Conférence de presse de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur le dixième anniversaire de l'Eurocorps, les missions de maintien de la paix des militaires de l'Union européenne et la position de la France face à la situation actuelle en Irak, Paris, le 5 septembre 2003.

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Circonstance : Commémoration du dixième anniversaire de la création de l'Eurocorps, Strasbourg, le 4 septembre 2003

Texte intégral

Madame Michèle Alliot-Marie :
L'Eurocorps, c'est à la fois un précurseur, un symbole et un modèle. Un précurseur de l'Europe de la Défense, peut-être un précurseur également de la force d'intervention rapide européenne, et c'est dans ce sens que nous en fêtons le 10ème anniversaire. C'est aussi un symbole. Il montre aujourd'hui comment plusieurs pays européens ont pris l'habitude, à travers leurs militaires, de travailler ensemble en toute complémentarité et en montrant que l'efficacité opérationnelle se fait sans retenue. C'est aussi un modèle. C'est effectivement la base de cette Europe de la Défense qui, aujourd'hui, commence à s'exprimer à travers les deux opérations que nous avons déjà menées : en Macédoine où nous sommes en relève de l'OTAN, et celle en République Démocratique du Congo où, en Ituri, nous venons de mener avec succès la première opération autonome européenne. Il y a également la perspective de la relève de l'OTAN en Bosnie dans le courant de l'année 2004.
Question :
Le corps européen aurait-il été envoyé justement en République démocratique du Congo ?
Il aurait pu être envoyé en République Démocratique du Congo, mais ce qui a été important c'est que nous avons envoyé au Congo un nombre de soldats en provenance d'un nombre de pays beaucoup plus large, puisqu'il y a eu 15 pays participants : 11 pays européens, auxquels se sont joints notamment l'Afrique du Sud, le Brésil et le Canada. Cette opération a donc été différente, c'est vrai, parce que notre volonté était une volonté plus large qu'européenne.
Les Etats-Unis ont déposé une nouvelle résolution, la France pourrait-elle suivre cette résolution ? Vous avez du certainement en parler avec vos confrères et vos collègues et notamment avec M. Struck. Quelle est votre position ? Quelle est la position de la France ?
La résolution déposée par les Etats-Unis aujourd'hui est une base, une base qui ne satisfait pas tout à fait le Secrétaire général des Nations Unies. Elle ne peut pas représenter en elle-même quelque chose de suffisant pour dépasser la situation de crise.
Donc pas suffisant non plus pour la France ?
Pas suffisant non plus pour la France. Elle sera discutée et nous verrons ce qu'il en sortira.
Donc vous dîtes "nous sommes prêts à participer à la reconstruction de l'Irak dans des conditions précises, attention."
Nous l'avons toujours dit. Effectivement, nous savons que le peuple irakien souffre et nous souhaitons que le plus rapidement possible, il retrouve des conditions de vie quotidienne qui soient de meilleures conditions de vie. Nous souhaitons également que les Irakiens puissent le plus rapidement possible diriger eux même leur pays et pour cela il faut prendre les instruments juridiques et notamment les instruments de droit international suffisants. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
Est-ce que vous avez déjà arrêté la potentialité de ce que pourrait apporter la France au peuple irakien quand même ?
Il est évident que nous avons un certain nombre d'expertises, mais il faut savoir de quoi a besoin le peuple irakien. Nous savons par exemple qu'il existe des besoins dans le domaine médical. Il y a également des problèmes d'infrastructure qui sont extrêmement importants. C'est un pays à reconstruire.
Y compris aussi par rapport aux Américains, le fait qu'ils vous laissent une certaine autonomie, bref que ça ne soit pas juste des forces repeintes en bleu ONU ?
Nous disons qu'effectivement, l'ONU doit jouer son rôle et tout son rôle.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 24 septembre 2003)