Texte intégral
Monsieur le président,
Monsieur le préfet,
Monsieur le président d'ASF,
Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
C'est à une cérémonie tout à fait particulière que nous sommes conviés aujourd'hui. En inaugurant le contournement de Cahors par l'autoroute A20, c'est en réalité l'achèvement de la liaison autoroutière Paris-Toulouse par Orléans et Limoges que nous fêtons.
J'en suis particulièrement ému d'autant plus que je n'y suis pour rien. Ainsi d'ailleurs se vérifie une nouvelle fois la règle qui veut qu'un ministre de l'Équipement n'inaugure que ce que ces prédécesseurs ont lancé !
Je souhaite donc d'emblée rendre hommage, si vous me le permettez, à mes prédécesseurs et en particulier à Pierre MEHAIGNERIE qui a aura donnée, il y a une quinzaine d'années, l'impulsion décisive à ce programme. Il aurait, je crois, j'en suis sûr, aimé être parmi nous aujourd'hui. Cette inauguration concrétise près de 10 ans d'études et de travaux d'aménagements sur l'ensemble de l'itinéraire parcouru par l'autoroute A20.
Cette autoroute a pour ambition de constituer une alternative aux itinéraires de transit traditionnels, historiques : l'A10 à l'ouest, l'A6 et l'A7 par la vallée du Rhône à l'est.
Elle a bien sûr pour fonction de contribuer au désenclavement du centre de la France, d'améliorer la desserte de territoires demeurés à l'écart des réseaux rapides. C'est une autoroute d'aménagement du territoire !
Le contournement de Cahors fait partie intégrante de l'ensemble Brive-Montauban concédé à la société des Autoroutes du Sud de la France (ASF) en février 1992 et
déclarée d'utilité publique en mai 1994.
Longue de 130 km, la partie concédée de l'autoroute A20 a été découpée pour les besoins de la programmation et du financement en quatre sections :
- Cahors-Montauban (40,5 km), qui a été mise en service en premier le 10
juillet 1998 ;
- Brive-Souillac (22,2 km), ouverte à la circulation le 5 février 1999 ;
Souillac-Cahors (46 km) terminée depuis le 12 juillet 2001.
La mise en service de ces 22 derniers kilomètres fait ainsi "sauter" le bouchon de Cahors bien connus lors des grands chassés-croisés des vacances. De ce point de vue, à quelques encablures des grandes vacances, je comprends mieux votre impatience. Les usagers de l'axe Paris-Toulouse pourront circuler en toute quiétude.
C'est que le trafic sur l'autoroute A20 n'a cessé de croître au fur et à mesure des mises en services et cette montée en puissance témoigne de son attractivité croissante. A titre d'exemple, entre l'été 2001 et 2002, le trafic au nord de Cahors a augmenté de plus de 17% ! En moyenne, le niveau de trafic affiche déjà 10 000 véh/j entre Cahors et Souillac et 15 000 entre Montauban et Caussade.
Avec la mise en service de la dernière section nous devrions enregistrer une hausse de trafic de l'ordre de 15%.
Je souhaiterais développer avec vous, Mesdames, Messieurs, quelques grands thèmes que suscite la mise en service de cette section.
D'abord l'environnement. Je ne voudrais pas en effet manquer cette occasion pour souligner que nos autoroutes sont aujourd'hui beaucoup plus respectueuses de l'environnement que par le passé. Que des progrès considérables ont été effectués au cours des dix dernières années.
Il est maintenant loin le temps où l'important était de "dérouler son ruban de bitume" sans se soucier de rien d'autres.
Nos concitoyens, depuis maintenant 25 à 30 ans, ne se satisfont plus de cela nous le savons bien. Notre société demande aux concepteurs tout à la fois de les associer, de les faire "participants" à l'acte de construire mais aussi, bien évidemment, de faire en sorte que le projet ait le minimum d'impact : sur la faune et la flore, sur le bruit, sur l'eau, sur la pollution. Que son intégration dans les paysages soit exemplaire.
Nous devons ainsi sans cesse améliorer notre façon d'appréhender la conception des projets car encore une fois les attentes de la société évoluent, les techniques évoluent, les frontières du savoir reculent.
L'exemple de cette autoroute, de ce contournement de Cahors, est là pour en témoigner concrètement et simplement.
Les nombreuses contraintes d'environnement et d'insertion dans le paysage ont été autant de défis que la société ASF a su relever avec efficacité et professionnalisme. Nous sommes là tous aujourd'hui pour le constater et, même si un prix spécial du jury lui a déjà été décerné à l'occasion des rubans d'or 2002, je tiens à féliciter la société ASF pour la qualité de l'intégration de cette autoroute dans le paysage, le respect de l'environnement et la pureté architecturale de ses ouvrages d'art.
L'A20 aux abords de Cahors traverse des paysages d'exception : collines boisées, combes fertiles, prairies, landes à genévriers. Les aménagements paysagers ont tenu compte de l'ambiance propre à ces causses afin de s'y inscrire harmonieusement et redonner à l'ensemble toute sa cohérence. Le tracé épouse le paysage en particulier à proximité des zones sensibles.
Ainsi, le hameau de Constans, sur la commune de Valroufié, avait été identifié au cours de l'enquête d'utilité publique comme un passage sensible nécessitant une protection spéciale - ici une tranchée couverte longue de 375 m.
De même, la tranchée couverte de la Garenne apparaît dans la continuité du viaduc du Lot en rive gauche. Cette solution enterrée a permis de dissimuler le passage de l'autoroute dans le périmètre de protection du château d'Arcambal, et permet une reconstitution à l'identique du versant de la vallée du Lot.
Ces deux exemples vous montrent, je crois, tout le soin retenu pour insérer
l'ouvrage dans le paysage.
Le tracé nous offre aussi de magnifiques points de vue. Le franchissement du Lot, avec son viaduc très réussi, en témoigne. Au plan archéologique, la construction du contournement de Cahors aura permis de révéler plusieurs sites scientifiquement intéressants. J'ai compris qu'on avait mis à jour une partie de l'aqueduc gallo-romain Divona ainsi que des nécropoles de l'âge de fer.
Il est certain que les aménageurs tout à leur affaire ont une tendance naturelle à "râler" contre ces contraintes archéologiques car cela chamboulent leurs échéanciers. Mais il est vrai, qu'une fois l'ouvrage réalisé nous sommes heureux d'avoir pu préserver les traces de notre histoire pour mieux la comprendre.
Si la conception doit prendre en compte les contraintes sur l'environnement elle ne doit pas non plus laisser à la marge les questions de sécurité et d'exploitation
C'est mon second thème.
L'achèvement de l'autoroute A20 aujourd'hui, de la route des Estuaires en début d'année, soulignent chacune à leur manière que les gestionnaires de réseaux, au-delà de leur savoir-faire dans la conception et la construction, doivent dorénavant aussi user de tout leur talent d'exploitant. D'ailleurs, au fur et à mesure de l'achèvement de leur programme, les sociétés concessionnaires voient leur rôle d'exploitant d'autoroutes prendre une place de plus en plus importante. C'est en quelque sorte, pour elles, l'entrée dans une nouvelle ère.
L'A20, c'est une maille de plus dans un réseau autoroutier qui se complète et où les enjeux à l'avenir résideront de plus en plus dans la qualité et la cohérence d'une exploitation d'ensemble. Nos concitoyens, nous le voyons bien, sont déjà et le seront à l'évidence encore plus exigeant sur le service rendu. Les gestionnaires de la "route" que sont les sociétés concessionnaires, les collectivités locales et l'État doivent ainsi améliorer sans cesse la gestion globale du trafic, notamment en période de crise, et apporter un meilleur service aux usagers, en particulier sur l'information routière en temps réel. L'expérience des inondations de l'automne 2002 mais aussi de la neige en janvier dernier ont montré à quel point la clé du succès d'une gestion de crise se trouve finalement dans la qualité de coordination des acteurs et de leurs décisions.
Aujourd'hui, alors que la sécurité routière est une priorité nationale et que les investissements consacrés aux aménagements des autoroutes en service représentent plus de la moitié des investissements globaux des sociétés concessionnaires, il me faut souligner les enjeux que représente pour ASF mais également pour l'ensemble des sociétés concessionnaires, l'exploitation d'une autoroute comme celle que nous inaugurons aujourd'hui.
Les autoroutes concédées de par leur rôle éminemment structurant au sein du réseau routier, comme une vitrine de nos savoir-faire, doivent être exemplaires et servir, autant que possible, de champ d'expérimentation et d'innovation dans le domaine de l'information, de la sécurité et, plus généralement, dans tous les domaines qui touchent de près ou de loin à l'exploitation mais aussi au développement durable et la protection des riverains.
Aussi, il ne faut pas hésiter à s'adapter à ces nouveaux enjeux et en tirer les conséquences sur les contrats de concession. Une réflexion est engagée et je suis déterminé a la faire aboutir notamment depuis les évènements de ce début d'année liés à la neige.
Ces dix dernières années, il est vrai que le monde autoroutier n'est pas resté figé ; il s'est au contraire profondément modifié. La fin de l'adossement a coïncidé avec une ouverture résolue à la concurrence pour l'attribution des nouveaux tronçons.
Elle-même a suscité une réflexion sur la nécessaire modernisation des sociétés publiques pour les mettre sur un pied d'égalité avec les nouveaux intervenants du
secteur privé.
La réforme autoroutière est ainsi allée dans le sens d'une plus grande autonomie, imposant cependant en retour une plus grande responsabilisation.
Si l'exploitation est un enjeu majeur pour les sociétés concessionnaires d'autoroutes pour les 20 prochaines années, et si la France ne connaît plus aujourd'hui un rythme de construction d'autoroutes aussi élevé que dans les années 90, il reste tout de même beaucoup à faire pour achever le schéma autoroutier, comme en témoigne le récent débat parlementaire.
Je me limiterai à rappeler les projets qui peuvent directement ou indirectement intéresser le Lot. Il s'agit pour l'essentiel de l'achèvement de l'importante liaison transversale A89 Bordeaux-Clermont-Ferrand dont ASF a la charge. Je parle
sous le contrôle de président VAL.
En Dordogne l'année 2004 verra plusieurs mises en service entre Mussidan et Thenon. En Corrèze, signalons qu'avec l'ouverture en février de la section A20 - Tulle-Est, un ensemble d'un seul tenant de plus de 100 km au plein coeur du massif central en direction de Clermont-Ferrand est maintenant offert aux usagers. L'achèvement de l'A89 entre Bordeaux et Clermont-Ferrand est prévu en 2006-2007.
Comme vous le voyez, le désenclavement autoroutier de Cahors et du Lot s'organise.
Les autoroutes continuent de répondre aux objectifs de désenclavement et d'aménagement du territoire et votre société, Monsieur le président d'ASF, reste un acteur essentiel de cet avenir que nous construisons ensemble.
Au-delà des autoroutes, vous êtes aussi sensibles à l'amélioration du réseau routier. Amélioration qu'il faut maintenant envisager avec l'A20, cette artère principale.
A ce titre, plusieurs opérations sont menées dans le contrat de plan en partenariat avec le Conseil régional et Conseil général comme les déviations de Gramat et de Figeac. Pour la première les travaux sont lancés ; pour la seconde, ce sera chose faite en 2004.
Sur la RN20, qui aura supporté tout le poids du trafic dans l'attente de l'autoroute, diverses opérations de sécurité sont par ailleurs prévues. Elles se situent à des degrés divers d'avancement et leur réalisation s'échelonnera sur les prochaines années.
Le désenclavement du Lot passe aussi par une amélioration du réseau ferroviaire,
de l'offre ferroviaire. Je pense à cet égard au POLT.
Ce projet a fait couler beaucoup d'encre.
D'ailleurs, nombreux sont ceux qui ont pensé qu'au travers de l'audit sur les grands projets d'infrastructures de transports, ce projet avait été "enterré". Je souhaite ici rappeler que le gouvernement n'entend pas l'abandonner. L'amélioration de la ligne est une nécessité et elle se fera. S'agissant du matériel
roulant, second volet du projet, les surcoûts annoncés par la SNCF doivent nous
inciter à nous reposer les bonnes questions. Il faut rester pragmatique, se
concentrer sur les objectifs, comprendre ces surcoûts, et essayer de les réduire
avec les différents partenaires et les industriels.
Je ne peux terminer ce discours sans exprimer ma gratitude et ma reconnaissance aux acteurs publics ou privés -la société ASF, les bureaux d'études, les entreprises et les architectes- qui ont contribués à faire de ce chantier une réussite technique. Je salue la constance de leurs efforts et l'importance de leurs contributions. Encore une fois, cette qualité de l'insertion de nos infrastructures est essentielle, car c'est aussi avec l'autoroute que nous partons à la découverte de nos terroirs. La "beauté" de l'autoroute doit aller de pair avec celle des paysages.
Qu'ils soient chaleureusement remerciés.
Je crois enfin utile de rappeler aux élus ici présent qu'ils bénéficient avec cette autoroute d'un formidable outil, d'un atout, au service du développement économique de leurs territoires. Je ne doute pas qu'ils sauront en tirer le meilleur profit pour leurs administrés. L'A20 doit être aussi une invitation pour partir à la découverte des richesses de ce beau département. Là encore, vous tenez une carte maîtresse pour le développement touristique.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 27 juin 2003)