Texte intégral
P. Weil-. Le Parti socialiste peut-il tirer profit des difficultés actuelles du gouvernement Raffarin ? Apparemment oui. Réunis à Limoges pour leurs journées parlementaires, les socialistes ont décidé de changer de tactique. D'abord une question concernant cette affaire Humbert, dont a beaucoup parlé ce matin, sur France Inter, cette mère qui a tenté de mettre fin aux jours de son fils tétraplégique. Le problème de l'euthanasie se pose à nouveau en France. Chez nous, c'est interdit. Est-ce que vous souhaitez que l'on modifie la loi ?
- "Je vais vous répondre à titre personnel : face à un problème comme celui-là, avant les délibérations de parti, il y a évidemment la conviction de chacun ou de chacune, sa philosophie par rapport à la vie, et on doit la respecter. Mon sentiment est que quand quelqu'un veut finir sa vie, parce qu'il estime qu'il souffre trop, parce qu'il estime que c'est le temps, il faut lui laisser cette possibilité, il faut respecter son choix. Il n'y a rien de pire que de forcer quelqu'un à vivre ; c'est son libre choix après une réflexion personnelle, il faut lui laisser cette décision. Il n'y a rien de plus terrible que cet acharnement qui sert à faire vivre parfois des gens qui ont décidé que ça y est, que leur temps était venu. Donc, il faut prendre le temps de réfléchir, il faut effectivement consulter, il faut se donner toutes les garanties, parce qu'il y a effectivement le risque que des décisions comme celles-là puissent être des décisions d'un moment, alors qu'après, il n'y a pas de retour possible. Mais il faudra, à un moment donné, dans une société moderne comme la nôtre, ouvrir cette possibilité aux individus."
Je rappelle qu'en avril dernier, 50 députés socialistes avaient déposé une proposition de loi affirmant un "droit de finir sa vie dans la liberté"...
- "Oui, j'en faisais partie."
Lors de ces journées parlementaires à Limoges, vous avez décidé d'accélérer le mouvement et de présenter de grandes orientations en matière d'emploi, de santé, de fiscalité. C'est donc fini maintenant, pour le PS, la tactique du harcèlement ?
- "Non, ce qu'il y a - et je vous le dis en toute franchise, c'est même peut-être une surprise -, nous ne nous attendions pas à ce que le Gouvernement "dévisse" aussi vite, c'est-à-dire perde son autorité sur le pays, gaspille peut-être la chance qu'il avait au lendemain du 21 avril, de changer la société, de créer une nouvelle dynamique, d'établir de nouveaux consensus pour rendre la France plus forte et plus unie. Notre sentiment est qu'il a gâché cette chance, qu'il y a donc maintenant, effectivement, un devoir pour l'opposition de montrer qu'il y a d'autres politiques possibles que celles qui sont suivies par le Gouvernement. Notre inquiétude est qu'au-delà de l'échec de ce Gouvernement, nos concitoyens disent que finalement, la politique ne sert plus à rien, que la droite et la gauche, c'est la même chose ou nous disent : bon, vous critiquez, mais que finalement, si vous étiez au pouvoir, vous feriez la même chose qu'eux."
Et cela peut faire le jeu de l'extrême droite ?
- "C'est le vrai risque. Le vrai danger que nous ne devons plus oublier depuis le 21 avril, c'est qu'il y a effectivement des gens qui sont silencieux mais qui profitent. Et plus ils sont silencieux, plus ils progressent dans la société française."
Vous voulez proposer un programme de gouvernement concret, une alternative. Mais cela commence plutôt mal, parce que vous avez hier que "Raffarin, c'est un vrai mec de droite" ! C'est un peu court comme argument, non ?
- "Non, ce n'est pas l'essentiel. C'était au cours d'un débat sur une radio, avec plusieurs journalistes. Maintenant, oui, je maintiens cette phrase..."
Et c'est quoi, un "mec de droite" ?
- "C'est quelqu'un qui considère aujourd'hui que plus les riches sont riches, et mieux la société va aller. C'est quelqu'un qui considère que les inégalités sont naturelles et que, d'un certain point de vue, ce sont ces inégalités qui font la société. Et notre sentiment, c'est que c'est la solidarité et surtout l'action politique qui aide les plus défavorisés qui doit conduire l'action politique. Il y a donc une vraie divergence. Pour moi, un homme de droite est quelqu'un qui conserve les situations et un homme de gauche est quelqu'un qui se bat pour changer les choses, dans le sens du progrès social, de plus de solidarité."
Mais dans le budget 2004 du Gouvernement, vous critiquez particulièrement la baisse de l'impôt sur le revenu. Il me semble que le gouvernement Jospin avait lui aussi baissé l'impôt sur le revenu. Cela concerne quand même 16 millions de ménages en France. Ce ne sont pas tous des privilégiés ?
- "Non, c'est vrai. Mais dans cette situation, ce sont ceux qui paient le plus d'impôts qui bénéficient le plus de cette mesure. Et, paradoxalement, on l'a vu l'année dernière, ces baisses d'impôt ne profitent pas à la relance de la consommation. Au contraire, souvent, elles se transforment en épargne boursière ou en épargne de précaution. Par ailleurs, il y a 16 millions d'autres Français qui ne payent pas d'impôts. Le problème qui est donc posé, ce n'est pas d'avoir un tabou sur la question des impôts. Evidemment, chacun d'entre nous souhaite payer moins d'impôts et mieux profiter du gras que cela lui donne dans sa vie quotidienne."
La baisse des impôts est populaire, quand même...
- "C'est populaire pour ceux qui en paient. Les autres, ils regardent passer les trains. La question qui aurait donc pu être posée, c'est de baisser les impôts qui d'abord concernent tous nos concitoyens et qui favorisent la consommation. On aurait pu baisser les impôts indirects, ne pas augmenter les tarifs des services publics. On aurait pu faire des efforts qui auraient touché tous nos concitoyens. Ce n'est pas ce qui a été fait. Et le résultat est que l'on prive l'économie française de ressources financières, au moment où elle en a besoin. On ne remet pas du charbon dans la locomotive ou du bois dans la cheminée pour faire fonctionner le feu, au contraire, on l'étouffe."
Vous allez donc vous mettre au travail dans la perspective des régionales. Hier, F. Hollande a dit qu'il faut supprimer les baisses d'impôt, il faut des mesures d'ajustement pour la Sécurité sociale, et sur l'emploi, il faut un grand pacte national. Il y a du travail, parce que c'est quand même encore assez flou comme programme !
- "Oui, on est obligé de monter en puissance plus rapidement que prévu. Le premier secrétaire du PS, tout à l'heure, va détailler, va donner déjà les premiers éléments de travail pour l'ensemble des parlementaires socialistes dans le débat budgétaire, puis après pour l'ensemble de nos militantes et de nos militants, pour défendre un certain nombre d'idées, concernant effectivement ce qui est pour nous essentiel. Nous sommes dans une situation difficile, un début de récession touche l'économie française. Maintenant, il faut une vraie politique de relance de la consommation, de "soutien à la demande" comme le disent les économistes, retrouver un "sentier de croissance"."
Mais la croissance ne se décrète pas comme cela, elle dépend du monde entier.
- "Oui, c'est vrai. Mais le contexte mondial est plutôt favorable. Je vais vous donner un exemple : en 1997, quand J. Chirac avait dissout l'Assemblée nationale, il le faisait parce qu'il pensait que l'économie française allait subir un traumatisme dans la préparation de l'euro. Et par inquiétude par rapport à cette situation, il avait dissout l'Assemblée nationale pour se donner du temps. Et quand les socialistes sont arrivés au gouvernement, avec L. Jospin, tout le monde pensait qu'il y aurait une sorte de plan de rigueur. C'est l'inverse qui a été fait et la France a fait mieux que ses voisins en terme de croissance. La question n'est donc pas de nier l'environnement internationale. La question est de créer un contexte favorable. Et le problème qui est posé pour l'économie française, c'est qu'elle ne donne pas, dans le cadre de sa politique économique, c'est-à-dire de l'action volontaire du Gouvernement, des signes que cela va aller mieux par cette action volontaire, le sentiment qu'une confiance peut s'établir par rapport aux décisions qui sont prises. Ce qui inquiète Bruxelles et ce qui inquiète tous les observateurs, c'est que l'on a le sentiment qu'il n'y a pas de pilote dans l'avion, qu'on ne sait pas où on va, si ce n'est le vu pieux de considérer que la croissance américaine va tirer l'économie française..."
A propos de "pilote", une alternance claire, c'est aussi dans notre société très médiatisée, un leader. Mitterrand, c'était le PS de 1971 à 1981. Aujourd'hui, vous ne croyez pas qu'il faudrait vite vous trouver une figure, un présidentiable potentiel. Il y a beaucoup de ténors chez vous et on a l'impression qu'il se prépare un sacré combat des chefs ?
- "Non, franchement, si le PS donne comme seule image de lui-même, aux Françaises et aux Français, qu'il est aujourd'hui en train de réfléchir à qui va être le chef ou qui va être le présidentiable, beaucoup vont se détourner du Parti socialiste, et considérer que finalement, il n'y a que la soupe qui nous intéresse. Au contraire, ce qu'il faut faire, c'est travailler, faire des contre-propositions, faire que le débat ait lieu autour de nos propositions, sur ce pacte pour l'emploi, sur la manière dont on peut annuler les baisses d'impôts, relancer la consommation..."
Il faudra bien, un jour, choisir un leader. L. Jospin, par exemple ? Souhaitez-vous son retour ?
- "Au jeu du qui pourrait..."
Mais ce n'est pas un jeu ! La politique, c'est aussi autour d'une personnalité.
- "Oui, évidemment. La politique, c'est une ambition, ce sont des hommes et des femmes à un moment à porter ces ambitions. Aujourd'hui, nous avons un premier secrétaire. Sa responsabilité est de faire tourner le Parti socialiste. Et si le Parti socialiste redevient crédible, naturellement, celui ou celle qui aura..."
"Naturellement" ?!
- "Oui, "naturellement", celui qui aura le mieux représenter cela, sera désigné. Parce que c'est quand même cela qui se passe aujourd'hui chez nous et c'est ce dont nous sommes fiers : ce sont les militantes et les militants qui désigneront leur candidat ou leur candidate. Donc, à ce stade-là, laissons un peu les querelles d'ambition personnelle de côté, ne donnons pas une mauvaise image de la politique..."
C'est un discours classique et un peu langue de bois, ce "laissons de côté les querelles personnelles"...
- "Non, je vais vous dire pourquoi ce n'est pas classique : on nous pose sans arrêt, vous-même, vous dites qu'il faut choisir entre Untel ou Untel. Moi, je ne choisis pas. J'ai un patron, pour l'instant il s'appelle F. Hollande. Pourquoi voulez-vous que j'aille chercher un autre candidat à l'élection présidentielle ?"
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 septembre 2003)
- "Je vais vous répondre à titre personnel : face à un problème comme celui-là, avant les délibérations de parti, il y a évidemment la conviction de chacun ou de chacune, sa philosophie par rapport à la vie, et on doit la respecter. Mon sentiment est que quand quelqu'un veut finir sa vie, parce qu'il estime qu'il souffre trop, parce qu'il estime que c'est le temps, il faut lui laisser cette possibilité, il faut respecter son choix. Il n'y a rien de pire que de forcer quelqu'un à vivre ; c'est son libre choix après une réflexion personnelle, il faut lui laisser cette décision. Il n'y a rien de plus terrible que cet acharnement qui sert à faire vivre parfois des gens qui ont décidé que ça y est, que leur temps était venu. Donc, il faut prendre le temps de réfléchir, il faut effectivement consulter, il faut se donner toutes les garanties, parce qu'il y a effectivement le risque que des décisions comme celles-là puissent être des décisions d'un moment, alors qu'après, il n'y a pas de retour possible. Mais il faudra, à un moment donné, dans une société moderne comme la nôtre, ouvrir cette possibilité aux individus."
Je rappelle qu'en avril dernier, 50 députés socialistes avaient déposé une proposition de loi affirmant un "droit de finir sa vie dans la liberté"...
- "Oui, j'en faisais partie."
Lors de ces journées parlementaires à Limoges, vous avez décidé d'accélérer le mouvement et de présenter de grandes orientations en matière d'emploi, de santé, de fiscalité. C'est donc fini maintenant, pour le PS, la tactique du harcèlement ?
- "Non, ce qu'il y a - et je vous le dis en toute franchise, c'est même peut-être une surprise -, nous ne nous attendions pas à ce que le Gouvernement "dévisse" aussi vite, c'est-à-dire perde son autorité sur le pays, gaspille peut-être la chance qu'il avait au lendemain du 21 avril, de changer la société, de créer une nouvelle dynamique, d'établir de nouveaux consensus pour rendre la France plus forte et plus unie. Notre sentiment est qu'il a gâché cette chance, qu'il y a donc maintenant, effectivement, un devoir pour l'opposition de montrer qu'il y a d'autres politiques possibles que celles qui sont suivies par le Gouvernement. Notre inquiétude est qu'au-delà de l'échec de ce Gouvernement, nos concitoyens disent que finalement, la politique ne sert plus à rien, que la droite et la gauche, c'est la même chose ou nous disent : bon, vous critiquez, mais que finalement, si vous étiez au pouvoir, vous feriez la même chose qu'eux."
Et cela peut faire le jeu de l'extrême droite ?
- "C'est le vrai risque. Le vrai danger que nous ne devons plus oublier depuis le 21 avril, c'est qu'il y a effectivement des gens qui sont silencieux mais qui profitent. Et plus ils sont silencieux, plus ils progressent dans la société française."
Vous voulez proposer un programme de gouvernement concret, une alternative. Mais cela commence plutôt mal, parce que vous avez hier que "Raffarin, c'est un vrai mec de droite" ! C'est un peu court comme argument, non ?
- "Non, ce n'est pas l'essentiel. C'était au cours d'un débat sur une radio, avec plusieurs journalistes. Maintenant, oui, je maintiens cette phrase..."
Et c'est quoi, un "mec de droite" ?
- "C'est quelqu'un qui considère aujourd'hui que plus les riches sont riches, et mieux la société va aller. C'est quelqu'un qui considère que les inégalités sont naturelles et que, d'un certain point de vue, ce sont ces inégalités qui font la société. Et notre sentiment, c'est que c'est la solidarité et surtout l'action politique qui aide les plus défavorisés qui doit conduire l'action politique. Il y a donc une vraie divergence. Pour moi, un homme de droite est quelqu'un qui conserve les situations et un homme de gauche est quelqu'un qui se bat pour changer les choses, dans le sens du progrès social, de plus de solidarité."
Mais dans le budget 2004 du Gouvernement, vous critiquez particulièrement la baisse de l'impôt sur le revenu. Il me semble que le gouvernement Jospin avait lui aussi baissé l'impôt sur le revenu. Cela concerne quand même 16 millions de ménages en France. Ce ne sont pas tous des privilégiés ?
- "Non, c'est vrai. Mais dans cette situation, ce sont ceux qui paient le plus d'impôts qui bénéficient le plus de cette mesure. Et, paradoxalement, on l'a vu l'année dernière, ces baisses d'impôt ne profitent pas à la relance de la consommation. Au contraire, souvent, elles se transforment en épargne boursière ou en épargne de précaution. Par ailleurs, il y a 16 millions d'autres Français qui ne payent pas d'impôts. Le problème qui est donc posé, ce n'est pas d'avoir un tabou sur la question des impôts. Evidemment, chacun d'entre nous souhaite payer moins d'impôts et mieux profiter du gras que cela lui donne dans sa vie quotidienne."
La baisse des impôts est populaire, quand même...
- "C'est populaire pour ceux qui en paient. Les autres, ils regardent passer les trains. La question qui aurait donc pu être posée, c'est de baisser les impôts qui d'abord concernent tous nos concitoyens et qui favorisent la consommation. On aurait pu baisser les impôts indirects, ne pas augmenter les tarifs des services publics. On aurait pu faire des efforts qui auraient touché tous nos concitoyens. Ce n'est pas ce qui a été fait. Et le résultat est que l'on prive l'économie française de ressources financières, au moment où elle en a besoin. On ne remet pas du charbon dans la locomotive ou du bois dans la cheminée pour faire fonctionner le feu, au contraire, on l'étouffe."
Vous allez donc vous mettre au travail dans la perspective des régionales. Hier, F. Hollande a dit qu'il faut supprimer les baisses d'impôt, il faut des mesures d'ajustement pour la Sécurité sociale, et sur l'emploi, il faut un grand pacte national. Il y a du travail, parce que c'est quand même encore assez flou comme programme !
- "Oui, on est obligé de monter en puissance plus rapidement que prévu. Le premier secrétaire du PS, tout à l'heure, va détailler, va donner déjà les premiers éléments de travail pour l'ensemble des parlementaires socialistes dans le débat budgétaire, puis après pour l'ensemble de nos militantes et de nos militants, pour défendre un certain nombre d'idées, concernant effectivement ce qui est pour nous essentiel. Nous sommes dans une situation difficile, un début de récession touche l'économie française. Maintenant, il faut une vraie politique de relance de la consommation, de "soutien à la demande" comme le disent les économistes, retrouver un "sentier de croissance"."
Mais la croissance ne se décrète pas comme cela, elle dépend du monde entier.
- "Oui, c'est vrai. Mais le contexte mondial est plutôt favorable. Je vais vous donner un exemple : en 1997, quand J. Chirac avait dissout l'Assemblée nationale, il le faisait parce qu'il pensait que l'économie française allait subir un traumatisme dans la préparation de l'euro. Et par inquiétude par rapport à cette situation, il avait dissout l'Assemblée nationale pour se donner du temps. Et quand les socialistes sont arrivés au gouvernement, avec L. Jospin, tout le monde pensait qu'il y aurait une sorte de plan de rigueur. C'est l'inverse qui a été fait et la France a fait mieux que ses voisins en terme de croissance. La question n'est donc pas de nier l'environnement internationale. La question est de créer un contexte favorable. Et le problème qui est posé pour l'économie française, c'est qu'elle ne donne pas, dans le cadre de sa politique économique, c'est-à-dire de l'action volontaire du Gouvernement, des signes que cela va aller mieux par cette action volontaire, le sentiment qu'une confiance peut s'établir par rapport aux décisions qui sont prises. Ce qui inquiète Bruxelles et ce qui inquiète tous les observateurs, c'est que l'on a le sentiment qu'il n'y a pas de pilote dans l'avion, qu'on ne sait pas où on va, si ce n'est le vu pieux de considérer que la croissance américaine va tirer l'économie française..."
A propos de "pilote", une alternance claire, c'est aussi dans notre société très médiatisée, un leader. Mitterrand, c'était le PS de 1971 à 1981. Aujourd'hui, vous ne croyez pas qu'il faudrait vite vous trouver une figure, un présidentiable potentiel. Il y a beaucoup de ténors chez vous et on a l'impression qu'il se prépare un sacré combat des chefs ?
- "Non, franchement, si le PS donne comme seule image de lui-même, aux Françaises et aux Français, qu'il est aujourd'hui en train de réfléchir à qui va être le chef ou qui va être le présidentiable, beaucoup vont se détourner du Parti socialiste, et considérer que finalement, il n'y a que la soupe qui nous intéresse. Au contraire, ce qu'il faut faire, c'est travailler, faire des contre-propositions, faire que le débat ait lieu autour de nos propositions, sur ce pacte pour l'emploi, sur la manière dont on peut annuler les baisses d'impôts, relancer la consommation..."
Il faudra bien, un jour, choisir un leader. L. Jospin, par exemple ? Souhaitez-vous son retour ?
- "Au jeu du qui pourrait..."
Mais ce n'est pas un jeu ! La politique, c'est aussi autour d'une personnalité.
- "Oui, évidemment. La politique, c'est une ambition, ce sont des hommes et des femmes à un moment à porter ces ambitions. Aujourd'hui, nous avons un premier secrétaire. Sa responsabilité est de faire tourner le Parti socialiste. Et si le Parti socialiste redevient crédible, naturellement, celui ou celle qui aura..."
"Naturellement" ?!
- "Oui, "naturellement", celui qui aura le mieux représenter cela, sera désigné. Parce que c'est quand même cela qui se passe aujourd'hui chez nous et c'est ce dont nous sommes fiers : ce sont les militantes et les militants qui désigneront leur candidat ou leur candidate. Donc, à ce stade-là, laissons un peu les querelles d'ambition personnelle de côté, ne donnons pas une mauvaise image de la politique..."
C'est un discours classique et un peu langue de bois, ce "laissons de côté les querelles personnelles"...
- "Non, je vais vous dire pourquoi ce n'est pas classique : on nous pose sans arrêt, vous-même, vous dites qu'il faut choisir entre Untel ou Untel. Moi, je ne choisis pas. J'ai un patron, pour l'instant il s'appelle F. Hollande. Pourquoi voulez-vous que j'aille chercher un autre candidat à l'élection présidentielle ?"
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 septembre 2003)