Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en réponse à une question sur les essais nucléaires en Inde et sur le désarmement, à l'Assemblée nationale le 19 mai 1998.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
En ce qui concerne les essais nucléaires indiens, on ne peut pas dire qu'ils violent un traité, ni que cela marque l'échec du Traité puisque l'Inde n'a pas signé ce Traité. C'est une remarque préalable. Ce qui n'empêche pas que ce soit une démarche qui aille à contre-courant du mouvement mondial vers le désarmement nucléaire comme je l'avais indiqué la semaine dernière, en réponse à une autre question.
Concernant le désarmement nucléaire en général, il ne faut pas considérer qu'il est au point mort puisqu'à l'heure actuelle, il y a d'abord le processus de réduction des armements nucléaires américains et russes et nous espérons que la Douma va prochainement ratifier le Traité Start II, ce qui est un élément tout à fait important. Vous savez que ces deux puissances ont un arsenal tout à fait disproportionné par rapport à celui des autres puissances nucléaires.
Concernant la France, ces dernières années, sur la décision de deux présidents et de plusieurs gouvernements successifs, il a été procédé à l'arrêt des Pluton, à l'arrêt des Hadès, au désarmement du plateau d'Albion, d'autre part, la signature du Traité sur l'interdiction des essais, à des initiatives en ce qui concerne l'interdiction de la production des matières fissiles à usage nucléaire militaire. Hier, à Genève, à la Conférence sur le Désarmement, le représentant de la France a fait une proposition pour que l'on engage immédiatement la négociation sur ce dernier point. D'autre part, le site de Mururoa a été désarmé. Enfin, en ce qui concerne la conférence sur le TNP, nous y sommes naturellement favorables mais, elle est déjà prévue en réalité à New York en l'an 2000 pour examiner trois points qui avaient été fixés à l'ordre du jour il y a quelques années. Mais les choses ont progressé depuis : la question de la signature d'un Traité sur l'interdiction des essais avant l'an 2000 est une question qui est donc très avancée ; d'autre part, la Convention d'interdiction de la production de matières fissiles à usage nucléaire militaire - je vous parlais de l'initiative que nous avons pris hier à Genève - et le point général sur la réduction des arsenaux. Les choses bougent peut-être lentement, mais elles bougent dans le bon sens./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 octobre 2001)