Texte intégral
Madame la Ministre,
Monsieur le Délégué général
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames, Messieurs,
Le sujet qui nous rassemble aujourd'hui de la façon la plus forte, la plus constante, la plus fraternelle, est le grand sujet de la défense conjointe par le Québec et par la République française, de la diversité culturelle. Nous assumons cette défense de façon totalement convaincue à la fois dans le cadre de la francophonie et dans le cadre des discussions de l'Organisation mondiale du Commerce. Je pense à la réunion de Cancun qui s'ouvrira de façon imminente, mais également à notre combat partagé au sein de l'Unesco. Nous soutenons les uns et les autres : le Québec et la France, le projet de convention internationale sur la diversité culturelle. Je suis très sensible à cet engagement sans faille du Québec, un engagement qui transcende de façon très heureuse la diversité des situations politiques et les alternances. Quel qu'ait été l'engagement de nos prédécesseurs, j'ai le sentiment que nous sommes tout particulièrement engagés dans ce combat. J'ai été très sensible, Madame la ministre, à ce que vous m'avez dit de la joie que vous avez éprouvée quand vous avez su que le combat de la France pour faire inscrire dans le projet de constitution européenne le principe d'exception culturelle, avait été gagné. En effet, si l'Europe avait marqué la moindre faiblesse sur ce sujet, il est évident que notre position internationale aurait été ébranlée, fragilisée. Donc, pour cette connivence qui nous rassemble, pour ce combat partagé, à vous, ma chère collègue, un très grand merci.
Nous sommes réunis aujourd'hui pour la signature d'un accord de coopération dans le domaine des archives, du patrimoine et des musées que nos Premiers ministres ont appelé de leurs voeux lors de leur rencontre à Québec en mai dernier. Cet accord va renforcer les liens qui unissent nos deux pays en permettant une meilleure connaissance de leur histoire et de leurs racines communes.
Cet accord s'inscrit dans le cadre de l'entente sur la coopération culturelle entre le gouvernement de la République française et le gouvernement du Québec de 1965. Il constitue une étape supplémentaire et essentielle dans cette démarche, engagée il y a presque quarante ans, de valorisation de notre patrimoine partagé.
La Direction des archives de France réalise déjà avec les archives nationales du Québec le recensement des sources de notre histoire commune qui seront bientôt en ligne sur le portail Champlain.
La Direction du patrimoine, par ailleurs, développe un programme de coopération exemplaire, lancé par la commission franco-québécoise des lieux de mémoire, dont je salue ici les membres présents et son président français (M. Rhétoré). Ce projet est à l'origine de cette nouvelle initiative.
Au Québec, ce programme d'inventaire et de cartographie des lieux de mémoire de la Nouvelle France est suivi par le Ministère de la Culture et des communications et l'Université Laval. En France, ce programme a été engagé sous l'impulsion de la Région Poitou-Charentes et avec l'appui de la Direction régionale des affaires culturelles de cette région. Ce projet pilote, initié en Région Poitou-Charentes, a vocation à être élargi à d'autres régions de France, notamment toutes les régions de France qui recouvrent des territoires qui ont été des centres de l'immigration française vers le Nouveau Monde et plus particulièrement vers le Québec. L'objectif est de recenser et d'étudier les traces de cette histoire commune à nos deux pays, les lieux de départs et de retour des migrants, les lieux d'importation et d'exportation des productions, leurs lieux de fabrication et d'utilisation, les sites de rayonnement des congrégations religieuses, ceux qui sont liés à notre histoire militaire partagée
Neuf partenaires participent aujourd'hui à ce projet : l'Etat, la Région Poitou-Charentes, le département de la Charente, le département de la Charente-Maritime, le département des Deux-Sèvres, le département de la Vienne, l'Université de Poitiers, l'Université de La Rochelle et le centre International de la mer de Rochefort.
Les recherches historiques menées dans le cadre de ce projet permettent l'identification et la mise en valeur des témoins de notre histoire partagée. Elles sont aussi l'occasion d'intensifier le partage du savoir faire, de développer des méthodologies conjointes et de tisser des liens forts entre nos équipes et nos institutions.
Devant le succès de ce projet pilote qui, comme je vous l'ai dit, a vocation à être élargi à d'autres régions de France et d'Amérique du nord, je vous invite, Madame la Ministre, à signer une nouvelle entente, un nouvel acte de partenariat, qui étendra au domaine des archives et des musées cette recherche de nos racines communes. Nos archives et nos musées, riches des témoignages de notre passé commun, viendront ainsi intensifier une coopération déjà très fructueuse. J'ajouterai tout simplement que toutes les technologies de l'information, de la communication, de la documentation dont nous disposons aujourd'hui nous permettent, d'une façon que nos prédécesseurs n'auraient même pas imaginée, d'établir vraiment les bases d'une mémoire totalement partagée : des banques de données documentaires, des banques de références transférables instantanément d'un bord à l'autre de l'Atlantique. Aujourd'hui, finalement, il nous est réellement permis de donner forme physiquement à cette mémoire commune que nous partageons déjà spirituellement.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 15 septembre 2003)