Texte intégral
Madame la Ministre, chère Benita,
Merci d'abord pour l'accueil que vous avez eu la gentillesse de me faire. C'est un grand honneur pour moi d'être aujourd'hui présent en Autriche, de parler, tout à l'heure, dans l'enceinte du Parlement et de rencontrer le chancelier et le président un peu plus tard.
C'est un honneur et c'est en même temps pour la France un moment important que ce nouveau pas dans l'amitié et la coopération avec l'Autriche. Vous l'avez dit, ce pas sera suivi de nombreux autres puisque des visites ministérielles sont prévues et que nous travaillons d'ores et déjà, à d'autres relations, d'autres perspectives entre nos deux pays.
Les relations entre l'Autriche et la France sont des relations très anciennes et je veux insister sur le fait que pour nous Français, ce sont des relations fortes marquées par l'histoire, par les péripéties de l'histoire, marquées aussi par les liens très forts de la culture et la signification forte de l'Autriche pour les Français. Les relations entre le peuple français et le peuple autrichien sont des relations vivantes sur lesquelles nous pouvons fonder le rapprochement et le travail en commun de nos deux diplomaties.
Je me réjouis d'autant plus de cette visite que l'Autriche est un partenaire important pour la France, d'autant plus important dans la période qui s'ouvre pour le continent européen. Nous avons des défis à relever ensemble : l'élargissement de l'Europe, bien sûr, et nous savons la connaissance, la proximité, la familiarité de l'Autriche avec les nouveaux pays qui rentrent dans l'Europe, avec aussi les nouveaux voisins de l'Europe. Nous avons longuement parlé de la situation dans les Balkans, de la situation de la Croatie notamment et de pays comme l'Ukraine qui aspirent à développer des relations avec l'Union européenne. Nous sommes donc très soucieux de maintenir cette concertation très étroite avec l'Autriche.
Nous avons évoqué l'élargissement mais, bien évidemment aussi, à la veille de la Conférence intergouvernementale de Rome, l'approfondissement de l'Europe et les réformes institutionnelles. J'ai été très heureux de l'échange que j'ai pu avoir avec Mme Ferrero-Waldner parce qu'il est essentiel que nous comprenions mieux les positions de l'autre et je dois dire qu'il y a des convergences significatives entre nos deux pays pour aborder cette conférence. Nous avons tous les deux, je crois, le souci d'une approche constructive des choses. Nous souhaitons, bien sûr, que cette conférence soit marquée par un esprit de résultat, c'est-à-dire que nous gardions le plus possible l'équilibre qui a été prévu par le projet de constitution. Mais, bien évidemment, il faut préciser, clarifier un certain nombre de choses à l'intérieur de ce projet et nous avons donc pu avoir une discussion très franche et je crois très positive sur l'ensemble des points qui, aujourd'hui, peuvent faire l'objet de discussions, qu'il s'agisse du Conseil européen, de la présidence du Conseil, des présidences tournantes, qu'il s'agisse de la Commission, de la règle de la double majorité ou du système de vote. Nous avons donc pu traiter de l'ensemble de ces questions de façon à mieux comprendre nos positions respectives et essayer ensemble de trouver des solutions.
Nous avons évoqué également la Politique européenne de sécurité et de défense. Nous connaissons et respectons la position de l'Autriche et nous nous félicitons des participations de l'Autriche à l'opération "Artemis" et à l'opération "Concordia". Nous sommes, nous Français, convaincus de l'importance d'avancer dans le domaine de cette politique de sécurité et de défense. Nous sommes convaincus qu'il faut que l'Europe puisse toujours davantage prendre ses responsabilités et affirmer son identité. Nous voulons croire que nous réussirons à franchir de nouvelles étapes au cours des prochains mois.
Dans le domaine international, Mme Ferrero-Waldner l'a rappelé, nous avons longuement évoqué la question, bien sûr, du Moyen-Orient, de l'Irak : la France souhaite un changement d'approche marqué par un transfert de souveraineté très rapide, même si ce transfert de souveraineté peut s'accompagner dans des délais plus longs, de plusieurs mois - on a parlé de six à neuf mois -, de transfert progressif de responsabilités, responsabilités politique, administrative, économique. Nous pensons qu'il est important d'affirmer, dès maintenant, que les Irakiens sont dépositaires de la souveraineté de l'Irak à travers un gouvernement provisoire bien sûr, jusqu'à la tenue d'élections. Nous pensons que cela peut mobiliser l'ensemble des Irakiens et changer la donne en Irak, en enrayant la progression de la violence et du terrorisme.
Nous avons, bien sûr, évoqué la situation du Proche-Orient pour marquer notre inquiétude et nous pensons que, là encore, il est très important d'être en initiative. L'Europe a un rôle particulier à jouer. Il faut accélérer la Feuille de route telle qu'elle a été définie, voire prendre des initiatives comme la conférence internationale, comme le déploiement d'une force d'interposition dans la région. Rien ne serait pire que de rester sans rien faire car nous savons qu'alors la logique de la violence et du terrorisme ne manquerait pas de l'emporter.
Nous avons évoqué la situation de l'Iran avec l'échéance de la fin du mois d'octobre en marquant clairement notre souhait que l'Iran signe le protocole additionnel de l'Agence internationale de l'Energie atomique.
Nous avons évoqué, bien sûr, nos relations bilatérales qui se développent fortement, en insistant sur l'importance de la coopération culturelle qui existe entre nos deux pays. Nous nous félicitons de voir la place qu'occupe le français en Autriche, le nombre d'étudiants autrichiens qui apprennent notre langue. Nous voulons développer la place et l'importance de l'allemand et nous voulons développer, aussi, l'ensemble des préoccupations qui concernent l'Autriche. Nous avons évoqué la possibilité d'évolution du Centre franco-autrichien et nous voulons, dans ce domaine aussi, prendre des initiatives. S'agissant des relations économiques, il y a plus de 260 entreprises françaises qui travaillent en Autriche, dans des secteurs très dynamiques comme l'automobile, comme l'énergie, comme l'industrie du luxe. Il y a là un courant d'affaires important puisque nous sommes le quatrième fournisseur de l'Autriche. Il y a donc là visiblement aussi, un pilier sur lequel nous pouvons nous appuyer.
Mais nous voulons aller plus loin et développer les relations entre nos sociétés et c'est pour cela que l'intensification du courant des relations au plus haut niveau entre nos deux pays sera, je l'espère, un élément puissant de mobilisation. Nous en avons besoin au service de l'Europe, au service de notre relation commune.
Pour terminer, vous me permettrez, ma chère Benita, de dire à quel point les Français vous connaissent bien, les Français vous apprécient et donc nous souhaitons pouvoir vous recevoir le plus rapidement possible à Paris. Nous avons parlé des prochaines visites ministérielles. Vous avez évoqué la perspective d'une visite du Premier ministre français, ici, à Vienne, et nous y travaillons. Nous avons évoqué hier, et j'ai transmis au président de l'Assemblée nationale, une invitation de son homologue, Jean-Louis Debré. Nous serons heureux de l'accueillir à Paris. Le président de la République sera aussi heureux d'accueillir le président autrichien à Paris et nous allons travailler à fixer très rapidement un calendrier pour cette réception.
Vous le voyez, les relations entre l'Autriche et la France sont des relations d'amitié et de coopération et nous voulons aller de l'avant parce que nous partageons une même ambition pour l'Europe, un passé commun qui nous oblige et la volonté d'affirmer ensemble une identité. Nous avons évoqué la question importante de la diversité culturelle. Nous sommes deux pays attachés au respect des identités, au dialogue des cultures et je crois que cela fortifie très grandement nos relations, les relations entre nos deux peuples.
Q - Monsieur le Ministre, que pensez-vous de l'initiative du gouvernement autrichien, présenté en la personne de Madame la Ministre à Bruxelles, concernant le renforcement du poids des petits pays, à leur donner plus de voix au chapitre et à leur accorder un plus grand nombre de commissaires que celui qui est prévu dans la Convention ?
R - Nous connaissons bien la préoccupation qui s'exprime sur ce sujet de la Commission et je souhaite d'abord dire à quel point nous partageons le même souci quant au principe d'égalité des Etats. Nous sommes attachés à ce principe. La question qu'il nous faut résoudre dans la réforme institutionnelle est de savoir comment nous concilions ce principe, bien sûr, mais aussi comment nous concilions cet équilibre entre plus d'efficacité pour l'Europe, et donc plus d'efficacité de la Commission. Cela suppose, dans notre esprit, que nous ayons une Commission la plus resserrée possible qui puisse véritablement être en mesure de prendre des décisions et de se concerter très régulièrement et, en même temps, faire en sorte que l'ensemble des Européens se sentent associés. Alors, évidemment, est-ce que cette association passe par une représentation de chacun des Etats avec un commissaire ou pouvons-nous trouver une autre solution qui permette de combiner à la fois l'efficacité et la représentativité ? C'est un débat que nous comprenons bien. Nous, nous souhaiterions une Commission resserrée qui privilégie cette exigence d'efficacité mais, évidemment, nous évoquerons cette question ensemble et nous approfondirons la discussion que nous avons commencé à avoir aujourd'hui.
Encore un mot : pour nous l'important, c'est que la Conférence intergouvernementale puisse rapidement trouver une logique de résultat. Il conviendrait donc, dans notre esprit, de se concentrer en priorité sur les points qui méritent d'être clarifiés et précisés, pour créer cette dynamique de la Conférence intergouvernementale. C'est donc pour cela que nous avons le souci d'éviter de déconstruire, de "détricoter" le projet qui a été présenté par la Convention.
Q - Monsieur le Ministre, est-ce que vous partagez le souci américain, si l'Iran ne respecte pas le délai du 31 octobre, le Conseil de sécurité sera saisi et des sanctions seront prises éventuellement ?
R - C'est évidemment une question importante. Notre conviction de non-prolifération, c'est qu'il est très important que tous les Etats sur la scène internationale satisfassent aux obligations et aux engagements de la communauté internationale. C'est pour cela que nous avons plaidé pour une ligne de fermeté et j'ai eu l'occasion de l'évoquer directement avec mon collègue, le ministre des Affaires étrangères iranien, pour qu'il satisfasse aux obligations et qu'il accepte notamment de signer le protocole additionnel de l'Agence internationale de l'Energie atomique, le protocole dit "93 + 2". A partir de là, vous le savez, il est donné jusqu'à la fin du mois d'octobre, à l'Iran, pour signer et satisfaire à l'ensemble de ses engagements. Nous espérons - et c'est pour cela que nous maintenons le dialogue avec ce pays - que ces engagements pourront être satisfaits. Sinon il conviendra, à travers le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'Energie atomique - et j'aurai l'occasion, dans quelques instants, de rencontrer le directeur général, M. El Baradeï, pour évoquer ces questions -, il conviendra donc de voir ce qui doit être fait et, si rien n'était fait, de s'avancer vraisemblablement dans la voie d'une saisine du Conseil de sécurité.
Nous examinerons ce qu'il convient de faire mais la communauté internationale entend bien faire en sorte que les obligations soient respectées par chacun.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 octobre 2003)
Merci d'abord pour l'accueil que vous avez eu la gentillesse de me faire. C'est un grand honneur pour moi d'être aujourd'hui présent en Autriche, de parler, tout à l'heure, dans l'enceinte du Parlement et de rencontrer le chancelier et le président un peu plus tard.
C'est un honneur et c'est en même temps pour la France un moment important que ce nouveau pas dans l'amitié et la coopération avec l'Autriche. Vous l'avez dit, ce pas sera suivi de nombreux autres puisque des visites ministérielles sont prévues et que nous travaillons d'ores et déjà, à d'autres relations, d'autres perspectives entre nos deux pays.
Les relations entre l'Autriche et la France sont des relations très anciennes et je veux insister sur le fait que pour nous Français, ce sont des relations fortes marquées par l'histoire, par les péripéties de l'histoire, marquées aussi par les liens très forts de la culture et la signification forte de l'Autriche pour les Français. Les relations entre le peuple français et le peuple autrichien sont des relations vivantes sur lesquelles nous pouvons fonder le rapprochement et le travail en commun de nos deux diplomaties.
Je me réjouis d'autant plus de cette visite que l'Autriche est un partenaire important pour la France, d'autant plus important dans la période qui s'ouvre pour le continent européen. Nous avons des défis à relever ensemble : l'élargissement de l'Europe, bien sûr, et nous savons la connaissance, la proximité, la familiarité de l'Autriche avec les nouveaux pays qui rentrent dans l'Europe, avec aussi les nouveaux voisins de l'Europe. Nous avons longuement parlé de la situation dans les Balkans, de la situation de la Croatie notamment et de pays comme l'Ukraine qui aspirent à développer des relations avec l'Union européenne. Nous sommes donc très soucieux de maintenir cette concertation très étroite avec l'Autriche.
Nous avons évoqué l'élargissement mais, bien évidemment aussi, à la veille de la Conférence intergouvernementale de Rome, l'approfondissement de l'Europe et les réformes institutionnelles. J'ai été très heureux de l'échange que j'ai pu avoir avec Mme Ferrero-Waldner parce qu'il est essentiel que nous comprenions mieux les positions de l'autre et je dois dire qu'il y a des convergences significatives entre nos deux pays pour aborder cette conférence. Nous avons tous les deux, je crois, le souci d'une approche constructive des choses. Nous souhaitons, bien sûr, que cette conférence soit marquée par un esprit de résultat, c'est-à-dire que nous gardions le plus possible l'équilibre qui a été prévu par le projet de constitution. Mais, bien évidemment, il faut préciser, clarifier un certain nombre de choses à l'intérieur de ce projet et nous avons donc pu avoir une discussion très franche et je crois très positive sur l'ensemble des points qui, aujourd'hui, peuvent faire l'objet de discussions, qu'il s'agisse du Conseil européen, de la présidence du Conseil, des présidences tournantes, qu'il s'agisse de la Commission, de la règle de la double majorité ou du système de vote. Nous avons donc pu traiter de l'ensemble de ces questions de façon à mieux comprendre nos positions respectives et essayer ensemble de trouver des solutions.
Nous avons évoqué également la Politique européenne de sécurité et de défense. Nous connaissons et respectons la position de l'Autriche et nous nous félicitons des participations de l'Autriche à l'opération "Artemis" et à l'opération "Concordia". Nous sommes, nous Français, convaincus de l'importance d'avancer dans le domaine de cette politique de sécurité et de défense. Nous sommes convaincus qu'il faut que l'Europe puisse toujours davantage prendre ses responsabilités et affirmer son identité. Nous voulons croire que nous réussirons à franchir de nouvelles étapes au cours des prochains mois.
Dans le domaine international, Mme Ferrero-Waldner l'a rappelé, nous avons longuement évoqué la question, bien sûr, du Moyen-Orient, de l'Irak : la France souhaite un changement d'approche marqué par un transfert de souveraineté très rapide, même si ce transfert de souveraineté peut s'accompagner dans des délais plus longs, de plusieurs mois - on a parlé de six à neuf mois -, de transfert progressif de responsabilités, responsabilités politique, administrative, économique. Nous pensons qu'il est important d'affirmer, dès maintenant, que les Irakiens sont dépositaires de la souveraineté de l'Irak à travers un gouvernement provisoire bien sûr, jusqu'à la tenue d'élections. Nous pensons que cela peut mobiliser l'ensemble des Irakiens et changer la donne en Irak, en enrayant la progression de la violence et du terrorisme.
Nous avons, bien sûr, évoqué la situation du Proche-Orient pour marquer notre inquiétude et nous pensons que, là encore, il est très important d'être en initiative. L'Europe a un rôle particulier à jouer. Il faut accélérer la Feuille de route telle qu'elle a été définie, voire prendre des initiatives comme la conférence internationale, comme le déploiement d'une force d'interposition dans la région. Rien ne serait pire que de rester sans rien faire car nous savons qu'alors la logique de la violence et du terrorisme ne manquerait pas de l'emporter.
Nous avons évoqué la situation de l'Iran avec l'échéance de la fin du mois d'octobre en marquant clairement notre souhait que l'Iran signe le protocole additionnel de l'Agence internationale de l'Energie atomique.
Nous avons évoqué, bien sûr, nos relations bilatérales qui se développent fortement, en insistant sur l'importance de la coopération culturelle qui existe entre nos deux pays. Nous nous félicitons de voir la place qu'occupe le français en Autriche, le nombre d'étudiants autrichiens qui apprennent notre langue. Nous voulons développer la place et l'importance de l'allemand et nous voulons développer, aussi, l'ensemble des préoccupations qui concernent l'Autriche. Nous avons évoqué la possibilité d'évolution du Centre franco-autrichien et nous voulons, dans ce domaine aussi, prendre des initiatives. S'agissant des relations économiques, il y a plus de 260 entreprises françaises qui travaillent en Autriche, dans des secteurs très dynamiques comme l'automobile, comme l'énergie, comme l'industrie du luxe. Il y a là un courant d'affaires important puisque nous sommes le quatrième fournisseur de l'Autriche. Il y a donc là visiblement aussi, un pilier sur lequel nous pouvons nous appuyer.
Mais nous voulons aller plus loin et développer les relations entre nos sociétés et c'est pour cela que l'intensification du courant des relations au plus haut niveau entre nos deux pays sera, je l'espère, un élément puissant de mobilisation. Nous en avons besoin au service de l'Europe, au service de notre relation commune.
Pour terminer, vous me permettrez, ma chère Benita, de dire à quel point les Français vous connaissent bien, les Français vous apprécient et donc nous souhaitons pouvoir vous recevoir le plus rapidement possible à Paris. Nous avons parlé des prochaines visites ministérielles. Vous avez évoqué la perspective d'une visite du Premier ministre français, ici, à Vienne, et nous y travaillons. Nous avons évoqué hier, et j'ai transmis au président de l'Assemblée nationale, une invitation de son homologue, Jean-Louis Debré. Nous serons heureux de l'accueillir à Paris. Le président de la République sera aussi heureux d'accueillir le président autrichien à Paris et nous allons travailler à fixer très rapidement un calendrier pour cette réception.
Vous le voyez, les relations entre l'Autriche et la France sont des relations d'amitié et de coopération et nous voulons aller de l'avant parce que nous partageons une même ambition pour l'Europe, un passé commun qui nous oblige et la volonté d'affirmer ensemble une identité. Nous avons évoqué la question importante de la diversité culturelle. Nous sommes deux pays attachés au respect des identités, au dialogue des cultures et je crois que cela fortifie très grandement nos relations, les relations entre nos deux peuples.
Q - Monsieur le Ministre, que pensez-vous de l'initiative du gouvernement autrichien, présenté en la personne de Madame la Ministre à Bruxelles, concernant le renforcement du poids des petits pays, à leur donner plus de voix au chapitre et à leur accorder un plus grand nombre de commissaires que celui qui est prévu dans la Convention ?
R - Nous connaissons bien la préoccupation qui s'exprime sur ce sujet de la Commission et je souhaite d'abord dire à quel point nous partageons le même souci quant au principe d'égalité des Etats. Nous sommes attachés à ce principe. La question qu'il nous faut résoudre dans la réforme institutionnelle est de savoir comment nous concilions ce principe, bien sûr, mais aussi comment nous concilions cet équilibre entre plus d'efficacité pour l'Europe, et donc plus d'efficacité de la Commission. Cela suppose, dans notre esprit, que nous ayons une Commission la plus resserrée possible qui puisse véritablement être en mesure de prendre des décisions et de se concerter très régulièrement et, en même temps, faire en sorte que l'ensemble des Européens se sentent associés. Alors, évidemment, est-ce que cette association passe par une représentation de chacun des Etats avec un commissaire ou pouvons-nous trouver une autre solution qui permette de combiner à la fois l'efficacité et la représentativité ? C'est un débat que nous comprenons bien. Nous, nous souhaiterions une Commission resserrée qui privilégie cette exigence d'efficacité mais, évidemment, nous évoquerons cette question ensemble et nous approfondirons la discussion que nous avons commencé à avoir aujourd'hui.
Encore un mot : pour nous l'important, c'est que la Conférence intergouvernementale puisse rapidement trouver une logique de résultat. Il conviendrait donc, dans notre esprit, de se concentrer en priorité sur les points qui méritent d'être clarifiés et précisés, pour créer cette dynamique de la Conférence intergouvernementale. C'est donc pour cela que nous avons le souci d'éviter de déconstruire, de "détricoter" le projet qui a été présenté par la Convention.
Q - Monsieur le Ministre, est-ce que vous partagez le souci américain, si l'Iran ne respecte pas le délai du 31 octobre, le Conseil de sécurité sera saisi et des sanctions seront prises éventuellement ?
R - C'est évidemment une question importante. Notre conviction de non-prolifération, c'est qu'il est très important que tous les Etats sur la scène internationale satisfassent aux obligations et aux engagements de la communauté internationale. C'est pour cela que nous avons plaidé pour une ligne de fermeté et j'ai eu l'occasion de l'évoquer directement avec mon collègue, le ministre des Affaires étrangères iranien, pour qu'il satisfasse aux obligations et qu'il accepte notamment de signer le protocole additionnel de l'Agence internationale de l'Energie atomique, le protocole dit "93 + 2". A partir de là, vous le savez, il est donné jusqu'à la fin du mois d'octobre, à l'Iran, pour signer et satisfaire à l'ensemble de ses engagements. Nous espérons - et c'est pour cela que nous maintenons le dialogue avec ce pays - que ces engagements pourront être satisfaits. Sinon il conviendra, à travers le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'Energie atomique - et j'aurai l'occasion, dans quelques instants, de rencontrer le directeur général, M. El Baradeï, pour évoquer ces questions -, il conviendra donc de voir ce qui doit être fait et, si rien n'était fait, de s'avancer vraisemblablement dans la voie d'une saisine du Conseil de sécurité.
Nous examinerons ce qu'il convient de faire mais la communauté internationale entend bien faire en sorte que les obligations soient respectées par chacun.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 octobre 2003)