Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, sur la diffusion de "Théâtre aujourd'hui" et le partenariat entre ministères de la Culture et de l'Education pour l'enseignement artistique, Paris le 12 mai 1998.

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Circonstance : Présentation du 6ème numéro de "Théâtre aujourd'hui" au ministère de la Culture, à Paris, le 12 mai 1998

Texte intégral

Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Permettez-moi tout d'abord de remercier les jeunes pensionnaires de la Comédie française, Florence Viala et Yan Duffas, qui ont bien voulu venir en voisin nous faire profiter de leur talent. Et je tiens à saluer les jeunes des Lycées Molière, Lamartine et Victor Hugo de Paris, destinataires privilégiés, attentifs et critiques, je n'en doute pas, du sixième numéro de la collection "théâtre aujourd'hui" que nous lançons ce soir.
Je suis également très heureuse de recevoir celles et ceux que l'on pourrait appeler les travailleurs de l'ombre.
Je veux désigner par ce vocable les membres de la commission interministérielle chargée de l'orientation et du suivi des enseignements ou des activités organisés autour du théâtre et de l'expression dramatique en milieu scolaire.
On imagine souvent ces commissions interministérielles comme autant de structures engourdies par des débats procéduriers, et dans lesquelles les fonctionnaires de chacun de nos deux ministères défendraient, avant tout, leur précarré.
L'événement qui nous réunit aujourd'hui dément cette vision surannée. Depuis déjà de longues années, le ministère de la culture et le ministère de l'éducation nationale ont su réunir leurs efforts et leurs talents pour accomplir un remarquable travail d'encadrement pédagogique des enseignements artistiques.
La parution du 6ème numéro de la collection "théâtre aujourd'hui" consacre une nouvelle fois le succès du partenariat entre nos deux ministères et confirme la pertinence d'une ligne éditoriale qui requiert l'association des meilleurs spécialistes pour chacun des thèmes abordés, mais également la contribution des plus grands metteurs en scène et des comédiens.
Plus qu'un document pédagogique, chaque numéro de cette collection est toujours un ouvrage de référence, attendu par un large public d'amateurs qui peut le trouver dans toutes les librairies spécialisées.
J'avoue avoir été frappée par la qualité de l'ouvrage: sa plasticité, sa remarquable composition, ses illustrations et les précieuses informations qu'il contient. Il n'est pas étonnant que la précédente édition, consacrée à Bernard Marie Koltès, ait été saluée par le syndicat de la critique dramatique comme le meilleur livre sur le théâtre de l'année 1996.
Ce sixième numéro "Shakespeare, la scène et ses miroirs" présente un historique des représentations en France de deux pièces majeures: Hamlet et la Nuit des Rois. Au delà de ses vertus pédagogiques, ce numéro s'inscrit à nouveau dans une actualité propice à sa diffusion: il suffit de regarder par exemple la place prépondérante qui sera accordée à l'uvre de Shakespeare lors du prochain festival d'Avignon.
Je tiens à remercier l'équipe qui anime cette collection, tous les collaborateurs qui se sont associés à chaque nouveau numéro, ainsi que le Centre national de Documentation pédagogique chargé de l'édition.
J'imagine le travail minutieux de recherche qui est chaque fois accompli: documents, croquis de mises en scène, photos, archives audiovisuelles sont d'autant plus précieux qu'ils représentent les seules traces d'un parcours de création et d'un spectacle par nature éphémère.
Les structures de création dans le domaine du spectacle vivant n'accordent pas assez d'attention à la conservation et la préservation des matériaux qui constituent la mémoire des créations.
Pourtant, dans ce domaine comme dans d'autres, nous avons un devoir de transmission pour les générations futures. J'encourage particulièrement les initiatives du comité d'histoire du ministère de la culture et du centre national du théâtre qui ont entrepris d'organiser la gestion de ces archives du spectacle vivant.
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi de réaffirmer les convictions qui m'animent pour le développement de l'éducation artistique.
J'observe que, parmi les 49 propositions issues de l'enquête auprès des lycéens pour la rénovation des lycées, la pratique des disciplines artistiques est une demande forte des élèves.
Nous relançons avec mes collègues de l'Education nationale un travail de concertation sur la base de la réalité de notre partenariat.
Nous ne souhaitons pas ajouter de nouvelles procédures ou des opérations "pilotes" à toutes celles qui existent déjà. Je considère pour ma part que les modalités de notre partenariat existent pour l'essentiel, et qu'ils doivent être, avant tout, renforcés.
Je me préoccupe surtout de la mobilisation des professionnels de la Culture au profit de ce partenariat, et je crois que nous pouvons surtout faire mieux et plus en ce qui concerne la formation des formateurs qui sont les véritables médiateurs auprès des jeunes pour leur transmettre la passion du théâtre et de la création en général.
Je n'oublie pas non plus le travail des associations et en particulier celui de l'ANRAT * (Association nationale de recherche et d'action théâtrale) qui, par le moyen de son projet "Levers de rideaux", permettra jusqu'au 17 mai, dans plus de 150 théâtres, à des centaines de jeunes amateurs de théâtre, de présenter un bref moment de leur travail.
J'entends développer ce travail de reconnaissance et de mise en valeur des pratiques amateur de théâtre qui n'a jamais été sérieusement traité par le ministère de la Culture.
* prononcer "Anne Rate"
Je m'engage dans cette voie sans aucun tabou, c'est-à-dire en considérant à leur juste valeur chacune des composantes de la pratique en amateur: sa dimension artistique, bien entendu, mais également éducative et sociale.
Ces trois dimensions fondamentales sont contenues dans la belle et forte expression de Peter Brook: "Si le théâtre c'est la vie, alors l'apprentissage du théâtre peut devenir l'apprentissage de la vie" écrit-il.
Je suis résolument engagée dans cette voie: Il n'y aura pas de démocratisation des pratiques artistiques et culturelles sans la mise en uvre d'une vraie politique de soutien des pratiques en amateur et sans un développement de l'éducation artistique.
Votre engagement et votre travail s'inscrit, depuis longtemps, je le sais, dans cette orientation politique et j'ai souhaité ce soir les mettre à l'honneur et vous en remercier.

(Source http://www.culture.gouv.fr, le 2 octobre 2001)