Texte intégral
Avant de nous séparer pour le déjeuner, je voudrai faire trois remarques. La première c'est qu'à Paris, aujourd'hui, c'est vraiment toute l'Afrique qui est rassemblée. C'est la première fois que dans le cadre des rencontres entre l'Afrique et la France, autant de pays africains sont au rendez-vous et nous nous en félicitons. Une Afrique qui offre un paysage contrasté et tourmenté, avec ici, des images de souffrances, de désespoir - la question des réfugiés, nous le savons, est omniprésente dans beaucoup de pays - et là, heureusement, un certain nombre de signes positifs et je pense aux processus démocratiques qui se sont remis en marche, comme par exemple au Togo, à la Guinée-Bissao, au Niger. Des signes positifs ont été exprimés.
Je comprends l'impatience des pays en guerre, en voyant la lenteur avec laquelle les accords de paix, pourtant signés, se mettent en application. Je peux vous rappeler notre volonté, je crois qu'elle est commune, d'appuyer ces processus de paix, considérant que c'est tout de même la seule manière de mettre fin durablement aux souffrances des populations qui sont d'abord des populations civiles.
Ma deuxième observation, c'est que cette rencontre intervient au lendemain de la réunion de Seattle et s'il est vrai que l'on a pu rappeler que l'échec de Seattle était celui d'une relation Europe-Amérique insuffisamment achevée, parachevée, on a pu dire aussi que c'était l'échec de la relation Nord-Sud et que le manque d'implication des pays en développement dans la préparation de Seattle portait en lui, en quelque sorte, l'échec de cette conférence. Nous souhaitons que Paris soit un peu le contrepoint de Seattle et en tout cas que Bruxelles, où nous allons nous rendre cet après-midi pour la négociation des accords ACP soit le contrepoint de Seattle et que l'on fasse la preuve qu'avec une implication forte des pays en développement, on peut conclure et décider d'une relation privilégiée entre le Nord et le Sud, comme les accords de Lomé en offrent le témoignage.
Une dernière observation : à Seattle, la présence de la société civile a été considérable, une société civile qui a fait la preuve qu'elle s'est mondialisée, extraordinairement servie par les médias, mais dont on sait bien, désormais, qu'elle va peser très lourdement sur le cours du monde, même si cette société civile dissimule mal beaucoup d'ambiguïtés, nous le savons bien. J'observe simplement que cette société civile peut être, ou le partenaire des Etats ou l'adversaire des Etats. Cela dépend en partie de nous mais je crois qu'il faut que l'on se donne pour ambition, là aussi, de tenir compte, peut-être mieux, de cette société civile, se souvenir qu'elle est extraordinairement attentive bien sûr aux questions dont nous avons débattu aujourd'hui, sans toutefois être convenablement informée des réalités politiques d'un certain nombre de conflits. Et la dialogue avec la société civile, c'est aussi de la rendre mieux informée parfois de certaines réalités.
Je souhaite que le prochain sommet, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères du Cameroun, autour du thème de la mondialisation, soit peut-être aussi l'occasion d'évoquer cette présence, très forte au Nord, incontestablement, de la société civile que j'évoquais à l'instant, qui commence sans doute à se structurer au Sud, mais avec laquelle le dialogue me paraît devoir être resserré.
En tout cas, merci à chacune et chacun d'entre vous et je forme le voeu bien sûr que notre échange de ce matin servira la cause de la sécurité et de la paix sur le continent africain et que nous aurons ainsi, insuffisamment sans doute mais concrètement, servi la cause de la paix. Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 décembre 1999)
Je comprends l'impatience des pays en guerre, en voyant la lenteur avec laquelle les accords de paix, pourtant signés, se mettent en application. Je peux vous rappeler notre volonté, je crois qu'elle est commune, d'appuyer ces processus de paix, considérant que c'est tout de même la seule manière de mettre fin durablement aux souffrances des populations qui sont d'abord des populations civiles.
Ma deuxième observation, c'est que cette rencontre intervient au lendemain de la réunion de Seattle et s'il est vrai que l'on a pu rappeler que l'échec de Seattle était celui d'une relation Europe-Amérique insuffisamment achevée, parachevée, on a pu dire aussi que c'était l'échec de la relation Nord-Sud et que le manque d'implication des pays en développement dans la préparation de Seattle portait en lui, en quelque sorte, l'échec de cette conférence. Nous souhaitons que Paris soit un peu le contrepoint de Seattle et en tout cas que Bruxelles, où nous allons nous rendre cet après-midi pour la négociation des accords ACP soit le contrepoint de Seattle et que l'on fasse la preuve qu'avec une implication forte des pays en développement, on peut conclure et décider d'une relation privilégiée entre le Nord et le Sud, comme les accords de Lomé en offrent le témoignage.
Une dernière observation : à Seattle, la présence de la société civile a été considérable, une société civile qui a fait la preuve qu'elle s'est mondialisée, extraordinairement servie par les médias, mais dont on sait bien, désormais, qu'elle va peser très lourdement sur le cours du monde, même si cette société civile dissimule mal beaucoup d'ambiguïtés, nous le savons bien. J'observe simplement que cette société civile peut être, ou le partenaire des Etats ou l'adversaire des Etats. Cela dépend en partie de nous mais je crois qu'il faut que l'on se donne pour ambition, là aussi, de tenir compte, peut-être mieux, de cette société civile, se souvenir qu'elle est extraordinairement attentive bien sûr aux questions dont nous avons débattu aujourd'hui, sans toutefois être convenablement informée des réalités politiques d'un certain nombre de conflits. Et la dialogue avec la société civile, c'est aussi de la rendre mieux informée parfois de certaines réalités.
Je souhaite que le prochain sommet, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères du Cameroun, autour du thème de la mondialisation, soit peut-être aussi l'occasion d'évoquer cette présence, très forte au Nord, incontestablement, de la société civile que j'évoquais à l'instant, qui commence sans doute à se structurer au Sud, mais avec laquelle le dialogue me paraît devoir être resserré.
En tout cas, merci à chacune et chacun d'entre vous et je forme le voeu bien sûr que notre échange de ce matin servira la cause de la sécurité et de la paix sur le continent africain et que nous aurons ainsi, insuffisamment sans doute mais concrètement, servi la cause de la paix. Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 décembre 1999)