Texte intégral
Mes Chers Compagnons,
Lorsque je vous vois si nombreux, à l'occasion de ces quatorzièmes Universités d'Eté, remarquablement organisées par nos amis de Toulouse, lorsque je vous vois si enthousiastes et si déterminés, je me dis que, décidément, notre Mouvement est vivant et bien vivant.
Quand tout va bien, on ne manque jamais de courtisans et de cireurs de pompe. Et dans la course aux places, la concurrence fait rage... Nous avons connu de telles périodes... Puissions-nous d'ailleurs, quand nous les revivrons, ne plus jamais nous laisser aller à leurs facilités et à leurs illusions...
Pourtant c'est dans l'épreuve qu'on distingue les âmes fortes.
C'est dans l'épreuve qu'on vérifie la sincérité et la solidité des convictions.
C'est dans l'épreuve que se préparent les succès du lendemain..
Eh bien, justement...
Alors que tant d'autres flanchaient, renonçaient, s'égaraient, ce fut la chance de notre Mouvement de pouvoir compter sur ses jeunes.
Car vous étiez là, début novembre, à la Mutualité, lorsqu'il s'est agi de surmonter le choc de la défaite, de repartir de l'avant.
Car vous étiez encore là, fin mars, à la Maison de la Chimie, lorsqu'il s'est agi de tenir le cap, de rester fidèle à nos valeurs, à notre histoire, à notre conception de la vie publique.
Et vous êtes là aujourd'hui, l'ardeur intacte, pour les combats à venir, prêts à convaincre de la force de notre message et à insuffler une vigueur nouvelle à notre rassemblement.
Alors, je vous le dis : parce que dans les temps difficiles, vous aurez été là, il sera légitime que demain plus qu'hier vous soyez aux premiers rangs quand il s'agira, à nouveau, de conduire la France...
D'ici là, vous le savez, la besogne ne manquera pas...
Il faudra conduire à son terme la rénovation de notre mouvement. Oh, certes, depuis les dernières Assises, nous avons progressé sur le chemin de la réconciliation, nous avons démocratisé notre fonctionnement, nous nous sommes donnés un projet, nous avons entrepris le renouvellement de nos cadres et de nos candidats, nous nous sommes engagés à l'ouverture vers l'union de l'opposition...
Ces orientations, je les ai voulues. Je les ai mises en oeuvre, patiemment, méthodiquement, parce qu'elles correspondaient au mandat qui m'avait été confié. Aucune péripétie ne m'en a détourné.
Vous m'y avez aidé.
J'attends maintenant que vous continuiez à y prendre toute votre part. Autour de notre équipe nationale. Autour de notre Secrétaire Général, Nicolas SARKOZY. Car il reste beaucoup à faire.
C'est dans cette perspective que de nouveaux moyens vous ont été donnés, grâce à l'action tout à la fois imaginative et énergique du Secrétariat National à la Jeunesse, sous l'impulsion de Florent LONGUÉPÉE, puis de Vincent ROGER, que je remercie tous deux du fond du coeur.
- Nous avons ainsi mis en place des séminaires de formation qui, d'ici la fin de l'année, auront concerné toutes les régions de France.
- Nous avons décidé de créer une école des cadres, dont la première promotion, symboliquement baptisée " Promotion Koufra ", est présente à mes côtés aujourd'hui. Une école des cadres dont j'attends beaucoup et notamment pour nous aider à atteindre les objectifs de rajeunissement et de féminisation de nos candidats.
- Nous avons transformé les publications du Mouvement, avec la création du magazine "Graph", dont la liberté de ton tranche avec le conformisme auquel nous nous étions trop souvent habitué.
- Nous avons réformé les statuts afin, non seulement, de garantir notre présence sur les lieux d'études et de travail, mais également de vous reconnaître toute votre place dans le Mouvement. Et cette place n'a pas cessé, elle ne cessera pas de grandir.
Ces instruments, il n'appartient désormais qu'à vous de les utiliser et de vous engager ainsi, pleinement, dans toutes les instances délibératives du Mouvement, pour peser vraiment sur son évolution.
Il ne s'agit pas de faire du "jeunisme ". Il s'agit de préparer les équipes de demain. Il s'agit de donner à chacun le moyen de s'engager pour faire partager les convictions que nous avons en commun.
Et comment y parvenir sans être, d'abord et avant tout fiers de ce que nous sommes ?
Là est en effet notre premier devoir : affirmer sans trêve ni relâche notre identité.
Cessons, en effet, de nous déterminer en permanence par rapport à nos adversaires de tous bords. Qui serions-nous pour nous contenter de reprendre leurs concepts ou donner corps à leurs élucubrations ?
Alors disons haut et fort, sans crainte sans complexe, ce à quoi nous croyons.
Nous croyons en la France . Nous croyons en la Nation.
La Nation, pour nous, ce n'est pas la préférence ethnique, c'est un rêve d'avenir partagé. La citoyenneté française est un acte d'adhésion à une histoire assumée, à un projet souhaité, à des valeurs reconnues. C'est pourquoi nous combattons sans réserve la régularisation massive des clandestins, l'abandon de l'acquisition volontaire de la nationalité, l'abrogation des lois PASQUA/DEBRÉ qui permettait la maîtrise des flux migratoires.
Nous croyons en l'Etat.
L'Etat, pour nous, ce n'est pas l'accumulation de bastilles et de corporatismes, attachés à leurs avantages acquis, c'est l'instrument d'une volonté générale. Ainsi, l'Etat n'a rien à gagner selon nous à intervenir dans tous les domaines, à gérer des entreprises du secteur concurrentiel, à retarder les privatisations nécessaires. Le récent conflit d'Air France, est d'ailleurs là pour prouver que l'aveuglement idéologique ne garantit pas davantage l'avenir de nos entreprises qu'ils n'assurent la crédibilité de l'Etat.
Nous croyons dans le travail.
Le travail, pour nous, ce n'est pas une denrée rare dont il faudrait simplement répartir les miettes, c'est une condition majeure de l'épanouissement de l'homme, de sa place dans la société. Et le rôle du politique est de favoriser les activités productives, non de les décourager. C'est la raison pour laquelle nous avons refusé et les 35 heures et les vrais-faux emplois publics de Madame Aubry.
C'est aussi pourquoi nous critiquons sans relâche les orientations malthusiennes que Madame VOYNET imprime à son ministère, de l'arrêt des grands travaux à l'abandon de la politique d'aménagement du territoire initiée par Charles PASQUA.
Nous croyons dans la famille.
La famille, pour nous, ce n'est pas l'instrument d'un combat idéologique, c'est un des ciments de la cohésion sociale, comme le Président de la République l'a justement rappelé. Nous désapprouvons, dès lors, totalement une politique familiale inique et improvisée, sans êtres dupes le moins du monde de la tardive conférence programmée pour en limiter, d'ailleurs vainement, les effets les plus nocifs.
Nous croyons dans la solidarité.
Mais la solidarité, pour nous, ce n'est pas l'assistanat. L'assistanat, cher aux socialistes, cela consiste à maintenir l'exclu dans sa situation de dépendance. Cela consiste à fonctionnariser l'exclusion. Alors que la solidarité, la vraie, celle que nous souhaitons, consiste à rendre à chacun son autonomie, sa dignité, sa responsabilité. C'est bien pourquoi nous n'avons pas voté la loi anti-exclusion que nous a proposée Madame AUBRY. Loi dont on attend d'ailleurs toujours de savoir comment elle sera financée.
Nous croyons dans la responsabilité.
La responsabilité, pour nous, c'est le contraire de la démission collective. C'est l'acceptation des devoirs du citoyen, contrepartie nécessaire de ses droits. Faire appel à la responsabilité, c'est refuser que les petits délits, qui empoisonnent la vie de nos compatriotes, soient systématiquement impunis. C'est bien pourquoi nous avons refusé la seule initiative qu'aient prise les socialistes en terme de sécurité, qui consistait à affaiblir les polices municipales.
Nous croyons dans l'égalité des chances.
L'égalité des chances, pour nous, ça n'est pas l'égalitarisme. Ça n'est pas le nivellement pas le bas. C'est le droit pour chacun, par ses études, son travail, son talent, ses initiatives, de pouvoir progresser à tout moment de sa vie, de vivre mieux, vivre mieux que ses parents ou grands-parents, vivre mieux pour offrir mieux à ses propres enfants.
Nous croyons, enfin, en la liberté.
La Liberté, pour nous, c'est aussi bien la liberté d'expression que la liberté d'entreprendre dont le Premier Ministre vient de découvrir, subitement aux Etats-Unis, toutes les vertus. Vous l'avez constaté comme moi : il aura suffi de 24 heures à Monsieur JOSPIN pour se rendre compte que l'Amérique n'avait rien à voir avec l'idée qu'il s'en faisait...
Quelle fiabilité, quel crédit accorder à ces hommes qui renoncent si vite à ce qu'ils pensent, pour une rencontre médiatisée avec le Président des Etats-Unis...
Il y a loin, en vérité, entre l'image de sérieux affichée, en toutes circonstances, par le Premier Ministre et la réalité de sa politique.
Autant qu'entre la revendication de la modernité, inlassablement répétée et le dogmatisme étroit de son action quotidienne, dont la réglementation et la taxation sont les armes favorites : familles, épargnants, entrepreneurs, les cibles sont variées mais le tir toujours fatal...
Alors, je vous le dis : Rien dans toutes ces mesures ne nous conduit à l'indulgence, quand bien même les vents seraient, temporairement, contraires et le gouvernement provisoirement populaire.
La gauche plurielle, avec son fatras idéologique, ses rescapés de l'échec communiste, ses héritiers du Mitterrandisme, ses intégristes de l'écologie, ne saurait prétendre incarner l'avenir.
Car ce gouvernement, qui ne cesse de rechercher le compromis entre les surenchères idéologiques de sa majorité et les nécessités d'une gestion routinière, pêche moins par ce qu'il fait que par ce qu'il ne fait pas et qui est pourtant l'essentiel : armer la France face au défi de la mondialisation.
Oui, mes chers Compagnons, au terme de ces Universités, il nous faut revenir à l'essentiel.
Nous avons écrit, dans notre projet, adopté par nos Assises, des choses simples et fortes.
- Que la mondialisation nous impose un double devoir d'explication et de mobilisation.
- Que le pire danger qui nous guette serait de croire que la France peut rester immobile dans un monde en mouvement.
- Que nos compatriotes sentent confusément l'urgence des réformes mais en redoutent les effets sur leur vie quotidienne. Qu'il faut donc les convaincre que ces réformes distribueront équitablement les efforts et seront réellement utiles.
Et, tel est bien le défi que doit relever la France.
Et c'est bien à l'aune des réponses qu'ils lui apportent que doit être jugée l'action de nos gouvernants...
Et c'est assez dire que ce jugement s'impose...
Car où est l'effort de conviction et de mobilisation ?
Où est l'effort d'adaptation ?
Où est la modernisation ?
En vérité, la France est encalminée.
Et pire encore : les Français sont anesthésiés.
Gavés et repus d'un consensus mou annonciateur des plus grandes déconvenues.
La France perd son temps. Elle perd de sa substance. Elle s'engourdit.
Voici revenu le temps de la " drôle de guerre ". On se rassure toujours de quelque communiqué lénifiant. Il n'y a jamais rien à signaler.
Au lieu d'appeler à l'effort, on multiplie les messages rassurants : on nous dit que nous n'avons pas de problèmes. Si nous en avions, d'ailleurs, ils se régleraient d'eux-mêmes... Et si cela n'arrivait pas, d'autres pourraient toujours nous les régler à notre place.
Oui, mes Chers Compagnons, cette modestie, cette fameuse modestie alléguée par le gouvernement, cette autre façon de gouverner dont on nous rebat les oreilles, elle n'est qu'une forme nouvelle de la résignation.
Alors, on nourrit la chronique avec quelques manuvres subalternes et dérisoires l'espace de quelques semaines. On s'essaie, sans succès, d'ailleurs, à manipuler le mode de scrutin européen, promu au rang de grand problème du 20ème siècle. On organise une pantalonnade sur le cumul des mandats. On laisse changer les dates d'ouverture de la chasse. On réécrit l'histoire des autres.
Mais pendant ce temps, le gouvernement reste muet et inactif sur des dossiers essentiels pour l'avenir de notre économie, de notre protection sociale et donc de nos emplois : immobilisme sur la question de retraites, atermoiements sur les privatisations, retard sur la mise en place des fonds de pension, absence d'anticipation sur l'évolution de l'Assurance Maladie, statu quo sur les prélèvements obligatoires.
Le jour viendra où les Français se rendront compte que la majorité plurielle hypothèque les chances de la France.
Et ils se tourneront, dès lors, vers ceux qui se déterminent au regard de l'intérêt national.
Alors, gardons confiance.
Soyons fiers d'être gaullistes.
Nous n'avons, nous, ni complexe à surmonter, ni alliance contre-nature à assumer, ni référence sulfureuse à justifier.
Diffusons notre message.
Tôt au tard, il portera.
En tout cas, ensemble, nous allons continuer à tenir le cap.
Nous avons subi, il y a un an, une défaite électorale qui ne pouvait rester sans conséquences. Les choses sont ainsi faites que la société médiatique ne fait aucun cadeau aux vaincus. Elle ne leur cherche pas d'excuses et ne s'apitoie pas sur leurs malheurs. C'est la règle du jeu. Les socialistes, rappelez-vous, en ont été victimes après leur déroute de 1993. Je vous avais annoncé que nous aurions, à notre tour, notre part de quolibets et de sarcasmes. Nous l'avons, au-delà même de notre attente...
Sachons donc relativiser les choses. Relisez ce qui s'écrivait, ce qui se disait en 1994, par exemple, après un an de notre premier gouvernement. Ce sont les mêmes émerveillements qui étaient destinés aux uns. Les mêmes condamnations qui frappaient les autres. Dans ce théâtre des vanités, on nous a seulement fait changer de rôle.
Je reconnais pourtant que nous avons encouru, pour ce qui nous concerne, une peine avec circonstances aggravantes. De facteurs atténuants à notre échec, nul n'en a trouvé. Nos compatriotes ont considéré, à juste titre peut être, que nous nous étions tirés une balle dans le pied. Que nous avions joué à la roulette russe, sans raison avouable.
Mais à leur stupéfaction a succédé leur fureur à notre encontre, quand ils ont constaté l'embellie économique que nous léguions aux socialistes.
Une embellie qui, chacun s'en sera aperçu, ne doit évidemment rien à l'action de M JOSPIN et de son gouvernement, qui se sont contentés de ramasser la mise et qui sont tout prêts à la distribuer joyeusement, sans souci du lendemain.
Un don posthume dont il faut, naturellement, se réjouir pour la France, en souhaitant - je le répète qu'il ne soit point dilapidé trop vite, nous mettant à la merci d'un retournement de la conjoncture.
Un don posthume qui aggrave en tout état de cause le ressentiment de nombre de Français à l'égard de l'opposition.
Un ressentiment qui prend la forme de lancinantes interrogations à notre égard.
Comment ont-ils pu se tromper à ce point ?
Comment ont-ils pu se révéler prisonniers de la technocratie, eux qui prétendaient réhabiliter la politique ?
Comment ont-ils pu rester sourds et aveugles aux aspirations populaires, eux qui prétendaient gouverner en redonnant la parole aux Français ?
Sachons du moins tirer parti de cette situation inédite. Eloignons, par notre action, ce désenchantement. Sachons employer le temps - qui ne nous manque pas - pour être prêts, le moment venu, à assumer, en totale cohérence avec nos convictions, les responsabilités du gouvernement de la France.
- J'ai dit que nous nous sommes dotés d'un projet. Il faut aller l'expliquer, le compléter, l'enrichir.
J'ai dit que nous avons entrepris le renforcement de l'union de l'opposition. Il faut désormais le consolider.
En un mot, il faut nous projeter dans l'avenir et qui, mieux que vous, pourrait montrer le chemin ?
Vous n'êtes pas de ceux qui se laissent impressionner par la complexité de notre situation politique. Vous avez des idées claires, des idées fortes : la cohabitation et ses compromis obligés, vous les supportez, vous ne les aimez pas.
Je partage votre sentiment.
Nous ne sommes pas là pour pérenniser pareil système de gouvernement, mais pour y mettre un terme en préparant l'alternance.
Nous devons agir en conséquence.
Il ne s'agit donc pas de savoir si l'opposition doit être molle ou dure, systématique ou occasionnelle. Il s'agit de contester, en permanence, une orientation générale que nous réprouvons et d'illustrer, dans toute la mesure du possible, ce que serait son alternative.
C'est ainsi et pas autrement, que nous redonnerons au Président de la République la majorité dont il a besoin pour diriger le pays.
L'opposition sera jugée, d'abord, sur sa capacité à élaborer une autre vision, un autre choix pour la France que celui de la gauche plurielle, et non sur son empressement à jouer les supplétifs.
Elle sera jugée, ensuite, sur sa faculté à renouveler ses équipes et à modifier des comportements que nos compatriotes ne veulent plus tolérer : les libertés prises à l'égard de la morale publique, les réflexes claniques, les incessantes guérillas personnelles, les engagements non tenus...
Aujourd'hui, j'ai la conviction que les Français nous demandent davantage encore qu'un programme de gouvernement immédiatement applicable... Ils nous demandent surtout d'être crédibles. Et la crédibilité, cela ne se décide pas, cela s'acquiert.
Avouons que, de ce point de vue, nous avons encore des progrès à faire...
Il y a eu le mauvais feuilleton de l'élection des Présidents de Conseils régionaux, où l'on a vu certains des nôtres préférer la sauvegarde de leurs positions personnelles au respect de leurs engagements. Chacun est naturellement libre de ses choix.
Mais le Mouvement ne saurait subir, collectivement, les conséquences d'initiatives isolées, qui conduisent - on est en train de le vérifier - à l'impasse politique, morale et électorale qu'on leur avait annoncée.
Nous leur avons apporté la réponse qui convenait.
Céder, c'eut été accepter de remettre en cause l'existence même de notre Rassemblement, la pérennité de ses valeurs. Au prix d'une inévitable et terrible convulsion, nous avons, avec vous, écarté ce risque. C'est pourquoi nous pouvons, aujourd'hui, nous dispenser de jeter l'anathème, éviter de dresser des bûchers et contribuer à résorber dans la clarté, la fracture qui s'est créée.
Il y a eu ensuite cet affrontement fratricide au sein du Conseil de Paris, qui a dégradé fortement notre image auprès des Français, qui a déboussolé tant de militants qui se battent, jour après jour, dans des conditions difficiles, pour des idées et non pour des places. Un arbitrage a été rendu. Un accord accepté. Il doit maintenant être appliqué. Si l'harmonie ne revient pas dans la majorité municipale de la capitale, nous en tirerons toutes les conséquences. Il ne saurait y avoir, pour Paris, un privilège d'extraterritorialité.
Il y a encore le spectre des affaires qui ternissent trop souvent notre réputation. Oh, certes, nous ne sommes pas parfaits. Des erreurs ou des fautes ont pu être commises ; elles doivent être sanctionnées. La Justice doit passer, pour le R.P.R. comme pour les autres, mais pour les autres comme pour le R.P.R.
Cela dit, au-delà de la seule actualité judiciaire, il nous appartient surtout d'analyser les raisons d'une dérive générale et de traiter, enfin, au fond, les questions qu'elle révèle. L'organisation du financement de la vie publique est, on le sait, loin d'être achevée, comme l'illustre l'absence d'un statut de l'élu qui soit digne de ce nom. Il convient de créer les conditions juridiques d'un passage serein d'une situation de fait à une législation précise, donnant aux formations politiques les moyens de fonctionner dans la transparence. Faute de quoi, nous nous exposerions, à force, à un risque de dislocation de l'Etat, alors que la situation actuelle peut être, doit être, l'occasion d'un renforcement de l'Etat républicain et de ses institutions.
Remettons donc, une fois pour toutes, les choses à plat et ne retenons du passé que les véritables dérapages. Je souhaite qu'on ne juge pas, aujourd'hui, des faits d'hier ou d'avant hier, en ignorant ce qu'étaient les critères d'hier ou d'avant-hier.
En tout cas, qu'on le sache bien : nous n'avons pas l'intention d'être les victimes expiatoires des dérèglements de notre démocratie. Et nous n'avons, en tout état de cause, aucune leçon de morale à recevoir de celui qui était Premier Secrétaire du PS au moment de l'affaire URBA ; de ceux qui refusent d'appliquer les décisions de justice, lorsqu'elles concernent l'un des leurs, Président du Conseil Général d'un département parmi les plus peuplés de France ; de ceux qui auraient pu à ce qu'on dit confondre les caisses d'une Mutuelle étudiante avec leur cagnotte politique...
Alors, que chacun balaie devant sa porte et qu'il n'y ait pas deux poids, deux mesures, selon qu'on est dans la majorité ou dans l'opposition.
Il y a donc eu les régionales, Paris, les affaires...
Et puis, et puis il y a que nous sommes dans une situation où nous ne pouvons accepter plus longtemps que l'expression légitime des différences l'emporte systématiquement sur la volonté nécessaire de travailler en commun. La politique n'est pas qu'une aventure personnelle. Elle suppose aussi un minimum de démarche collective.
C'est d'ailleurs bien pourquoi, entre autres raisons, il nous faut toujours demeurer ouverts à toute perspective de renforcement de la coopération avec nos partenaires, dans le respect mutuel de nos identités. J'ai bien conscience que c'est d'autant plus difficile tous nos amis n'ont pas définitivement réglé leurs propres problèmes internes.
Mais dites-vous bien qu'il n'est pas de démarche de rénovation autonome, de réflexion spécifique, aussi souhaitables et nécessaires soient-elles, qui ne puissent aboutir, dans l'une ou l'autre de nos formations, si l'aspiration à l'union n'est pas préalablement satisfaite.
L'Alliance est ainsi la réponse, la seule véritable réponse, à cette aspiration à l'union. Parce que, précisément, elle est fondée sur des réalités, sur les fondations solides que sont nos familles, et sur le respect de leur identité.
Je l'ai dit et je veux le répéter : l'opposition a besoin à la fois d'union et de diversité. Le comprendre, ce n'est certes pas renoncer à ce que nous sommes.
Alors, à tous ceux qui, au lieu de travailler, d'apporter leur pierre à la reconstruction de l'opposition, s'égarent dans des combats solitaires, je demande de réfléchir aux conséquences de leurs actes. Il ne suffit pas d'être seul contre tous pour avoir raison ou d'alimenter les frustrations pour réussir.
Il ne s'agit pas de se faire plaisir en réinventant tous les jours l'appel du 18 juin ! Il s'agit de bâtir une stratégie politique adaptée aux réalités de l'époque.
Qu'on me comprenne bien : nous ne sanctionnons pas le délit d'opinion. Nous ne réprimons moins que jamais l'originalité de la pensée. Nous sommes - et nous entendons demeurer - un Rassemblement regroupant un large éventail de sensibilités politiques également soucieuses de servir la République.
Mais à partir du moment où chacun s'est exprimé, a fait valoir son point de vue, une synthèse doit s'opérer. Une synthèse qui donne cohérence à notre message collectif. Une synthèse qui aplanisse les malentendus, qui lève les oppositions apparentes, qui tire la quintessence du débat. Une synthèse qui soit la ligne du Mouvement.
Alors que chacun veuille bien s'y tenir à l'avenir pour le bien commun de notre Mouvement, comme il s'y est tenu, hier, lorsqu'il s'est agi d'actualiser nos références, de transformer nos statuts et de moderniser notre projet.
Cela me paraît d'autant plus nécessaire que des échéances importantes nous attendent, notamment sur le plan européen. La ratification du traité d'Amsterdam, puis les élections européennes de juin 1999, ne doivent, en aucun cas, être pour le Rassemblement des occasions manquées.
Mes chers compagnons,
Non seulement, nous n'éluderons pas le débat sur l'avenir de l'Europe, mais nous avons bien l'intention de l'ouvrir. Et nous allons le faire ensemble, dès aujourd'hui.
On ne parle pas assez de l'Europe en effet. Et quand on y consent, c'est dans des termes d'une technicité telle, avec un vocabulaire généralement si abscons, que l'exercice confine à l'ésotérisme.
Du coup et à la seule exception de l'épisode du référendum sur Maastricht, les Français ont le sentiment que les choses se font sans qu'ils sachent pourquoi, sans, surtout, qu'ils l'aient jamais voulu ou décidé.
Toutes les opportunités doivent donc être saisies, d'abord pour éclairer nos compatriotes, ensuite pour faire en sorte qu'eux-mêmes ou leurs représentants puissent s'exprimer clairement.
La ratification du traité d'Amsterdam ne saurait donc être accomplie à la sauvette, dans l'indifférence générale. Car Amsterdam n'est pas un sous-produit de Maastricht, les dispositions qu'il comporte ne sont pas de simples mesures d'adaptation technique.
Amsterdam est un traité à part entière qui porte sur des matières qui touchent au cur de ce qui fait la souveraineté d'un Etat : la politique d'immigration, le droit d'asile, les critères d'acquisition de la nationalité, la politique étrangère et de sécurité, la distribution des compétences au sein de l'Union européenne.
Le rôle des formations politiques n'est donc pas de faire l'impasse, par commodité, sur les enjeux posés par ce texte et, au-delà, sur la future architecture des institutions européennes.
Il est, au contraire, de les expliquer, de contester, au besoin, les solutions qui sont proposées, d'en dessiner, le cas échéant, de différentes. Elles ne font, elles ne feront là que remplir le rôle qui leur est dévolu par la Constitution.
Il m'apparaît très naturel que, sur ce sujet, diverses sensibilités s'expriment et même s'opposent.
Encore faut-il que nous ne donnions pas l'impression de parler et d'agir, sur un thème aussi crucial, en ordre dispersé.
Encore faut-il que les prises de position des uns et des autres ne fassent pas obstacle à la définition d'une vision commune de l'avenir du continent européen.
C'est pourquoi j'ai l'intention de proposer à notre Mouvement, mais aussi à tous les clubs, à tous les groupes qui se réclament du gaullisme, la tenue, à la rentrée prochaine, d'une Convention Nationale sur l'Europe.
Ainsi, nous donnerons-nous les moyens de comprendre nos positions respectives, de dissiper les malentendus, de nous souvenir de ce qui nous rassemble et, peut-être, je l'espère, de déterminer collectivement et méthodiquement, à la fois une même conception de l'Europe une attitude à adopter, face aux échéances qui nous attendent.
Qu'il soit bien clair, en tout cas, que je ne me suis pas donné corps et âme à la sauvegarde de l'unité du mouvement, pour en abandonner, en chemin, sa raison d'être.
Ceux qui spéculent, à propos de l'Europe comme à propos du reste, sur nos doutes, nos divisions, notre éclatement, en seront pour leurs frais. Car nous nous retrouverons, je n'en doute pas, autour d'une même conception de l'avenir du continent Européen.
Nous l'avons dit, nous le répéterons :
Nous voulons une Europe fondée sur la force de ses nations. Dans cet esprit, notre projet l'exprime en des termes d'une clarté absolue, nous sommes prêts à transférer des compétences, nous sommes prêts à déléguer des éléments de souveraineté, mais nous ne sommes pas prêts à l'abandonner. Nous acceptons de l'exercer collectivement dans toutes les matières où il peut en résulter une réelle valeur ajoutée pour le citoyen. Mais nous n'admettrons jamais de l'abdiquer.
Nous voulons une Europe politique qui fonctionne démocratiquement. Ce qui veut dire que le projet politique commun doit prendre le pas progressivement sur toute autre démarche, économique ou technique. Le respect du rôle dévolu aux Etats est, dès lors, aussi essentiel que l'amélioration des procédures de décision au sein des instances communautaires.
Nous voulons une grande Europe qui tourne le dos à l'égoïsme des puissants, qui ne rétablisse jamais, entre l'Est et l'Ouest, une barrière économique et financière, rappelant d'autres murs de sinistre mémoire.
Nous voulons une Europe qui mette l'emploi au coeur de tout, non par des déclarations d'intention, mais par une politique économique, monétaire, fiscale, au service de la croissance, par la mise en place de conditions de concurrence réellement équitable, par la défense de nos intérêts commerciaux sur le marché mondial.
Bref, nous attendons de l'Europe qu'elle démultiplie nos efforts, non qu'elle les entrave par des réglementations tatillonnes. Nous attendons qu'elle nous aide à apporter des réponses à la mondialisation, non qu'elle nous dispense de définir un grand dessein national.
Car il faut cesser, une bonne fois pour toutes, de prétendre que l'Europe ne pourrait progresser que lorsque les nations se disloqueraient.
Nous revendiquons, haut et fort, le droit de penser le contraire.
Et de le dire !
Mes jeunes compagnons,
Dans le trouble immense que l'opposition a ressenti depuis un an, vous êtes peut-être, les seuls à ne jamais avoir désespéré d'elle.
Vous savez que vos idées ne sont pas en berne.
Qu'en dépit de la situation politique insolite que nous traversons, l'avenir vous appartient.
C'est à vous de presser le mouvement.
C'est à vous de saisir la chance qui vous est offerte de métamorphoser notre Rassemblement Pour la République.
C'est à vous de réaliser l'ouverture sur l'union de l'opposition.
Tout est permis à ceux qui savent tenir le cap dans les moments difficiles.
A ceux qui refusent de baisser les bras.
A ceux qui récusent les compromissions et qui les laissent à leurs adversaires.
Oui, nous le savons, tout est possible pour ceux qui gardent au fond d'eux-mêmes l'esprit de résistance.
Alors à vous de continuer d'en être les dépositaires.
(source http://www.rpr.asso.fr, le 7 juillet 1998)
Lorsque je vous vois si nombreux, à l'occasion de ces quatorzièmes Universités d'Eté, remarquablement organisées par nos amis de Toulouse, lorsque je vous vois si enthousiastes et si déterminés, je me dis que, décidément, notre Mouvement est vivant et bien vivant.
Quand tout va bien, on ne manque jamais de courtisans et de cireurs de pompe. Et dans la course aux places, la concurrence fait rage... Nous avons connu de telles périodes... Puissions-nous d'ailleurs, quand nous les revivrons, ne plus jamais nous laisser aller à leurs facilités et à leurs illusions...
Pourtant c'est dans l'épreuve qu'on distingue les âmes fortes.
C'est dans l'épreuve qu'on vérifie la sincérité et la solidité des convictions.
C'est dans l'épreuve que se préparent les succès du lendemain..
Eh bien, justement...
Alors que tant d'autres flanchaient, renonçaient, s'égaraient, ce fut la chance de notre Mouvement de pouvoir compter sur ses jeunes.
Car vous étiez là, début novembre, à la Mutualité, lorsqu'il s'est agi de surmonter le choc de la défaite, de repartir de l'avant.
Car vous étiez encore là, fin mars, à la Maison de la Chimie, lorsqu'il s'est agi de tenir le cap, de rester fidèle à nos valeurs, à notre histoire, à notre conception de la vie publique.
Et vous êtes là aujourd'hui, l'ardeur intacte, pour les combats à venir, prêts à convaincre de la force de notre message et à insuffler une vigueur nouvelle à notre rassemblement.
Alors, je vous le dis : parce que dans les temps difficiles, vous aurez été là, il sera légitime que demain plus qu'hier vous soyez aux premiers rangs quand il s'agira, à nouveau, de conduire la France...
D'ici là, vous le savez, la besogne ne manquera pas...
Il faudra conduire à son terme la rénovation de notre mouvement. Oh, certes, depuis les dernières Assises, nous avons progressé sur le chemin de la réconciliation, nous avons démocratisé notre fonctionnement, nous nous sommes donnés un projet, nous avons entrepris le renouvellement de nos cadres et de nos candidats, nous nous sommes engagés à l'ouverture vers l'union de l'opposition...
Ces orientations, je les ai voulues. Je les ai mises en oeuvre, patiemment, méthodiquement, parce qu'elles correspondaient au mandat qui m'avait été confié. Aucune péripétie ne m'en a détourné.
Vous m'y avez aidé.
J'attends maintenant que vous continuiez à y prendre toute votre part. Autour de notre équipe nationale. Autour de notre Secrétaire Général, Nicolas SARKOZY. Car il reste beaucoup à faire.
C'est dans cette perspective que de nouveaux moyens vous ont été donnés, grâce à l'action tout à la fois imaginative et énergique du Secrétariat National à la Jeunesse, sous l'impulsion de Florent LONGUÉPÉE, puis de Vincent ROGER, que je remercie tous deux du fond du coeur.
- Nous avons ainsi mis en place des séminaires de formation qui, d'ici la fin de l'année, auront concerné toutes les régions de France.
- Nous avons décidé de créer une école des cadres, dont la première promotion, symboliquement baptisée " Promotion Koufra ", est présente à mes côtés aujourd'hui. Une école des cadres dont j'attends beaucoup et notamment pour nous aider à atteindre les objectifs de rajeunissement et de féminisation de nos candidats.
- Nous avons transformé les publications du Mouvement, avec la création du magazine "Graph", dont la liberté de ton tranche avec le conformisme auquel nous nous étions trop souvent habitué.
- Nous avons réformé les statuts afin, non seulement, de garantir notre présence sur les lieux d'études et de travail, mais également de vous reconnaître toute votre place dans le Mouvement. Et cette place n'a pas cessé, elle ne cessera pas de grandir.
Ces instruments, il n'appartient désormais qu'à vous de les utiliser et de vous engager ainsi, pleinement, dans toutes les instances délibératives du Mouvement, pour peser vraiment sur son évolution.
Il ne s'agit pas de faire du "jeunisme ". Il s'agit de préparer les équipes de demain. Il s'agit de donner à chacun le moyen de s'engager pour faire partager les convictions que nous avons en commun.
Et comment y parvenir sans être, d'abord et avant tout fiers de ce que nous sommes ?
Là est en effet notre premier devoir : affirmer sans trêve ni relâche notre identité.
Cessons, en effet, de nous déterminer en permanence par rapport à nos adversaires de tous bords. Qui serions-nous pour nous contenter de reprendre leurs concepts ou donner corps à leurs élucubrations ?
Alors disons haut et fort, sans crainte sans complexe, ce à quoi nous croyons.
Nous croyons en la France . Nous croyons en la Nation.
La Nation, pour nous, ce n'est pas la préférence ethnique, c'est un rêve d'avenir partagé. La citoyenneté française est un acte d'adhésion à une histoire assumée, à un projet souhaité, à des valeurs reconnues. C'est pourquoi nous combattons sans réserve la régularisation massive des clandestins, l'abandon de l'acquisition volontaire de la nationalité, l'abrogation des lois PASQUA/DEBRÉ qui permettait la maîtrise des flux migratoires.
Nous croyons en l'Etat.
L'Etat, pour nous, ce n'est pas l'accumulation de bastilles et de corporatismes, attachés à leurs avantages acquis, c'est l'instrument d'une volonté générale. Ainsi, l'Etat n'a rien à gagner selon nous à intervenir dans tous les domaines, à gérer des entreprises du secteur concurrentiel, à retarder les privatisations nécessaires. Le récent conflit d'Air France, est d'ailleurs là pour prouver que l'aveuglement idéologique ne garantit pas davantage l'avenir de nos entreprises qu'ils n'assurent la crédibilité de l'Etat.
Nous croyons dans le travail.
Le travail, pour nous, ce n'est pas une denrée rare dont il faudrait simplement répartir les miettes, c'est une condition majeure de l'épanouissement de l'homme, de sa place dans la société. Et le rôle du politique est de favoriser les activités productives, non de les décourager. C'est la raison pour laquelle nous avons refusé et les 35 heures et les vrais-faux emplois publics de Madame Aubry.
C'est aussi pourquoi nous critiquons sans relâche les orientations malthusiennes que Madame VOYNET imprime à son ministère, de l'arrêt des grands travaux à l'abandon de la politique d'aménagement du territoire initiée par Charles PASQUA.
Nous croyons dans la famille.
La famille, pour nous, ce n'est pas l'instrument d'un combat idéologique, c'est un des ciments de la cohésion sociale, comme le Président de la République l'a justement rappelé. Nous désapprouvons, dès lors, totalement une politique familiale inique et improvisée, sans êtres dupes le moins du monde de la tardive conférence programmée pour en limiter, d'ailleurs vainement, les effets les plus nocifs.
Nous croyons dans la solidarité.
Mais la solidarité, pour nous, ce n'est pas l'assistanat. L'assistanat, cher aux socialistes, cela consiste à maintenir l'exclu dans sa situation de dépendance. Cela consiste à fonctionnariser l'exclusion. Alors que la solidarité, la vraie, celle que nous souhaitons, consiste à rendre à chacun son autonomie, sa dignité, sa responsabilité. C'est bien pourquoi nous n'avons pas voté la loi anti-exclusion que nous a proposée Madame AUBRY. Loi dont on attend d'ailleurs toujours de savoir comment elle sera financée.
Nous croyons dans la responsabilité.
La responsabilité, pour nous, c'est le contraire de la démission collective. C'est l'acceptation des devoirs du citoyen, contrepartie nécessaire de ses droits. Faire appel à la responsabilité, c'est refuser que les petits délits, qui empoisonnent la vie de nos compatriotes, soient systématiquement impunis. C'est bien pourquoi nous avons refusé la seule initiative qu'aient prise les socialistes en terme de sécurité, qui consistait à affaiblir les polices municipales.
Nous croyons dans l'égalité des chances.
L'égalité des chances, pour nous, ça n'est pas l'égalitarisme. Ça n'est pas le nivellement pas le bas. C'est le droit pour chacun, par ses études, son travail, son talent, ses initiatives, de pouvoir progresser à tout moment de sa vie, de vivre mieux, vivre mieux que ses parents ou grands-parents, vivre mieux pour offrir mieux à ses propres enfants.
Nous croyons, enfin, en la liberté.
La Liberté, pour nous, c'est aussi bien la liberté d'expression que la liberté d'entreprendre dont le Premier Ministre vient de découvrir, subitement aux Etats-Unis, toutes les vertus. Vous l'avez constaté comme moi : il aura suffi de 24 heures à Monsieur JOSPIN pour se rendre compte que l'Amérique n'avait rien à voir avec l'idée qu'il s'en faisait...
Quelle fiabilité, quel crédit accorder à ces hommes qui renoncent si vite à ce qu'ils pensent, pour une rencontre médiatisée avec le Président des Etats-Unis...
Il y a loin, en vérité, entre l'image de sérieux affichée, en toutes circonstances, par le Premier Ministre et la réalité de sa politique.
Autant qu'entre la revendication de la modernité, inlassablement répétée et le dogmatisme étroit de son action quotidienne, dont la réglementation et la taxation sont les armes favorites : familles, épargnants, entrepreneurs, les cibles sont variées mais le tir toujours fatal...
Alors, je vous le dis : Rien dans toutes ces mesures ne nous conduit à l'indulgence, quand bien même les vents seraient, temporairement, contraires et le gouvernement provisoirement populaire.
La gauche plurielle, avec son fatras idéologique, ses rescapés de l'échec communiste, ses héritiers du Mitterrandisme, ses intégristes de l'écologie, ne saurait prétendre incarner l'avenir.
Car ce gouvernement, qui ne cesse de rechercher le compromis entre les surenchères idéologiques de sa majorité et les nécessités d'une gestion routinière, pêche moins par ce qu'il fait que par ce qu'il ne fait pas et qui est pourtant l'essentiel : armer la France face au défi de la mondialisation.
Oui, mes chers Compagnons, au terme de ces Universités, il nous faut revenir à l'essentiel.
Nous avons écrit, dans notre projet, adopté par nos Assises, des choses simples et fortes.
- Que la mondialisation nous impose un double devoir d'explication et de mobilisation.
- Que le pire danger qui nous guette serait de croire que la France peut rester immobile dans un monde en mouvement.
- Que nos compatriotes sentent confusément l'urgence des réformes mais en redoutent les effets sur leur vie quotidienne. Qu'il faut donc les convaincre que ces réformes distribueront équitablement les efforts et seront réellement utiles.
Et, tel est bien le défi que doit relever la France.
Et c'est bien à l'aune des réponses qu'ils lui apportent que doit être jugée l'action de nos gouvernants...
Et c'est assez dire que ce jugement s'impose...
Car où est l'effort de conviction et de mobilisation ?
Où est l'effort d'adaptation ?
Où est la modernisation ?
En vérité, la France est encalminée.
Et pire encore : les Français sont anesthésiés.
Gavés et repus d'un consensus mou annonciateur des plus grandes déconvenues.
La France perd son temps. Elle perd de sa substance. Elle s'engourdit.
Voici revenu le temps de la " drôle de guerre ". On se rassure toujours de quelque communiqué lénifiant. Il n'y a jamais rien à signaler.
Au lieu d'appeler à l'effort, on multiplie les messages rassurants : on nous dit que nous n'avons pas de problèmes. Si nous en avions, d'ailleurs, ils se régleraient d'eux-mêmes... Et si cela n'arrivait pas, d'autres pourraient toujours nous les régler à notre place.
Oui, mes Chers Compagnons, cette modestie, cette fameuse modestie alléguée par le gouvernement, cette autre façon de gouverner dont on nous rebat les oreilles, elle n'est qu'une forme nouvelle de la résignation.
Alors, on nourrit la chronique avec quelques manuvres subalternes et dérisoires l'espace de quelques semaines. On s'essaie, sans succès, d'ailleurs, à manipuler le mode de scrutin européen, promu au rang de grand problème du 20ème siècle. On organise une pantalonnade sur le cumul des mandats. On laisse changer les dates d'ouverture de la chasse. On réécrit l'histoire des autres.
Mais pendant ce temps, le gouvernement reste muet et inactif sur des dossiers essentiels pour l'avenir de notre économie, de notre protection sociale et donc de nos emplois : immobilisme sur la question de retraites, atermoiements sur les privatisations, retard sur la mise en place des fonds de pension, absence d'anticipation sur l'évolution de l'Assurance Maladie, statu quo sur les prélèvements obligatoires.
Le jour viendra où les Français se rendront compte que la majorité plurielle hypothèque les chances de la France.
Et ils se tourneront, dès lors, vers ceux qui se déterminent au regard de l'intérêt national.
Alors, gardons confiance.
Soyons fiers d'être gaullistes.
Nous n'avons, nous, ni complexe à surmonter, ni alliance contre-nature à assumer, ni référence sulfureuse à justifier.
Diffusons notre message.
Tôt au tard, il portera.
En tout cas, ensemble, nous allons continuer à tenir le cap.
Nous avons subi, il y a un an, une défaite électorale qui ne pouvait rester sans conséquences. Les choses sont ainsi faites que la société médiatique ne fait aucun cadeau aux vaincus. Elle ne leur cherche pas d'excuses et ne s'apitoie pas sur leurs malheurs. C'est la règle du jeu. Les socialistes, rappelez-vous, en ont été victimes après leur déroute de 1993. Je vous avais annoncé que nous aurions, à notre tour, notre part de quolibets et de sarcasmes. Nous l'avons, au-delà même de notre attente...
Sachons donc relativiser les choses. Relisez ce qui s'écrivait, ce qui se disait en 1994, par exemple, après un an de notre premier gouvernement. Ce sont les mêmes émerveillements qui étaient destinés aux uns. Les mêmes condamnations qui frappaient les autres. Dans ce théâtre des vanités, on nous a seulement fait changer de rôle.
Je reconnais pourtant que nous avons encouru, pour ce qui nous concerne, une peine avec circonstances aggravantes. De facteurs atténuants à notre échec, nul n'en a trouvé. Nos compatriotes ont considéré, à juste titre peut être, que nous nous étions tirés une balle dans le pied. Que nous avions joué à la roulette russe, sans raison avouable.
Mais à leur stupéfaction a succédé leur fureur à notre encontre, quand ils ont constaté l'embellie économique que nous léguions aux socialistes.
Une embellie qui, chacun s'en sera aperçu, ne doit évidemment rien à l'action de M JOSPIN et de son gouvernement, qui se sont contentés de ramasser la mise et qui sont tout prêts à la distribuer joyeusement, sans souci du lendemain.
Un don posthume dont il faut, naturellement, se réjouir pour la France, en souhaitant - je le répète qu'il ne soit point dilapidé trop vite, nous mettant à la merci d'un retournement de la conjoncture.
Un don posthume qui aggrave en tout état de cause le ressentiment de nombre de Français à l'égard de l'opposition.
Un ressentiment qui prend la forme de lancinantes interrogations à notre égard.
Comment ont-ils pu se tromper à ce point ?
Comment ont-ils pu se révéler prisonniers de la technocratie, eux qui prétendaient réhabiliter la politique ?
Comment ont-ils pu rester sourds et aveugles aux aspirations populaires, eux qui prétendaient gouverner en redonnant la parole aux Français ?
Sachons du moins tirer parti de cette situation inédite. Eloignons, par notre action, ce désenchantement. Sachons employer le temps - qui ne nous manque pas - pour être prêts, le moment venu, à assumer, en totale cohérence avec nos convictions, les responsabilités du gouvernement de la France.
- J'ai dit que nous nous sommes dotés d'un projet. Il faut aller l'expliquer, le compléter, l'enrichir.
J'ai dit que nous avons entrepris le renforcement de l'union de l'opposition. Il faut désormais le consolider.
En un mot, il faut nous projeter dans l'avenir et qui, mieux que vous, pourrait montrer le chemin ?
Vous n'êtes pas de ceux qui se laissent impressionner par la complexité de notre situation politique. Vous avez des idées claires, des idées fortes : la cohabitation et ses compromis obligés, vous les supportez, vous ne les aimez pas.
Je partage votre sentiment.
Nous ne sommes pas là pour pérenniser pareil système de gouvernement, mais pour y mettre un terme en préparant l'alternance.
Nous devons agir en conséquence.
Il ne s'agit donc pas de savoir si l'opposition doit être molle ou dure, systématique ou occasionnelle. Il s'agit de contester, en permanence, une orientation générale que nous réprouvons et d'illustrer, dans toute la mesure du possible, ce que serait son alternative.
C'est ainsi et pas autrement, que nous redonnerons au Président de la République la majorité dont il a besoin pour diriger le pays.
L'opposition sera jugée, d'abord, sur sa capacité à élaborer une autre vision, un autre choix pour la France que celui de la gauche plurielle, et non sur son empressement à jouer les supplétifs.
Elle sera jugée, ensuite, sur sa faculté à renouveler ses équipes et à modifier des comportements que nos compatriotes ne veulent plus tolérer : les libertés prises à l'égard de la morale publique, les réflexes claniques, les incessantes guérillas personnelles, les engagements non tenus...
Aujourd'hui, j'ai la conviction que les Français nous demandent davantage encore qu'un programme de gouvernement immédiatement applicable... Ils nous demandent surtout d'être crédibles. Et la crédibilité, cela ne se décide pas, cela s'acquiert.
Avouons que, de ce point de vue, nous avons encore des progrès à faire...
Il y a eu le mauvais feuilleton de l'élection des Présidents de Conseils régionaux, où l'on a vu certains des nôtres préférer la sauvegarde de leurs positions personnelles au respect de leurs engagements. Chacun est naturellement libre de ses choix.
Mais le Mouvement ne saurait subir, collectivement, les conséquences d'initiatives isolées, qui conduisent - on est en train de le vérifier - à l'impasse politique, morale et électorale qu'on leur avait annoncée.
Nous leur avons apporté la réponse qui convenait.
Céder, c'eut été accepter de remettre en cause l'existence même de notre Rassemblement, la pérennité de ses valeurs. Au prix d'une inévitable et terrible convulsion, nous avons, avec vous, écarté ce risque. C'est pourquoi nous pouvons, aujourd'hui, nous dispenser de jeter l'anathème, éviter de dresser des bûchers et contribuer à résorber dans la clarté, la fracture qui s'est créée.
Il y a eu ensuite cet affrontement fratricide au sein du Conseil de Paris, qui a dégradé fortement notre image auprès des Français, qui a déboussolé tant de militants qui se battent, jour après jour, dans des conditions difficiles, pour des idées et non pour des places. Un arbitrage a été rendu. Un accord accepté. Il doit maintenant être appliqué. Si l'harmonie ne revient pas dans la majorité municipale de la capitale, nous en tirerons toutes les conséquences. Il ne saurait y avoir, pour Paris, un privilège d'extraterritorialité.
Il y a encore le spectre des affaires qui ternissent trop souvent notre réputation. Oh, certes, nous ne sommes pas parfaits. Des erreurs ou des fautes ont pu être commises ; elles doivent être sanctionnées. La Justice doit passer, pour le R.P.R. comme pour les autres, mais pour les autres comme pour le R.P.R.
Cela dit, au-delà de la seule actualité judiciaire, il nous appartient surtout d'analyser les raisons d'une dérive générale et de traiter, enfin, au fond, les questions qu'elle révèle. L'organisation du financement de la vie publique est, on le sait, loin d'être achevée, comme l'illustre l'absence d'un statut de l'élu qui soit digne de ce nom. Il convient de créer les conditions juridiques d'un passage serein d'une situation de fait à une législation précise, donnant aux formations politiques les moyens de fonctionner dans la transparence. Faute de quoi, nous nous exposerions, à force, à un risque de dislocation de l'Etat, alors que la situation actuelle peut être, doit être, l'occasion d'un renforcement de l'Etat républicain et de ses institutions.
Remettons donc, une fois pour toutes, les choses à plat et ne retenons du passé que les véritables dérapages. Je souhaite qu'on ne juge pas, aujourd'hui, des faits d'hier ou d'avant hier, en ignorant ce qu'étaient les critères d'hier ou d'avant-hier.
En tout cas, qu'on le sache bien : nous n'avons pas l'intention d'être les victimes expiatoires des dérèglements de notre démocratie. Et nous n'avons, en tout état de cause, aucune leçon de morale à recevoir de celui qui était Premier Secrétaire du PS au moment de l'affaire URBA ; de ceux qui refusent d'appliquer les décisions de justice, lorsqu'elles concernent l'un des leurs, Président du Conseil Général d'un département parmi les plus peuplés de France ; de ceux qui auraient pu à ce qu'on dit confondre les caisses d'une Mutuelle étudiante avec leur cagnotte politique...
Alors, que chacun balaie devant sa porte et qu'il n'y ait pas deux poids, deux mesures, selon qu'on est dans la majorité ou dans l'opposition.
Il y a donc eu les régionales, Paris, les affaires...
Et puis, et puis il y a que nous sommes dans une situation où nous ne pouvons accepter plus longtemps que l'expression légitime des différences l'emporte systématiquement sur la volonté nécessaire de travailler en commun. La politique n'est pas qu'une aventure personnelle. Elle suppose aussi un minimum de démarche collective.
C'est d'ailleurs bien pourquoi, entre autres raisons, il nous faut toujours demeurer ouverts à toute perspective de renforcement de la coopération avec nos partenaires, dans le respect mutuel de nos identités. J'ai bien conscience que c'est d'autant plus difficile tous nos amis n'ont pas définitivement réglé leurs propres problèmes internes.
Mais dites-vous bien qu'il n'est pas de démarche de rénovation autonome, de réflexion spécifique, aussi souhaitables et nécessaires soient-elles, qui ne puissent aboutir, dans l'une ou l'autre de nos formations, si l'aspiration à l'union n'est pas préalablement satisfaite.
L'Alliance est ainsi la réponse, la seule véritable réponse, à cette aspiration à l'union. Parce que, précisément, elle est fondée sur des réalités, sur les fondations solides que sont nos familles, et sur le respect de leur identité.
Je l'ai dit et je veux le répéter : l'opposition a besoin à la fois d'union et de diversité. Le comprendre, ce n'est certes pas renoncer à ce que nous sommes.
Alors, à tous ceux qui, au lieu de travailler, d'apporter leur pierre à la reconstruction de l'opposition, s'égarent dans des combats solitaires, je demande de réfléchir aux conséquences de leurs actes. Il ne suffit pas d'être seul contre tous pour avoir raison ou d'alimenter les frustrations pour réussir.
Il ne s'agit pas de se faire plaisir en réinventant tous les jours l'appel du 18 juin ! Il s'agit de bâtir une stratégie politique adaptée aux réalités de l'époque.
Qu'on me comprenne bien : nous ne sanctionnons pas le délit d'opinion. Nous ne réprimons moins que jamais l'originalité de la pensée. Nous sommes - et nous entendons demeurer - un Rassemblement regroupant un large éventail de sensibilités politiques également soucieuses de servir la République.
Mais à partir du moment où chacun s'est exprimé, a fait valoir son point de vue, une synthèse doit s'opérer. Une synthèse qui donne cohérence à notre message collectif. Une synthèse qui aplanisse les malentendus, qui lève les oppositions apparentes, qui tire la quintessence du débat. Une synthèse qui soit la ligne du Mouvement.
Alors que chacun veuille bien s'y tenir à l'avenir pour le bien commun de notre Mouvement, comme il s'y est tenu, hier, lorsqu'il s'est agi d'actualiser nos références, de transformer nos statuts et de moderniser notre projet.
Cela me paraît d'autant plus nécessaire que des échéances importantes nous attendent, notamment sur le plan européen. La ratification du traité d'Amsterdam, puis les élections européennes de juin 1999, ne doivent, en aucun cas, être pour le Rassemblement des occasions manquées.
Mes chers compagnons,
Non seulement, nous n'éluderons pas le débat sur l'avenir de l'Europe, mais nous avons bien l'intention de l'ouvrir. Et nous allons le faire ensemble, dès aujourd'hui.
On ne parle pas assez de l'Europe en effet. Et quand on y consent, c'est dans des termes d'une technicité telle, avec un vocabulaire généralement si abscons, que l'exercice confine à l'ésotérisme.
Du coup et à la seule exception de l'épisode du référendum sur Maastricht, les Français ont le sentiment que les choses se font sans qu'ils sachent pourquoi, sans, surtout, qu'ils l'aient jamais voulu ou décidé.
Toutes les opportunités doivent donc être saisies, d'abord pour éclairer nos compatriotes, ensuite pour faire en sorte qu'eux-mêmes ou leurs représentants puissent s'exprimer clairement.
La ratification du traité d'Amsterdam ne saurait donc être accomplie à la sauvette, dans l'indifférence générale. Car Amsterdam n'est pas un sous-produit de Maastricht, les dispositions qu'il comporte ne sont pas de simples mesures d'adaptation technique.
Amsterdam est un traité à part entière qui porte sur des matières qui touchent au cur de ce qui fait la souveraineté d'un Etat : la politique d'immigration, le droit d'asile, les critères d'acquisition de la nationalité, la politique étrangère et de sécurité, la distribution des compétences au sein de l'Union européenne.
Le rôle des formations politiques n'est donc pas de faire l'impasse, par commodité, sur les enjeux posés par ce texte et, au-delà, sur la future architecture des institutions européennes.
Il est, au contraire, de les expliquer, de contester, au besoin, les solutions qui sont proposées, d'en dessiner, le cas échéant, de différentes. Elles ne font, elles ne feront là que remplir le rôle qui leur est dévolu par la Constitution.
Il m'apparaît très naturel que, sur ce sujet, diverses sensibilités s'expriment et même s'opposent.
Encore faut-il que nous ne donnions pas l'impression de parler et d'agir, sur un thème aussi crucial, en ordre dispersé.
Encore faut-il que les prises de position des uns et des autres ne fassent pas obstacle à la définition d'une vision commune de l'avenir du continent européen.
C'est pourquoi j'ai l'intention de proposer à notre Mouvement, mais aussi à tous les clubs, à tous les groupes qui se réclament du gaullisme, la tenue, à la rentrée prochaine, d'une Convention Nationale sur l'Europe.
Ainsi, nous donnerons-nous les moyens de comprendre nos positions respectives, de dissiper les malentendus, de nous souvenir de ce qui nous rassemble et, peut-être, je l'espère, de déterminer collectivement et méthodiquement, à la fois une même conception de l'Europe une attitude à adopter, face aux échéances qui nous attendent.
Qu'il soit bien clair, en tout cas, que je ne me suis pas donné corps et âme à la sauvegarde de l'unité du mouvement, pour en abandonner, en chemin, sa raison d'être.
Ceux qui spéculent, à propos de l'Europe comme à propos du reste, sur nos doutes, nos divisions, notre éclatement, en seront pour leurs frais. Car nous nous retrouverons, je n'en doute pas, autour d'une même conception de l'avenir du continent Européen.
Nous l'avons dit, nous le répéterons :
Nous voulons une Europe fondée sur la force de ses nations. Dans cet esprit, notre projet l'exprime en des termes d'une clarté absolue, nous sommes prêts à transférer des compétences, nous sommes prêts à déléguer des éléments de souveraineté, mais nous ne sommes pas prêts à l'abandonner. Nous acceptons de l'exercer collectivement dans toutes les matières où il peut en résulter une réelle valeur ajoutée pour le citoyen. Mais nous n'admettrons jamais de l'abdiquer.
Nous voulons une Europe politique qui fonctionne démocratiquement. Ce qui veut dire que le projet politique commun doit prendre le pas progressivement sur toute autre démarche, économique ou technique. Le respect du rôle dévolu aux Etats est, dès lors, aussi essentiel que l'amélioration des procédures de décision au sein des instances communautaires.
Nous voulons une grande Europe qui tourne le dos à l'égoïsme des puissants, qui ne rétablisse jamais, entre l'Est et l'Ouest, une barrière économique et financière, rappelant d'autres murs de sinistre mémoire.
Nous voulons une Europe qui mette l'emploi au coeur de tout, non par des déclarations d'intention, mais par une politique économique, monétaire, fiscale, au service de la croissance, par la mise en place de conditions de concurrence réellement équitable, par la défense de nos intérêts commerciaux sur le marché mondial.
Bref, nous attendons de l'Europe qu'elle démultiplie nos efforts, non qu'elle les entrave par des réglementations tatillonnes. Nous attendons qu'elle nous aide à apporter des réponses à la mondialisation, non qu'elle nous dispense de définir un grand dessein national.
Car il faut cesser, une bonne fois pour toutes, de prétendre que l'Europe ne pourrait progresser que lorsque les nations se disloqueraient.
Nous revendiquons, haut et fort, le droit de penser le contraire.
Et de le dire !
Mes jeunes compagnons,
Dans le trouble immense que l'opposition a ressenti depuis un an, vous êtes peut-être, les seuls à ne jamais avoir désespéré d'elle.
Vous savez que vos idées ne sont pas en berne.
Qu'en dépit de la situation politique insolite que nous traversons, l'avenir vous appartient.
C'est à vous de presser le mouvement.
C'est à vous de saisir la chance qui vous est offerte de métamorphoser notre Rassemblement Pour la République.
C'est à vous de réaliser l'ouverture sur l'union de l'opposition.
Tout est permis à ceux qui savent tenir le cap dans les moments difficiles.
A ceux qui refusent de baisser les bras.
A ceux qui récusent les compromissions et qui les laissent à leurs adversaires.
Oui, nous le savons, tout est possible pour ceux qui gardent au fond d'eux-mêmes l'esprit de résistance.
Alors à vous de continuer d'en être les dépositaires.
(source http://www.rpr.asso.fr, le 7 juillet 1998)