Texte intégral
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je vous dois d'abord quelques mots d'excuse pour mon retard. La vie des Premiers ministres est ainsi faite que dans la même matinée on se livre parfois à des activités très, j'allais dire hétérogènes, puisque j'ai commencé ma journée en recevant une grande association française spécialisée dans la lutte contre la pauvreté pour discuter d'un grand texte que nous sommes en train de préparer. Et je leur ai expliqué en les quittant que ce que je venais faire ici n'était peut-être pas tout à fait hétérogène, contrairement à ce que je disais, puisque la croissance et l'emploi, c'est ce dont nous avons tous besoin dans la conjoncture actuelle. Croyez, en tout cas, que c'est avec beaucoup de plaisir que je m'adresse à un parterre de chefs d'entreprises aussi prestigieux réuni pour deux jours à Paris, à l'initiative du Président de la République.
Je voudrais tout d'abord exprimer mes remerciements personnels au Président François-Xavier Ortoli, qui a bien voulu, à la demande du Président de la République, assurer la préparation de cette réunion, aussi bien dans sa conception que dans son organisation ; merci, cher François -Xavier ORTOLI de vous être acquitté de cette mission, avec toute l'intelligence et la maîtrise que l'on vous connaît. Merci aussi à mon ami Jérôme MONNOT d'assurer la co-présidence de cette rencontre.
L'Europe est le plus grand marché du monde - nous le savons tous -, l'Asie est le continent qui connaît des taux de croissance économique parmi les plus élevés du monde ; et pourtant, les relations entre ces deux géants ne sont pas à la hauteur de leur poids respectif dans l'économie mondiale. Les vingt-cinq Chefs d'Etat et de Gouvernement européens et asiatiques qui ont lancé, le 1er et le 2 mars dernier, à Bangkok, le premier sommet euro-asiatique de l'histoire (Asia Europe Meeting), en ont dressé le constat. Nos liens économiques restent insuffisants, dans le secteur des échanges, mais aussi et peut-être surtout dans le domaine des investissements.
L'un des objectifs essentiels du "nouveau partenariat", dont le Sommet de Bangkok a jeté les bases, et que nous appelons tous de nos voeux, est précisément de remédier à cette faiblesse en créant un cadre de concertation au plus haut niveau, digne du rang que l'Asie et l'Europe occupent dans les échanges économiques et financiers internationaux afin de renforcer la coopération économique entre les deux régions. Plusieurs axes de coopération ont été définis - vous le savez - à l'occasion de cette rencontre historique:
Premier axe de coopération, qui relève de la responsabilité principale des Etats : oeuvrer conjointement à l'établissement d'un système économique international plus efficace, plus transparent, plus ouvert. Ce n'est pas à vous, Mesdames et Messieurs, que j'exposerai les répercussions considérables que cela entraînera sur vos entreprises et sur leur environnement.
Nous avons tous un intérêt évident à voir se développer un système commercial multilatéral libre, juste, puissant, et cela suppose notamment que soit renforcée l'Organisation Mondiale du Commerce. La première réunion de l'OMC, qui se tiendra à Singapour du 9 au 13 décembre prochains, constituera à cet égard une échéance très importante. Elle peut être décisive et devra s'assurer que les négociations actuellement en cours seront achevées dans les délais prévus avant de définir de nouveaux objectifs à atteindre. Pour que le processus de l'ASEM se solde par un succès, pour qu'il s'inscrive dans la durée, nous devons - me semble-t-il - ensemble, pays de l'Union européenne et pays d'Asie, rechercher dans ce cadre des positions de compromis qui soient acceptables par tous, sans esquiver les sujets difficiles qui seront à l'ordre du jour de la conférence.
Parmi ces sujets difficiles, la recherche d'une plus grande stabilité monétaire et financière internationale, qui est à mes yeux une des conditions de la poursuite d'un mouvement efficace de libéralisation des échanges. A l'instar de leurs partenaires européens, les pays asiatiques sont désormais exposés aux risques que font courir à nos économies les mouvements brutaux et souvent erratiques des devises et des capitaux. Je pense donc que les pays asiatiques qui le souhaitent devraient être associés à la gestion du système monétaire international, et que le poids des européens, qui sont en marche vers la réalisation de leur monnaie unique, l'euro, dans les délais prévus par le traité de l'Union européenne soit accru dans ce débat, parce que la création de cette monnaie unique va entraîner, à l'évidence, des modifications profondes du système monétaire international.
Le deuxième axe de coopération lancé à Bangkok consiste à développer les flux d'investissements croisés entre l'Europe et l'Asie, qui ont jusqu'à présent privilégié d'autres régions du monde. Je sais que les attentes sont considérables de part et d'autre: en Asie, notamment dans les pays à croissance rapide, qui ont engagé de grands programmes d'infrastructures et de services publics, et qui ont besoin pour atteindre leurs objectifs de mobiliser de grandes masses de capitaux étrangers et de s'assurer des technologies les plus performantes ; mais les attentes sont tout aussi importantes en Europe, dont la vocation à être une terre privilégiée d'accueil pour les investissements asiatiques doit être confortée. Les pays de l'Europe communautaire ont une population qui dispose d'un pouvoir d'achat élevé. Nous bénéficions aussi d'infrastructures adaptées, de dispositifs financiers très attractifs en faveur des investisseurs étrangers.
A cet égard, le développement de la coopération et du partenariat entre entreprises est essentiel: il s'agit là du troisième axe de coopération qui a été défini au Sommet de Bangkok, et qui s'adresse en tout premier lieu aux dirigeants d'entreprises européens et asiatiques. Votre rencontre d'aujourd'hui s'inscrit précisément dans ce cadre.
*
* *
Quelle peut être précisément dans ce cadre la valeur ajoutée de l'ASEM ? C'est peut-être la question qui est la plus d'actualité. Car il existe déjà des rencontres internationales entre hommes d'affaires: des tables rondes industrielles qui réunissent régulièrement les chefs d'entreprises européens, des forums d'hommes d'affaires qui sont depuis quelques années organisés dans le cadre de l'APEC, les rencontres de Davos qui constituent désormais un des rendez-vous obligés des grands dirigeants d'entreprises. Ces rencontres ont permis d'organiser des réseaux de relations personnelles, qui facilitent les rapprochements entre entreprises.
Il me semble que le forum ASEM des hommes d'affaires devrait apporter une dimension nouvelle à ce processus de rapprochement entre les communautés d'affaires.
D'abord, parce que c'est la première fois que les hommes d'affaires de l'Europe et de l'Asie se rencontrent dans un cadre aussi large et à un niveau aussi élevé. Qu'autant de dirigeants d'entreprises, venant des quinze Etats membres de l'Union européenne, des sept pays de l'ASEAN, de la Chine, du Japon, de la Corée, se réunissent pendant deux jours pour examiner ensemble les moyens à mettre en oeuvre pour renforcer les échanges économiques entre l'Europe et l'Asie, c'est bien le signe que la rencontre d'aujourd'hui revêt un caractère exceptionnel! Vous incarnez tous l'élite des industriels, des services financiers, des petites et moyennes entreprises de nos deux continents.
Ce forum des hommes d'affaires est aussi une occasion privilégiée de rencontre entre le secteur public et le secteur privé. L'une des originalités de ces journées est de favoriser un dialogue entre les administrations et les entreprises. Pour que le processus lancé aujourd'hui soit un succès, il est nécessaire d'y associer étroitement les gouvernements, d'engager un dialogue à deux niveaux, entre entreprises d'une part, mais aussi entre entreprises et pouvoirs publics d'autre part. Les pouvoirs publics attendent des hommes d'affaires qu'ils leur indiquent les obstacles ou les freins à la coopération économique qu'ils ont pu recenser et qu'ils proposent des solutions pour y remédier : pour ce qui les concerne, les gouvernements sont disposés à vous associer aux politiques que nous conduisons pour réduire, voire lever ces obstacles. C'est pourquoi il vous revient d'identifier, au cours de vos travaux, les points particuliers sur lesquels vous attendez des actions concrètes de la part des gouvernements afin de faciliter les échanges et les investissements euro-asiatiques. Sachez que le gouvernement français, pour sa part, sera très attentif aux conclusions de vos débats: ceux-ci constitueront pour nous une source de réflexion très utile et nous permettront de défendre mieux encore nos positions dans les négociations internationales.
Le dialogue entre pouvoirs publics et secteur privé n'est bien sûr pas le seul objet de vos débats: il y a aussi et surtout la coopération entre hommes d'affaires. La rencontre de Paris a pour ambition de créer, ou de conforter des réseaux, des contacts personnels qui permettent de dissiper les obstacles culturels et de favoriser des relations de travail durables. Il vous appartient naturellement de définir les formes que doit revêtir cette coopération. Mais les Gouvernements doivent jouer pleinement leur rôle d'appui, en particulier pour favoriser les investissements.
Les thèmes que vous aborderez dans quelques instants dans les cinq groupes de travail du Forum revêtent tous un intérêt stratégique. Je ne veux pas interférer avec votre ordre du jour, je voudrai simplement poser devant vous quelques questions qui me paraissent mériter de votre part, et de la nôtre, une réflexion approfondie :
- Comment mieux associer les grandes entreprises européennes au développement des grands programmes d'infrastructures en Asie? Comment conduire les entreprises asiatiques à considérer que l'Europe, contrairement aux idées reçues, n'est pas une forteresse, et leur offre un marché largement ouvert ?
- Comment aider les Petites et Moyennes Entreprises d'Europe et d'Asie à développer leurs coopérations ? Quelles formes d'appui les grands groupes industriels et les Etats peuvent-ils leur apporter ?
- Comment augmenter les investissements croisés euro-asiatiques, quels types d'incitations les entreprises attendent-elles ?
Voilà quelques questions qui n'épuisent évidemment pas l'ordre du jour ambitieux de votre groupe de travail. Je sais que d'autres thèmes seront évoqués : je pense à celui des services financiers, dont le rôle est grandissant pour l'économie mondiale, et dont le développement en Asie est nécessaire à la poursuite d'une croissance soutenue et au financement des programmes d'infrastructures; je pense aux échanges de biens de consommation, qui représentent un potentiel de croissance considérable, avec l'augmentation continue du pouvoir d'achat des populations, et qui sont aussi les plus affectés par les problèmes d'accès au marché; sans oublier les biens d'équipement, dont les pays " émergents " d'Asie ont besoin pour consolider leur structure industrielle.
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* *
Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs, la pérennité du processus que vous engagez aujourd'hui, et le succès du deuxième Forum de l'ASEM des hommes d'affaires, qui se tiendra en Thaïlande avant la fin de l'année 1997 dépendent pour beaucoup de ce qui sera réalisé ici durant deux jours. Comme pour tout exercice nouveau, je sais que la tâche qui vous revient n'est pas facile, mais je suis persuadé que la dynamique qui s'engage aujourd'hui débouchera sur des propositions novatrices et, je le souhaite en tout cas, rapidement opérationnelles. Elles feront de ce forum une étape importante dans le rapprochement euro-asiatique amorcé lors du Sommet de Bangkok.
Sachez que mes voeux de réussite vous accompagnent dans vos travaux. Je vous remercie de votre at8tention.
(Source http://www.archives.premier-ministre.gouv.fr, le 14 mai 2002)
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je vous dois d'abord quelques mots d'excuse pour mon retard. La vie des Premiers ministres est ainsi faite que dans la même matinée on se livre parfois à des activités très, j'allais dire hétérogènes, puisque j'ai commencé ma journée en recevant une grande association française spécialisée dans la lutte contre la pauvreté pour discuter d'un grand texte que nous sommes en train de préparer. Et je leur ai expliqué en les quittant que ce que je venais faire ici n'était peut-être pas tout à fait hétérogène, contrairement à ce que je disais, puisque la croissance et l'emploi, c'est ce dont nous avons tous besoin dans la conjoncture actuelle. Croyez, en tout cas, que c'est avec beaucoup de plaisir que je m'adresse à un parterre de chefs d'entreprises aussi prestigieux réuni pour deux jours à Paris, à l'initiative du Président de la République.
Je voudrais tout d'abord exprimer mes remerciements personnels au Président François-Xavier Ortoli, qui a bien voulu, à la demande du Président de la République, assurer la préparation de cette réunion, aussi bien dans sa conception que dans son organisation ; merci, cher François -Xavier ORTOLI de vous être acquitté de cette mission, avec toute l'intelligence et la maîtrise que l'on vous connaît. Merci aussi à mon ami Jérôme MONNOT d'assurer la co-présidence de cette rencontre.
L'Europe est le plus grand marché du monde - nous le savons tous -, l'Asie est le continent qui connaît des taux de croissance économique parmi les plus élevés du monde ; et pourtant, les relations entre ces deux géants ne sont pas à la hauteur de leur poids respectif dans l'économie mondiale. Les vingt-cinq Chefs d'Etat et de Gouvernement européens et asiatiques qui ont lancé, le 1er et le 2 mars dernier, à Bangkok, le premier sommet euro-asiatique de l'histoire (Asia Europe Meeting), en ont dressé le constat. Nos liens économiques restent insuffisants, dans le secteur des échanges, mais aussi et peut-être surtout dans le domaine des investissements.
L'un des objectifs essentiels du "nouveau partenariat", dont le Sommet de Bangkok a jeté les bases, et que nous appelons tous de nos voeux, est précisément de remédier à cette faiblesse en créant un cadre de concertation au plus haut niveau, digne du rang que l'Asie et l'Europe occupent dans les échanges économiques et financiers internationaux afin de renforcer la coopération économique entre les deux régions. Plusieurs axes de coopération ont été définis - vous le savez - à l'occasion de cette rencontre historique:
Premier axe de coopération, qui relève de la responsabilité principale des Etats : oeuvrer conjointement à l'établissement d'un système économique international plus efficace, plus transparent, plus ouvert. Ce n'est pas à vous, Mesdames et Messieurs, que j'exposerai les répercussions considérables que cela entraînera sur vos entreprises et sur leur environnement.
Nous avons tous un intérêt évident à voir se développer un système commercial multilatéral libre, juste, puissant, et cela suppose notamment que soit renforcée l'Organisation Mondiale du Commerce. La première réunion de l'OMC, qui se tiendra à Singapour du 9 au 13 décembre prochains, constituera à cet égard une échéance très importante. Elle peut être décisive et devra s'assurer que les négociations actuellement en cours seront achevées dans les délais prévus avant de définir de nouveaux objectifs à atteindre. Pour que le processus de l'ASEM se solde par un succès, pour qu'il s'inscrive dans la durée, nous devons - me semble-t-il - ensemble, pays de l'Union européenne et pays d'Asie, rechercher dans ce cadre des positions de compromis qui soient acceptables par tous, sans esquiver les sujets difficiles qui seront à l'ordre du jour de la conférence.
Parmi ces sujets difficiles, la recherche d'une plus grande stabilité monétaire et financière internationale, qui est à mes yeux une des conditions de la poursuite d'un mouvement efficace de libéralisation des échanges. A l'instar de leurs partenaires européens, les pays asiatiques sont désormais exposés aux risques que font courir à nos économies les mouvements brutaux et souvent erratiques des devises et des capitaux. Je pense donc que les pays asiatiques qui le souhaitent devraient être associés à la gestion du système monétaire international, et que le poids des européens, qui sont en marche vers la réalisation de leur monnaie unique, l'euro, dans les délais prévus par le traité de l'Union européenne soit accru dans ce débat, parce que la création de cette monnaie unique va entraîner, à l'évidence, des modifications profondes du système monétaire international.
Le deuxième axe de coopération lancé à Bangkok consiste à développer les flux d'investissements croisés entre l'Europe et l'Asie, qui ont jusqu'à présent privilégié d'autres régions du monde. Je sais que les attentes sont considérables de part et d'autre: en Asie, notamment dans les pays à croissance rapide, qui ont engagé de grands programmes d'infrastructures et de services publics, et qui ont besoin pour atteindre leurs objectifs de mobiliser de grandes masses de capitaux étrangers et de s'assurer des technologies les plus performantes ; mais les attentes sont tout aussi importantes en Europe, dont la vocation à être une terre privilégiée d'accueil pour les investissements asiatiques doit être confortée. Les pays de l'Europe communautaire ont une population qui dispose d'un pouvoir d'achat élevé. Nous bénéficions aussi d'infrastructures adaptées, de dispositifs financiers très attractifs en faveur des investisseurs étrangers.
A cet égard, le développement de la coopération et du partenariat entre entreprises est essentiel: il s'agit là du troisième axe de coopération qui a été défini au Sommet de Bangkok, et qui s'adresse en tout premier lieu aux dirigeants d'entreprises européens et asiatiques. Votre rencontre d'aujourd'hui s'inscrit précisément dans ce cadre.
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Quelle peut être précisément dans ce cadre la valeur ajoutée de l'ASEM ? C'est peut-être la question qui est la plus d'actualité. Car il existe déjà des rencontres internationales entre hommes d'affaires: des tables rondes industrielles qui réunissent régulièrement les chefs d'entreprises européens, des forums d'hommes d'affaires qui sont depuis quelques années organisés dans le cadre de l'APEC, les rencontres de Davos qui constituent désormais un des rendez-vous obligés des grands dirigeants d'entreprises. Ces rencontres ont permis d'organiser des réseaux de relations personnelles, qui facilitent les rapprochements entre entreprises.
Il me semble que le forum ASEM des hommes d'affaires devrait apporter une dimension nouvelle à ce processus de rapprochement entre les communautés d'affaires.
D'abord, parce que c'est la première fois que les hommes d'affaires de l'Europe et de l'Asie se rencontrent dans un cadre aussi large et à un niveau aussi élevé. Qu'autant de dirigeants d'entreprises, venant des quinze Etats membres de l'Union européenne, des sept pays de l'ASEAN, de la Chine, du Japon, de la Corée, se réunissent pendant deux jours pour examiner ensemble les moyens à mettre en oeuvre pour renforcer les échanges économiques entre l'Europe et l'Asie, c'est bien le signe que la rencontre d'aujourd'hui revêt un caractère exceptionnel! Vous incarnez tous l'élite des industriels, des services financiers, des petites et moyennes entreprises de nos deux continents.
Ce forum des hommes d'affaires est aussi une occasion privilégiée de rencontre entre le secteur public et le secteur privé. L'une des originalités de ces journées est de favoriser un dialogue entre les administrations et les entreprises. Pour que le processus lancé aujourd'hui soit un succès, il est nécessaire d'y associer étroitement les gouvernements, d'engager un dialogue à deux niveaux, entre entreprises d'une part, mais aussi entre entreprises et pouvoirs publics d'autre part. Les pouvoirs publics attendent des hommes d'affaires qu'ils leur indiquent les obstacles ou les freins à la coopération économique qu'ils ont pu recenser et qu'ils proposent des solutions pour y remédier : pour ce qui les concerne, les gouvernements sont disposés à vous associer aux politiques que nous conduisons pour réduire, voire lever ces obstacles. C'est pourquoi il vous revient d'identifier, au cours de vos travaux, les points particuliers sur lesquels vous attendez des actions concrètes de la part des gouvernements afin de faciliter les échanges et les investissements euro-asiatiques. Sachez que le gouvernement français, pour sa part, sera très attentif aux conclusions de vos débats: ceux-ci constitueront pour nous une source de réflexion très utile et nous permettront de défendre mieux encore nos positions dans les négociations internationales.
Le dialogue entre pouvoirs publics et secteur privé n'est bien sûr pas le seul objet de vos débats: il y a aussi et surtout la coopération entre hommes d'affaires. La rencontre de Paris a pour ambition de créer, ou de conforter des réseaux, des contacts personnels qui permettent de dissiper les obstacles culturels et de favoriser des relations de travail durables. Il vous appartient naturellement de définir les formes que doit revêtir cette coopération. Mais les Gouvernements doivent jouer pleinement leur rôle d'appui, en particulier pour favoriser les investissements.
Les thèmes que vous aborderez dans quelques instants dans les cinq groupes de travail du Forum revêtent tous un intérêt stratégique. Je ne veux pas interférer avec votre ordre du jour, je voudrai simplement poser devant vous quelques questions qui me paraissent mériter de votre part, et de la nôtre, une réflexion approfondie :
- Comment mieux associer les grandes entreprises européennes au développement des grands programmes d'infrastructures en Asie? Comment conduire les entreprises asiatiques à considérer que l'Europe, contrairement aux idées reçues, n'est pas une forteresse, et leur offre un marché largement ouvert ?
- Comment aider les Petites et Moyennes Entreprises d'Europe et d'Asie à développer leurs coopérations ? Quelles formes d'appui les grands groupes industriels et les Etats peuvent-ils leur apporter ?
- Comment augmenter les investissements croisés euro-asiatiques, quels types d'incitations les entreprises attendent-elles ?
Voilà quelques questions qui n'épuisent évidemment pas l'ordre du jour ambitieux de votre groupe de travail. Je sais que d'autres thèmes seront évoqués : je pense à celui des services financiers, dont le rôle est grandissant pour l'économie mondiale, et dont le développement en Asie est nécessaire à la poursuite d'une croissance soutenue et au financement des programmes d'infrastructures; je pense aux échanges de biens de consommation, qui représentent un potentiel de croissance considérable, avec l'augmentation continue du pouvoir d'achat des populations, et qui sont aussi les plus affectés par les problèmes d'accès au marché; sans oublier les biens d'équipement, dont les pays " émergents " d'Asie ont besoin pour consolider leur structure industrielle.
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Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs, la pérennité du processus que vous engagez aujourd'hui, et le succès du deuxième Forum de l'ASEM des hommes d'affaires, qui se tiendra en Thaïlande avant la fin de l'année 1997 dépendent pour beaucoup de ce qui sera réalisé ici durant deux jours. Comme pour tout exercice nouveau, je sais que la tâche qui vous revient n'est pas facile, mais je suis persuadé que la dynamique qui s'engage aujourd'hui débouchera sur des propositions novatrices et, je le souhaite en tout cas, rapidement opérationnelles. Elles feront de ce forum une étape importante dans le rapprochement euro-asiatique amorcé lors du Sommet de Bangkok.
Sachez que mes voeux de réussite vous accompagnent dans vos travaux. Je vous remercie de votre at8tention.
(Source http://www.archives.premier-ministre.gouv.fr, le 14 mai 2002)