Texte intégral
Cher José,
Je veux une nouvelle fois te réaffirmer notre entier soutien et notre solidarité à l'occasion de ton procès et celui de tes camarades. Comme tu le sais, nous avions réclamé ta libération dès les premières heures de votre incarcération et participé à de nombreuses actions pour l'obtenir. Les communistes n'accepteront jamais en effet qu'on veuille faire taire ceux qui se battent contre l'ordre établi et la pensée unique. Le combat que vous avez mené pour signifier le refus d'une large majorité des populations de se voir imposer la consommation de viande américaines aux hormones, non seulement ne doit pas être criminalisé, mais il devrait être reconnu comme un combat d'intérêt général au service de l'humanité. Le droit à la sécurité alimentaire doit être considéré comme l'un des droits humains fondamentaux. De même que doit être reconnu le droit des syndicalistes ouvriers, des militants politiques, des élus, des jeunes, de refuser les plans de licenciements, le démantèlement des organismes paritaires voulus par le MEDEF ou encore les stratégies qui ont conduit à la catastrophe de l'Erika. On ne peut prétendre construire un monde moderne pour un siècle nouveau en érigeant la liberté de circulation de capitaux, la spéculation financière, les paradis fiscaux, en modèle intangible, et en réprimant tout ceux qui s'y opposent.
Voilà pourquoi je suis à tes côtés. Et avec des millions de nos concitoyens, je réclame votre acquittement. Je le réclame au nom de la justice. Mais je le réclame aussi parce que je considère que ce n'est pas ton procès et celui de tes compagnons qu'il faut faire mais celui de la mondialisation capitaliste qui fait tant de ravages. On l'a vu à Douvres ces derniers jours. On le voit dans les rapports officiels des Nations Unies qui révèlent que sur notre planète, un milliard et demi d'habitants vivent avec moins de 7 francs par jour pendant que les 220 plus grosses fortunes mondiales disposent de plus d'argent que la totalité du produit national brut des 40 pays les plus pauvres. On le voit avec l'affaire de la vache folle, du poulet à la dioxine et des millions de licenciements dans les grands entreprises pour le seul objectif de faire exploser les indices du CAC 40 qui enrichissent les milliardaires de ce monde. De cela, nous avons déjà eu l'occasion de discuter notamment lors de nos rencontres à la Fête de l'Humanité ou au salon de l'agriculture.
Nous avons pu constater à quel point nous partageons les mêmes analyses sur les ravages de cette mondialisation capitaliste qui aggravent dangereusement les inégalités, la pauvreté, la misère, rendant chaque jour encore plus béantes les plaies de la fracture sociale mondiale. Voilà pourquoi nous sommes partie prenante du mouvement de résistance citoyenne qui grandit. C'était le sens de l'initiative pour l'emploi que nous avions co-organisé le 16 octobre dernier à Paris. C'est dans son prolongement que nous avons activement participé, avec de nombreuses autres forces, à la réussite des rassemblements pour une autre organisation mondiale du commerce le 27 novembre, à Paris et dans plusieurs grandes villes, et qu'une délégation du Parti communiste et de parlementaires communistes étaient présentes à vos côtés à Seattle. C'est cette même démarche qui nous anime avec les propositions que nous faisons de faire vivre un mouvement national pour faire reculer les inégalités. Nous voulons en effet être utiles dans le travail commun pour ouvrir une perspective neuve, de transformation sociale, durable, pour des réformes fondamentales, du local au mondial. En effet, comme l'ont proclamé les manifestants de Genève dimanche dernier, nous avons la conviction "qu'un autre monde est possible". Après la victoire contre l'AMI, celle de Seattle, les mouvements populaires peuvent construire une dynamique majoritaire pour obtenir d'ancrer mieux les politiques nationales européennes et mondiales à gauche, pour démocratiser et transformer les institutions internationales comme le FMI, la Banque mondiale et l'OMC, afin de donner la priorité à l'être humain, et non plus aux logiques de l'argent.
Cela suppose dans mon esprit qu'à partir du respect des spécificités de chaque organisation, nous puissions travailler ensemble à une nouvelle conception des relations entre les forces progressistes et les mouvements sociaux. C'est sans doute un des moyens de conforter et d'amplifier l'intervention citoyenne pour faire bouger les choses; pour obtenir des résultats immédiats et des changements plus profonds.
Evidemment, cela mérite d'être beaucoup discuté.
C'est dans cet esprit que je te renouvelle mon soutien actif et tous mes vux de succès.
Robert Hue
(Source http://www.pcf.fr, le 17 janvier 2001)
Je veux une nouvelle fois te réaffirmer notre entier soutien et notre solidarité à l'occasion de ton procès et celui de tes camarades. Comme tu le sais, nous avions réclamé ta libération dès les premières heures de votre incarcération et participé à de nombreuses actions pour l'obtenir. Les communistes n'accepteront jamais en effet qu'on veuille faire taire ceux qui se battent contre l'ordre établi et la pensée unique. Le combat que vous avez mené pour signifier le refus d'une large majorité des populations de se voir imposer la consommation de viande américaines aux hormones, non seulement ne doit pas être criminalisé, mais il devrait être reconnu comme un combat d'intérêt général au service de l'humanité. Le droit à la sécurité alimentaire doit être considéré comme l'un des droits humains fondamentaux. De même que doit être reconnu le droit des syndicalistes ouvriers, des militants politiques, des élus, des jeunes, de refuser les plans de licenciements, le démantèlement des organismes paritaires voulus par le MEDEF ou encore les stratégies qui ont conduit à la catastrophe de l'Erika. On ne peut prétendre construire un monde moderne pour un siècle nouveau en érigeant la liberté de circulation de capitaux, la spéculation financière, les paradis fiscaux, en modèle intangible, et en réprimant tout ceux qui s'y opposent.
Voilà pourquoi je suis à tes côtés. Et avec des millions de nos concitoyens, je réclame votre acquittement. Je le réclame au nom de la justice. Mais je le réclame aussi parce que je considère que ce n'est pas ton procès et celui de tes compagnons qu'il faut faire mais celui de la mondialisation capitaliste qui fait tant de ravages. On l'a vu à Douvres ces derniers jours. On le voit dans les rapports officiels des Nations Unies qui révèlent que sur notre planète, un milliard et demi d'habitants vivent avec moins de 7 francs par jour pendant que les 220 plus grosses fortunes mondiales disposent de plus d'argent que la totalité du produit national brut des 40 pays les plus pauvres. On le voit avec l'affaire de la vache folle, du poulet à la dioxine et des millions de licenciements dans les grands entreprises pour le seul objectif de faire exploser les indices du CAC 40 qui enrichissent les milliardaires de ce monde. De cela, nous avons déjà eu l'occasion de discuter notamment lors de nos rencontres à la Fête de l'Humanité ou au salon de l'agriculture.
Nous avons pu constater à quel point nous partageons les mêmes analyses sur les ravages de cette mondialisation capitaliste qui aggravent dangereusement les inégalités, la pauvreté, la misère, rendant chaque jour encore plus béantes les plaies de la fracture sociale mondiale. Voilà pourquoi nous sommes partie prenante du mouvement de résistance citoyenne qui grandit. C'était le sens de l'initiative pour l'emploi que nous avions co-organisé le 16 octobre dernier à Paris. C'est dans son prolongement que nous avons activement participé, avec de nombreuses autres forces, à la réussite des rassemblements pour une autre organisation mondiale du commerce le 27 novembre, à Paris et dans plusieurs grandes villes, et qu'une délégation du Parti communiste et de parlementaires communistes étaient présentes à vos côtés à Seattle. C'est cette même démarche qui nous anime avec les propositions que nous faisons de faire vivre un mouvement national pour faire reculer les inégalités. Nous voulons en effet être utiles dans le travail commun pour ouvrir une perspective neuve, de transformation sociale, durable, pour des réformes fondamentales, du local au mondial. En effet, comme l'ont proclamé les manifestants de Genève dimanche dernier, nous avons la conviction "qu'un autre monde est possible". Après la victoire contre l'AMI, celle de Seattle, les mouvements populaires peuvent construire une dynamique majoritaire pour obtenir d'ancrer mieux les politiques nationales européennes et mondiales à gauche, pour démocratiser et transformer les institutions internationales comme le FMI, la Banque mondiale et l'OMC, afin de donner la priorité à l'être humain, et non plus aux logiques de l'argent.
Cela suppose dans mon esprit qu'à partir du respect des spécificités de chaque organisation, nous puissions travailler ensemble à une nouvelle conception des relations entre les forces progressistes et les mouvements sociaux. C'est sans doute un des moyens de conforter et d'amplifier l'intervention citoyenne pour faire bouger les choses; pour obtenir des résultats immédiats et des changements plus profonds.
Evidemment, cela mérite d'être beaucoup discuté.
C'est dans cet esprit que je te renouvelle mon soutien actif et tous mes vux de succès.
Robert Hue
(Source http://www.pcf.fr, le 17 janvier 2001)