Texte intégral
R. Sicard-. Le débat au Parlement sur les retraites bat son plein - il traîne même en longueur - et c'est le moment que J.-P. Raffarin a choisi pour adresser une lettre aux Français dans laquelle il leur explique que cette réforme est indispensable. Sur ce point, il raison : cette réforme, il la fallait - en tout cas, il fallait une réforme.
- "Bien sûr qu'il fallait une réforme pour assurer le système par répartition mais une réforme qui visait à assurer la retraite à 60 ans à taux plein. Or cette réforme, en fait, va demander aux salariés de travailler plus longtemps pour gagner moins. C'est une réforme qui tourne le dos à une avancée de civilisation. Je crois donc qu'il y avait une solution alternative, nous l'avons proposée - les parlementaires communistes - en modifiant notamment l'assiette de cotisation au niveau des entreprises, en prenant en compte les produits financiers, en modulant cette cotisation selon qu'une entreprise favorise l'emploi ou la Bourse. Ces propositions n'ont pas été prises en compte. Donc, je crois que le Premier ministre gouverne à coups de d'encarts publicitaires. Il ferait mieux d'ouvrir les négociations et d'écouter les propositions alternatives."
Ce n'est pas à l'ordre du jour, mais pour ce qui est de la mobilisation, elle paraissait très forte au début et il semble maintenant qu'elle s'effiloche. Est-ce que l'on est pas à la fin du mouvement ?
- "Beaucoup d'hommes et de femmes se sont mobilisés ; certains ont fait grève. C'est un choix difficile de faire grève. Souvent on parle des difficultés des usagers et on ne pense pas souvent à ceux qui vont perdre une, deux, trois, voire quatre semaines de salaire, parce qu'ils se sont mobilisés pour l'intérêt général. Aujourd'hui, ces salariés trouvent de nouvelles formes d'action, d'autres poursuivent. Je crois que dans les têtes, il n'y a pas d'essoufflement et que, de nouveau, il y aura manifestation de la colère face à ce projet sur les retraites et face à d'autres qui sont annoncés, y compris par le président de la République, concernant la protection sociale"
Pourtant, dimanche, par exemple, il y avait plus de gens dans les rues pour dire "oui" à la réforme que pour dire "non".
- "Il y a eu une mobilisation organisée par la droite, des soutiens à la réforme mais on voit bien qu'à travers les sondages, plus de la moitié des Français demandent l'ouverture de véritables négociations sur la réforme des retraites."
N'y a-t-il pas un certain ras-le-bol avec ces grèves à répétition ?
- "La grève provoque une gêne, bien sûr, mais la grève, c'est toujours le dernier moyen qu'ont les salariés pour se faire entendre. Si ce Gouvernement, il y a deux mois, avait réellement ouvert les négociations pour discuter du contenu de la réforme des retraites, s'il ouvre demain des négociations pour discuter de quelle réforme pour la protection sociale, il n'y aura pas de grève, donc, il n'y aura pas de gêne pour les usagers. La balle est dans le camp du Gouvernement, elle n'est pas dans le camp des grévistes."
Il y a quand même beaucoup d'usagers qui se demandent si le blocage est le seul moyen pour obtenir quelque chose...
- "Le moyen pour obtenir quelque chose, c'est les négociations. Donc, monsieur Raffarin, ouvrez les négociations !"
J.-P. Raffarin a remis l'idée du service minimum ; vous, vous y êtes opposé ?
- "Je crois que vraiment qu'il faut plutôt chercher le dialogue social. Nous avons, en France, des organisations syndicales tout à fait responsables qui veulent faire avancer notre société de l'avant, qui veulent défendre les acquis sociaux de ce pays. Il faut discuter avec ces partenaires sociaux et je pense que tout ce passera bien. On n'a pas besoin, encore une fois, de mettre en place des mesures coercitives. Essayons de promouvoir le dialogue dans ce pays, c'est quand même mieux !"
C'est mieux mais dans l'hypothèse du blocage, pourquoi pas un service minimum ?
- "Je pense que c'est vraiment prendre les choses à l'envers. Essayons de faire en sorte que rien ne provoque ce blocage. Pas de mesure coercitive"
Pour la poursuite du mouvement, les syndicats ne sont pas vraiment d'accord entre eux. Certains sont pour la grève générale - c'est le cas de FO -, d'autres n'y sont pas vraiment favorables. Quel est votre point de vue ?
- "D'abord, c'est l'affaire des syndicats. Mais je pense surtout que rien ne se décide d'en haut. Et ce sont les salariés - on l'a vu pendant tout ce mouvement - qui, tous les jours, dans leurs assemblées, décident de la forme d'action du lendemain. Donc, je ne pense pas que l'on puise décréter d'être pour ou contre la grève générale. Laissons les salariés décider de leur forme d'action. Certains ont reconduit des grèves, d'autres ont pris d'autres formes d'actions. Aujourd'hui, je sais que des syndicats ont lancé une grande pétition populaire en direction des parlementaires. Laissons les syndicats et les salariés choisir leurs formes d'action."
Au Parlement, le débat est extrêmement long sur cette réforme des retraites ; les communistes sont très actifs. La majorité dit qu'il s'agit simplement d'obstruction, pour faire perdre du temps ?
- "Lorsque vous assistez au débat, on s'aperçoit que les députés communistes viennent à chaque fois sur des questions de fond. On discute réellement de la situation des retraites, de ce qu'il faudrait faire pour une véritable réforme progressiste. En face, nous avons des députés de droite qui font de la présence et qui ne viennent pas débattre sur le fond. Ceux qui vraiment font mal au Parlement en ce moment, ce sont ces députés de droite qui sont vraiment là pour faire de la présence au moment des votes mais ne viennent pas défendre ce projet."
Mais toutes ces centaines d'amendements qui se ressemblent pratiquement tous à quelques virgules près, ce n'est pas de l'obstruction ?
- "Le Gouvernement n'a pas donné les moyens que le débat se développe dans l'opinion publique avec les partenaires sociaux. Nous, au Parlement, nous essayons de faire en sorte qu'il y ait enfin un débat que les retraites."
Pensez-vous que le texte peut évoluer ? Pensez-vous que l'action menée au Parlement peut permettre au texte de changer de nature ?
- "On peut toujours espérer qu'enfin, ce Gouvernement et cette majorité de droite va écouter ce qui se passe, écouter ce que pense les Français à travers l'expression des députés, telle que nous la menons, pour présenter une réforme alternative. Mais j'ai assez peu d'espoir compte tenu du comportement de ce Gouvernement, qui, lorsqu'il parle de la France d'en bas, c'est pour la mépriser et pour refuser de l'entendre."
Vous continuez à penser qu'il faut de l'action dans la rue aussi ?
- "La mobilisation est nécessaire. Je crois qu'aujourd'hui, elle ne peut pas séparer l'action politique de l'intervention citoyenne. Nous, les communistes, nous pensons que rien ne peut se passer en politique s'il n'y a pas d'intervention citoyenne."
Le Gouvernement dit que le vrai débat démocratique se fait au Parlement, pas dans la rue.
- "Il y a le moment électoral, il y a des majorités et il y a une opposition, après le moment électoral. Et puis il y a l'intervention des hommes et des femmes. Je ne suis pas ce ceux qui pensent qu'il faudrait que ce soit simplement tous les cinq ans ou tous les six ans que les Français aient le droit d'exprimer. Ils ont aussi le droit de s'exprimer dans le cadre d'une démocratie participative, tous les jours, sur les problèmes qu'ils rencontrent, sur leurs aspirations. C'est notre conception d'une alternative à gauche : pas d'accord de sommet mais au contraire, une intervention des hommes et des femmes pour construire de nouveaux choix politiques."
La réforme va finir par passer au Parlement ; que pourrez-vous faire à ce moment-là ? Est-ce qu'il y aura d'autres actions possibles ou vous direz "voilà, c'est fait" ?
- "On va continuer à agir, les communistes, pour montrer qu'il y avait d'autres solutions. Nous allons nous mobiliser, bien évidemment sur la protection sociale. Une loi est votée, le contraire peut être décidé si d'autres choix politiques prédominent. Je pense donc qu'il ne faut surtout pas arrêter la mobilisation. Peut-être qu'on arrivera à faire en sorte que cette majorité entende un jour les Françaises et les Français. Il ne faut pas se décourager."
Le Gouvernement, lui, a d'autres projets, notamment la réforme de l'assurance-maladie. Pensez-vous qu'un accord peut-être possible ?
- "D'abord, ouvrons le débat. Nous, nous allons proposer une contre-réforme dès le mois de septembre. Il faut refuser une démarche qui serait un peu comme celle des retraites, c'est-à-dire une sorte de minimum garanti au niveau de la santé, et si vous voulez être mieux soigné, bénéficier des médicaments qu'on appelle aujourd'hui des médicament de confort, il faut prendre des assurances privés ou payer plus cher des mutuelles. Nous refusons ce choix. Il faut assurer une véritable protection sociale en France et pour cela, là aussi, il faut peut-être réfléchir à de nouveaux moyens de financer cette protection sociale et peut-être se tourner une nouvelle fois, vers ces produits financiers, vers ces revenus financiers qui sont pour l'instant de l'argent inutile, qui servent en dividendes, en actions et qui ne servent pas au développement de l'économie et du social."
- "Bien sûr qu'il fallait une réforme pour assurer le système par répartition mais une réforme qui visait à assurer la retraite à 60 ans à taux plein. Or cette réforme, en fait, va demander aux salariés de travailler plus longtemps pour gagner moins. C'est une réforme qui tourne le dos à une avancée de civilisation. Je crois donc qu'il y avait une solution alternative, nous l'avons proposée - les parlementaires communistes - en modifiant notamment l'assiette de cotisation au niveau des entreprises, en prenant en compte les produits financiers, en modulant cette cotisation selon qu'une entreprise favorise l'emploi ou la Bourse. Ces propositions n'ont pas été prises en compte. Donc, je crois que le Premier ministre gouverne à coups de d'encarts publicitaires. Il ferait mieux d'ouvrir les négociations et d'écouter les propositions alternatives."
Ce n'est pas à l'ordre du jour, mais pour ce qui est de la mobilisation, elle paraissait très forte au début et il semble maintenant qu'elle s'effiloche. Est-ce que l'on est pas à la fin du mouvement ?
- "Beaucoup d'hommes et de femmes se sont mobilisés ; certains ont fait grève. C'est un choix difficile de faire grève. Souvent on parle des difficultés des usagers et on ne pense pas souvent à ceux qui vont perdre une, deux, trois, voire quatre semaines de salaire, parce qu'ils se sont mobilisés pour l'intérêt général. Aujourd'hui, ces salariés trouvent de nouvelles formes d'action, d'autres poursuivent. Je crois que dans les têtes, il n'y a pas d'essoufflement et que, de nouveau, il y aura manifestation de la colère face à ce projet sur les retraites et face à d'autres qui sont annoncés, y compris par le président de la République, concernant la protection sociale"
Pourtant, dimanche, par exemple, il y avait plus de gens dans les rues pour dire "oui" à la réforme que pour dire "non".
- "Il y a eu une mobilisation organisée par la droite, des soutiens à la réforme mais on voit bien qu'à travers les sondages, plus de la moitié des Français demandent l'ouverture de véritables négociations sur la réforme des retraites."
N'y a-t-il pas un certain ras-le-bol avec ces grèves à répétition ?
- "La grève provoque une gêne, bien sûr, mais la grève, c'est toujours le dernier moyen qu'ont les salariés pour se faire entendre. Si ce Gouvernement, il y a deux mois, avait réellement ouvert les négociations pour discuter du contenu de la réforme des retraites, s'il ouvre demain des négociations pour discuter de quelle réforme pour la protection sociale, il n'y aura pas de grève, donc, il n'y aura pas de gêne pour les usagers. La balle est dans le camp du Gouvernement, elle n'est pas dans le camp des grévistes."
Il y a quand même beaucoup d'usagers qui se demandent si le blocage est le seul moyen pour obtenir quelque chose...
- "Le moyen pour obtenir quelque chose, c'est les négociations. Donc, monsieur Raffarin, ouvrez les négociations !"
J.-P. Raffarin a remis l'idée du service minimum ; vous, vous y êtes opposé ?
- "Je crois que vraiment qu'il faut plutôt chercher le dialogue social. Nous avons, en France, des organisations syndicales tout à fait responsables qui veulent faire avancer notre société de l'avant, qui veulent défendre les acquis sociaux de ce pays. Il faut discuter avec ces partenaires sociaux et je pense que tout ce passera bien. On n'a pas besoin, encore une fois, de mettre en place des mesures coercitives. Essayons de promouvoir le dialogue dans ce pays, c'est quand même mieux !"
C'est mieux mais dans l'hypothèse du blocage, pourquoi pas un service minimum ?
- "Je pense que c'est vraiment prendre les choses à l'envers. Essayons de faire en sorte que rien ne provoque ce blocage. Pas de mesure coercitive"
Pour la poursuite du mouvement, les syndicats ne sont pas vraiment d'accord entre eux. Certains sont pour la grève générale - c'est le cas de FO -, d'autres n'y sont pas vraiment favorables. Quel est votre point de vue ?
- "D'abord, c'est l'affaire des syndicats. Mais je pense surtout que rien ne se décide d'en haut. Et ce sont les salariés - on l'a vu pendant tout ce mouvement - qui, tous les jours, dans leurs assemblées, décident de la forme d'action du lendemain. Donc, je ne pense pas que l'on puise décréter d'être pour ou contre la grève générale. Laissons les salariés décider de leur forme d'action. Certains ont reconduit des grèves, d'autres ont pris d'autres formes d'actions. Aujourd'hui, je sais que des syndicats ont lancé une grande pétition populaire en direction des parlementaires. Laissons les syndicats et les salariés choisir leurs formes d'action."
Au Parlement, le débat est extrêmement long sur cette réforme des retraites ; les communistes sont très actifs. La majorité dit qu'il s'agit simplement d'obstruction, pour faire perdre du temps ?
- "Lorsque vous assistez au débat, on s'aperçoit que les députés communistes viennent à chaque fois sur des questions de fond. On discute réellement de la situation des retraites, de ce qu'il faudrait faire pour une véritable réforme progressiste. En face, nous avons des députés de droite qui font de la présence et qui ne viennent pas débattre sur le fond. Ceux qui vraiment font mal au Parlement en ce moment, ce sont ces députés de droite qui sont vraiment là pour faire de la présence au moment des votes mais ne viennent pas défendre ce projet."
Mais toutes ces centaines d'amendements qui se ressemblent pratiquement tous à quelques virgules près, ce n'est pas de l'obstruction ?
- "Le Gouvernement n'a pas donné les moyens que le débat se développe dans l'opinion publique avec les partenaires sociaux. Nous, au Parlement, nous essayons de faire en sorte qu'il y ait enfin un débat que les retraites."
Pensez-vous que le texte peut évoluer ? Pensez-vous que l'action menée au Parlement peut permettre au texte de changer de nature ?
- "On peut toujours espérer qu'enfin, ce Gouvernement et cette majorité de droite va écouter ce qui se passe, écouter ce que pense les Français à travers l'expression des députés, telle que nous la menons, pour présenter une réforme alternative. Mais j'ai assez peu d'espoir compte tenu du comportement de ce Gouvernement, qui, lorsqu'il parle de la France d'en bas, c'est pour la mépriser et pour refuser de l'entendre."
Vous continuez à penser qu'il faut de l'action dans la rue aussi ?
- "La mobilisation est nécessaire. Je crois qu'aujourd'hui, elle ne peut pas séparer l'action politique de l'intervention citoyenne. Nous, les communistes, nous pensons que rien ne peut se passer en politique s'il n'y a pas d'intervention citoyenne."
Le Gouvernement dit que le vrai débat démocratique se fait au Parlement, pas dans la rue.
- "Il y a le moment électoral, il y a des majorités et il y a une opposition, après le moment électoral. Et puis il y a l'intervention des hommes et des femmes. Je ne suis pas ce ceux qui pensent qu'il faudrait que ce soit simplement tous les cinq ans ou tous les six ans que les Français aient le droit d'exprimer. Ils ont aussi le droit de s'exprimer dans le cadre d'une démocratie participative, tous les jours, sur les problèmes qu'ils rencontrent, sur leurs aspirations. C'est notre conception d'une alternative à gauche : pas d'accord de sommet mais au contraire, une intervention des hommes et des femmes pour construire de nouveaux choix politiques."
La réforme va finir par passer au Parlement ; que pourrez-vous faire à ce moment-là ? Est-ce qu'il y aura d'autres actions possibles ou vous direz "voilà, c'est fait" ?
- "On va continuer à agir, les communistes, pour montrer qu'il y avait d'autres solutions. Nous allons nous mobiliser, bien évidemment sur la protection sociale. Une loi est votée, le contraire peut être décidé si d'autres choix politiques prédominent. Je pense donc qu'il ne faut surtout pas arrêter la mobilisation. Peut-être qu'on arrivera à faire en sorte que cette majorité entende un jour les Françaises et les Français. Il ne faut pas se décourager."
Le Gouvernement, lui, a d'autres projets, notamment la réforme de l'assurance-maladie. Pensez-vous qu'un accord peut-être possible ?
- "D'abord, ouvrons le débat. Nous, nous allons proposer une contre-réforme dès le mois de septembre. Il faut refuser une démarche qui serait un peu comme celle des retraites, c'est-à-dire une sorte de minimum garanti au niveau de la santé, et si vous voulez être mieux soigné, bénéficier des médicaments qu'on appelle aujourd'hui des médicament de confort, il faut prendre des assurances privés ou payer plus cher des mutuelles. Nous refusons ce choix. Il faut assurer une véritable protection sociale en France et pour cela, là aussi, il faut peut-être réfléchir à de nouveaux moyens de financer cette protection sociale et peut-être se tourner une nouvelle fois, vers ces produits financiers, vers ces revenus financiers qui sont pour l'instant de l'argent inutile, qui servent en dividendes, en actions et qui ne servent pas au développement de l'économie et du social."