Texte intégral
Q - Qu'attendez-vous de ce Comité des sages ? (A propos du futur Comité des sages pour l'Europe)
R - Ces neuf anciens commissaires européens, dont deux anciens présidents de la Commission, ont une expérience inestimable. Ils ont connu l'âge d'or de la Commission européenne, pour certains avant même l'existence du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement. C'est la France, rappelons-le, avec Jean Monnet et Robert Schuman, qui est à l'origine de la création de la Commission. J'attends de ce comité qu'il me dise comment, avec l'élargissement, la Commission pourra fonctionner mieux ou aussi bien dans un contexte différent.
Q - Vous présentez par ailleurs à la Convention sur l'avenir de l'Europe une contribution, rédigée avec les Pays-Bas, pour le renforcement de la Commission : pourquoi ?
R - L'originalité profonde de l'Union européenne, ce qui fait qu'elle n'est pas une simple institution de coopération intergouvernementale, c'est deux choses : la Cour de justice, à Luxembourg, et la Commission. Or, dans la Convention, il y a un club de réflexion sur la Cour de justice, mais rien sur la Commission. C'est pourtant celle-ci qui devra faire respecter les règles européennes par 25 pays, pour protéger l'intérêt général communautaire. Voilà pourquoi il faut étendre ses pouvoirs, notamment ses champs de compétence et sa capacité d'évaluation de la situation économique des Etats membres.
Q - Devra-t-elle aussi décider en politique étrangère ?
R - Non, ce n'est pas opportun, et elle a déjà un rôle consultatif.
Q - La crise irakienne ne montre-t-elle pas que la politique étrangère est la faiblesse de l'Union ?
R - Je ne crois pas. D'abord, I'Europe a tenu à dire son mot dans cette affaire : on n'a même parlé que de cela ! De plus, la PESC (Politique étrangère et de Sécurité commune) est une idée récente : elle date de 1992, quand on a vu qu'une vision européenne de la crise des Balkans aurait évité bien des drames. L'Union économique et monétaire, Raymond Barre en a parlé pour la première fois en 1969, elle a été adoptée en 1992 et l'euro est arrivé dans nos poches en 2002 !
Q - Mais l'Europe est divisée sur la politique étrangère !
R - Il y a des divisions, mais aussi des points communs, et même le consensus sur la sécurité interne à l'Europe. Si les Slovènes ont plébiscité l'entrée de leur pays dans l'Europe, c'est aussi parce que l'assassinat du Premier ministre serbe a montré que l'Union, c'est la sécurité. De même, le dernier Sommet européen a montré une convergence de vues sur le Proche-Orient : l'Europe prend au mot les Etats-Unis et soutient l'idée de la publication de la "feuille de route", établie en commun avec eux pour la paix. Il y a, dans l'Union, différentes visions de ce que doit être son rôle dans le monde, et il faut du temps pour qu'elles convergent.
Q - Etes-vous sûre que Jacques Chirac est un europhile convaincu ?
R - Oui, et d'ailleurs il est entré dans l'Histoire aussi par l'Europe.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 mars 2003)
R - Ces neuf anciens commissaires européens, dont deux anciens présidents de la Commission, ont une expérience inestimable. Ils ont connu l'âge d'or de la Commission européenne, pour certains avant même l'existence du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement. C'est la France, rappelons-le, avec Jean Monnet et Robert Schuman, qui est à l'origine de la création de la Commission. J'attends de ce comité qu'il me dise comment, avec l'élargissement, la Commission pourra fonctionner mieux ou aussi bien dans un contexte différent.
Q - Vous présentez par ailleurs à la Convention sur l'avenir de l'Europe une contribution, rédigée avec les Pays-Bas, pour le renforcement de la Commission : pourquoi ?
R - L'originalité profonde de l'Union européenne, ce qui fait qu'elle n'est pas une simple institution de coopération intergouvernementale, c'est deux choses : la Cour de justice, à Luxembourg, et la Commission. Or, dans la Convention, il y a un club de réflexion sur la Cour de justice, mais rien sur la Commission. C'est pourtant celle-ci qui devra faire respecter les règles européennes par 25 pays, pour protéger l'intérêt général communautaire. Voilà pourquoi il faut étendre ses pouvoirs, notamment ses champs de compétence et sa capacité d'évaluation de la situation économique des Etats membres.
Q - Devra-t-elle aussi décider en politique étrangère ?
R - Non, ce n'est pas opportun, et elle a déjà un rôle consultatif.
Q - La crise irakienne ne montre-t-elle pas que la politique étrangère est la faiblesse de l'Union ?
R - Je ne crois pas. D'abord, I'Europe a tenu à dire son mot dans cette affaire : on n'a même parlé que de cela ! De plus, la PESC (Politique étrangère et de Sécurité commune) est une idée récente : elle date de 1992, quand on a vu qu'une vision européenne de la crise des Balkans aurait évité bien des drames. L'Union économique et monétaire, Raymond Barre en a parlé pour la première fois en 1969, elle a été adoptée en 1992 et l'euro est arrivé dans nos poches en 2002 !
Q - Mais l'Europe est divisée sur la politique étrangère !
R - Il y a des divisions, mais aussi des points communs, et même le consensus sur la sécurité interne à l'Europe. Si les Slovènes ont plébiscité l'entrée de leur pays dans l'Europe, c'est aussi parce que l'assassinat du Premier ministre serbe a montré que l'Union, c'est la sécurité. De même, le dernier Sommet européen a montré une convergence de vues sur le Proche-Orient : l'Europe prend au mot les Etats-Unis et soutient l'idée de la publication de la "feuille de route", établie en commun avec eux pour la paix. Il y a, dans l'Union, différentes visions de ce que doit être son rôle dans le monde, et il faut du temps pour qu'elles convergent.
Q - Etes-vous sûre que Jacques Chirac est un europhile convaincu ?
R - Oui, et d'ailleurs il est entré dans l'Histoire aussi par l'Europe.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 mars 2003)