Déclaration de Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies, sur le développement de l'internet dans la région Champagne-Ardenne, Charleville Mézières le 20 mars 2003.

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Circonstance : Déplacement à l'occasion de la fête de l'internet à Charleville Mézières le 20 mars 2003

Texte intégral

Monsieur le Président du Conseil Régional,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Monsieur le Préfet,
Messieurs les Parlementaires,
C'est un grand plaisir pour moi que de visiter la Région Champagne-Ardennes cet après-midi, et de voir vos réalisations en matière de nouvelles technologies. Je savais qu'en choisissant les Ardennes pour ce déplacement, à l'occasion de la Fête de l'Internet, et à l'invitation de Maurice Blin que je remercie, je ne serais pas déçue. Et ce que j'ai vu aujourd'hui a dépassé mes espérances ; ce que j'ai vu aujourd'hui donne un bel espoir dans la vitalité de nos territoires, dans les initiatives qui s'y lancent et y prennent racine, dans le courage et l'énergie des professeurs, des élus, des animateurs d'associations.
Avant de partager avec vous les réflexions que m'inspirent ma visite, permettez-moi de vous dire toute l'importance que j'attache à cette Fête de l'Internet, encouragement majeur sur tout notre territoire à l'initiative des collectivités, des associations, des entreprises, de chacun d'entre nous aussi.
Encouragement à l'initiative, à l'investissement dans ce nouveau mode d'accès à la connaissance, d'échanges, de partage de l'information, de relations sociales ou professionnelles, d'ouverture sur le monde.
C'est une formidable occasion de révéler les talents, la générosité, l'inventivité dont nos concitoyens sont capables.
C'est dans cet esprit de donner un nouvel appétit d'entreprendre, de partager, d'investir et de s'investir que je suis venue.
C'est avec cette volonté de donner à vos initiatives une reconnaissance plus large, de vous féliciter pour vos réalisations, et d'inviter les autres régions à tirer profit de votre expérience réussie que j'ai choisi votre région.
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J'ai d'abord vu des élèves des écoles, des collèges et lycées. A Bogny sur Meuse, dans un réseau d'éducation prioritaire (les anciennes zones d'éducation prioritaire), avec des élèves de toutes origines, émanant de milieux non favorisés.
Avec un taux d'équipement en ordinateurs bien supérieur à la moyenne nationale, grâce à l'action des collectivités locales.
Avec la découverte de l'alphabet, des alphabets du monde, de "La Boîte à Mots"- déjà un livre de jeunesse !- pour les plus grands du CE1 ; alphabets et mots qu'ils manipulent à la main ou sur l'ordinateur. Quoi de plus symbolique pour ces enfants que de s'initier aux signes du monde ? Quoi de plus évident comme appropriation de l'ordinateur que d'y créer sa propre boîte à mots ?
Pour les plus grands, au collège, une initiation via Internet et par échange de mails avec des classes britanniques et américaines à des traditions de fête de ces pays, et pas seulement Halloween qui nous a un peu envahi, mais d'autres fêtes leur permettant de s'ouvrir à d'autres cultures, si proches et si lointaines à la fois.
Toujours pour les plus grands, ce magnifique projet INTERREG que vous menez avec le soutien de l'union européenne.
Comment ne serais-je pas sensible à sa thématique d'analyse et de cartographie de la pollution, moi dont l'objectif est de réconcilier les Français avec la science ? Comment ne serais-je pas sensible à ce travail d'approfondissement personnel mené par ces élèves de 6° et de 5° , encadrés par leur enseignant et un chercheur de l'Université Catholique de Louvain ?
Dans ce projet aussi, les nouvelles technologies ont leur rôle à jouer, elles permettent par la création d'un site Web un partage, un débat et une réflexion collective sur les résultats de la recherche menée. C'est déjà un comité d'évaluation !
Avec aussi un échange, c'est le principe du projet INTERREG, avec des collèges belges sur le sujet, là aussi via Internet. Une chercheuse de Louvain, des élèves belges : quand j'ai examiné mon programme de la Fête de l'Internet et ses manifestations parisiennes, je me suis dit qu'il y manquait réellement une dimension européenne, eh bien c'est ici, dans les Ardennes, que je trouve une dimension européenne à la fête de l'Internet.
Donner un sens à l'Europe pour tous nos enfants, quelles que soient leurs origines, voilà un beau projet !
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J'ai ensuite vu, ici, parmi vous, le Centre International d'Etudes en Littérature de Jeunesse. Lieu de mémoire, lieu d'échange, comme vous le baptisez.
Lieu de mémoire.
Grâce au fonds de 25 000 livres reçu il y a quinze ans de Janine Despinette, mais aussi grâce aux 300 livres que le CIELJ reçoit par mois.
Mémoire informatique aussi, c'est (presque) la même, car numériser, c'est conserver, c'est d'ailleurs un des seuls moyens de préserver un contenu du vieillissement. Numériser, c'est permettre le partage d'un contenu, numériser c'est le rendre accessible aux handicapés.
Mémoire, notre mémoire à tous, parce que le livre de jeunesse, c'est celui de notre enfance, celui que nos parents nous lisaient, celui que nous lisons à nos enfants.
Lieu d'échange.
Echange via Internet, puisque le site Ricochet fut un des premiers sites à vocation culturelle, créé dès 1994 par l'Université Paris 8, hébergé par l'INRIA. Beau symbole que l'enfant d'un organisme de recherche et d'une université parisienne ait grandi et prospéré à Charleville-Mézières.
Et quelle prospérité, et quel lieu d'échanges ! 20 000 pages, plus de
2 000 000 de visites en 2002, avec un rayonnement important dans les pays francophones, mais aussi non-francophones, tout particulièrement dans les pays d'Extrême-Orient friands de littérature de jeunesse et pour lesquels la France joue un rôle de phare.
Lieu d'échange international, avec des liens avec la Belgique, avec l'Université de Padoue.
Mais aussi lieu d'échange au niveau local.
Faire diffuser ces contenus d'une grande richesse, cette compétence informatique hors pair, par la création d'un espace public numérique ouvert avec le soutien du Ministère de la Culture, quelle belle idée, noble tâche à remettre tous les jours à l'ouvrage.
80 classes par an viennent se former à l'ordinateur, à l'Internet, à ses usages dans cet espace public numérique. Plus de 2 500 adolescents par mois, souvent issus de quartiers défavorisés. Des adultes qui viennent y consulter, pour certains, les journaux de leur pays d'origine. Sans oublier la formation d'autres animateurs multimedia, et j'ai vu avec plaisir la présentation d'EspaceWeb l'autre espace public numérique de la ville, dont les animateurs ont été formés ici.
Bel exemple de diffusion et d'appropriation des nouvelles technologies, et je veillerai à y apporter mon soutien, notamment dans le cadre de la mesure " Centre de ressources numériques en région " décidée au CIADT de décembre 2002.
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Le CIELJ, lieu de mémoire tourné vers le futur.
Le CIELJ, lieu d'échange international grâce à la virtualité d'Internet. Lieu d'échange local dans la réalité, le quotidien des enfants et adultes qui y viennent régulièrement.
C'est cette dualité d'un rayonnement international et d'une diffusion locale qui m'a attirée dans le choix de ce déplacement.
Elle montre qu'avec l'énergie d'un noyau, d'un réseau, quelques universitaires parisiens ayant décidé d'appliquer en dehors de leur bureau leur fine connaissance de l'hypertexte, deux normaliennes, un puis plusieurs élus, le Sénateur Blin soutenu par le Conseil Général et le Conseil Régional, et une équipe de permanents motivés et passionnés, on peut mener de belles aventures.
Elle montre que nous pouvons bâtir un monde basé sur la mémoire et tourné vers l'échange, elle montre qu'une diversité culturelle francophone est possible, et ce à un âge, celui de nos enfants, où c'est décisif.
Je vous remercie tous de votre action.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 21 mars 2003)