Interview de M. Dominique Perben, ministre de la justice, à France Info le 2 septembre 2003, sur les mesures du gouvernement pour améliorer la sécurité des magistrats et du personnel pénitentiaire en Corse.

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Média : France Info

Texte intégral

C. Pottier - Vous avez passé vingt-quatre heures en Corse hier. Vous avez annoncé une trentaine de mesures pour améliorer la sécurité des magistrats, du personnel pénitentiaire également. Depuis vingt ans, on a l'impression que tout a été fait, que les gouvernements successifs ont tout entrepris pour stopper les violences sur l'île. Pensez-vous vraiment que les mesures que vous avez annoncées hier peuvent changer le cours des choses ?
- "Je le crois, dans la mesure où ce qui est important, c'est que la justice puisse fonctionner. C'était l'esprit de mon déplacement d'hier. Je souhaitais d'abord rencontrer les magistrats, les fonctionnaires des juridictions et les personnels pénitentiaires, pour les remercier du travail qu'ils font, et qui est un bon travail, et puis pour les réconforter à la suite des différents attentats dont ils ont été la cible depuis une dizaine de jours. Nous avons discuté ensemble, nous avons examiné très concrètement, d'une manière très précise, les mesures qui peuvent leur apporter davantage de sécurité, qui peuvent aussi amener les habitants de la Corse à venir plus facilement vers la justice. C'est la coopération policière, c'est la protection des bâtiments, ce sont les guichets uniques de greffes, les visio-conférences, toute une série de choses très précises et concrètes. Et j'ai eu le sentiment que cette journée avait été bien utile, que nous nous étions compris et que les magistrats, les fonctionnaires, avaient envie, avec détermination, sérénité, de poursuivre leur travail, parce qu'ils croient à ce qu'ils font."
L'Union syndicale des magistrats redoute quand même une visite symbolique. Quand et comment ces mesures vont-elles être mises en place ?
- "Tout de suite. [Pour] la coopération policière, j'ai fait une réunion hier avec les présidents des tribunaux et avec le préfet de police, c'est d'effet immédiat. S'agissant de la protection des sites, c'est une affaire de quelques jours. J'ai dégagé des crédits sur les budgets correspondants de mon ministère et nous allons réaliser les choses très vite. Les guichets uniques de greffes, c'est une affaire de quelques mois. Je vais également mettre en place, pour faciliter la vie concrète des fonctionnaires du ministère, un certain nombre d'aides, comme l'aide au logement - et nous allons faire très vite. Donc ce ne sont pas des projets à long terme, ce sont des décisions immédiates, avec des effets immédiats ou dans quelques jours."

Le "non" au référendum en Corse a été un échec en juillet pour le Gouvernement. Est-ce que vous ne vous trouvez pas définitivement dans l'impasse ?
- "Je ne crois pas. Le Gouvernement a proposé une réponse institutionnelle. Celle-ci a été refusée ; nous en prenons acte. Pour autant, il nous faut maintenant développer un certain nombre de politiques sectorielles. Pour ce qui est de ma responsabilité, je considère que je dois faire en sorte que la fonction justice fonctionne bien en Corse comme sur le reste du territoire français. Et sur le plan économique, sur le plan du développement touristique, sur le plan des équipements, un certain nombre d'actions sont menées par les autres membres du Gouvernement. Par railleurs, les élections de mars prochain, cantonales et régionales, vont amener le renouvellement des assemblées corses. Bien sûr, après ce renouvellement, le Gouvernement pourra évoquer les perspectives à moyen terme du développement de l'île avec les équipes qui sortiront des urnes."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 septembre 2003)