Texte intégral
A. Ardisson-. Loin de nous l'idée de vous faire passer un examen, mais force est de constater qu'à part Sarkozy et son activisme, Mer qui tient les cordons de la bourse, Fillon et le social, pour cause de priorité présidentielle M. de Robien et la sécurité routière, pour les autres, il est un peu difficile d'exister dans ce Gouvernement, dirigé pourtant par un communicateur. C'est une idée à nous ou vous le ressentez aussi ?
- "Non, je ne le ressens pas comme cela. Je considère, que l'on soit un homme ou une femme au sein de ce Gouvernement, on est très fier d'appartenir à une équipe qui, sous l'autorité de J.-P. Raffarin, a su mettre en avant la modernité. Et même si les sujets ne sont pas tous de la même actualité, de la même exigence, ils sont tous essentiels et importants et, en ce qui me concerne, j'ai un ministère qui est consacré à l'égalité des chances, à la diversité des compétences, à l'équilibre homme-femme, et c'est au coeur de la modernité. Je suis accompagnée, soutenue, et je dirais même plus encore, encouragée à mener cette action avec beaucoup de détermination. Donc, j'ai plutôt le sentiment, encore une fois, même si ce n'est pas aussi spectaculaire que d'autres..."
C'est une femme qui vous pose la question, parce qu'on a eu l'expérience de celles qu'on appelait les "Jupettes". Est-ce que ce n'est pas plus difficile pour les femmes dans ce Gouvernement, à l'exception de M. Alliot-Marie ?
- "Je répond clairement non. D'ailleurs, les femmes existent, elles existent pleinement sur des ministères importants. Dois-je rappeler qu'entre la Défense, l'Environnement, la Recherche, l'Industrie, les Affaires européennes, l'Egalité, nous sommes sur des ministères qui sont tout à fait centraux. Néanmoins, il est vrai que nous avons ouvert des chantiers multiples, très importants - vous avez rappelez, vous même, qu'il y avait une actualité, des urgences sociales même, tout à fait essentielles. Il est clair que certains ministères sont plus apparents que d'autres. Mais, chacun travaille, chacun est à sa place et je crois pouvoir dire, encore une fois, qu'on soit une femme ou un homme, j'espère que la question ne se posera plus dans quelques temps, nous ressentons tous la même fierté d'appartenir à cette équipe."
Il n'y a pas de projet de loi mais il y a une démarche engagée il y a un an, le 24 juillet 2002, exactement, pour faire en sorte que les femmes accèdent aux responsabilités. Vous en avez discuté avec les partenaires sociaux. Où en est-on ?
- "Voilà un très bon exemple de ce que vous venez de dire à l'instant : il n'y a pas eu de projet de loi, donc effectivement, j'ai peut être été moins en avant de la scène, néanmoins je suis assez fière de ce que nous avons réussi à faire, qui a été de relancer le dialogue social sur un sujet majeur. Je suis tout à fait dans l'application de ce que disait le président de la République, il y a quelques jours, c'est-à-dire de faire confiance d'abord à la concertation, avant d'engager une procédure législative. Nous avons réengagé ce dialogue, il marche bien, nous en sommes à la troisième réunion... J'aurai une rencontre européenne en Finlande et en Suède avec les partenaires sociaux français et des partenaires sociaux européens sur ce sujet dans quelques semaines mais, surtout, nous avons identifié quatre ou cinq pistes fondamentales sur les correctifs de salaires, de carrières, sur l'articulation des vies de travail et les professions, et aussi sur la création d'un "label égalité" qui permettra d'accompagner, d'identifier les entreprises qui sont à l'avant-garde."
Cela concerne les femmes qui sont diplômées, les cadres, mais cela ne change pas le sort des beurettes abonnées au rôle de caissière de supermarché...
- "Précisément, ces jeunes femmes, aujourd'hui, méritent une attention toute particulière. Et avec F. Amara, l'instigatrice et la responsable du mouvement "Ni Putes Ni Soumises", qui est un formidable cri d'espérance de la part de ces jeunes femmes... Elles veulent simplement être citoyennes à part entière, c'est-à-dire appartenir à la République. Et ce que nous allons faire avec elles, ce n'est pas leur proposer des jobs ou des premiers emplois ; nous allons leur proposer d'avoir des formations et de s'émanciper comme n'importe quelle femme de France, parce qu'elles appartiennent à cette nouvelle génération de talents dont la France moderne a besoin. Et avec elles, nous allons organiser des centres de formation, des universités d'été de femmes des quartiers, mais aussi accompagner des talents jusqu'à la création d'activité voire d'entreprise. Et j'ai mobilisé pour cela un certain nombre de partenaires privés, publics qui vont leur donner la chance de créer leur propre emploi, d'aller très loin dans leur démarche professionnelle. Il n'y a aucune raison que ces jeunes femmes, qui appartiennent à une génération pleine de talent, ne puissent pas se retrouver dans n'importe quelle structure, n'importe quel choix professionnel et qu'elles se sentent - ce qui est malheureusement le cas aujourd'hui - cantonnées, enfermées dans des logiques purement de quartiers. Il faut aussi qu'elles se retrouvent dans nos structures publiques, dans les représentations professionnelles, dans les associations, partout où elles ont le droit de s'exprimer et où elles doivent encore exprimer ce qu'elles attendent de la société moderne."
Vous êtes aussi chargée du Droit des femmes. Il y a un drame - ceci n'a rien à voir avec la loi dont nous allons parler -, qui a attiré l'attention sur les violences que peuvent subir les femmes, c'est ce qui est arrivé à M. Trintignant. Récemment, un projet de loi a été présenté, comme par hasard, non pas par vous, mais par le Garde des Sceaux, disant que le conjoint violent ne peux pas garder le domicile conjugal...
- "Tout d'abord, je voudrais dire, comme tous les Français qui ont une admiration pour M. Trintignant, combien je suis bouleversée par cette tragédie. Mais au-delà, les violences en France restent un phénomène de société sur lequel nous sommes... Résolument engagés est peu dire... Nous avons décidé d'éradiquer toute forme de violence, qu'elle se produise dans la rue ou dans la sphère privée. Alors, s'agissant de ce texte, j'ai effectivement souhaité que cette disposition figure dans la loi prochaine sur le divorce. Pourquoi ? Parce qu'il est très important de donner un signal très fort aux femmes victimes de violence, en leur donnant la possibilité véritablement d'être face à leurs droits de la manière la plus claire qui soit. Toute maltraitance est illégitime : une femme battue pourra désormais, en s'adressant aux services de police et de gendarmerie, obtenir du juge, l'éviction du conjoint violent du domicile dès la première maltraitance, dès lors qu'elle sera avérée, sans attendre le divorce. Et c'est très nouveau, c'est très emblématique, c'est très symbolique de ce que nous voulons faire : rendre les femmes de plus en plus autonomes, de plus en plus fortes, armées, et surtout qu'elles apprennent à dire "non"."
La parité, c'est aussi en politique. Les régionales approchent à grand pas. Comment cela se passe dans votre camp ?
- "Vous savez que la nouveauté, à cet égard, a été, dans le cadre de la réforme du scrutin des régionales, une avancée très significative, qui nous fait passer d'une exigence à une évidence. Aujourd'hui, il y aura une alternance parfaite homme-femme sur les listes électorales, pour tout le monde. C'est très bien et je n'ai pas eu beaucoup à me battre, le Gouvernement a été très convaincu de cela. Mais il faut aujourd'hui aller plus loin et que les partis politiques fassent tout ce qu'ils peuvent pour qu'au niveau des exécutifs, au niveau de la gestion quotidienne, les femmes aient toute leur place. Mais elles vont la prendre, je leur fais confiance."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 31 juillet 2003)
- "Non, je ne le ressens pas comme cela. Je considère, que l'on soit un homme ou une femme au sein de ce Gouvernement, on est très fier d'appartenir à une équipe qui, sous l'autorité de J.-P. Raffarin, a su mettre en avant la modernité. Et même si les sujets ne sont pas tous de la même actualité, de la même exigence, ils sont tous essentiels et importants et, en ce qui me concerne, j'ai un ministère qui est consacré à l'égalité des chances, à la diversité des compétences, à l'équilibre homme-femme, et c'est au coeur de la modernité. Je suis accompagnée, soutenue, et je dirais même plus encore, encouragée à mener cette action avec beaucoup de détermination. Donc, j'ai plutôt le sentiment, encore une fois, même si ce n'est pas aussi spectaculaire que d'autres..."
C'est une femme qui vous pose la question, parce qu'on a eu l'expérience de celles qu'on appelait les "Jupettes". Est-ce que ce n'est pas plus difficile pour les femmes dans ce Gouvernement, à l'exception de M. Alliot-Marie ?
- "Je répond clairement non. D'ailleurs, les femmes existent, elles existent pleinement sur des ministères importants. Dois-je rappeler qu'entre la Défense, l'Environnement, la Recherche, l'Industrie, les Affaires européennes, l'Egalité, nous sommes sur des ministères qui sont tout à fait centraux. Néanmoins, il est vrai que nous avons ouvert des chantiers multiples, très importants - vous avez rappelez, vous même, qu'il y avait une actualité, des urgences sociales même, tout à fait essentielles. Il est clair que certains ministères sont plus apparents que d'autres. Mais, chacun travaille, chacun est à sa place et je crois pouvoir dire, encore une fois, qu'on soit une femme ou un homme, j'espère que la question ne se posera plus dans quelques temps, nous ressentons tous la même fierté d'appartenir à cette équipe."
Il n'y a pas de projet de loi mais il y a une démarche engagée il y a un an, le 24 juillet 2002, exactement, pour faire en sorte que les femmes accèdent aux responsabilités. Vous en avez discuté avec les partenaires sociaux. Où en est-on ?
- "Voilà un très bon exemple de ce que vous venez de dire à l'instant : il n'y a pas eu de projet de loi, donc effectivement, j'ai peut être été moins en avant de la scène, néanmoins je suis assez fière de ce que nous avons réussi à faire, qui a été de relancer le dialogue social sur un sujet majeur. Je suis tout à fait dans l'application de ce que disait le président de la République, il y a quelques jours, c'est-à-dire de faire confiance d'abord à la concertation, avant d'engager une procédure législative. Nous avons réengagé ce dialogue, il marche bien, nous en sommes à la troisième réunion... J'aurai une rencontre européenne en Finlande et en Suède avec les partenaires sociaux français et des partenaires sociaux européens sur ce sujet dans quelques semaines mais, surtout, nous avons identifié quatre ou cinq pistes fondamentales sur les correctifs de salaires, de carrières, sur l'articulation des vies de travail et les professions, et aussi sur la création d'un "label égalité" qui permettra d'accompagner, d'identifier les entreprises qui sont à l'avant-garde."
Cela concerne les femmes qui sont diplômées, les cadres, mais cela ne change pas le sort des beurettes abonnées au rôle de caissière de supermarché...
- "Précisément, ces jeunes femmes, aujourd'hui, méritent une attention toute particulière. Et avec F. Amara, l'instigatrice et la responsable du mouvement "Ni Putes Ni Soumises", qui est un formidable cri d'espérance de la part de ces jeunes femmes... Elles veulent simplement être citoyennes à part entière, c'est-à-dire appartenir à la République. Et ce que nous allons faire avec elles, ce n'est pas leur proposer des jobs ou des premiers emplois ; nous allons leur proposer d'avoir des formations et de s'émanciper comme n'importe quelle femme de France, parce qu'elles appartiennent à cette nouvelle génération de talents dont la France moderne a besoin. Et avec elles, nous allons organiser des centres de formation, des universités d'été de femmes des quartiers, mais aussi accompagner des talents jusqu'à la création d'activité voire d'entreprise. Et j'ai mobilisé pour cela un certain nombre de partenaires privés, publics qui vont leur donner la chance de créer leur propre emploi, d'aller très loin dans leur démarche professionnelle. Il n'y a aucune raison que ces jeunes femmes, qui appartiennent à une génération pleine de talent, ne puissent pas se retrouver dans n'importe quelle structure, n'importe quel choix professionnel et qu'elles se sentent - ce qui est malheureusement le cas aujourd'hui - cantonnées, enfermées dans des logiques purement de quartiers. Il faut aussi qu'elles se retrouvent dans nos structures publiques, dans les représentations professionnelles, dans les associations, partout où elles ont le droit de s'exprimer et où elles doivent encore exprimer ce qu'elles attendent de la société moderne."
Vous êtes aussi chargée du Droit des femmes. Il y a un drame - ceci n'a rien à voir avec la loi dont nous allons parler -, qui a attiré l'attention sur les violences que peuvent subir les femmes, c'est ce qui est arrivé à M. Trintignant. Récemment, un projet de loi a été présenté, comme par hasard, non pas par vous, mais par le Garde des Sceaux, disant que le conjoint violent ne peux pas garder le domicile conjugal...
- "Tout d'abord, je voudrais dire, comme tous les Français qui ont une admiration pour M. Trintignant, combien je suis bouleversée par cette tragédie. Mais au-delà, les violences en France restent un phénomène de société sur lequel nous sommes... Résolument engagés est peu dire... Nous avons décidé d'éradiquer toute forme de violence, qu'elle se produise dans la rue ou dans la sphère privée. Alors, s'agissant de ce texte, j'ai effectivement souhaité que cette disposition figure dans la loi prochaine sur le divorce. Pourquoi ? Parce qu'il est très important de donner un signal très fort aux femmes victimes de violence, en leur donnant la possibilité véritablement d'être face à leurs droits de la manière la plus claire qui soit. Toute maltraitance est illégitime : une femme battue pourra désormais, en s'adressant aux services de police et de gendarmerie, obtenir du juge, l'éviction du conjoint violent du domicile dès la première maltraitance, dès lors qu'elle sera avérée, sans attendre le divorce. Et c'est très nouveau, c'est très emblématique, c'est très symbolique de ce que nous voulons faire : rendre les femmes de plus en plus autonomes, de plus en plus fortes, armées, et surtout qu'elles apprennent à dire "non"."
La parité, c'est aussi en politique. Les régionales approchent à grand pas. Comment cela se passe dans votre camp ?
- "Vous savez que la nouveauté, à cet égard, a été, dans le cadre de la réforme du scrutin des régionales, une avancée très significative, qui nous fait passer d'une exigence à une évidence. Aujourd'hui, il y aura une alternance parfaite homme-femme sur les listes électorales, pour tout le monde. C'est très bien et je n'ai pas eu beaucoup à me battre, le Gouvernement a été très convaincu de cela. Mais il faut aujourd'hui aller plus loin et que les partis politiques fassent tout ce qu'ils peuvent pour qu'au niveau des exécutifs, au niveau de la gestion quotidienne, les femmes aient toute leur place. Mais elles vont la prendre, je leur fais confiance."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 31 juillet 2003)