Texte intégral
Süddeutsche Zeitung :
Après avoir fait cavalier seul en Irak et après les désaccords consécutifs qui sont apparus avec la France et l'Allemagne, les Etats-Unis demandent maintenant l'aide à l'Europe. Existe-t-il encore une coopération entre les Etats-Unis et l'Europe dans le domaine de la défense ?
Michèle Alliot-Marie :
Le fait même de n'avoir pas toujours la même vision du monde ne signifie pas qu'il n'y ait pas de coopération particulière entre l'Europe et les Etats-Unis ; nous avons déjà surmonté de telles divergences d'opinion. La mise en place d'une défense commune européenne n'est possible que dans le cadre d'une coopération, pas dans celui d'un esprit d'opposition ou de dépendance. En ce qui concerne l'Irak, tous les Etats européens veulent aider la coalition à surmonter la situation actuelle. Et ils veulent aider les Irakiens à devenir le plus rapidement possible les maîtres de leur destin. La France est convaincue, comme l'Allemagne, que cela doit se passer dans un processus clairement défini et clairement fixé dans le cadre du droit international.
Sous quelles conditions la France s'engagera-t-elle en Irak?
Pour la France, il est important de passer d'une logique sécuritaire à une logique politique qui permette à l'Irak de retrouver rapidement sa souveraineté sous l'égide de la communauté internationale. La France a toujours déclaré que sa participation ne pourrait s'envisager que dans le cadre des Nations unies, fondée sur un mandat précis du Conseil de sécurité et bénéficiant du soutien de l'ensemble de la communauté internationale.
Quel rôle La communauté de défense européenne jouera-t-elle à l'avenir?
Face à l'augmentation des risques, la solidarité atlantique reste déterminante pour notre sécurité. Notre engagement commun contre le terrorisme, notre contribution solidaire à des actions de stabilisation comme dans les Balkans ou en Afghanistan en sont les illustrations les plus marquantes.
L'Europe doit pouvoir agir de manière autonome là où l'OTAN ne veut, ou ne peut pas le faire. Cela a été éprouvé en Macédoine et, plus récemment, au Congo. Tout se passe en accord et solidairement avec nos alliés.
En ce qui concerne le Corps européen, fondé en 1995, est le symbole de l'amitié franco-allemande. La structure de défense européenne ne s'éparpille-t-elle pas ?
Au contraire, le Corps européen a donné le coup d'envoi de la communauté de défense européenne. Il a par ailleurs fait ses preuves en 1998 par exemple lorsqu'il a constitué le noyau de l'état-major de la KFOR au Kosovo. L'Eurocorps est un élément important de la future capacité de réaction rapide européenne.
Les différents Etats doivent-ils abandonner plus de leur souveraineté pour renforcer l'Europe sur la politique de sécurité?
Dans leur quête d'une meilleure efficacité chacun des pays européens vise à compléter sa propre force d'action. Il ne peut être question de renoncer à la souveraineté, car chacun décide librement de sa contribution.
Aurons-nous bientôt besoin d'un ministre européen de la défense ?
Il faudra encore beaucoup de temps avant d'en arriver là. La communauté de Défense européenne est clairement positionnée dans un cadre national. Il n'y a pas de logique institutionnelle qui mène à un ministère européen de la Défense. Nous souhaitons que le Traité de l'Union Européenne permette une coopération renforcée et intègre une clause de solidarité.
Avons-nous en Europe besoin de plus de coopération en matière d'armement ?
Indéniablement, et c'est la raison pour laquelle la France est favorable à la constitution d'un pôle de développement des armes au niveau européen, qui soit fort, innovant et compétitif. Nous l'avons déjà fait dans le domaine spatial.
Vous continuez le développement d'une armée de métier, car la conscription a perdu sa signification dans la France de la fin du XXe siècle. Que conseilleriez-vous à vos amis allemands sur cette question ?
Je n'ai pas de conseils à donner à mes amis allemands. Chacun cherche les solutions qui sont adaptées à sa propre histoire et à ses propres conditions.
Les femmes seront-elles plus fortement intégrées grâce à une armée de métier ?
30 000 femmes servent dans l'armée française, ce qui représente 12 % des effectifs et 7 % des officiers. Un cinquième des recrues en 2002 étaient des femmes et la tendance est en hausse. Les femmes ont accès à toutes les fonctions militaires, et à toutes les perspectives. Le ministre de la Défense en est un bon exemple.
Vous n'êtes pas particulièrement une féministe déclarée. L'armée est encore dominée par les hommes. Etes-vous, entant que femme sur le banc d'essai ?
Je ne me fais pas de souci sur ce point. Ce sont les hommes qui sont au banc d'essai.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 2 octobre 2003)
Après avoir fait cavalier seul en Irak et après les désaccords consécutifs qui sont apparus avec la France et l'Allemagne, les Etats-Unis demandent maintenant l'aide à l'Europe. Existe-t-il encore une coopération entre les Etats-Unis et l'Europe dans le domaine de la défense ?
Michèle Alliot-Marie :
Le fait même de n'avoir pas toujours la même vision du monde ne signifie pas qu'il n'y ait pas de coopération particulière entre l'Europe et les Etats-Unis ; nous avons déjà surmonté de telles divergences d'opinion. La mise en place d'une défense commune européenne n'est possible que dans le cadre d'une coopération, pas dans celui d'un esprit d'opposition ou de dépendance. En ce qui concerne l'Irak, tous les Etats européens veulent aider la coalition à surmonter la situation actuelle. Et ils veulent aider les Irakiens à devenir le plus rapidement possible les maîtres de leur destin. La France est convaincue, comme l'Allemagne, que cela doit se passer dans un processus clairement défini et clairement fixé dans le cadre du droit international.
Sous quelles conditions la France s'engagera-t-elle en Irak?
Pour la France, il est important de passer d'une logique sécuritaire à une logique politique qui permette à l'Irak de retrouver rapidement sa souveraineté sous l'égide de la communauté internationale. La France a toujours déclaré que sa participation ne pourrait s'envisager que dans le cadre des Nations unies, fondée sur un mandat précis du Conseil de sécurité et bénéficiant du soutien de l'ensemble de la communauté internationale.
Quel rôle La communauté de défense européenne jouera-t-elle à l'avenir?
Face à l'augmentation des risques, la solidarité atlantique reste déterminante pour notre sécurité. Notre engagement commun contre le terrorisme, notre contribution solidaire à des actions de stabilisation comme dans les Balkans ou en Afghanistan en sont les illustrations les plus marquantes.
L'Europe doit pouvoir agir de manière autonome là où l'OTAN ne veut, ou ne peut pas le faire. Cela a été éprouvé en Macédoine et, plus récemment, au Congo. Tout se passe en accord et solidairement avec nos alliés.
En ce qui concerne le Corps européen, fondé en 1995, est le symbole de l'amitié franco-allemande. La structure de défense européenne ne s'éparpille-t-elle pas ?
Au contraire, le Corps européen a donné le coup d'envoi de la communauté de défense européenne. Il a par ailleurs fait ses preuves en 1998 par exemple lorsqu'il a constitué le noyau de l'état-major de la KFOR au Kosovo. L'Eurocorps est un élément important de la future capacité de réaction rapide européenne.
Les différents Etats doivent-ils abandonner plus de leur souveraineté pour renforcer l'Europe sur la politique de sécurité?
Dans leur quête d'une meilleure efficacité chacun des pays européens vise à compléter sa propre force d'action. Il ne peut être question de renoncer à la souveraineté, car chacun décide librement de sa contribution.
Aurons-nous bientôt besoin d'un ministre européen de la défense ?
Il faudra encore beaucoup de temps avant d'en arriver là. La communauté de Défense européenne est clairement positionnée dans un cadre national. Il n'y a pas de logique institutionnelle qui mène à un ministère européen de la Défense. Nous souhaitons que le Traité de l'Union Européenne permette une coopération renforcée et intègre une clause de solidarité.
Avons-nous en Europe besoin de plus de coopération en matière d'armement ?
Indéniablement, et c'est la raison pour laquelle la France est favorable à la constitution d'un pôle de développement des armes au niveau européen, qui soit fort, innovant et compétitif. Nous l'avons déjà fait dans le domaine spatial.
Vous continuez le développement d'une armée de métier, car la conscription a perdu sa signification dans la France de la fin du XXe siècle. Que conseilleriez-vous à vos amis allemands sur cette question ?
Je n'ai pas de conseils à donner à mes amis allemands. Chacun cherche les solutions qui sont adaptées à sa propre histoire et à ses propres conditions.
Les femmes seront-elles plus fortement intégrées grâce à une armée de métier ?
30 000 femmes servent dans l'armée française, ce qui représente 12 % des effectifs et 7 % des officiers. Un cinquième des recrues en 2002 étaient des femmes et la tendance est en hausse. Les femmes ont accès à toutes les fonctions militaires, et à toutes les perspectives. Le ministre de la Défense en est un bon exemple.
Vous n'êtes pas particulièrement une féministe déclarée. L'armée est encore dominée par les hommes. Etes-vous, entant que femme sur le banc d'essai ?
Je ne me fais pas de souci sur ce point. Ce sont les hommes qui sont au banc d'essai.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 2 octobre 2003)