Texte intégral
Q - Européens et Américains peuvent-ils parvenir à un véritable accord sur les subventions agricoles ?
R - Oui, je reste optimiste. Le sujet comporte trois chapitres. Sur les soutiens internes, les avancées auxquelles sont parvenus les Européens obligent les Américains à bouger. L'accès aux droits de douane est moins important pour les Etats-Unis, ce qui peut les amener à des concessions. Mais sur les subventions à l'exportation, là où il serait vraiment important que Washington évolue, les Américains pour l'heure s'y refusent. Cependant, s'ils acceptent des évolutions sur les soutiens internes dans la foulée des efforts européens sur la question, les Etats-Unis peuvent demander en retour un accès facilité au marché des pays émergents, par exemple à celui du Brésil.
Q - Mais comme à l'Uruguay Round, n'existe-t-il pas le risque d'un accord entre Européens et Américains sur le dos des pays en développement (PED) ?
R - A l'Uruguay Round, Européens et Américains s'étaient entendus juste à la fin. Cette fois, c'est l'inverse. Ils tentent, sur l'agriculture, de s'entendre avant. De plus, dans les "rounds" précédents de négociation à l'OMC (Organisation mondiale du commerce), il existait d'importantes marges en matière de droits de douane, qui permettaient des concessions. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Surtout, ce "round" de Doha cible expressément les PED. Cela complique les discussions, mais limite les risques pour les pays en voie de développement.
Q - Subventions agricoles, services, tarifs industriels, droits de la propriété intellectuelle, notamment pour l'accès des pays pauvres aux médicaments : sur quel sujet pensez-vous que la réunion de l'OMC à Cancun en septembre puisse aboutir positivement ?
R - Il importe de bien préciser les choses. L'Accord général sur les services (ACGS), dont les altermondialistes ont fait un de leurs chevaux de bataille notamment ce week-end sur le Larzac, ne fait pas partie des sujets prévus à Cancun. Ensuite, cette réunion ministérielle de l'OMC n'a pas vocation à régler définitivement tous ces problèmes, mais plutôt à fixer les modalités permettant de mener les discussions. Il s'agit de s'entendre sur des règles du jeu communes. Cancun doit témoigner d'une volonté politique.
Q - Sur l'accès des pays pauvres aux médicaments, il importe d'aboutir
R - C'est vrai, ce problème se pose différemment. A Doha, il a été décidé qu'un accord sur la question devait être fixé avant la fin 2002. Les Américains disent aujourd'hui qu'ils apportent de l'argent mais craignent que les industries pharmaceutiques de pays comme l'Inde ou le Brésil n'en profitent pour mieux pénétrer les marchés occidentaux. Voilà pourquoi j'ai proposé aux Américains qu'ils tentent de conclure un accord subsidiaire avec les Indiens et les Brésiliens, qui inclut par exemple des efforts pour financer des médicaments contre le paludisme - ce qui concernera la population des pays en voie de développement.
Q - La date du 1er janvier 2005 vous paraît-elle constituer une date butoir, ou vaut-il mieux un bon accord plus tard qu'un mauvais compromis dans l'urgence, comme le déclare le ministre canadien au Commerce, Pierre Pettigrew ?
R - Je souscris à son analyse. Et j'ajoute que le calendrier bouleverse la donne. En 2004, la Commission européenne va changer, et son négociateur commercial à l'OMC aussi. Ensuite viendront les élections américaines. Cela pousse en tout cas les négociateurs actuels, notamment Pascal Lamy côté européen, à faire preuve de dynamisme et d'inventivité..
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 août 2003)
R - Oui, je reste optimiste. Le sujet comporte trois chapitres. Sur les soutiens internes, les avancées auxquelles sont parvenus les Européens obligent les Américains à bouger. L'accès aux droits de douane est moins important pour les Etats-Unis, ce qui peut les amener à des concessions. Mais sur les subventions à l'exportation, là où il serait vraiment important que Washington évolue, les Américains pour l'heure s'y refusent. Cependant, s'ils acceptent des évolutions sur les soutiens internes dans la foulée des efforts européens sur la question, les Etats-Unis peuvent demander en retour un accès facilité au marché des pays émergents, par exemple à celui du Brésil.
Q - Mais comme à l'Uruguay Round, n'existe-t-il pas le risque d'un accord entre Européens et Américains sur le dos des pays en développement (PED) ?
R - A l'Uruguay Round, Européens et Américains s'étaient entendus juste à la fin. Cette fois, c'est l'inverse. Ils tentent, sur l'agriculture, de s'entendre avant. De plus, dans les "rounds" précédents de négociation à l'OMC (Organisation mondiale du commerce), il existait d'importantes marges en matière de droits de douane, qui permettaient des concessions. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Surtout, ce "round" de Doha cible expressément les PED. Cela complique les discussions, mais limite les risques pour les pays en voie de développement.
Q - Subventions agricoles, services, tarifs industriels, droits de la propriété intellectuelle, notamment pour l'accès des pays pauvres aux médicaments : sur quel sujet pensez-vous que la réunion de l'OMC à Cancun en septembre puisse aboutir positivement ?
R - Il importe de bien préciser les choses. L'Accord général sur les services (ACGS), dont les altermondialistes ont fait un de leurs chevaux de bataille notamment ce week-end sur le Larzac, ne fait pas partie des sujets prévus à Cancun. Ensuite, cette réunion ministérielle de l'OMC n'a pas vocation à régler définitivement tous ces problèmes, mais plutôt à fixer les modalités permettant de mener les discussions. Il s'agit de s'entendre sur des règles du jeu communes. Cancun doit témoigner d'une volonté politique.
Q - Sur l'accès des pays pauvres aux médicaments, il importe d'aboutir
R - C'est vrai, ce problème se pose différemment. A Doha, il a été décidé qu'un accord sur la question devait être fixé avant la fin 2002. Les Américains disent aujourd'hui qu'ils apportent de l'argent mais craignent que les industries pharmaceutiques de pays comme l'Inde ou le Brésil n'en profitent pour mieux pénétrer les marchés occidentaux. Voilà pourquoi j'ai proposé aux Américains qu'ils tentent de conclure un accord subsidiaire avec les Indiens et les Brésiliens, qui inclut par exemple des efforts pour financer des médicaments contre le paludisme - ce qui concernera la population des pays en voie de développement.
Q - La date du 1er janvier 2005 vous paraît-elle constituer une date butoir, ou vaut-il mieux un bon accord plus tard qu'un mauvais compromis dans l'urgence, comme le déclare le ministre canadien au Commerce, Pierre Pettigrew ?
R - Je souscris à son analyse. Et j'ajoute que le calendrier bouleverse la donne. En 2004, la Commission européenne va changer, et son négociateur commercial à l'OMC aussi. Ensuite viendront les élections américaines. Cela pousse en tout cas les négociateurs actuels, notamment Pascal Lamy côté européen, à faire preuve de dynamisme et d'inventivité..
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 août 2003)