux citoyens européens et aux paysans sur l'urgence de cette réforme!
Les mensonges de la Commission
Depuis juillet 2002, beaucoup d'affirmations erronées ont été présentées :
- Il faut découpler totalement les aides agricoles pour aller aux négociations de l'OMC : le Conseil européen a rappelé à la Commission qu'elle avait un seul mandat pour Cancun : celui de Berlin. L'Europe est allée au-delà de ses obligations internationales avec agenda 2000. Nous sommes les bons élèves de l'OMC et au lieu d'en tirer avantage, nous voulons faire encore plus alors que nos partenaires, en particulier les Etats-Unis, ont bien moins de scrupules.
- Il faut découpler totalement les aides car leur répartition actuelle (80 % des aides sont données à 20 % des exploitations) n'est pas satisfaisante. Tout d'abord, le leitmotiv de ce fameux 80-20 est une contre vérité = de sérieuses études (notamment de l'INRA) mettent en valeur une répartition plus raisonnable de 50 % des aides qui vont à 20 % des exploitations. Mais au-delà, une application du découplage total des aides avec comme critère de distribution les références 2000-2002 ne ferait que consolider cette situation jusqu'en 2013 ! Est-ce opportun Monsieur Fischler ?
- Le découplage total des aides est nécessaire pour que les agriculteurs produisent mieux, en respectant l'environnement et les paysages. Il est grand temps d'en finir avec cette image du paysan peu respectueux de sa terre, de son environnement, de la qualité de sa production. Au-delà des idées reçues, revenons à la réalité : nous avons l'ambition de bien nous comporter en termes de fertilisation, de produits de traitement, de qualité de notre production. Pourquoi ? il y va de la continuité et de notre capacité à produire demain. Nous ne sommes pas masochistes au point de tout user, tout polluer, tout salir pour mettre la clef sous la porte demain. Le comportement est inverse : la nature, la vie, nous la respectons car nous vivons avec elles au quotidien.
- Le découplage total est indispensable pour sauvegarder un budget compromis dans son montant par les conséquences financières de l'élargissement. Encore un mensonge car il n'y a aucune contrainte budgétaire de cet ordre : le sommet de Bruxelles d'octobre 2002 a donné, jusqu'en 2013 un cadre budgétaire à l'Agriculture de 45 milliards . Une décision sage, qui nous donne de la lisibilité et permet d'avancer dans le développement et le renforcement de nos organisations de marché.
Alors, si la plupart des arguments de vente de la réforme présentés par M. Fischler ne sont pas recevables, pourquoi un tel entêtement, quelles solutions ?
Pour une PAC rénovée mais pas détruite
Quelqu'un pourrait-il se souvenir du niveau de revenu, des conditions de vie du monde paysan à l'aube des années 1960 en France et en Europe ? Nous avons effectué un parcours exemplaire de développement et de productivité. Valeur des hommes certes mais surtout accompagnement économique du secteur par la mise en place de la Politique Agricole Commune. Quel exemple pour nos amis qui sont aujourd'hui dans d'immenses difficultés dans les pays en développement. Et, au lieu de promouvoir ce modèle d'organisation et de développement qu'est la PAC, nous voulons hurler avec les loups de la mondialisation, de l'ouverture sans protection : nos amis ne nous comprennent plus, attaquent la PAC et avec le groupe de CAIRNS, en font la cause de tous leurs maux. Nous devons être attentifs, en Europe, à la qualité de notre vie, de notre environnement, de la sécurité et de notre alimentation. Mais, ne la faisons pas au prix de la dégradation de ces mêmes critères dans tous les pays en développement du fait d'un dramatique exode rural, d'une urbanisation non maîtrisée, d'un abandon de l'Agriculture au profit d'une fausse industrialisation qui n'est que la face visible de nos délocalisations compétitives.
L'Europe a un modèle agricole à proposer. Il y va de l'avenir de notre planète, de notre monde économique. Qu'allons-nous faire, que sommes-nous capables de faire pour éviter un monde unipolaire ? Voilà d'autres ambitions pour Cancun que celle de vendre notre modèle agricole sur l'autel des exigences d'un libéralisme forcené et déshumanisé.
Améliorer la PAC, bien-sûr. Nos concitoyens doivent savoir que d'importants secteurs de productions tels ceux des fruits et légumes, de la viticulture, de l'aviculture, de la production porcine ... ne sont pas concernés par les aides européennes. Un renforcement de la PAC est indispensable et, dans le cadre des limites budgétaires que nous connaissons, il faut tout au contraire avoir comme ambition de mettre en place des organisations communes de marchés dignes de ce nom pour ces productions. Ceci est indispensable pour éviter les crises à répétition, crises qui " cassent " des exploitations, des paysans, des emplois et permettent in fine aux plus forts d'absorber la disparition des faibles, avec toutes les conséquences désastreuses de trop fortes concentrations de productions ; indispensable pour réduire nos dépendances énergétiques à partir du développement des biocarburants, réduire notre dépendance en protéines... Dans le cas particulier de l'aviculture, c'est la délocalisation comme dans l'industrie : la France, l'Europe importent de plus en plus de volailles produites dans des pays spécialisés en céréales ou en protéines (Ukraine, Brésil par exemple) sans aucune garantie de traçabilité, de sécurité alimentaire... et qui va aller vérifier le bien-être de ces volailles ?
Oui au renforcement de la PAC par celui des organisations de marché, OCM protégées par une vraie préférence communautaire. Que voudrait dire les principes d'un marché unique et d'une solidarité financière sans préférence communautaire ? Laisser tout entrer, à n'importe quel prix, nous connaissons déjà les conséquences désastreuses de telles situations. Les paysans européens peuvent assurer la sécurité alimentaire en qualité et en quantité, accompagner encore plus les effets sur l'environnement, aider aux façonnages des paysages, développer le bien-être animal, mais pas avec des prix de produits toujours plus bas, alignés demain sur des prix mondiaux dont peu de gens sont capables de donner la réalité économique.
Le 26 mai dernier, nous étions 40 000 paysans à manifester dans le calme et la dignité pour rappeler tout cela à la Commission européenne et au gouvernement français. Nous étions 40 000 pour affirmer que notre métier doit avoir de vraies perspectives dans notre pays, que les nouvelles générations puissent avoir l'ambition d'y faire une vie professionnelle.
Alors que se discute, devrais-je dire se marchande, une réforme de la PAC inopportune et dramatique dans ses objectifs, tous nos secteurs sont en crise. Les autorités européennes avouent ainsi leur impuissance et avancent des modifications qui demain les exonèreront de toute obligation de résultat dans la gestion des marchés. N'oublions pas que ce dernier terme -gestion des marchés- concerne en fait la quantité et la qualité, c'est-à-dire notre sécurité alimentaire collective et au bout de la route, notre vie quotidienne et notre santé.
Les paysans doivent pouvoir poursuivre leur marche en avant, prendre toute leur place dans l'économique et le social de notre pays, répondre à toutes les attentes d'une société dont ils sont partie intégrante.
Les marchandages du " style " pas de découplage total mais du partiel, pas d'horizontal mais du vertical, sur tel secteur et pas sur d'autres... sans parler des éventuels taux de dégressivité, de modulation, les normes d'éco conditionnalité, tout cela est bien anachronique par rapport à la situation de nos marchés et au rôle que doit jouer l'agriculture dans l'économie européenne, dans le développement social et l'ambition internationale de notre union.
C'est la raison pour laquelle la FNSEA condamne sans appel les conditions dans lesquelles se font les discussions aujourd'hui, la montée des tensions et la gestion d'un stress que rien ne justifie.
Au nom des paysans français, la FNSEA rappelle :
- que partout dans le monde les marchés agricoles se gèrent quand il existe une ambition agricole ;
- que leur métier est de produire dans les meilleures conditions et que leurs revenus doivent prioritairement venir de la vente de leurs productions ;
- que si aides, ils doivent percevoir, c'est d'abord au regard d'une activité de production ;
- qu'ils ont toujours su montrer et faire vivre la solidarité : ils n'accepteront donc pas de politiques agricoles visant à les diviser, à mettre en concurrence les productions entre elles ;
- qu'avec tous les paysans du monde, ils ont la même mission, celle de nourrir les hommes ;
- qu'en France, associé aux industries agro-alimentaires, l'agriculture représente le premier secteur par son nombre d'emplois.
Tout cela impose un peu de considération, quelque respect que la situation actuelle autour d'un paquet final de réforme de la PAC, n'a pas.
J'en appelle à toutes les autorités de notre pays pour ramener l'Europe à la raison. Que nos responsables politiques reprennent la main, qu'ils disent enfin quelle agriculture ils veulent, quelle ambition ils ont en interne et vers les pays tiers.
Nous ne cautionnerons pas tous ces arrangements de dernière minute. Au contraire, nous avons des propositions et sommes prêts à relever les défis de l'avenir dans le sérieux et la transparence.
Des positions d'envergure viennent d'être tenues par les chefs d'Etat sur proposition de la France. Notre grand pays sait être au rendez-vous. Nous avons confiance, les arguments ne manquent pas et l'Europe ne saurait déterminer une politique agricole contre la France qui à elle seule en représente le quart.
(source http://www.fnsea.fr, le 6 août 2003)
En cette fin de semestre de présidence grecque, après maints conseils des ministres de l'agriculture formels ou informels, beaucoup veulent en terminer. En finir par lassitude, en finir sur des compromis de dernière heure, pas toujours bien étudiés dans leurs conséquences mais si agréables à obtenir pour une photographie finale permettant à chacun de pavoiser sur un non-échec : personne n'a gagné mais chacun a sauvé son essentiel... enfin le croit-il ou le fait-il croire !
Alors, nous sommes arrivés à l'heure des marchandages de couloirs, des désinformations, des intoxications, des manoeuvres diverses...
Les agriculteurs français, quant à eux, ne veulent en aucun cas se prêter à ce genre de gesticulations. Leurs positions sont claires, connues, maintes fois répétées. Il y a quinze jours, dans le calme et la sérénité, ils étaient 40 000 à le dire dignement : oui à une vraie PAC assise sur ses fondamentaux et permettant à un nombre important de paysans de vivre de leur métier ; non à une Europe agricole ouverte à une mondialisation de courants d'air, significatifs de prix de plus en plus bas, de baisse de qualité et de sécurité alimentaire, de fin du modèle agricole européen.
Pour sa part, la Commission et tout particulièrement le commissaire Fischler sont à la manuvre. Acheter les uns, en convaincre d'autres, intimider, isoler. Et tout cela après avoir effrontément menti aux citoyens européens et aux paysans sur l'urgence de cette réforme!
Les mensonges de la Commission
Depuis juillet 2002, beaucoup d'affirmations erronées ont été présentées :
- Il faut découpler totalement les aides agricoles pour aller aux négociations de l'OMC : le Conseil européen a rappelé à la Commission qu'elle avait un seul mandat pour Cancun : celui de Berlin. L'Europe est allée au-delà de ses obligations internationales avec agenda 2000. Nous sommes les bons élèves de l'OMC et au lieu d'en tirer avantage, nous voulons faire encore plus alors que nos partenaires, en particulier les Etats-Unis, ont bien moins de scrupules.
- Il faut découpler totalement les aides car leur répartition actuelle (80 % des aides sont données à 20 % des exploitations) n'est pas satisfaisante. Tout d'abord, le leitmotiv de ce fameux 80-20 est une contre vérité = de sérieuses études (notamment de l'INRA) mettent en valeur une répartition plus raisonnable de 50 % des aides qui vont à 20 % des exploitations. Mais au-delà, une application du découplage total des aides avec comme critère de distribution les références 2000-2002 ne ferait que consolider cette situation jusqu'en 2013 ! Est-ce opportun Monsieur Fischler ?
- Le découplage total des aides est nécessaire pour que les agriculteurs produisent mieux, en respectant l'environnement et les paysages. Il est grand temps d'en finir avec cette image du paysan peu respectueux de sa terre, de son environnement, de la qualité de sa production. Au-delà des idées reçues, revenons à la réalité : nous avons l'ambition de bien nous comporter en termes de fertilisation, de produits de traitement, de qualité de notre production. Pourquoi ? il y va de la continuité et de notre capacité à produire demain. Nous ne sommes pas masochistes au point de tout user, tout polluer, tout salir pour mettre la clef sous la porte demain. Le comportement est inverse : la nature, la vie, nous la respectons car nous vivons avec elles au quotidien.
- Le découplage total est indispensable pour sauvegarder un budget compromis dans son montant par les conséquences financières de l'élargissement. Encore un mensonge car il n'y a aucune contrainte budgétaire de cet ordre : le sommet de Bruxelles d'octobre 2002 a donné, jusqu'en 2013 un cadre budgétaire à l'Agriculture de 45 milliards . Une décision sage, qui nous donne de la lisibilité et permet d'avancer dans le développement et le renforcement de nos organisations de marché.
Alors, si la plupart des arguments de vente de la réforme présentés par M. Fischler ne sont pas recevables, pourquoi un tel entêtement, quelles solutions ?
Pour une PAC rénovée mais pas détruite
Quelqu'un pourrait-il se souvenir du niveau de revenu, des conditions de vie du monde paysan à l'aube des années 1960 en France et en Europe ? Nous avons effectué un parcours exemplaire de développement et de productivité. Valeur des hommes certes mais surtout accompagnement économique du secteur par la mise en place de la Politique Agricole Commune. Quel exemple pour nos amis qui sont aujourd'hui dans d'immenses difficultés dans les pays en développement. Et, au lieu de promouvoir ce modèle d'organisation et de développement qu'est la PAC, nous voulons hurler avec les loups de la mondialisation, de l'ouverture sans protection : nos amis ne nous comprennent plus, attaquent la PAC et avec le groupe de CAIRNS, en font la cause de tous leurs maux. Nous devons être attentifs, en Europe, à la qualité de notre vie, de notre environnement, de la sécurité et de notre alimentation. Mais, ne la faisons pas au prix de la dégradation de ces mêmes critères dans tous les pays en développement du fait d'un dramatique exode rural, d'une urbanisation non maîtrisée, d'un abandon de l'Agriculture au profit d'une fausse industrialisation qui n'est que la face visible de nos délocalisations compétitives.
L'Europe a un modèle agricole à proposer. Il y va de l'avenir de notre planète, de notre monde économique. Qu'allons-nous faire, que sommes-nous capables de faire pour éviter un monde unipolaire ? Voilà d'autres ambitions pour Cancun que celle de vendre notre modèle agricole sur l'autel des exigences d'un libéralisme forcené et déshumanisé.
Améliorer la PAC, bien-sûr. Nos concitoyens doivent savoir que d'importants secteurs de productions tels ceux des fruits et légumes, de la viticulture, de l'aviculture, de la production porcine ... ne sont pas concernés par les aides européennes. Un renforcement de la PAC est indispensable et, dans le cadre des limites budgétaires que nous connaissons, il faut tout au contraire avoir comme ambition de mettre en place des organisations communes de marchés dignes de ce nom pour ces productions. Ceci est indispensable pour éviter les crises à répétition, crises qui " cassent " des exploitations, des paysans, des emplois et permettent in fine aux plus forts d'absorber la disparition des faibles, avec toutes les conséquences désastreuses de trop fortes concentrations de productions ; indispensable pour réduire nos dépendances énergétiques à partir du développement des biocarburants, réduire notre dépendance en protéines... Dans le cas particulier de l'aviculture, c'est la délocalisation comme dans l'industrie : la France, l'Europe importent de plus en plus de volailles produites dans des pays spécialisés en céréales ou en protéines (Ukraine, Brésil par exemple) sans aucune garantie de traçabilité, de sécurité alimentaire... et qui va aller vérifier le bien-être de ces volailles ?
Oui au renforcement de la PAC par celui des organisations de marché, OCM protégées par une vraie préférence communautaire. Que voudrait dire les principes d'un marché unique et d'une solidarité financière sans préférence communautaire ? Laisser tout entrer, à n'importe quel prix, nous connaissons déjà les conséquences désastreuses de telles situations. Les paysans européens peuvent assurer la sécurité alimentaire en qualité et en quantité, accompagner encore plus les effets sur l'environnement, aider aux façonnages des paysages, développer le bien-être animal, mais pas avec des prix de produits toujours plus bas, alignés demain sur des prix mondiaux dont peu de gens sont capables de donner la réalité économique.
Le 26 mai dernier, nous étions 40 000 paysans à manifester dans le calme et la dignité pour rappeler tout cela à la Commission européenne et au gouvernement français. Nous étions 40 000 pour affirmer que notre métier doit avoir de vraies perspectives dans notre pays, que les nouvelles générations puissent avoir l'ambition d'y faire une vie professionnelle.
Alors que se discute, devrais-je dire se marchande, une réforme de la PAC inopportune et dramatique dans ses objectifs, tous nos secteurs sont en crise. Les autorités européennes avouent ainsi leur impuissance et avancent des modifications qui demain les exonèreront de toute obligation de résultat dans la gestion des marchés. N'oublions pas que ce dernier terme -gestion des marchés- concerne en fait la quantité et la qualité, c'est-à-dire notre sécurité alimentaire collective et au bout de la route, notre vie quotidienne et notre santé.
Les paysans doivent pouvoir poursuivre leur marche en avant, prendre toute leur place dans l'économique et le social de notre pays, répondre à toutes les attentes d'une société dont ils sont partie intégrante.
Les marchandages du " style " pas de découplage total mais du partiel, pas d'horizontal mais du vertical, sur tel secteur et pas sur d'autres... sans parler des éventuels taux de dégressivité, de modulation, les normes d'éco conditionnalité, tout cela est bien anachronique par rapport à la situation de nos marchés et au rôle que doit jouer l'agriculture dans l'économie européenne, dans le développement social et l'ambition internationale de notre union.
C'est la raison pour laquelle la FNSEA condamne sans appel les conditions dans lesquelles se font les discussions aujourd'hui, la montée des tensions et la gestion d'un stress que rien ne justifie.
Au nom des paysans français, la FNSEA rappelle :
- que partout dans le monde les marchés agricoles se gèrent quand il existe une ambition agricole ;
- que leur métier est de produire dans les meilleures conditions et que leurs revenus doivent prioritairement venir de la vente de leurs productions ;
- que si aides, ils doivent percevoir, c'est d'abord au regard d'une activité de production ;
- qu'ils ont toujours su montrer et faire vivre la solidarité : ils n'accepteront donc pas de politiques agricoles visant à les diviser, à mettre en concurrence les productions entre elles ;
- qu'avec tous les paysans du monde, ils ont la même mission, celle de nourrir les hommes ;
- qu'en France, associé aux industries agro-alimentaires, l'agriculture représente le premier secteur par son nombre d'emplois.
Tout cela impose un peu de considération, quelque respect que la situation actuelle autour d'un paquet final de réforme de la PAC, n'a pas.
J'en appelle à toutes les autorités de notre pays pour ramener l'Europe à la raison. Que nos responsables politiques reprennent la main, qu'ils disent enfin quelle agriculture ils veulent, quelle ambition ils ont en interne et vers les pays tiers.
Nous ne cautionnerons pas tous ces arrangements de dernière minute. Au contraire, nous avons des propositions et sommes prêts à relever les défis de l'avenir dans le sérieux et la transparence.
Des positions d'envergure viennent d'être tenues par les chefs d'Etat sur proposition de la France. Notre grand pays sait être au rendez-vous. Nous avons confiance, les arguments ne manquent pas et l'Europe ne saurait déterminer une politique agricole contre la France qui à elle seule en représente le quart.
(source http://www.fnsea.fr, le 6 août 2003)