Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, sur la politique de l'emploi du Gouvernement, la reprise de la croissance économique et la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail, Paris le 23 mai 1998.

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Circonstance : 27ème congrès du Centre des jeunes dirigeants d'entreprises (CJD) à Paris le 23 mai 1998

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
C'était avec un grand plaisir que j'avais accepté l'invitation de votre président Jean-Marie Gorse. Un empêchement imprévu m'a malheureusement obligé à différer notre rencontre. Je vous prie de bien vouloir m'en excuser.
Par ce message, je veux d'abord saluer ce congrès. Votre mouvement s'attache à promouvoir des entreprises qui sont sensibles au nécessaire équilibre entre les contraintes économiques et les exigences sociales. Cet engagement qui est le vôtre, me paraît exemplaire. C'était aussi le sens du pacte de développement et de solidarité exposé dans ma déclaration de politique générale en juin 1997.
Je veux aussi vous présenter mes meilleurs souhaits de succès à l'occasion du 60ème anniversaire de votre mouvement. Si votre bilan illustre déjà votre rôle dans des réformes importantes pour l'entreprise, vous restez des pionniers de l'expérimentation sociale, conduite dans un esprit de conciliation de tous les partenaires de l'entreprise.
La consolidation de la croissance économique, redevenue plus vigoureuse, est le premier objectif du gouvernement. Depuis onze mois, sous l'effet d'une augmentation de la consommation et, plus récemment, de l'investissement, la croissance est en effet revenue.
L'activité et les résultats des entreprises en témoignent. Ce mouvement n'aurait pas été possible sans les mesures de politique économique que nous avons prises, sans un retour de la confiance et sans la dynamique que cette confiance suscite. La progression maîtrisée du pouvoir d'achat et la réduction du chômage -qui a commencé- doivent pérenniser ce retour à la confiance.
L'emploi est naturellement la priorité centrale du gouvernement.
La société française ne peut vivre durablement avec un niveau très élevé de chômage. Celui-ci mine notre cohésion sociale, fragilise notre jeunesse et freine notre développement économique.
Voilà pourquoi, il fallait faire preuve de plus d'audace, de plus de détermination et de plus de volontarisme pour adopter, dans le cadre d'un programme d'ensemble, des solutions nouvelles pour faire reculer le chômage sans nuire à la reprise de la croissance.
C'est la raison principale de la mise en oeuvre de la réduction négociée du temps de travail.
Le projet de loi d'incitation et d'orientation vient tout juste d'être adopté par le Parlement après un large débat et la prise en compte de nombreuses préoccupations.
Je sais l'âpreté de la concurrence, l'importance des coûts comparés de production, de la productivité, des services et de la mondialisation des marchés. Les entreprises ne doivent pas être vulnérables, mais au contraire vigoureuses. Mais les petites et moyennes entreprises qui privilégient par nature des marchés de proximité -encore qu'elles progressent à l'exportation- ne peuvent durablement se renforcer dans une société elle même vulnérable faute d'emplois, de consommation et de sécurité.
Avec les salariés et leurs organisations syndicales, il vous appartient désormais d'engager un véritable dialogue pour parvenir à des négociations dont le résultat sera équilibré, c'est à dire "gagnant-gagnant". Toutes les solutions, individuelles ou collectives, doivent être explorées. L'Etat apportera une contribution financière pour tous les accords conclus qui créent ou maintiennent des emplois.
La réduction du temps de travail représente une véritable chance pour réactiver le dialogue social sur l'organisation du travail et le projet de l'entreprise. Vous pouvez essayer, avec les salariés et leurs organisations, de concevoir des organisations du travail originales, adaptées aux hommes et aux femmes, et conciliables avec une vision du développement de l'entreprise que tous les acteurs pourront partager et au bénéfice duquel ils peuvent être associés.
Je sais pouvoir compter sur votre audace, votre jeunesse et votre goût pour l'expérimentation et le progrès social pour faire avancer l'emploi dans les entreprises où vous cherchez à faire prévaloir les principes d'un nouveau contrat social. Toutes les initiatives, tous les accords seront utiles pour la préparation de la seconde loi, celle de fin 1999.
Je serai attentif à vos propositions pour que perdure la croissance et se créent les emplois dont notre société a besoin et que les Français attendent.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 11 juin 2001)