Texte intégral
R. Elkrief - Comment allez-vous éviter que le pays soit bloqué demain ?
- " Je crois que cet appel à la manifestation est très large et même si nous en avons appelé à la responsabilité, il y a effectivement pour demain quelques risques de blocage de la circulation, en particulier dans les grandes villes, on le sait bien . Mais je crois que ce qu'il faut surtout dire, c'est qu'aujourd'hui on n'est pas dans le temps de la crainte, on est dans le temps de la décision, on est dans le temps de l'action. L'esprit du Gouvernement pour tout ce qui concerne ce sujet, c'est quoi ? C'est de dire que certes on est ferme sur l'objectif, sur l'esprit de cette réforme, sur la décision qu'il convient de faire... "
On parle bien sûr des retraites.
- "... On parle des retraites, sur la décision qu'il convient de prendre mais qu'on n'est pas fermé pour le dialogue. Et depuis le début, on a toujours été très attentif à passer le temps nécessaire à écouter et à comprendre. "
Beaucoup de remarques sur cette concertation. Certains trouvent qu'elle est en trompe l'oeil. Mais précisément, il y a deux sondages qui indiquent aujourd'hui que les français sont inquiets. D'une certaine façon, ils sont peut être résignés à l'idée d'une réforme, et en même temps ils sentent qu'ils seront perdants, parce qu'on leur dit qu' il va falloir augmenter votre durée de cotisations. Et en même temps ils savent qu'ils peuvent être licenciés, qu'ils ne resteront pas finalement au travail aussi longtemps qu'avant. De fait, ils savent que leurs pensions vont baisser. Qu'est-ce que vous leur dites à ces gens-là, qui sont peut être pas des fonctionnaires inquiets pour leur statut, mais qui sont aussi des citoyens Lambda.
- " Je crois que vous avez raison de souligner ce qu'il en est de ces inquiétudes. Le rôle d'un Gouvernement, c'est à la fois de dire complètement la vérité - et nous l'avons fait depuis le premier jour, parce qu'on ne peut plus gouverner autrement - et en même temps, de proposer un certain nombre de pistes, de solutions. Ce que chacun doit bien comprendre, c'est que le pire des dangers pour l'ensemble des français en matière de retraites, c'est qu'on ne fasse rien. Les mesures que nous prenons là, ce sont les mesures qu'il faut prendre pour éviter l'effondrement du système à assez courte échéance. Et nous avons été nombreux à regretter que ces décisions ne soient pas prises plus tôt. Donc, il faut les prendre maintenant. Mais bien entendu, cela doit s'accompagner d'une réflexion plus globale de notre société sur le rapport au travail. Et donc tout le monde doit contribuer à cette réflexion. "
Ca c'est très gentil. Vous dites " retraite à la carte ", vous dites qu'on travaillera comme on pourra, on pourra rester plus longtemps si on veut. Mais enfin ! on sait bien que les grandes entreprises licencient, ou en tout cas se débarrassent de leurs salariés après 55 ans. On n'y croit pas.
- " Voilà pourquoi le grand chantier que nous enclenchons immédiatement dans la foulée de la réforme des retraites, c'est sur tout ce qui concerne la formation, la qualification, et le fait de pouvoir employer dans de bonnes conditions ceux de nos concitoyens qui ont plus de 50 ans. Car c'est vrai que pendant vingt ans, notre pays a été dans une logique de préretraite qui a servi, il faut bien le dire, pour régler un certain nombre de problèmes d'emplois. Cela, progressivement, doit évoluer, pas brutalement. Rien ne se fait brutalement. Chacun de nos concitoyens doit bien comprendre que la réforme des retraites, ce qui importe aujourd'hui c'est de prendre des décisions mais qui vont s'inscrire sur dix, quinze, vingt ans et plus. Parmi ces décisions majeures, il y a le fait de réorganiser les relations du travail, car au-delà des mesures que nous prenons pour la retraite, il y a aussi de savoir comment est-ce que l'on va mieux employer les gens de plus de 50 ans. J'appelle votre attention sur le fait que tous les grands pays européens ont travaillé à cette question, depuis de nombreuses années. Notre pays ... "
Et ça marche ?
- " Mais bien sûr. Et c'est en cela que nous sommes nous, très déterminés à aboutir dans cette réforme. C'est que nous savons qu'ailleurs cela marchait. Et que là, il y a besoin pour rétablir une société de confiance comme la nôtre, de passer par ces décisions courageuses, et qui engage l'ensemble de nos concitoyens. "
Que se passera-t-il si les fonctionnaires qui annoncent - certains syndicats de fonctionnaires - qu'ils feront durer cette grève, que demain est une journée forte, mais que cela pourra durer ? Comme réagirez-vous ?
- " Ecoutez : nous, dans cette réforme des retraites, depuis le premier jour, nous en appelons chacune et chacun de nos interlocuteurs, à l'esprit de responsabilité. Car après tout, ce que nous faisons, ce n'est pas pour embêter les gens, c'est pour faire en sorte que chacun puisse assurer les conditions de la pérennité de tous les métiers qui sont exercés dans notre pays, de tout ce qui fait la force de notre pays, la qualité aussi bien dans le service public que dans les entreprises. Donc, cela concerne les fonctionnaires, comme ceux qui ne le sont pas. Depuis le début, notre démarche est de dire : il n'est pas question d'opposer les uns aux autres. Il est question de se retrousser les manches ensemble pour trouver des solutions. C'est ça la noblesse de la politique. Pourquoi est-ce que le 21 avril, on nous a envoyé un pavé sur la tête en vous disant : on ne vous croit plus ? C'est parce qu'on n'assumait pas les décisions. Aujourd'hui, nous voulons les assumer ensemble. "
Et vous irez jusqu'au bout ? Parce que certains libéraux de votre majorité s'inquiètent en disant : oh là ! là ! c'est peu prudent tout ça, c'est des grands mots, mais dans le fond on fait un peu le minimum.
- " Mais comment le minimum ! Attendez : voilà des années que ces décisions auraient dû être prises. Nous sommes déterminés à les mettre en oeuvre. Le Premier ministre l'a encore redit la semaine dernière, et cela dans un calendrier qui a été fixé dès le départ, et dont j'appelle votre attention qu'il n'a jamais varié. C'est pour l'été. Il y a eu trois phases : d'abord on a expliqué, avec les grands principes, on a passé tout le temps nécessaire à discuter - on est d'ailleurs toujours ouverts à la discussion - et enfin le temps de la discussion actuellement. "
La discussion va se passer quand : le lendemain, le 14 mai ? F. Fillon annonce qu'il reçoit les syndicats. Il peut céder, enfin il peut en tout cas faire un certain nombre de nouvelles concessions ? Par exemple : sur les pensions des retraités qui ont été au SMIC toute leur vie ? Par exemple sur le montant du remplacement : on parle de 75 %, on peut être aller jusqu'à 80 % du salaire ?
- " Nous le verrons bien. il y a quelques pistes possibles. Mais je crois que ce sur quoi il faut insister, c'est qu'il s'agit d'une réforme qui est équilibrée. Les grands principes ont été fixés. Ceux là correspondent à l'esprit même de la réforme. Il peut y avoir ici ou là des aménagements. On le verra bien. Mais cela ne doit pas bouleverser l'équilibre de la réforme. "
Mais tout de suite ou après, à l'Assemblée Nationale ?
- " On va voir comment les choses se passent. Il y a bien entendu là-dessus un mois, un mois et demi maintenant de travail avant d'arriver à la décision finale qui est à l'été. Donc je crois que tout ça doit s'inscrire dans ce temps là, mais pas au-delà, car nous avons d'autres chantiers ensuite sur lesquels nous devons travailler avec les Français. "
Autre chantier qui commence déjà, c'est le gel budgétaire. Le Premier ministre a annoncé que l'Etat ne devait pas dépenser un euro de plus. Concrètement, ça veut dire quoi pour les citoyens français : moins de services publics moins de fonctionnaires, qu'est-ce que ça veut dire ?
- " Non. Non. Il faut tordre le coup à ces caricatures. Ce à quoi nous travaillons, c'est une modernisation du service public. Donc le problème, c'est que notre objectif à nous, et nous allons le tenir, c'est de faire un service public identique, voire meilleur, mais en réfléchissant à la manière dont nous gérons l'argent des Français. Vous savez : le temps des chèques en blanc signés sur le dos de nos enfants, c'est terminé. On gère maintenant en bon père de famille, c'est-à-dire qu'on ne dépensera pas plus que ce que l'on gagne comme n'importe quel ménage. Et notre enjeu, il est de maîtriser la dépense publique, qu'elle soit plus efficace, mais avec un service public qui sera meilleur dans tous les domaines, y compris en investissant là où il y a besoin, on l'a montré : la sécurité, la justice. On continuera : ça peut être l'éducation, ça peut être la santé. "
Il n'y aura pas d'économies sur notre dos d'aujourd'hui.
- " Non. Et c'est ça qu'il faut bien comprendre. On améliore le service public, mais on gère en bon père de famille, parce que ce n'est pas à nos enfants de payer les ardoises de nos prédécesseurs. "
(source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 12 mai 2003)
- " Je crois que cet appel à la manifestation est très large et même si nous en avons appelé à la responsabilité, il y a effectivement pour demain quelques risques de blocage de la circulation, en particulier dans les grandes villes, on le sait bien . Mais je crois que ce qu'il faut surtout dire, c'est qu'aujourd'hui on n'est pas dans le temps de la crainte, on est dans le temps de la décision, on est dans le temps de l'action. L'esprit du Gouvernement pour tout ce qui concerne ce sujet, c'est quoi ? C'est de dire que certes on est ferme sur l'objectif, sur l'esprit de cette réforme, sur la décision qu'il convient de faire... "
On parle bien sûr des retraites.
- "... On parle des retraites, sur la décision qu'il convient de prendre mais qu'on n'est pas fermé pour le dialogue. Et depuis le début, on a toujours été très attentif à passer le temps nécessaire à écouter et à comprendre. "
Beaucoup de remarques sur cette concertation. Certains trouvent qu'elle est en trompe l'oeil. Mais précisément, il y a deux sondages qui indiquent aujourd'hui que les français sont inquiets. D'une certaine façon, ils sont peut être résignés à l'idée d'une réforme, et en même temps ils sentent qu'ils seront perdants, parce qu'on leur dit qu' il va falloir augmenter votre durée de cotisations. Et en même temps ils savent qu'ils peuvent être licenciés, qu'ils ne resteront pas finalement au travail aussi longtemps qu'avant. De fait, ils savent que leurs pensions vont baisser. Qu'est-ce que vous leur dites à ces gens-là, qui sont peut être pas des fonctionnaires inquiets pour leur statut, mais qui sont aussi des citoyens Lambda.
- " Je crois que vous avez raison de souligner ce qu'il en est de ces inquiétudes. Le rôle d'un Gouvernement, c'est à la fois de dire complètement la vérité - et nous l'avons fait depuis le premier jour, parce qu'on ne peut plus gouverner autrement - et en même temps, de proposer un certain nombre de pistes, de solutions. Ce que chacun doit bien comprendre, c'est que le pire des dangers pour l'ensemble des français en matière de retraites, c'est qu'on ne fasse rien. Les mesures que nous prenons là, ce sont les mesures qu'il faut prendre pour éviter l'effondrement du système à assez courte échéance. Et nous avons été nombreux à regretter que ces décisions ne soient pas prises plus tôt. Donc, il faut les prendre maintenant. Mais bien entendu, cela doit s'accompagner d'une réflexion plus globale de notre société sur le rapport au travail. Et donc tout le monde doit contribuer à cette réflexion. "
Ca c'est très gentil. Vous dites " retraite à la carte ", vous dites qu'on travaillera comme on pourra, on pourra rester plus longtemps si on veut. Mais enfin ! on sait bien que les grandes entreprises licencient, ou en tout cas se débarrassent de leurs salariés après 55 ans. On n'y croit pas.
- " Voilà pourquoi le grand chantier que nous enclenchons immédiatement dans la foulée de la réforme des retraites, c'est sur tout ce qui concerne la formation, la qualification, et le fait de pouvoir employer dans de bonnes conditions ceux de nos concitoyens qui ont plus de 50 ans. Car c'est vrai que pendant vingt ans, notre pays a été dans une logique de préretraite qui a servi, il faut bien le dire, pour régler un certain nombre de problèmes d'emplois. Cela, progressivement, doit évoluer, pas brutalement. Rien ne se fait brutalement. Chacun de nos concitoyens doit bien comprendre que la réforme des retraites, ce qui importe aujourd'hui c'est de prendre des décisions mais qui vont s'inscrire sur dix, quinze, vingt ans et plus. Parmi ces décisions majeures, il y a le fait de réorganiser les relations du travail, car au-delà des mesures que nous prenons pour la retraite, il y a aussi de savoir comment est-ce que l'on va mieux employer les gens de plus de 50 ans. J'appelle votre attention sur le fait que tous les grands pays européens ont travaillé à cette question, depuis de nombreuses années. Notre pays ... "
Et ça marche ?
- " Mais bien sûr. Et c'est en cela que nous sommes nous, très déterminés à aboutir dans cette réforme. C'est que nous savons qu'ailleurs cela marchait. Et que là, il y a besoin pour rétablir une société de confiance comme la nôtre, de passer par ces décisions courageuses, et qui engage l'ensemble de nos concitoyens. "
Que se passera-t-il si les fonctionnaires qui annoncent - certains syndicats de fonctionnaires - qu'ils feront durer cette grève, que demain est une journée forte, mais que cela pourra durer ? Comme réagirez-vous ?
- " Ecoutez : nous, dans cette réforme des retraites, depuis le premier jour, nous en appelons chacune et chacun de nos interlocuteurs, à l'esprit de responsabilité. Car après tout, ce que nous faisons, ce n'est pas pour embêter les gens, c'est pour faire en sorte que chacun puisse assurer les conditions de la pérennité de tous les métiers qui sont exercés dans notre pays, de tout ce qui fait la force de notre pays, la qualité aussi bien dans le service public que dans les entreprises. Donc, cela concerne les fonctionnaires, comme ceux qui ne le sont pas. Depuis le début, notre démarche est de dire : il n'est pas question d'opposer les uns aux autres. Il est question de se retrousser les manches ensemble pour trouver des solutions. C'est ça la noblesse de la politique. Pourquoi est-ce que le 21 avril, on nous a envoyé un pavé sur la tête en vous disant : on ne vous croit plus ? C'est parce qu'on n'assumait pas les décisions. Aujourd'hui, nous voulons les assumer ensemble. "
Et vous irez jusqu'au bout ? Parce que certains libéraux de votre majorité s'inquiètent en disant : oh là ! là ! c'est peu prudent tout ça, c'est des grands mots, mais dans le fond on fait un peu le minimum.
- " Mais comment le minimum ! Attendez : voilà des années que ces décisions auraient dû être prises. Nous sommes déterminés à les mettre en oeuvre. Le Premier ministre l'a encore redit la semaine dernière, et cela dans un calendrier qui a été fixé dès le départ, et dont j'appelle votre attention qu'il n'a jamais varié. C'est pour l'été. Il y a eu trois phases : d'abord on a expliqué, avec les grands principes, on a passé tout le temps nécessaire à discuter - on est d'ailleurs toujours ouverts à la discussion - et enfin le temps de la discussion actuellement. "
La discussion va se passer quand : le lendemain, le 14 mai ? F. Fillon annonce qu'il reçoit les syndicats. Il peut céder, enfin il peut en tout cas faire un certain nombre de nouvelles concessions ? Par exemple : sur les pensions des retraités qui ont été au SMIC toute leur vie ? Par exemple sur le montant du remplacement : on parle de 75 %, on peut être aller jusqu'à 80 % du salaire ?
- " Nous le verrons bien. il y a quelques pistes possibles. Mais je crois que ce sur quoi il faut insister, c'est qu'il s'agit d'une réforme qui est équilibrée. Les grands principes ont été fixés. Ceux là correspondent à l'esprit même de la réforme. Il peut y avoir ici ou là des aménagements. On le verra bien. Mais cela ne doit pas bouleverser l'équilibre de la réforme. "
Mais tout de suite ou après, à l'Assemblée Nationale ?
- " On va voir comment les choses se passent. Il y a bien entendu là-dessus un mois, un mois et demi maintenant de travail avant d'arriver à la décision finale qui est à l'été. Donc je crois que tout ça doit s'inscrire dans ce temps là, mais pas au-delà, car nous avons d'autres chantiers ensuite sur lesquels nous devons travailler avec les Français. "
Autre chantier qui commence déjà, c'est le gel budgétaire. Le Premier ministre a annoncé que l'Etat ne devait pas dépenser un euro de plus. Concrètement, ça veut dire quoi pour les citoyens français : moins de services publics moins de fonctionnaires, qu'est-ce que ça veut dire ?
- " Non. Non. Il faut tordre le coup à ces caricatures. Ce à quoi nous travaillons, c'est une modernisation du service public. Donc le problème, c'est que notre objectif à nous, et nous allons le tenir, c'est de faire un service public identique, voire meilleur, mais en réfléchissant à la manière dont nous gérons l'argent des Français. Vous savez : le temps des chèques en blanc signés sur le dos de nos enfants, c'est terminé. On gère maintenant en bon père de famille, c'est-à-dire qu'on ne dépensera pas plus que ce que l'on gagne comme n'importe quel ménage. Et notre enjeu, il est de maîtriser la dépense publique, qu'elle soit plus efficace, mais avec un service public qui sera meilleur dans tous les domaines, y compris en investissant là où il y a besoin, on l'a montré : la sécurité, la justice. On continuera : ça peut être l'éducation, ça peut être la santé. "
Il n'y aura pas d'économies sur notre dos d'aujourd'hui.
- " Non. Et c'est ça qu'il faut bien comprendre. On améliore le service public, mais on gère en bon père de famille, parce que ce n'est pas à nos enfants de payer les ardoises de nos prédécesseurs. "
(source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 12 mai 2003)