Texte intégral
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs les Députés,
Monsieur l'Ambassadeur de France,
Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur l'Administrateur général de la Francophonie,
Chers Amis,
Je vous sais gré, Monsieur l'Ambassadeur, d'avoir réuni ce soir nos deux communautés, trois devrais-je dire, avec tous nos amis de la Francophonie, pour leur faire partager, dans l'amitié profonde qui unit la France et le Mali, le sens de mon séjour dans ce pays. C'est le troisième depuis que je suis au gouvernement et j'ai le sentiment que ce sont autant d'étapes pour approfondir le sens d'une Coopération attentive à notre histoire commune et à son legs mais aussi aux enjeux de l'avenir.
A ce pays patiemment attelé à la construction de la démocratie et de l'Etat de droit, le gouvernement français, installé le 5 juin 1997, souhaitait témoigner son attachement, j'ai tenu à assister le 8 juin à la cérémonie ouvrant le second mandat du président Konaré.
En décembre dernier, notre Premier ministre, Lionel Jospin, réservait au Mali une étape hautement significative de son premier déplacement en terre africaine. En réponse à l'attente de ses plus hautes autorités, il proposait de concevoir un cadre de partenariat qui pût, dans un mutuel respect et une égale exigence, ressaisir le dialogue que nous n'avons cessé d'entretenir, pour en dégager les priorités, pour penser ensemble les meilleurs moyens de les servir, pour en suivre aussi avec attention l'évolution.
Depuis, nous avons travaillé. Et je suis venu, ainsi qu'il était convenu, faire le point, à quelques jours de la Commission mixte qui se déroulera à Paris, sur les progrès accomplis.
De cette visite, dont chaque moment touche à un point essentiel de nos échanges, je retiendrai ceci qu'elle souligne d'abord quelques convictions communes dont la solidité est maintenant confirmée par les faits.
Au premier rang de celles-ci, nous plaçons ensemble le développement économique et social du Mali.
Pour ce pays, dont à l'envi, on a pu naguère recenser les contraintes climatiques, géographiques et humaines, comme si sur son développement devait peser à tout jamais je ne sais quelle fatalité et par conséquent une éternelle dépendance, le président de la République et le gouvernement ont voulu un projet qui tient tout à la fois au retour aux grands équilibres budgétaires et financiers et à la relance de l'initiative.
De ce point de vue, l'Office du Niger, dont je viens de visiter les réalisations, offre l'éloquent témoignage de ce que la conviction peut réussir. Naguère en péril, ce qui est le plus vaste aménagement agricole d'Afrique de l'Ouest est devenu par la conjonction d'une volonté forte et durable du gouvernement, d'une coordination sans faille de ses partenaires externes, d'une politique céréalière libéralisée et d'un parti habilement tiré des effets de la dévaluation de 1994, mais aussi d'une mise en responsabilité des producteurs eux-mêmes, un exemple flatteur de développement régional maîtrisé.
Il en est d'autres dans des domaines plus essentiels encore car ils donnent du sens au développement. Je veux parler de la réforme entreprise de ses systèmes éducatifs et de santé. C'est une tâche ardue et de longue haleine.
Mais la France y croit profondément, elle croit devoir continuer à y mobiliser une part importante de ses concours au Mali car c'est là, dans le développement humain, qu'il rencontre les plus grandes contraintes. Mais là aussi nous sommes confiants, et la croissance somme toute rapide et régulière des taux de scolarisation, il y a quelques années, encore plus que critiques, montre que l'on peut ne peut ne pas s'accommoder de la fatalité.
Qu'il s'agisse des conditions de retour à la croissance économique ou du redressement de ses secteurs sociaux, le Mali a choisi de fonder son développement sur une implication directe des populations dans la gestion de leur vie quotidienne : consolidation de l'Etat de droit, mouvement déterminé vers la décentralisation, accompagnement de l'initiative à la base en sont les clés. Dans tous ces aspects cruciaux de la vie collective, notre Coopération est présente et active. Et lorsque je dis Coopération, je l'entends au sens large comme un mouvement qui associe étroitement les efforts de l'Etat et des collectivités décentralisées françaises qui ont pour le Mali un intérêt significatif. Nous les encourageons et elles feront désormais partie intégrante de notre dialogue sur le développement du Mali. Dans dix jours, à Angers, elles seront réunies pour mieux concerter et concentrer leur implication dans ce pays.
Il est enfin deux éléments de nos échanges avec le Mali que je vous rappellerai. Nous sommes dans un pays, qui porte haut la conviction que le développement de l'Afrique passe par une prévention concertée des conflits qui la menacent. Et ce pays a posé des actes suffisants dans ce domaine pour que nous soyons attentifs à le soutenir. C'est le sens d'une coopération militaire faite pour contribuer à la sécurité d'un continent qui doit et veut s'organiser désormais afin de garantir la paix.
Sur un autre plan, le président Alpha Oumar Konaré et le Premier ministre Lionel Jospin sont convenus de créer une instance bilatérale de concertation sur les mouvements migratoires entre nos deux pays. C'est un problème ancien et sensible qui exige un dialogue franc, soutenu, respectueux des droits des personnes et de nos contraintes respectives. La présence dans la délégation qui m'accompagne de membres des cabinets des ministres de l'Emploi et de la Solidarité et de l'Intérieur, mais aussi du délégué interministériel aux migrations internationales et au co-développement, M. Sami Naïr, montre que nous nous sommes saisis du problème résolument, avec pragmatisme. Demain, aux côtés du ministre des Affaires étrangères et des Maliens de l'Extérieur, Modibo Sidibé nous installerons le Comité franco-malien sur les migrations.
Tous ces thèmes seront bientôt repris dans un accord-cadre de partenariat et de développement qui donnera forme à nos engagements mutuels.
Vous le savez, ces accords sont un des effets attendus de la réforme de notre Coopération internationale. Celle-ci progresse à grands pas depuis l'annonce qu'en a faite le Premier ministre en janvier dernier.
Le ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, et moi-même sommes en train d'arrêter un dispositif de Coopération internationale et au développement qui devrait tout à la fois permettre de traiter les grandes priorités géographiques qui déterminent nos concours - et vous savez que l'Afrique, au sein d'une zone de solidarité prioritaire, y est au premier chef concernée - et de soutenir notre effort au travers d'unités fonctionnelles fortes correspondant aux grands enjeux actuels : le développement économique et social, base d'un développement durable ; les échanges culturels, linguistiques, éducatifs et universitaires ; enfin l'audiovisuel, les médias et les nouvelles technologies de l'information et de la communication dont on sait bien le rôle dans l'échange mondial.
Ce dispositif sera d'autre part soutenu par des unités chargées d'un côté du dialogue multilatéral, de l'autre de la Coopération non gouvernementale.
Cette réforme ainsi dessinée sera totalement opératoire au tout début de l'année 1999 ce qui montre la détermination du gouvernement et sa volonté d'agir sans la moindre solution de continuité, ce que craignaient nos partenaires.
Mesdames, Messieurs,
En charge de la Coopération, je n'oublie jamais la responsabilité qui m'incombe comme coordonnateur des efforts que mobilise la France pour la Francophonie.
Comme vous le savez, le Mali accueille en ce moment les Assises de la formation professionnelle et technique dont nos chefs d'Etat lors du Sommet d'Hanoï, avaient souhaité la tenue. J'y consacrerai, pour ma part, la dernière partie de mon séjour.
Que le Mali abrite ces Assises n'est pas indifférent : d'abord parce que sa contribution au débat croise parfaitement la préoccupation qui l'anime pour la formation de sa population et des jeunes en particulier. C'est une question qui touche autant à l'économie qu'au devoir de veiller à une insertion harmonieuse des populations dans leur environnement.
D'autre part, le Mali apporte à la Francophonie un éclairage original et, selon mon opinion, tout à la fois réaliste et moderne. Peut-être est-ce dû au fait que l'histoire est si présente ici qu'elle situe à leur juste place chacun des engagements du pays. Sans doute est-ce dû aussi à une parfaite lucidité des réalités linguistiques et culturelles qui déclinent la richesse humaine du Mali comme une pluralité fondamentalement irréductible et résolument ouverte. Le fait est qu'ici, comme dans beaucoup de pays de l'espace francophone, l'appartenance à cet espace de solidarité ne contredit en rien, mais doit fortifier, au contraire, un projet national où le parler français est un atout parmi d'autres, synonyme d'ouverture, de partage, de refus de toue marginalisation.
C'est dans cet esprit que nous approfondissons notre Coopération francophone : comme une chance supplémentaire pour le développement et la défense de convictions communes et c'est ainsi que nous vivons chaque jour le débat. Partager pour aller de l'avant, sans jamais renoncer à soi. Construire ensemble l'avenir sans rien s'imposer les uns aux autres.
On ne peut venir au Mali sans relire Amadou Hampaté Ba. Exégète de son maître Thierno Bokar, il imageait parfaitement ce que je souhaite vous faire toucher du doigt ce soir :
"Ce qui vaut pour un pays tempéré ne peut convenir entièrement à un pays tropical. On voit nos enfants soudanais copier plus ou moins maladroitement Arabes ou Européens, selon leur formation. Ils sont pareils à ces chutes d'eau qui se perdent en ruissellement inutilement sur des dalles de pierre sans jamais rencontrer un lac pour apaiser leur course folle et stérile".
Crainte aujourd'hui excessive, me direz-vous, soit. Mais, universelle, elle vaut bien d'être dite quand on veut être pleinement soi, sereinement enrichi de tous les apports qu'a donnés l'Histoire, et qui chaque jour peuvent être un peu menacés.
Dois-je pour finir vous dire le plaisir que j'ai eu à remettre il y a quelques jours, à Cannes, et devant un auditoire particulièrement nombreux, le prix de la Coopération française à Abdoulaye Ascofaré, pour son film "Faraw ou la mère des sables" ? Le jury y a reconnu une oeuvre forte et belle, organisée autour d'une femme, qui lutte pour une existence digne dans un monde indifférent. Ainsi va le Mali, qui dans sa singularité nous confie un peu de notre être universel.
Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 septembre 2001)
Mesdames, Messieurs les Députés,
Monsieur l'Ambassadeur de France,
Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur l'Administrateur général de la Francophonie,
Chers Amis,
Je vous sais gré, Monsieur l'Ambassadeur, d'avoir réuni ce soir nos deux communautés, trois devrais-je dire, avec tous nos amis de la Francophonie, pour leur faire partager, dans l'amitié profonde qui unit la France et le Mali, le sens de mon séjour dans ce pays. C'est le troisième depuis que je suis au gouvernement et j'ai le sentiment que ce sont autant d'étapes pour approfondir le sens d'une Coopération attentive à notre histoire commune et à son legs mais aussi aux enjeux de l'avenir.
A ce pays patiemment attelé à la construction de la démocratie et de l'Etat de droit, le gouvernement français, installé le 5 juin 1997, souhaitait témoigner son attachement, j'ai tenu à assister le 8 juin à la cérémonie ouvrant le second mandat du président Konaré.
En décembre dernier, notre Premier ministre, Lionel Jospin, réservait au Mali une étape hautement significative de son premier déplacement en terre africaine. En réponse à l'attente de ses plus hautes autorités, il proposait de concevoir un cadre de partenariat qui pût, dans un mutuel respect et une égale exigence, ressaisir le dialogue que nous n'avons cessé d'entretenir, pour en dégager les priorités, pour penser ensemble les meilleurs moyens de les servir, pour en suivre aussi avec attention l'évolution.
Depuis, nous avons travaillé. Et je suis venu, ainsi qu'il était convenu, faire le point, à quelques jours de la Commission mixte qui se déroulera à Paris, sur les progrès accomplis.
De cette visite, dont chaque moment touche à un point essentiel de nos échanges, je retiendrai ceci qu'elle souligne d'abord quelques convictions communes dont la solidité est maintenant confirmée par les faits.
Au premier rang de celles-ci, nous plaçons ensemble le développement économique et social du Mali.
Pour ce pays, dont à l'envi, on a pu naguère recenser les contraintes climatiques, géographiques et humaines, comme si sur son développement devait peser à tout jamais je ne sais quelle fatalité et par conséquent une éternelle dépendance, le président de la République et le gouvernement ont voulu un projet qui tient tout à la fois au retour aux grands équilibres budgétaires et financiers et à la relance de l'initiative.
De ce point de vue, l'Office du Niger, dont je viens de visiter les réalisations, offre l'éloquent témoignage de ce que la conviction peut réussir. Naguère en péril, ce qui est le plus vaste aménagement agricole d'Afrique de l'Ouest est devenu par la conjonction d'une volonté forte et durable du gouvernement, d'une coordination sans faille de ses partenaires externes, d'une politique céréalière libéralisée et d'un parti habilement tiré des effets de la dévaluation de 1994, mais aussi d'une mise en responsabilité des producteurs eux-mêmes, un exemple flatteur de développement régional maîtrisé.
Il en est d'autres dans des domaines plus essentiels encore car ils donnent du sens au développement. Je veux parler de la réforme entreprise de ses systèmes éducatifs et de santé. C'est une tâche ardue et de longue haleine.
Mais la France y croit profondément, elle croit devoir continuer à y mobiliser une part importante de ses concours au Mali car c'est là, dans le développement humain, qu'il rencontre les plus grandes contraintes. Mais là aussi nous sommes confiants, et la croissance somme toute rapide et régulière des taux de scolarisation, il y a quelques années, encore plus que critiques, montre que l'on peut ne peut ne pas s'accommoder de la fatalité.
Qu'il s'agisse des conditions de retour à la croissance économique ou du redressement de ses secteurs sociaux, le Mali a choisi de fonder son développement sur une implication directe des populations dans la gestion de leur vie quotidienne : consolidation de l'Etat de droit, mouvement déterminé vers la décentralisation, accompagnement de l'initiative à la base en sont les clés. Dans tous ces aspects cruciaux de la vie collective, notre Coopération est présente et active. Et lorsque je dis Coopération, je l'entends au sens large comme un mouvement qui associe étroitement les efforts de l'Etat et des collectivités décentralisées françaises qui ont pour le Mali un intérêt significatif. Nous les encourageons et elles feront désormais partie intégrante de notre dialogue sur le développement du Mali. Dans dix jours, à Angers, elles seront réunies pour mieux concerter et concentrer leur implication dans ce pays.
Il est enfin deux éléments de nos échanges avec le Mali que je vous rappellerai. Nous sommes dans un pays, qui porte haut la conviction que le développement de l'Afrique passe par une prévention concertée des conflits qui la menacent. Et ce pays a posé des actes suffisants dans ce domaine pour que nous soyons attentifs à le soutenir. C'est le sens d'une coopération militaire faite pour contribuer à la sécurité d'un continent qui doit et veut s'organiser désormais afin de garantir la paix.
Sur un autre plan, le président Alpha Oumar Konaré et le Premier ministre Lionel Jospin sont convenus de créer une instance bilatérale de concertation sur les mouvements migratoires entre nos deux pays. C'est un problème ancien et sensible qui exige un dialogue franc, soutenu, respectueux des droits des personnes et de nos contraintes respectives. La présence dans la délégation qui m'accompagne de membres des cabinets des ministres de l'Emploi et de la Solidarité et de l'Intérieur, mais aussi du délégué interministériel aux migrations internationales et au co-développement, M. Sami Naïr, montre que nous nous sommes saisis du problème résolument, avec pragmatisme. Demain, aux côtés du ministre des Affaires étrangères et des Maliens de l'Extérieur, Modibo Sidibé nous installerons le Comité franco-malien sur les migrations.
Tous ces thèmes seront bientôt repris dans un accord-cadre de partenariat et de développement qui donnera forme à nos engagements mutuels.
Vous le savez, ces accords sont un des effets attendus de la réforme de notre Coopération internationale. Celle-ci progresse à grands pas depuis l'annonce qu'en a faite le Premier ministre en janvier dernier.
Le ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, et moi-même sommes en train d'arrêter un dispositif de Coopération internationale et au développement qui devrait tout à la fois permettre de traiter les grandes priorités géographiques qui déterminent nos concours - et vous savez que l'Afrique, au sein d'une zone de solidarité prioritaire, y est au premier chef concernée - et de soutenir notre effort au travers d'unités fonctionnelles fortes correspondant aux grands enjeux actuels : le développement économique et social, base d'un développement durable ; les échanges culturels, linguistiques, éducatifs et universitaires ; enfin l'audiovisuel, les médias et les nouvelles technologies de l'information et de la communication dont on sait bien le rôle dans l'échange mondial.
Ce dispositif sera d'autre part soutenu par des unités chargées d'un côté du dialogue multilatéral, de l'autre de la Coopération non gouvernementale.
Cette réforme ainsi dessinée sera totalement opératoire au tout début de l'année 1999 ce qui montre la détermination du gouvernement et sa volonté d'agir sans la moindre solution de continuité, ce que craignaient nos partenaires.
Mesdames, Messieurs,
En charge de la Coopération, je n'oublie jamais la responsabilité qui m'incombe comme coordonnateur des efforts que mobilise la France pour la Francophonie.
Comme vous le savez, le Mali accueille en ce moment les Assises de la formation professionnelle et technique dont nos chefs d'Etat lors du Sommet d'Hanoï, avaient souhaité la tenue. J'y consacrerai, pour ma part, la dernière partie de mon séjour.
Que le Mali abrite ces Assises n'est pas indifférent : d'abord parce que sa contribution au débat croise parfaitement la préoccupation qui l'anime pour la formation de sa population et des jeunes en particulier. C'est une question qui touche autant à l'économie qu'au devoir de veiller à une insertion harmonieuse des populations dans leur environnement.
D'autre part, le Mali apporte à la Francophonie un éclairage original et, selon mon opinion, tout à la fois réaliste et moderne. Peut-être est-ce dû au fait que l'histoire est si présente ici qu'elle situe à leur juste place chacun des engagements du pays. Sans doute est-ce dû aussi à une parfaite lucidité des réalités linguistiques et culturelles qui déclinent la richesse humaine du Mali comme une pluralité fondamentalement irréductible et résolument ouverte. Le fait est qu'ici, comme dans beaucoup de pays de l'espace francophone, l'appartenance à cet espace de solidarité ne contredit en rien, mais doit fortifier, au contraire, un projet national où le parler français est un atout parmi d'autres, synonyme d'ouverture, de partage, de refus de toue marginalisation.
C'est dans cet esprit que nous approfondissons notre Coopération francophone : comme une chance supplémentaire pour le développement et la défense de convictions communes et c'est ainsi que nous vivons chaque jour le débat. Partager pour aller de l'avant, sans jamais renoncer à soi. Construire ensemble l'avenir sans rien s'imposer les uns aux autres.
On ne peut venir au Mali sans relire Amadou Hampaté Ba. Exégète de son maître Thierno Bokar, il imageait parfaitement ce que je souhaite vous faire toucher du doigt ce soir :
"Ce qui vaut pour un pays tempéré ne peut convenir entièrement à un pays tropical. On voit nos enfants soudanais copier plus ou moins maladroitement Arabes ou Européens, selon leur formation. Ils sont pareils à ces chutes d'eau qui se perdent en ruissellement inutilement sur des dalles de pierre sans jamais rencontrer un lac pour apaiser leur course folle et stérile".
Crainte aujourd'hui excessive, me direz-vous, soit. Mais, universelle, elle vaut bien d'être dite quand on veut être pleinement soi, sereinement enrichi de tous les apports qu'a donnés l'Histoire, et qui chaque jour peuvent être un peu menacés.
Dois-je pour finir vous dire le plaisir que j'ai eu à remettre il y a quelques jours, à Cannes, et devant un auditoire particulièrement nombreux, le prix de la Coopération française à Abdoulaye Ascofaré, pour son film "Faraw ou la mère des sables" ? Le jury y a reconnu une oeuvre forte et belle, organisée autour d'une femme, qui lutte pour une existence digne dans un monde indifférent. Ainsi va le Mali, qui dans sa singularité nous confie un peu de notre être universel.
Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 septembre 2001)