Texte intégral
Nous avons évoqué la situation du processus de paix mais aussi bien sûr les questions de notre avenir institutionnel. Il est question de l'avenir de l'Europe au lendemain des propositions très constructives qui ont été faites par le Benelux et qui, on le voit bien, cheminent dans le cadre de la Convention et permettent de faire avancer le débat et d'espérer rapidement une conclusion positive, un consensus, dans le cadre de cette Convention. Il a dû non seulement évoquer les problèmes de l'actualité, notamment ceux de l'Afrique bien sûr, mais nous avons aussi réfléchi à un des grands privilèges de l'amitié entre nos deux pays, c'est-à-dire pouvoir bien réagir ensemble, c'est-à-dire essayer d'imaginer des pistes pour demain. Nous voyons tous que le monde est frappé d'un grand désordre et c'est pour cela que cette réflexion est essentielle pour trouver de nouvelles voies, de nouveaux moyens, de nouvelles volontés pour essayer de régler les problèmes du monde.
(...)
Notre mission commune c'est de faire que cette Europe soit à la fois la plus représentative, la plus légitime, la plus démocratique et en même temps la plus efficace possible. Nous souffrons tous - et nous avons eu de nombreuses conversations sur cette situation ces derniers mois avec Louis Michel -, nous souffrons tous d'un déficit d'action, d'un déficit de position, nous avons besoin de capacités nouvelles en Europe pour relever les défis. Et dans cet esprit je crois qu'effectivement un certain nombre de propositions qui sont avancées nous permettent d'entrevoir un chemin, qu'il s'agisse du meilleur fonctionnement, et de la réorganisation de la Commission, qu'il s'agisse du président du Conseil européen ; il a des idées qui permettraient, je crois, de finaliser et d'imaginer un chemin, alors il faut le faire tous ensemble, il faut le faire entre nous, il faut le faire avec les autres Etats, notamment les nouveaux entrants dans cette Union européenne parce que je crois qu'il est important que la dynamique soit collective si l'on veut qu'un consensus soit possible au terme de cette Convention ; et je pense que la seule façon d'espérer une issue positive dans le cadre de la conférence intergouvernementale, c'est de fournir un grand travail, ce que l'on fait par le biais de la Convention.
Q - (A propos de la situation en République démocratique du Congo).
R - Il devient urgent de régler cette situation et c'est pour cela nous avons donné une réponse de principe favorable à la demande du Secrétaire général des Nations unies. Il y a un problème d'urgence, il y a un délai pour mettre en place les forces des Nations unies, c'est pour cela que la France est prête à se mobiliser et nous en avons évidemment parlé avec Louis Michel, nous avons évoqué cet aspect aussi avec nos amis britanniques, je crois que tous ensemble il nous appartient de faire en sorte qu'effectivement cette urgence soit prise en compte ; d'où la disponibilité française.
Q - ()
R - Nous sommes en train de travailler avec les Nations unies, avec les partis sur place pour voir dans quelles circonstances, dans quelles conditions un tel déploiement s'effectuera.
Q - Vous avez décidé d'écrire aux Américains pour dénoncer une campagne organisée. Qu'est-ce que cela signifie ?
R - Nous avons fait face aux Etats-Unis, depuis maintenant un certain nombre de semaines, à des accusations mensongères colportant des rumeurs dénuées de tout fondement, avec à l'appui un certain nombre de sources internes de l'administration ou de services de renseignement. Nous avons pensé que dans ces conditions il était important de clarifier les choses c'est pour cela que j'ai demandé à notre ambassadeur à Washington d'écrire une lettre à la fois aux responsables de l'Administration et en même temps au Congrès, de façon à préciser les choses ; les relations entre deux pays amis et alliés justifient un esprit de responsabilité, un esprit de vérité et un esprit d'amitié. Quand il y a des difficultés, eh bien il est normal que l'on se parle, c'est que nous avons fait en étant soucieux d'aller jusqu'au fond des choses car deux grand pays, deux pays amis ne doivent pas se laisser gouverner ni par les humeurs, ni par la rumeur.
Q - Vous croyez que M. Rumsfeld l'aura compris parce qu'il a une première réaction qui montrait qu'il persistait visiblement dans
R - Je n'ai pas eu ce sentiment, je crois que chacun comprend bien à quel point les coopérations entre nos deux Etats sont importantes - nous nous voyons tous les jours dans le domaine du renseignement face à cette grande affaire qu'est le terrorisme -, nous le voyons face aux exigences de la coopération internationale, sur les dossiers du Proche-Orient, sur le dossier de l'Irak. Il y a une nécessité, c'est l'intérêt de tous. Il y a de grands défis, et il faut les aborder ensemble.
Q - Et vous craignez que cette campagne contre la France nuise aux intérêts commerciaux parce que vous pouvez noter déjà certaines réactions ?
R - Nous ne voyons rien de ce genre. On se met dans une situation qui n'est pas conforme au droit, il y a des règles dans la société internationale, des règles de l'Organisation mondiale du commerce qui font qu'on ne peut pas faire ce genre de choses comme cela. Il y a par ailleurs l'intérêt commun des deux pays, n'oublions pas, ce sont des intérêts croisés : des sociétés américaines travaillant en France, des sociétés françaises employant des Américains aux Etats-Unis. Donc je crois que l'esprit de responsabilité une fois de plus, l'esprit de lucidité qui doit marquer notre relation est suffisamment fort pour que nous soyons capables de dépasser ces querelles./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mai 2003)