Texte intégral
Bonjour et avant tout bonne année 2000.
Au terme d'une longue nuit de travail pour beaucoup d'entre vous et pour des centaines de milliers de salariés en France, nous venons de passer ensemble le cap de l'an 2000.
Face au défi technologique du bogue, il y a déjà deux ans, Lionel Jospin avait fixé quatre priorités d'actions :
- garantir la sécurité des personnes et des biens, ce qui constituait naturellement la priorité absolue ;
- maintenir la continuité des services publics essentiels ;
- s'assurer de la sécurité des établissements à risques, notamment des installations nucléaires et de ceux accueillant du public ;
- préserver la vitalité économique et sociale de la France.
Face à ces objectifs, à la lumière des faits, aux premières heures de l'an 2000, quel visage présente notre pays ? Le premier bilan qui peut être dressé ne peut naturellement considérer que les grands services en activité cette nuit et concerne principalement la continuité de leur fonctionnement.
Les services de sécurité, civils et militaires, sur le terrain de l'ordre public ou de l'aide aux victimes des catastrophes naturelles qui nous ont frappés, n'ont connu aucune défaillance électronique.
La police, les pompiers, le Samu ont pu être joints en permanence au téléphone et ont fonctionné comme à l'accoutumée.
Après cinq ans de préparation, la Défense et ses systèmes opérationnels, des sous-marins nucléaires aux équipements des hôpitaux militaires, ont passé sans encombre le cap de l'an 2000.
S'agissant de la continuité des missions essentielles, dans le domaine de l'énergie, aucun problème An 2000 n'a été relevé sur les centrales nucléaires. Toute la production disponible est mise en oeuvre, à l'exception de 8 tranches indisponibles dont deux tranches en raison des intempéries.
Les centrales thermiques fonctionnent normalement. Tous les ouvrages de production hydraulique sont disponibles. Aucun dysfonctionnement n'a été identifié.
Enfin , dans le secteur de la distribution électrique, aucun problème An 2000 n'a perturbé le réseau.
Dans les autres domaines du nucléaire, aucune anomalie n'a été constatée dans les installations des centres du CEA après le passage à l'an 2000.
S'agissant des télécommunications, le téléphone, filaire ou mobile, a fonctionné normalement, quel que soit l'opérateur, en France et avec l'étranger pendant la nuit du passage à l'an 2000, et a absorbé les pointes de trafic habituelles liées aux voeux de bonne année. Le trafic des données, qui comprend notamment les connexions à l'internet, a fonctionné normalement, ainsi que Transpac.
Dans le domaine des transports, en matière de transport aérien, les systèmes de contrôle aérien en métropole comme outre-mer ont franchi avec succès le cap de l'an 2000, comme les systèmes de contrôle des aéroports ouverts cette nuit.
En matière de transports maritimes, aucun incident n'a été constaté.
Enfin, concernant les transports terrestres, les systèmes de contrôle et de réservation de la SNCF, ainsi que le matériel roulant n'ont connu aucune anomalie.
Dans le domaine de la santé, aucun des CHU, centre hospitalier ou clinique n'a fait état de dysfonctionnement.
A propos des dispositifs médicaux : aucune alerte sur les appareils biomédicaux qui aident certaines de nos concitoyens à vivre n'a été relevée à cette heure et les grands fabricants contactés ne font part d'aucun alerte.
S'agissant enfin de la préservation du tissu économique et social du pays, la continuité qui vient d'être constatée du fonctionnement des grandes infrastructures est un vrai atout pour le redémarrage généralisé de l'activité du pays lundi. Les grands réseaux financiers fonctionnent, jusqu'aux terminaux de distribution de billets.
Deux points sont cependant à prendre en compte :
- d'une part, le bilan positif concerne davantage des processus techniques centraux que des applications informatiques diffuses dans l'appareil de production et les services.
- d'autre part, cette nuit de passage a concerné de grandes entreprises. Les études réalisés en fin d'année passée montraient pour elles des taux de préparation de plus de 95%.
Les mêmes études, s'agissant des TPE, PME, commerçants ou artisans dont l'activité va reprendre d'ici lundi, montraient des taux beaucoup plus faibles.
Le principe de précaution vaut autant dans le domaine technologique que dans d'autres domaines, la vigilance continue de s'imposer. Des risques ponctuels subsistent, attestés par les quelques dysfonctionnements mineurs qui ont émaillé ici et là ces premières heures du passage à l'an 2000.
Il appartient donc à chacun d'exercer les responsabilités qui sont les siennes, dans la remise en fonctionnement de ses systèmes électroniques.
Il n'y a pas eu de bogue le premier janvier. Restons vigilants dans les prochains jours.
Pour sa part, l'Etat continuera d'assumer ses responsabilités en maintenant son dispositif de veille afin d'accompagner la reprise et de faire passer dans la réalité le slogan de notre campagne " Maîtrisons l'an 2000 ensemble ".
La Tour de guet et le Centre national d'information continueront leur belle action d'observation et d'information durant le week-end. Je les remercie chaleureusement pour leur travail et leur expertise. Je vous retrouve ici même lundi 3 janvier à 11h30 pour un premier bilan du redémarrage économique.
Grâce à des centaines de milliers de femmes et d'hommes qui ont travaillé pendant que nos compatriotes se réjouissaient, ce qui aurait pu être un nouveau choc pour notre pays si éprouvé par les intempéries et la pollution, a été évité.
A chacune et à chacun d'entre vous, je dis merci./.
Et j'en profite pour saluer le premier anniversaire de l'Euro, qui, lui aussi, a fait ses preuves comme nouvelle monnaie internationale. L'Euro est bon pour la croissance.
Tout ceci confirme que la volonté d'action collective et le talent de tant de nos compatriotes parviennent à surmonter les épreuves, à conjurer la fatalité et à nourrir l'ambition d'une France forte et solidaire.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 janvier 2000)