Texte intégral
Stéphane Paoli .- Quelle rentrée pour la CGT ? Son secrétaire général, B. Thibault, s'est peu ou pas exprimé depuis juin dernier. Silencieux pendant le conflit des intermittents du spectacle, était-il débordé par sa base ? Alors que le Premier ministre annonce une rentrée apaisée, face au déficit record de la Sécurité sociale, face à la montée du chômage et à la désindustrialisation du pays, quelle sera, de la contestation ou du réformisme, la ligne de la CGT ? Quel long silence que le vôtre ?
Bernard Thibault .- "Vous avez trouvé ? Sur le conflit des intermittents, je me suis exprimé à plusieurs reprises, ça n'a peut-être pas eu une grande redondance dans les médias. Mais au moins à un titre de la presse écrite, à une radio, à un de vos collègues, j'ai dit et j'ai écrit, combien le Gouvernement commettait une erreur de reprendre à son seul compte, un accord qui avait été conçu par le seul Medef, à un moment du calendrier qu'il avait jugé, lui, stratégique, à savoir au sortir de ce qu'il estimait terminé le conflit des retraites, la fenêtre de tir, en quelque sorte, pour remettre en cause la situation spécifique de l'indemnisation du chômage des intermittents. Nous savions, et nous avons dit pendant des mois au Gouvernement, que c'était aussi un dossier explosif. Et je regrette, sur ce sujet-là comme sur d'autres, que le Gouvernement se soit contenté de reprendre à son compte une négociation qui avait été conçue par la seule partie patronale."
Juste pour en finir avec les intermittents, bien que le mouvement ne soit pas terminé et se poursuive, J. Voirin, le secrétaire général de la Fédération CGT-spectacle, dit aujourd'hui "regretter" que le Festival d'Avignon ait été annulé. Vous aussi ?
- "Je crois que tout le monde peut regretter que les festivals aient été annulés cet été. Et dans le même temps, je suis avec ceux qui dénoncent et qui continuent à dénoncer - les intermittents vont le redire à leur manière par une nouvelle mobilisation dès jeudi. Ce conflit-là ne va pas s'atténuer. Il y a eu une quasi-unanimité dans la profession, quelles que soient les catégories professionnelles du secteur, pour dénoncer les effets catastrophiques que pourraient avoir sur la création culturelle, cette réforme en matière d'indemnisation du chômage. Il y a une situation qui a été dénoncée quant aux abus, qui ont provoqué un déficit financier important du système, et on nous propose un accord - plus que proposé, puisqu'il est maintenant homologué -, qui ne va en rien remettre en cause les raisons fondamentales pour lesquelles il y a une situation déficitaire. Par contre, on risque de porter un préjudice, voire un coup fatal à des professionnels et donc à la création culturelle. La volonté de la CGT et de sa fédération du spectacle, sera donc de poursuivre pour obtenir une révision de cet accord, qui ne peut pas être appliqué en l'état."
Dans quel état d'esprit êtes-vous en cette rentrée, bien que, encore une fois, l'été n'ait pas marqué de pause dans l'action sociale, entre ce qui procède de la contestation, et ce qui procède du réformisme, au moment où vont s'ouvrir à nouveau des discussions, cette fois, pour un dossier extrêmement complexe, la réforme du système de santé et son financement ?
- "Nous avons des enjeux à nouveau cruciaux qui se présentent pour les salariés en cette rentrée : la question de l'emploi, la question des retraites qui, pour nous, n'est pas close. Nous reprenons d'ailleurs des négociations complémentaires sur les retraites complémentaires, dès la semaine prochaine, avec le Medef. Et je rappelle que la part que représentent les retraites complémentaires est entre 30 à 60 % du niveau des retraites pour 16 millions de salariés de statut privé. Nous avons eu ce conflit sur le régime de base ; maintenant, il va falloir discuter de ce qu'il advient des retraites complémentaires, et c'est une partie importante de revenus."
Et avec la CFDT aussi, il faudra en parler ? Vous en êtes où, d'ailleurs, avec eux ?
- "Avec la CFDT, il va falloir parler de beaucoup de choses, après ce qui s'est passé sur les retraites, sur la manière dont les uns et les autres, apprécions les objectifs atteignables par le syndicalisme ; la manière, dont les uns et les autres, concevons la négociation sociale. Les événements de ces mois, les négociations, s'agissant du statut des intermittents, et on le verra sans doute pour d'autres sujets - l'avenir Sécurité sociale -, nous poussent, pour ce qui nous concerne, à mettre en avant avec plus de force encore, l'exigence d'avoir des réformes dans notre pays, certes, mais de le faire selon des bases démocratiques. Autrement dit, de reconnaître le principe de la majorité dans les négociations sociales [...]. On ne peut plus, à l'avenir, imposer des accords qui soient signés par des syndicats - ce qui est leur droit - mais qui ne représentent pas une majorité des intéressés. Sinon, il ne faudra pas s'étonner qu'il y ait d'autres situations de blocage, s'agissant d'autres évolutions en matière de droits ou d'accords collectifs."
Quels types d'actions envisagez-vous ? Faut-il s'attendre à nouveau à des mouvements de grève ? Au fond, qu'envisagez-vous pour les semaines et les mois qui viennent ?
- "Nous allons, en cette rentrée, multiplier les discussions dans les entreprises, déjà à partir de notre corps militant, mais aussi plus largement avec les salariés, pour redonner notre conviction, à savoir que, s'agissant de l'approche que fait le Gouvernement sur un certain nombre de problèmes économiques et sociaux, il ne sert à rien de se raconter des histoires, beaucoup va dépendre du degré de mobilisation des salariés pour faire valoir leurs intérêts à l'avenir. Nous rencontrons, ce soir, par exemple, le ministre de la Santé, s'agissant de la manière dont le Gouvernement va concevoir le débat sur l'évolution qu'il souhaite de la Sécurité sociale. Eh bien, nous avons tendance à penser que, si les choses restaient en l'état, il y a fort à craindre que sur ce sujet-là comme sur d'autres, le Gouvernement soit un peu plus sensible aux arguments du Medef qu'à ceux des salariés. Et donc, encore sur ce sujet-là, nous allons devoir exercer une pression qui va nécessiter une implication des intéressés. Et quand je dis une implication, cela peut revêtir des formes très diverses. Donc, nous allons aussi mettre en avant la manière dont nous concevons notre intervention syndicale. Nous avons eu notre congrès en début d'année, qui nous a permis de conforter une démarche qui veut allier la contestation, lorsque c'est nécessaire, parce qu'il y a des sujets pour lesquels nous devons garder une liberté de contestation, mais aussi, de propositions, de mobilisation et de négociations, avec ce que nous souhaitons : une modification en la matière, la reconnaissance du principe de l'accord majoritaire. Cela nous semble une des réformes pour lesquelles les salariés doivent être particulièrement insistants s'ils veulent avoir un mot à dire sur des réformes qui les concernent au premier chef."
Autre point très sensible en cette rentrée : la montée du chômage ; en même temps, la désindustrialisation du pays ; la stagnation, la croissance n'est pas au rendez-vous. Et puis, un débat ouvert sur, oui ou non, aux baisses d'impôts. Que dites-vous de tout cela ?
- "Oui, je trouve assez surprenant, même stupéfiant, ce débat parallèle qui se mène de manière très contradictoire. D'une part, un gouvernement qui défend, bec et ongle, la baisse d'impôts sur le revenu, qui est censée être la forme de solidarisation la plus équitable, même s'il faudrait rediscuter de la manière dont l'impôt est appliqué dans notre pays - le poids des impôts indirects, par exemple, est beaucoup trop important vis-à-vis des impôts proportionnels au niveau des revenus. Le poids de la TVA, par exemple, nécessiterait d'être abaissé. Mais l'impôt sur le revenu est censé être le mécanisme par lequel on organise certains éléments de la solidarité nationale. Et à l'inverse, ou parallèlement, on nous explique qu'il faudrait plutôt accepter de travailler un jour de plus. J'ai tendance à penser qu'on risque de demander aux salariés de travailler un jour de plus, pour que la promesse de baisse des impôts des ménages les plus aisés, soit respectée. Eh bien, non ! Je crois que les salariés, et d'ailleurs les enquêtes d'opinion le montrent, ne sont pas prêts à accepter les termes de la solidarité, tels que le Gouvernement semble le défendre. Il y a d'autres moyens d'exercer une solidarité nationale. Et sans doute, qu'au-delà de la problématique posée par la canicule, cela fera forcément partie des points à l'ordre du jour de notre entretien avec le ministre de la Santé, ce soir. En matière d'approche économique et sociale, le Gouvernement, de mon point de vue, devrait revoir une philosophie qui semble acquise et qui, chacun est à même de le constater, nous amène sur la plupart des indicateurs, dans les zones rouges."
Une chose encore, la mondialisation de l'économie : Cancun va s'ouvrir. La mondialisation syndicale est un vrai projet ou pas ?
- "Nous aurons une délégation qui se rendra à Cancun. Nous avons aussi, s'agissant de la France, un théâtre européen dans lequel le syndicalisme se doit d'être présent. L'emploi est le sujet de préoccupation numéro 1 parce que beaucoup des débats sociaux, des enjeux des revendications sociales, dépendent inévitablement de la situation de l'emploi. On l'a vu de manière récurrente lorsque nous avons débattu de l'avenir des retraites. Nous l'aurons de manière récurrente s'agissant de la protection sociale : nous n'avons pas la même protection sociale en situation de plein emploi ou avec un taux de chômage de 10 %, et c'est vrai pour tous les pays européens. Il est urgent désormais, que l'ensemble des pays européens, au-delà du débat institutionnel en Europe - et le risque est grand que dans les mois prochains les partis politiques soient focalisés, certes sur un débat important, s'agissant des institutions européennes, mais oublient la dimension des objectifs économiques et sociaux en Europe. Et nous sommes en train de préparer, parallèlement aux initiatives nationales ou professionnelles en France, avec les autres syndicats européens, une nouvelle manifestation européenne à Rome, le 4 octobre, à l'occasion d'un nouveau sommet des chefs d'Etat, pour leur dire combien le besoin d'action coordonné au plan économique et d'objectifs sociaux affichés en Europe, devient urgent. Et pour ce faire, il est de la responsabilité de chacun des gouvernements nationaux de se mettre autour de la table et de se fixer des objectifs partagés. Et de ce point de vue-là, je considère, en France comme dans beaucoup de pays européens, que c'est plutôt la page blanche de nos responsables politiques, en termes de réponse. Donc, il y a un certain nombre d'actions nationales à entreprendre, mais aussi, de plus en plus, des actions coordonnées en Europe."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 septembre 2003)
Bernard Thibault .- "Vous avez trouvé ? Sur le conflit des intermittents, je me suis exprimé à plusieurs reprises, ça n'a peut-être pas eu une grande redondance dans les médias. Mais au moins à un titre de la presse écrite, à une radio, à un de vos collègues, j'ai dit et j'ai écrit, combien le Gouvernement commettait une erreur de reprendre à son seul compte, un accord qui avait été conçu par le seul Medef, à un moment du calendrier qu'il avait jugé, lui, stratégique, à savoir au sortir de ce qu'il estimait terminé le conflit des retraites, la fenêtre de tir, en quelque sorte, pour remettre en cause la situation spécifique de l'indemnisation du chômage des intermittents. Nous savions, et nous avons dit pendant des mois au Gouvernement, que c'était aussi un dossier explosif. Et je regrette, sur ce sujet-là comme sur d'autres, que le Gouvernement se soit contenté de reprendre à son compte une négociation qui avait été conçue par la seule partie patronale."
Juste pour en finir avec les intermittents, bien que le mouvement ne soit pas terminé et se poursuive, J. Voirin, le secrétaire général de la Fédération CGT-spectacle, dit aujourd'hui "regretter" que le Festival d'Avignon ait été annulé. Vous aussi ?
- "Je crois que tout le monde peut regretter que les festivals aient été annulés cet été. Et dans le même temps, je suis avec ceux qui dénoncent et qui continuent à dénoncer - les intermittents vont le redire à leur manière par une nouvelle mobilisation dès jeudi. Ce conflit-là ne va pas s'atténuer. Il y a eu une quasi-unanimité dans la profession, quelles que soient les catégories professionnelles du secteur, pour dénoncer les effets catastrophiques que pourraient avoir sur la création culturelle, cette réforme en matière d'indemnisation du chômage. Il y a une situation qui a été dénoncée quant aux abus, qui ont provoqué un déficit financier important du système, et on nous propose un accord - plus que proposé, puisqu'il est maintenant homologué -, qui ne va en rien remettre en cause les raisons fondamentales pour lesquelles il y a une situation déficitaire. Par contre, on risque de porter un préjudice, voire un coup fatal à des professionnels et donc à la création culturelle. La volonté de la CGT et de sa fédération du spectacle, sera donc de poursuivre pour obtenir une révision de cet accord, qui ne peut pas être appliqué en l'état."
Dans quel état d'esprit êtes-vous en cette rentrée, bien que, encore une fois, l'été n'ait pas marqué de pause dans l'action sociale, entre ce qui procède de la contestation, et ce qui procède du réformisme, au moment où vont s'ouvrir à nouveau des discussions, cette fois, pour un dossier extrêmement complexe, la réforme du système de santé et son financement ?
- "Nous avons des enjeux à nouveau cruciaux qui se présentent pour les salariés en cette rentrée : la question de l'emploi, la question des retraites qui, pour nous, n'est pas close. Nous reprenons d'ailleurs des négociations complémentaires sur les retraites complémentaires, dès la semaine prochaine, avec le Medef. Et je rappelle que la part que représentent les retraites complémentaires est entre 30 à 60 % du niveau des retraites pour 16 millions de salariés de statut privé. Nous avons eu ce conflit sur le régime de base ; maintenant, il va falloir discuter de ce qu'il advient des retraites complémentaires, et c'est une partie importante de revenus."
Et avec la CFDT aussi, il faudra en parler ? Vous en êtes où, d'ailleurs, avec eux ?
- "Avec la CFDT, il va falloir parler de beaucoup de choses, après ce qui s'est passé sur les retraites, sur la manière dont les uns et les autres, apprécions les objectifs atteignables par le syndicalisme ; la manière, dont les uns et les autres, concevons la négociation sociale. Les événements de ces mois, les négociations, s'agissant du statut des intermittents, et on le verra sans doute pour d'autres sujets - l'avenir Sécurité sociale -, nous poussent, pour ce qui nous concerne, à mettre en avant avec plus de force encore, l'exigence d'avoir des réformes dans notre pays, certes, mais de le faire selon des bases démocratiques. Autrement dit, de reconnaître le principe de la majorité dans les négociations sociales [...]. On ne peut plus, à l'avenir, imposer des accords qui soient signés par des syndicats - ce qui est leur droit - mais qui ne représentent pas une majorité des intéressés. Sinon, il ne faudra pas s'étonner qu'il y ait d'autres situations de blocage, s'agissant d'autres évolutions en matière de droits ou d'accords collectifs."
Quels types d'actions envisagez-vous ? Faut-il s'attendre à nouveau à des mouvements de grève ? Au fond, qu'envisagez-vous pour les semaines et les mois qui viennent ?
- "Nous allons, en cette rentrée, multiplier les discussions dans les entreprises, déjà à partir de notre corps militant, mais aussi plus largement avec les salariés, pour redonner notre conviction, à savoir que, s'agissant de l'approche que fait le Gouvernement sur un certain nombre de problèmes économiques et sociaux, il ne sert à rien de se raconter des histoires, beaucoup va dépendre du degré de mobilisation des salariés pour faire valoir leurs intérêts à l'avenir. Nous rencontrons, ce soir, par exemple, le ministre de la Santé, s'agissant de la manière dont le Gouvernement va concevoir le débat sur l'évolution qu'il souhaite de la Sécurité sociale. Eh bien, nous avons tendance à penser que, si les choses restaient en l'état, il y a fort à craindre que sur ce sujet-là comme sur d'autres, le Gouvernement soit un peu plus sensible aux arguments du Medef qu'à ceux des salariés. Et donc, encore sur ce sujet-là, nous allons devoir exercer une pression qui va nécessiter une implication des intéressés. Et quand je dis une implication, cela peut revêtir des formes très diverses. Donc, nous allons aussi mettre en avant la manière dont nous concevons notre intervention syndicale. Nous avons eu notre congrès en début d'année, qui nous a permis de conforter une démarche qui veut allier la contestation, lorsque c'est nécessaire, parce qu'il y a des sujets pour lesquels nous devons garder une liberté de contestation, mais aussi, de propositions, de mobilisation et de négociations, avec ce que nous souhaitons : une modification en la matière, la reconnaissance du principe de l'accord majoritaire. Cela nous semble une des réformes pour lesquelles les salariés doivent être particulièrement insistants s'ils veulent avoir un mot à dire sur des réformes qui les concernent au premier chef."
Autre point très sensible en cette rentrée : la montée du chômage ; en même temps, la désindustrialisation du pays ; la stagnation, la croissance n'est pas au rendez-vous. Et puis, un débat ouvert sur, oui ou non, aux baisses d'impôts. Que dites-vous de tout cela ?
- "Oui, je trouve assez surprenant, même stupéfiant, ce débat parallèle qui se mène de manière très contradictoire. D'une part, un gouvernement qui défend, bec et ongle, la baisse d'impôts sur le revenu, qui est censée être la forme de solidarisation la plus équitable, même s'il faudrait rediscuter de la manière dont l'impôt est appliqué dans notre pays - le poids des impôts indirects, par exemple, est beaucoup trop important vis-à-vis des impôts proportionnels au niveau des revenus. Le poids de la TVA, par exemple, nécessiterait d'être abaissé. Mais l'impôt sur le revenu est censé être le mécanisme par lequel on organise certains éléments de la solidarité nationale. Et à l'inverse, ou parallèlement, on nous explique qu'il faudrait plutôt accepter de travailler un jour de plus. J'ai tendance à penser qu'on risque de demander aux salariés de travailler un jour de plus, pour que la promesse de baisse des impôts des ménages les plus aisés, soit respectée. Eh bien, non ! Je crois que les salariés, et d'ailleurs les enquêtes d'opinion le montrent, ne sont pas prêts à accepter les termes de la solidarité, tels que le Gouvernement semble le défendre. Il y a d'autres moyens d'exercer une solidarité nationale. Et sans doute, qu'au-delà de la problématique posée par la canicule, cela fera forcément partie des points à l'ordre du jour de notre entretien avec le ministre de la Santé, ce soir. En matière d'approche économique et sociale, le Gouvernement, de mon point de vue, devrait revoir une philosophie qui semble acquise et qui, chacun est à même de le constater, nous amène sur la plupart des indicateurs, dans les zones rouges."
Une chose encore, la mondialisation de l'économie : Cancun va s'ouvrir. La mondialisation syndicale est un vrai projet ou pas ?
- "Nous aurons une délégation qui se rendra à Cancun. Nous avons aussi, s'agissant de la France, un théâtre européen dans lequel le syndicalisme se doit d'être présent. L'emploi est le sujet de préoccupation numéro 1 parce que beaucoup des débats sociaux, des enjeux des revendications sociales, dépendent inévitablement de la situation de l'emploi. On l'a vu de manière récurrente lorsque nous avons débattu de l'avenir des retraites. Nous l'aurons de manière récurrente s'agissant de la protection sociale : nous n'avons pas la même protection sociale en situation de plein emploi ou avec un taux de chômage de 10 %, et c'est vrai pour tous les pays européens. Il est urgent désormais, que l'ensemble des pays européens, au-delà du débat institutionnel en Europe - et le risque est grand que dans les mois prochains les partis politiques soient focalisés, certes sur un débat important, s'agissant des institutions européennes, mais oublient la dimension des objectifs économiques et sociaux en Europe. Et nous sommes en train de préparer, parallèlement aux initiatives nationales ou professionnelles en France, avec les autres syndicats européens, une nouvelle manifestation européenne à Rome, le 4 octobre, à l'occasion d'un nouveau sommet des chefs d'Etat, pour leur dire combien le besoin d'action coordonné au plan économique et d'objectifs sociaux affichés en Europe, devient urgent. Et pour ce faire, il est de la responsabilité de chacun des gouvernements nationaux de se mettre autour de la table et de se fixer des objectifs partagés. Et de ce point de vue-là, je considère, en France comme dans beaucoup de pays européens, que c'est plutôt la page blanche de nos responsables politiques, en termes de réponse. Donc, il y a un certain nombre d'actions nationales à entreprendre, mais aussi, de plus en plus, des actions coordonnées en Europe."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 septembre 2003)