Texte intégral
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec plaisir que je répond aujourd'hui à votre invitation à ouvrir ce Comité directeur de la Conférence permanente des Chambres consulaires africaines et françaises. Notre précédente rencontre, à l'occasion de la signature de la convention qui lie la Conférence à mon ministère m'avait permis de rencontrer certains d'entre vous ; ma présence ici veut être l'illustration de l'étroitesse de nos relations et de ma volonté de les consolider encore.
J'ajoute que j'ai ainsi l'impression de m'inscrire dans une tradition flatteuse, qui me permet de continuer l'histoire écrite en 1973 par les présidents Senghor, Houphouet-Boigny et Pompidou lorsqu'ils ont créé la Conférence permanente des Chambres consulaires africaines et malgaches à Dakar.
Pour le président L.S. Senghor, cette conférence devait également "ouvrir la voie à des échanges entre les Etats africains, comme entre ceux-ci et la France, et aboutir à la mise en place d'établissements de formation capables de favoriser l'accès des élites africaines aux postes-clés de l'économie."
Le projet était ambitieux et le responsable de la Francophonie que je suis aussi le partage encore : susciter et organiser entre les milieux économiques des pays qui utilisent la langue française une coopération multilatérale dans les domaines de l'information, de la formation professionnelle et technique, de l'incitation économique et de la promotion des échanges en général.
Dès 1973 donc, le cap était tracé et la Conférence en tirait immédiatement des axes de travail et des objectifs en matière :
- de renforcement des institutions consulaires africaines,
- d'accroissement des relations entre entreprises françaises et africaines
-de promotion de l'image des pays africains par l'intermédiaire de la Maison de l'Afrique.
Les pays africains de 1998, tout comme la France, ne ressemblent plus guère à ceux de 1973, nos appareils économiques, nos entreprises, nos administrations aussi se sont transformés. Il reste à savoir si et comment la Conférence permanente a atteint ses objectifs et accompagné l'évolution de l'environnement économique des entreprises.
Pour ma part, je considère que les projets auxquels mon ministère a été associé allaient dans le bon sens. Ils justifient pleinement que nous réfléchissions à leur amplification. Je pense en particulier aux domaines de la formation professionnelle, de la diffusion de l'information économique et de la restructuration des Chambres consulaires africaines. Je note d'ailleurs que la légitimité et la reconnaissance aux plans nationaux et au plan international des chambres consulaires africaines s'en sont trouvées accrues, grâce, notamment, aux efforts réalisés pour accroître leur représentativité. Je félicite d'ailleurs le président Touré, et avec lui tous ses prédécesseurs, pour les impulsions qu'ils ont su donner dans ce sens à la Conférence.
Ensemble, nous avons établi ce bilan et décidé de donner un nouveau cadre à nos relations, comme je l'indiquais au début de mon propos. Nous sommes partis de vos axes stratégiques, construits autour des missions de la représentation des entreprises, l'appui et le conseil, la formation professionnelle et la gestion des infrastructures. Nous sommes facilement convenus que le rôle du secteur privé dans le développement économique devait être renforcé, et que nos éntreprises, françaises et africaines devraient profiter de cette dynamique. Sur cette base, nous avons conclu une convention-cadre qui régira nos rapports à partir de maintenant.
A ce titre, les domaines d'intervention suivants de la Conférence ont été considérés prioritaires et seront aidés par mon ministère : - ceux qui visent à organiser la représentation du secteur privé vis-à-vis des pouvoirs publics et des bailleurs de fonds,
- ceux qui font de la CPCCAF un véritable opérateur de développement auprès des bailleurs de fonds internationaux,
- ceux qui concourrent à l'information économique et commerciale, ou la promotion des échanges économique Nord-Sud et entre pays du Sud,
- ceux qui renforcent la formation professionnelle et technique des chefs d'entreprise et de leurs salariés,
- ceux qui établissent le rôle et la légitimité des Chambres consulaires africaines,
- ceux enfin qui modernisent la gestion des équipements d'infrastructures par les compagnies consulaires.
Je crois qu'à travers ce texte, nous indiquons clairement nos ambitions pour le modèle d'organisation du tissu économique dont est porteuse la Conférence. Il nous reste à présent à fixer ensemble les actions pratiques qui ressortent de ce cadre et à les exécuter au profit de nos entreprises et du développement de nos pays.
Avant d'ouvrir formellement vos travaux, je voudrais encore vous dire à mon tour combien je crois la période que nous vivons, porteuse d'espoir pour les économies africaines.
Les meilleurs experts s'accordent aujourd'hui pour estimer que la situation économique de l'Afrique s'améliore sensiblement. C'est particulièrement vrai pour la Zone franc qui affiche un taux de croissance supérieur à 5,5 % par an en moyenne. Au plan commercial, l'Afrique subsaharienne est un marché d'exportation qui dépasse celui de l'Amérique latine, avec plus de 30 milliards de francs d'exportation, dont plus de 16 en Zone franc, et la France est le premier partenaire du continent africain, ses parts de marché étant de l'ordre de 50 % dans les pays de la Zone franc. Voilà la réalité.
Et pourtant, l'investissement privé reste encore faible, trop faible. Je crois qu'il nous appartient, tous autant que nous sommes, de coordonner notre action, d'harmoniser nos discours' pour éradiquer ce désintérêt pour le continent africain et convaincre nos entreprises de faire leur travail, c'est à dire d'investir, de produire et de vendre dans des pays où elles ont des avantages naturels mais qu'elles ne connaissent pas assez.
J'ajoute qu'en ce moment, se dessinent les contours de la suite des Accords de Lomé. Nous savons tous que la problématique de l'investissement privé doit être au coeur des réflexions sur ce sujet. La France a toujours dit l'importance de l'aide publique au développement dans la création d'un environnement juridique favorable à l'entreprise, il faut aujourd'hui dépasser ce stade et organiser la coordination de l'aide publique au développement et de l'aide privée, au profit de l'investissement.
Mon ministère prend sa part de responsabilités dans cette opération et a déjà intégré dans ses priorités les programmes d'action en faveur de la relance de l'investissement et du secteur privé, tout spécialement en Zone franc.
Je ne détaillerai pas ici les programmes que nous avons définis, pays par pays, ou mieux, sous région par sous région parce que je crois à la dynamique économique des unions régionales mais soyez assurés qu'ils constituent une priorité que vos gouvernements et la France ont arrêtée en commun.
Je profite d'ailleurs de l'occasion que vous me donnez pour vous confirmer la tenue à Paris cet automne d'une grande manifestation en direction des entreprises européennes sur le thème "Investir en Zone franc". J'en avais proposé le principe. Les ministres des finances de la Zone franc m'en ont confié la responsabilité, je veux en faire un lieu de débat, où les chefs d'entreprises du Nord rencontreront leurs homologues africains et les autorités des pays de la Zone franc, d'où ils sortiront débarassés de leurs préjugés, définitivement afro-optimistes. Et, par là même, nous tordrons définitivement le cou aux rumeurs presistantes sur les risques que feraient courrir le passage à l'euro sur la parité FF/FCFA. Nous travaillons à la réussite de ce projet, très axé sur l'information économique, juridique, fiscale qui comportera la mise en oeuvre d'outils de communication modernes et pérennes. J'entend bien que vous y participiez activement et que vous en soyez les relais vers les membres de vos chambres.
A présent, conformément à la tradition et sans plus attendre, je déclare ouverts les travaux du 26ème comité directeur de la CPCCAF. Avec le président Bernardin, je forme le voeu qu'après le vent de l'histoire, souffle le vent de l'espoir sur ces travaux./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 septembre 2001)