Message de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur l'engagement de la France au service des droits de l'homme, Paris le 10 mai 1998.

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Circonstance : Centième anniversaire du Congrès mondial de la Ligue des droits de l'homme à Paris le 10 mai 1998

Texte intégral

Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Permettez-moi de vous adresser un message d'amitié à l'occasion du centenaire de la Ligue des Droits de l'Homme. Un déplacement à l'étranger ne me permettant malheureusement pas d'assister à vos travaux, je remercie Maître Henri Leclerc, président de la Ligue des Droits de l'Homme, de bien vouloir vous en faire part en mon nom.
Avec la création de la Ligue des Droits de l'Homme, la société française est entrée, à la fin du siècle dernier, dans une nouvelle phase de la défense des Droits de l'Homme ouverte à tous les citoyens.
Si Voltaire, avec l'Affaire Calas, avait initié une tradition d'intervention des grandes consciences contre les erreurs judiciaires, la Ligue a offert à la France une organisation à l'implantation locale très dense, dont l'engagement en faveur des Droits de l'Homme ne s'est ensuite jamais démenti, y compris aux heures les plus noires de l'Histoire de France, et y compris au péril de la vie de certains de ses membres (je pense notamment à Victor Basch pendant la Seconde guerre mondiale).
Les formes de cet engagement en faveur des Droits de l'Homme se sont depuis lors extraordinairement multipliées, diversifiées, densifiées.
Avec la création en 1922 d'un réseau à vocation mondiale de Ligues des Droits de l'Homme, la Ligue française a contribué à bâtir un instrument essentiel au service de la défense de l'universalité et l'indivisibilité des droits de la personne humaine.
Une nouvelle catégorie d'acteurs de la vie internationale est apparue avec laquelle les Etats sont de plus en plus amenés à travailler.
Vous jouez un rôle essentiel pour favoriser, dans le monde entier, une capacité de dénoncer et de proposer, signe annonciateur d'évolutions politiques et d'un nouvel avenir. Les forces de résistance à votre activité sont très fortes. Cela nous impose de prêter attention à la protection des défenseurs des Droits de l'Homme partout dans le monde.
Je me suis à cet égard réjoui, comme vous, de l'adoption, en cette année du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, après treize années d'efforts, du projet de Déclaration sur la protection des défenseurs des Droits de l'Homme par la Commission des Droits de l'Homme.
Je suis frappé de voir que la France est un des pays où les composantes de la société se sont le plus mobilisées pour réfléchir aux enjeux du XXIème siècle en matière de Droits de l'Homme.
Vos propres travaux ont montré, je crois, que l'engagement pris il y a cent ans devait répondre à de nouveaux défis, dans un monde rapide où apparaissent de nouvelles formes de menaces pour les droits et les libertés.
Cette réflexion doit être menée sans amoindrir l'attention portée aux vrais droits fondamentaux et à la défense de leur caractère universel et au rappel du principe fondamental selon lequel les Droits de l'Homme sont une préoccupation légitime de la communauté internationale.
Le ministère que je dirige entend dialoguer avec nos partenaires de tous les continents, y compris ceux qui présentent l'idéal des Droits de l'Homme comme étant propre aux seuls pays développés. Je crois en effet que les ruptures complètes sont rarement bénéfiques aux Droits de l'Homme, la coopération est également nécessaire pour accompagner ces processus de long terme que sont l'établissement d'un Etat de droit, respectueux des Droits de l'Homme, terrain de la démocratie.
La France participera également à la Conférence de Rome chargée de créer une cour pénale internationale avec la ferme volonté de contribuer à son succès.
Je vous souhaite de conserver votre conviction et votre énergie pour poursuivre votre tâche./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 octobre 2001)