Texte intégral
C. Delay-. La CGT, qui n'a pas obtenu l'organisation d'un débat télévisé avec J.-P. Raffarin, lui répond ce matin, dans une lettre ouverte de B. Thibault, publiée par plusieurs quotidiens. "Votre projet de réforme des retraites n'est ni juste ni équitable", écrivez-vous. Vous demandez la réouverture des négociations, alors que vous savez très bien que le Gouvernement ne renoncera pas à son projet.
- "Qu'il renonce ou pas, c'est une chose. La demande, très majoritaire dans le pays - vous avez vu qu'une enquête d'opinion, parue hier, le montrait avec beaucoup de force -, une grande majorité de nos concitoyens considère que le Gouvernement devrait accepter le principe de réouverture des discussions sur son projet de loi."
Quand vous dites "grande majorité", cela dépend des sondages : entre 50 et 60 % selon les instituts...
- "Les questions des différents organismes portaient sur des angles différents. Certains questionnaient les Français sur les actions menées en ce moment, une majorité s'y déclare plutôt favorable ; un autre sondage enquêtait sur le taux de sympathie à l'égard du mouvement et c'est plus de 66 % des Français qui déclarent leur sympathie ou leur soutien vis-à-vis de ce mouvement... Et il y a 71 % des Français, 75 % des salariés, qui souhaitent que le Gouvernement soit retire son projet, soit accepte de rediscuter de son projet."
Est-ce que vous ne prenez quand même pas un risque en menaçant de rempiler, jeudi 12 et dimanche 15 ? Le risque est que l'opinion publique se retourne en votre défaveur...
- "Je viens de vous montrer que c'était l'inverse..."
Mais vous avez entendu, comme moi, les gens qui commençaient quand même à en avoir un petit peu ras-le-bol des perturbations dans les transports en commun, des enfants qui ne vont plus à l'école... C'est quand même très sensible.
- "Je le conçois aisément. C'est la raison pour laquelle il est d'autant plus remarquable que, malgré la gêne occasionnée par des mouvements de grève - un mouvement de grève ne se décrète jamais par plaisir, les salariés qui le décident ne le font pas par plaisir de faire grève... Les enjeux sont importants, il s'agit de l'avenir de nos retraites, de la vie des salariés sur plusieurs décennies. On ne peut pas décemment délibérer sur un projet de loi, avec la méthode qu'a utilisée le Gouvernement."
On a vraiment l'impression, quand même, qu'il y a une exception française, que toute réforme chez nous est impossible, qu'elle se fait toujours dans le drame ?
- "Pas du tout. La meilleure des démonstrations est le fait de savoir qu'en ce moment-même, en Autriche, des grèves importantes se développent, là aussi sur la question de l'avenir des retraites dans ce pays. En Italie, se préparent des actions syndicales importantes, parce que le gouvernement italien, lui aussi, propose des mesures néfastes pour les salariés. Au Portugal et en Allemagne, c'est aussi une question à l'ordre du jour. Il ne faut pas croire qu'il n'y a qu'en France que l'avenir de la protection sociale en général, de la retraite en particulier, soit l'objet de polémiques ou aussi de mobilisations syndicales, lorsque c'est nécessaire."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 juin 2003)
- "Qu'il renonce ou pas, c'est une chose. La demande, très majoritaire dans le pays - vous avez vu qu'une enquête d'opinion, parue hier, le montrait avec beaucoup de force -, une grande majorité de nos concitoyens considère que le Gouvernement devrait accepter le principe de réouverture des discussions sur son projet de loi."
Quand vous dites "grande majorité", cela dépend des sondages : entre 50 et 60 % selon les instituts...
- "Les questions des différents organismes portaient sur des angles différents. Certains questionnaient les Français sur les actions menées en ce moment, une majorité s'y déclare plutôt favorable ; un autre sondage enquêtait sur le taux de sympathie à l'égard du mouvement et c'est plus de 66 % des Français qui déclarent leur sympathie ou leur soutien vis-à-vis de ce mouvement... Et il y a 71 % des Français, 75 % des salariés, qui souhaitent que le Gouvernement soit retire son projet, soit accepte de rediscuter de son projet."
Est-ce que vous ne prenez quand même pas un risque en menaçant de rempiler, jeudi 12 et dimanche 15 ? Le risque est que l'opinion publique se retourne en votre défaveur...
- "Je viens de vous montrer que c'était l'inverse..."
Mais vous avez entendu, comme moi, les gens qui commençaient quand même à en avoir un petit peu ras-le-bol des perturbations dans les transports en commun, des enfants qui ne vont plus à l'école... C'est quand même très sensible.
- "Je le conçois aisément. C'est la raison pour laquelle il est d'autant plus remarquable que, malgré la gêne occasionnée par des mouvements de grève - un mouvement de grève ne se décrète jamais par plaisir, les salariés qui le décident ne le font pas par plaisir de faire grève... Les enjeux sont importants, il s'agit de l'avenir de nos retraites, de la vie des salariés sur plusieurs décennies. On ne peut pas décemment délibérer sur un projet de loi, avec la méthode qu'a utilisée le Gouvernement."
On a vraiment l'impression, quand même, qu'il y a une exception française, que toute réforme chez nous est impossible, qu'elle se fait toujours dans le drame ?
- "Pas du tout. La meilleure des démonstrations est le fait de savoir qu'en ce moment-même, en Autriche, des grèves importantes se développent, là aussi sur la question de l'avenir des retraites dans ce pays. En Italie, se préparent des actions syndicales importantes, parce que le gouvernement italien, lui aussi, propose des mesures néfastes pour les salariés. Au Portugal et en Allemagne, c'est aussi une question à l'ordre du jour. Il ne faut pas croire qu'il n'y a qu'en France que l'avenir de la protection sociale en général, de la retraite en particulier, soit l'objet de polémiques ou aussi de mobilisations syndicales, lorsque c'est nécessaire."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 juin 2003)