Déclaration de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les orientations de la politique de coopération avec le Togo, Lomé le 10 juillet 2000.

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Circonstance : Sommet de l'OUA à Lomé (Togo) du 10 au 12 juillet 2000-intervention devant la communauté française le 10

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Merci Monsieur l'Ambassadeur pour avoir organisé cette rencontre qui me permet, ce soir, de vous saluer. Pardon pour ce retard. Ne vous excusez pas de l'agenda trop chargé, c'est toujours comme cela. Il y a une sorte de complicité entre l'ambassadeur et les conseillers techniques pour instrumentaliser totalement le ministre qui n'a pas beaucoup de marge de manuvre. Si s'y ajoute, comme aujourd'hui - non, je le dis avec un peu d'humour, rassurez-vous - quelques dérapages dans l'organisation de la manifestation, puisque nous avons réussi à sortir à quatre heures cet après-midi de la salle où se tenait la réunion, on comprendra qu'un ministre délégué et sa délégation doivent savoir s'adapter aux circonstances.
Bienvenue en tout cas, ce soir, ici, dans cette résidence que je retrouve avec plaisir. Je l'avais découverte lors du voyage du président de la République, M. Jacques Chirac, et nous avions, je m'en souviens encore, j'en faisais rappel à M. l'Ambassadeur, fait une réunion de travail très sérieuse, très longue, très tendue aussi avec l'ensemble des acteurs politiques de la vie togolaise en présence d'ailleurs des facilitateurs dont Bernard Stasi qui, comme vous le savez, représente la France dans ce processus de réconciliation de dialogue national.
C'est la troisième fois que j'assiste à un Sommet de l'Organisation de l'unité africaine. La première fois, c'était à Ouagadougou, l'an dernier à Alger, et donc cette fois, Lomé. C'est en train de devenir, en quelque sorte, une tradition pour le ministre délégué. Il faut y voir la volonté de la France de s'impliquer dans la vie de l'Afrique tant et si bien que le Sommet de l'OUA est devenu, de son côté, un rendez-vous important où nous pouvons rencontrer, et nous l'avons fait ce matin et cet après-midi, un certain nombre de nos interlocuteurs africains.
Je voudrais saluer la présence, à mes côtés, d'Yves Tavernier, député de l'Essonne, membre du Haut Conseil de Coopération internationale, rapporteur à la Commission des finances, du budget et des Affaires étrangères. C'est dire qu'il s'agit là d'un homme tout à fait considérable surtout à cause de son dernier mandat ; j'insiste, car je fus, il y a quelques années, moi aussi, rapporteur au budget des Affaires étrangères, c'est dire s'il autorise de grandes perspectives de carrière.
C'est pour moi l'occasion, aussi, et je voudrais en profiter sans vouloir aggraver mon cas, puisque je vous ai déjà fait beaucoup attendre, vous rappeler aussi, pour prévenir les questions que vous voudriez me poser, parler des orientations de notre politique de coopération avec le Togo ; d'abord, accompagner le Togo dans la consolidation d'un Etat de droit sans lequel, selon nous, les conditions de développement ne sont pas réussies. Et, à cet égard, nous suivons avec attention, les développements de l'Accord de Lomé du 29 juillet 1999 qui bénéficie de l'appui des facilitateurs de l'Union européenne, j'en disais un mot à l'instant, mais aussi de l'Organisation internationale de la Francophonie. Nous fondons de grands espoirs dans le débat actuellement en cours et qui devrait permettre le retour à une démocratie apaisée, je pense avoir cette occasion de m'en entretenir, demain, avec le président Eyadema.
Nos efforts, en ce qui concerne la consolidation de l'Etat de droit s'expriment en particulier dans ce que nous appelons l'appui institutionnel. Il s'agit, pour mémoire, de l'appui à l'Etat togolais dans la mise en uvre d'une administration plus efficiente, y compris en matière de police ; nous faisons de la formation de personnel d'appui à l'intégration urbaine, mais aussi de soutien aux administrations économiques, financières ou fiscales.
Je veux souligner l'importance de la coopération décentralisée qui, en encourageant les prises de responsabilité sur le terrain, nous paraît primordial pour apprivoiser la démocratie locale, donc la démocratie. Et je me plais à observer que 55 opération, 16 jumelages organisent les relations entre les collectivités locales françaises et togolaises. C'est un bilan déjà important mais qui, j'en suis convaincu, peut encore se développer. Mais vous savez que nous avons fait de cette coopération décentralisée une priorité de la politique française en matière de coopération. Un second point fort de notre coopération, c'est l'appui aux populations les plus défavorisées : un fond social de développement de 800 millions de FCFA a été alloué par le ministère des Affaires étrangères en décembre dernier pour des projets sociaux destinés précisément à lutter contre la pauvreté et nous avons prévu, pour cette année, la mise en place, au titre du fond de solidarité prioritaire, nouvelle appellation du FAC que certains d'entre vous connaissent bien, un crédit d'un milliard et demi de FCFA pour des projets analogues. L'Agence française de développent, de son côté, outre un fond d'études de projets de 500 millions FCFA, instruit actuellement des opérations dans le secteur de la santé et du soutien à l'activité artisanale pour un montant comparable.
Je ne veux pas terminer ce bref tour d'horizon de notre coopération sans rendre un hommage à l'action déterminée menée par les Organisations non gouvernementales. Je mesure que c'est bien leur action qui a permis aux populations togolaises de véritablement s'approprier les projets. Le développement de cette coopération de proximité et particulièrement des services socio-sanitaires a permis, sans nul doute, d'atténuer les effets de la diminution de la chute brutale de croissance en 1998. Cette croissance a repris aujourd'hui, elle démarre, nous en sommes évidemment tous conscients mais elle est encore insuffisante.
Je veux enfin me tourner vers le secteur privé. Je ne méconnais pas les difficultés que vous rencontrez, liées précisément à la baisse des activités économiques. Je sais les efforts que vous déployez. La France reste, vous le savez, le premier investisseur au Togo, nos entreprises sont représentées dans l'ensemble des branches économiques. L'accélération du programme de privatisation a d'ores et déjà offerts de nouvelles opportunités et je note que, membre de l'UEMOA, de la CEDEAO, président actuel, depuis ce matin, de l'Organisation de l'Unité africaine, le Togo fait évidemment partie d'un ensemble régional porteur. L'amélioration de la situation économique, j'en suis convaincu, est au rendez-vous dans le respect des objectifs récemment fixés par le Fonds monétaire international. Est-il besoin de dire que je vous encourage à persévérer, à vous montrer confiants en l'avenir de ce pays. Je suis convaincu qu'avec le processus de dialogue politique engagé depuis un an et surtout après l'organisation des élections législatives, les perspectives seront encore meilleures d'autant que l'aide européenne va devoir à nouveau se déployer et je sais combien elle fait défaut dans la période. La France qui, depuis le 1er juillet, préside aux destinées de l'Union européenne a d'ores et déjà dit sa volonté de convaincre aussi ses partenaires européens de très vite renouer avec le Togo des relations. Les nouveaux Accords de Lomé ont été signés à Cotonou ; vous savez qu'il y a un renouvellement de cette convention qui lie l'Europe et les pays ACP. C'était il y a une dizaine de jours à Cotonou que nous avons signé à nouveau cet accord. Ceux-ci prévoient des moyens importants, je pense singulièrement au Fonds européen de développement dont la France, vous le savez, est le premier partenaire-bailleur de fonds, puisque la France, qui dans les financements européens intervient autour de 18 %, paie en réalité presque le quart du Fonds européen de développement.
Pour terminer, mes chers compatriotes, quelques mots pour confirmer notre souci d'être à votre écoute. Soyez assurés que sous l'autorité de Jean-François Valette, notre ambassadeur, les services de l'Etat sont attentifs à nos préoccupations. Je note, d'ailleurs, que le Comité consulaire pour l'Emploi et la Formation professionnelle vient de prendre ses activités. Il peut donc orienter certains d'entre nous dans leurs démarches et s'agissant du lycée en particulier, je veux vous indiquer que l'Agence pour l'enseignement du français à l'étranger a accepté les propositions de la Commission locale des bourses pour l'année scolaire 2000-2001, soit un effectif de 178 boursiers et que cet effort sera accentué si nécessaire.
Voilà, ce que je voulais vous dire. Un mot simplement de la France où les choses n'y vont pas trop mal ; la bataille pour l'emploi continue de produire de bons résultats. Nous sommes descendus sous la ligne des 10 % de demandeur d'emploi ; ça n'est pas arrivé depuis une bonne dizaine d'années. Les Français semblent se faire assez bien à la cohabitation. Tout le monde semble en profiter d'ailleurs si j'en juge par les résultats que le président de la République, d'une part, et le Premier ministre de l'autre, enregistrent dans les sondages. La présidence européenne va être une occasion pour nous de travailler beaucoup, un peu plus que d'habitude, je parle pour le pôle diplomatique, Affaires étrangères-Coopération. J'espère, en tous cas avoir l'occasion de revenir plus longuement cette fois pour une rencontre, comme on dit, bilatérale, qui sera pour moi l'occasion de consolider, de mettre à plat déjà, et d'impulser un peu, d'avantage encore, notre coopération avec ce pays ami et partenaire.
Voilà, merci beaucoup, pardon encore pour ce retard et avec votre permission surtout avec l'aide de Monsieur l'Ambassadeur, je vais essayer de vous saluer, si vous le voulez bien. Pardon d'abord si je n'arrive pas à vous saluer tous. Merci./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 août 2000).