Texte intégral
F. Laborde - Bonjour J.-P. Delevoye, qui est au cur de l'actualité ce matin avec ces fortes perturbations et ces appels à la grève, dans la fonction publique évidemment mais aussi parmi les salariés des régimes spéciaux. D'après les informations dont on dispose en ce moment même, Monsieur le Ministre, il semble que la mobilisation soit forte, même assez forte dans l'ensemble du secteur public. On pense évidemment à ce qui s'est passé en 1995, lorsque A . Juppé a voulu faire passer une réforme des retraites. Est-ce que c'est le scénario du pire, est-ce qu'il pourrait se reproduire ?
- "Je ne le crois pas, parce qu'aujourd'hui, personne ne conteste les nécessités de la réforme. Chacun est convaincu et l'ensemble des syndicats, puisqu'ils ont participé eux-mêmes, à l'élaboration d'un bilan, que si l'on ne fait rien, on va dans le mur. Tout le monde par contre est préoccupé par les conséquences sur sa propre retraite et sur sa propre situation"
C'est-à-dire qu'au fond, tout le monde est d'accord pour dire : " vive la réforme et pourvu que ça ne me concerne pas. "
- "Tout simplement parce que personne ne connaît sa situation par rapport à la retraite. Lorsqu'on dit aux gens vous êtes pour le système de répartition ça veut dire quoi ? Les gens disent : " j'ai cotisé toute ma vie j'ai droit à ", et on leur dit non non, vous avez cotisé toute votre vie vous n'avez droit à rien. La répartition, c'est ceux qui travaillent payent la retraite de ceux qui sont en retraite et donc, à l'évidence, plus il y a de retraités et moins il y a de gens qui travaillent et il y a un problème de déséquilibre. Et donc notre souci, c'est de rétablir l'équilibre de la balance et de garder le système de répartition, qui est un pacte de solidarité, entre les jeunes, les aînés, le public, le privé, ceux qui travaillent et ceux qui sont en retraite."
Avant de revenir un peu plus en détail sur le fond de la réforme, est-ce qu'il y a une sorte de solidarité de l'ensemble des Français sur ce thème-là, entre notamment secteur privé et secteur public. La réforme concerne essentiellement et quasi exclusivement, le secteur public et pourtant, on voit bien que, dans le privé, il y a aussi un sentiment d'inquiétude.
- "On a une inquiétude, puisque notre site Internet et notre plate-forme téléphonique, que nous avons ouvert au sein du ministère, nous recevons 95 % d'appels pour dire : " Je suis à deux ans de la retraite, quelle sera ma situation et quelle sont les conséquences ? " Et puis en même temps, nous recevons beaucoup de courrier de gens qui nous disent : " Il faut tenir, il faut faire la réforme, il faut absolument que ce pays apprenne aujourd'hui à construire son avenir. ""
Dans le fond, la réforme, ça consiste en quoi ? A dire au secteur public et aux régimes spéciaux, c'est-à-dire qui ne sont pas exactement des fonctionnaires, mais qui relèvent des administrations centrales, vous allez cotiser 40 ans, comme les salariés du privé ?
- "Premièrement, les régimes spéciaux ne sont pas concernés. Deuxièmement, quelle est la situation d'un fonctionnaire actuellement ? Il travaille 37 ans et demi ou, plus exactement, il cotise 37 ans et demi, il a sa retraite à taux plein, ce qui veut dire les trois quarts de son dernier salaire, hors primes. Demain, il cotisera 40 ans, il garde sa retraite à taux plein, à 75 % de son salaire"
Donc, déjà le niveau des retraites ne baisse pas, des pensions ne diminue pas.
- "Il suffit simplement de travailler deux ans et demi de plus, et toute notre réforme est basée sur les moyens à mettre en uvre pour favoriser l'allongement de la durée de travail des fonctionnaires, de 2 ans ½ avec une progressivité. Cette réforme ne va pas brutalement s'appliquer au 1er septembre. Elle va se mettre progressivement l'allongement de la durée jusqu'en 2008 et les systèmes d'incitation, nous avons prévu des cessations progressives d'activités, pour faire en sorte de pouvoir, à la fin de sa carrière, peut-être travailler à mi-temps. Sur le temps partiel, c'est-à-dire le mi-temps, l'année d'assurance sera comptée à taux plein et nous mettons en place un système qui va augmenter, aujourd'hui, la situation de beaucoup de gens qui travaillent et qui ont travaillé dans plusieurs régimes ; il y a beaucoup de gens qui ont travaillé dans le secteur privé qui, ensuite, vont dans le secteur public"
Et qui ne pouvaient pas cumuler
- "Voilà. Eh bien aujourd'hui nous leur disons, votre carrière nous allons la constituer et la valider, vous ne perdrez plus un trimestre de cotisation et la durée d'assurance sera totale. Et donc aujourd'hui, le vrai sujet, c'est vous gardez la totalité de vos droits à la retraite à taux plein, mais à condition de travailler deux ans et demi de plus."
Et le régime notamment des mères et des pères de famille, demain, va être harmonisé aussi dans ce projet je crois ?
- "Oui, nous maintenons les avantages familiaux"
C'est-à-dire que quand on a eu trois enfants, on cotise que 15 ans je crois, c'est ça ?
- "On a droit, après 15 ans, à partir en retraite et il y avait un arrêt de la Cour européenne qui mettait le doigt sur les inégalités homme-femme et paradoxalement au détriment des hommes, notamment sur la réversion. Lorsque vous perdiez votre épouse, vous attendiez pour avoir la réversion d'avoir 60 ans, lorsque vous perdiez votre mari, vous aviez la réversion immédiatement. Aujourd'hui, la réversion est identique pour les hommes et pour les femmes. Vous avez aussi pour le congé parental et ceux qui prennent un congé parental, comme pour le privé, convergence public-privé, la possibilité d'aller jusqu'à trois ans d'années validées."
On entend quand même un certain nombre de catégories, je pense par exemple aux enseignants qui disent, mais c'est un métier très fatigant, à 60 ans est-ce qu'on imagine une maîtresse se pencher sur les enfants ou à l'inverse, être confronté à des adolescents turbulents ? C'est trop dur, c'est trop difficile et puis après tout, quand moi je me suis engagée - je me fais un peu l'avocat du diable -, dans l'enseignement ou la fonction publique, je n'ai pas signé pour ça, qu'est-ce que vous leur répondez à ceux qui vous disent ça ?
(réponse non retranscrite)
(source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 15 mai 2003)
- "Je ne le crois pas, parce qu'aujourd'hui, personne ne conteste les nécessités de la réforme. Chacun est convaincu et l'ensemble des syndicats, puisqu'ils ont participé eux-mêmes, à l'élaboration d'un bilan, que si l'on ne fait rien, on va dans le mur. Tout le monde par contre est préoccupé par les conséquences sur sa propre retraite et sur sa propre situation"
C'est-à-dire qu'au fond, tout le monde est d'accord pour dire : " vive la réforme et pourvu que ça ne me concerne pas. "
- "Tout simplement parce que personne ne connaît sa situation par rapport à la retraite. Lorsqu'on dit aux gens vous êtes pour le système de répartition ça veut dire quoi ? Les gens disent : " j'ai cotisé toute ma vie j'ai droit à ", et on leur dit non non, vous avez cotisé toute votre vie vous n'avez droit à rien. La répartition, c'est ceux qui travaillent payent la retraite de ceux qui sont en retraite et donc, à l'évidence, plus il y a de retraités et moins il y a de gens qui travaillent et il y a un problème de déséquilibre. Et donc notre souci, c'est de rétablir l'équilibre de la balance et de garder le système de répartition, qui est un pacte de solidarité, entre les jeunes, les aînés, le public, le privé, ceux qui travaillent et ceux qui sont en retraite."
Avant de revenir un peu plus en détail sur le fond de la réforme, est-ce qu'il y a une sorte de solidarité de l'ensemble des Français sur ce thème-là, entre notamment secteur privé et secteur public. La réforme concerne essentiellement et quasi exclusivement, le secteur public et pourtant, on voit bien que, dans le privé, il y a aussi un sentiment d'inquiétude.
- "On a une inquiétude, puisque notre site Internet et notre plate-forme téléphonique, que nous avons ouvert au sein du ministère, nous recevons 95 % d'appels pour dire : " Je suis à deux ans de la retraite, quelle sera ma situation et quelle sont les conséquences ? " Et puis en même temps, nous recevons beaucoup de courrier de gens qui nous disent : " Il faut tenir, il faut faire la réforme, il faut absolument que ce pays apprenne aujourd'hui à construire son avenir. ""
Dans le fond, la réforme, ça consiste en quoi ? A dire au secteur public et aux régimes spéciaux, c'est-à-dire qui ne sont pas exactement des fonctionnaires, mais qui relèvent des administrations centrales, vous allez cotiser 40 ans, comme les salariés du privé ?
- "Premièrement, les régimes spéciaux ne sont pas concernés. Deuxièmement, quelle est la situation d'un fonctionnaire actuellement ? Il travaille 37 ans et demi ou, plus exactement, il cotise 37 ans et demi, il a sa retraite à taux plein, ce qui veut dire les trois quarts de son dernier salaire, hors primes. Demain, il cotisera 40 ans, il garde sa retraite à taux plein, à 75 % de son salaire"
Donc, déjà le niveau des retraites ne baisse pas, des pensions ne diminue pas.
- "Il suffit simplement de travailler deux ans et demi de plus, et toute notre réforme est basée sur les moyens à mettre en uvre pour favoriser l'allongement de la durée de travail des fonctionnaires, de 2 ans ½ avec une progressivité. Cette réforme ne va pas brutalement s'appliquer au 1er septembre. Elle va se mettre progressivement l'allongement de la durée jusqu'en 2008 et les systèmes d'incitation, nous avons prévu des cessations progressives d'activités, pour faire en sorte de pouvoir, à la fin de sa carrière, peut-être travailler à mi-temps. Sur le temps partiel, c'est-à-dire le mi-temps, l'année d'assurance sera comptée à taux plein et nous mettons en place un système qui va augmenter, aujourd'hui, la situation de beaucoup de gens qui travaillent et qui ont travaillé dans plusieurs régimes ; il y a beaucoup de gens qui ont travaillé dans le secteur privé qui, ensuite, vont dans le secteur public"
Et qui ne pouvaient pas cumuler
- "Voilà. Eh bien aujourd'hui nous leur disons, votre carrière nous allons la constituer et la valider, vous ne perdrez plus un trimestre de cotisation et la durée d'assurance sera totale. Et donc aujourd'hui, le vrai sujet, c'est vous gardez la totalité de vos droits à la retraite à taux plein, mais à condition de travailler deux ans et demi de plus."
Et le régime notamment des mères et des pères de famille, demain, va être harmonisé aussi dans ce projet je crois ?
- "Oui, nous maintenons les avantages familiaux"
C'est-à-dire que quand on a eu trois enfants, on cotise que 15 ans je crois, c'est ça ?
- "On a droit, après 15 ans, à partir en retraite et il y avait un arrêt de la Cour européenne qui mettait le doigt sur les inégalités homme-femme et paradoxalement au détriment des hommes, notamment sur la réversion. Lorsque vous perdiez votre épouse, vous attendiez pour avoir la réversion d'avoir 60 ans, lorsque vous perdiez votre mari, vous aviez la réversion immédiatement. Aujourd'hui, la réversion est identique pour les hommes et pour les femmes. Vous avez aussi pour le congé parental et ceux qui prennent un congé parental, comme pour le privé, convergence public-privé, la possibilité d'aller jusqu'à trois ans d'années validées."
On entend quand même un certain nombre de catégories, je pense par exemple aux enseignants qui disent, mais c'est un métier très fatigant, à 60 ans est-ce qu'on imagine une maîtresse se pencher sur les enfants ou à l'inverse, être confronté à des adolescents turbulents ? C'est trop dur, c'est trop difficile et puis après tout, quand moi je me suis engagée - je me fais un peu l'avocat du diable -, dans l'enseignement ou la fonction publique, je n'ai pas signé pour ça, qu'est-ce que vous leur répondez à ceux qui vous disent ça ?
(réponse non retranscrite)
(source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 15 mai 2003)