Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Voilà 6 mois, jour pour jour, le 24 mars 2003, le Président de la République présentait devant l'ensemble des représentants des patients et des professionnels le plan national de lutte contre le cancer. Dans cette semaine pourtant très chargée dans le domaine de la santé, j'ai souhaité faire un point d'avancement du plan cancer, comme je m'y étais engagé, et parce que nous devons cette information à tous ceux qui, patients ou professionnels attendent sur le terrain la mise en oeuvre des mesures. Pascale Briand, responsable de la mission interministérielle de lutte contre le cancer est à mes côtés pour vous présenter l'organisation qu'elle a mis en place autour du plan cancer, et pour répondre à l'ensemble de vos questions.
Lorsque j'avais présenté le plan de lutte contre le cancer en mars dernier, devant les patients comme devant les professionnels, celui-ci avait reçu un accueil en général très favorable, car pour la première fois, était rendu visible un plan complet, découpé en 70 mesures opérationnelles, financé et programmé dans le temps. Pourtant ce plan n'existera réellement que lorsque chacune des 70 mesures aura été mise en oeuvre concrètement. Ce qui est prévu sur 5 ans. Aujourd'hui après 6 mois de travail, où en sommes nous ?
Tout d'abord, nous avons avancé dans le domaine de la prévention. Je suis d'ailleurs heureux que ce soit sur la prévention, que je souhaite mettre au coeur de mon action politique, que le chantier cancer ait avancé le plus vite. Les actions de lutte contre le tabac ont été considérablement renforcées depuis ce printemps : nous disposons à présent d'une stratégie complète pour prévenir le tabagisme et encourager le sevrage. En juillet, j'ai soutenu devant le parlement la proposition de loi sur le tabac qui a permis trois avancées :
- 1/ relever les taxes, ce qui on le sait est le facteur dissuasif le plus efficace,
- 2/ supprimer les paquets de format réduit, source d'incitation à l'achat,
- 3/ interdire la vente aux moins de 16 ans, pour lesquels notre législation était incohérente.
Toujours chez les jeunes, j'ai signé en juillet avec Xavier Darcos un contrat cadre entre nos deux ministères, portant sur l'ensemble des dimensions de la prévention à l'école, mais plus particulièrement sur le tabac. Sur cette base, 22 lycées pilotes sans tabac, associant des dispositifs pédagogiques et d'aide à l'arrêt vont être identifiées dès octobre prochain. J'ai souhaité également que les établissements de soins deviennent exemplaires dans la prévention du tabac : c'est pourquoi j'ai encouragé l'extension du réseau des établissements signataires de la charte ''hôpital sans tabac''. De la même façon, nous avons mis en place l'opération ''ce mois-ci, j'arrête de fumer'' dans 150 établissements volontaires, publics et privés, dans laquelle est testée la fourniture gratuite de substituts d'aide à l'arrêt.
La prévention dans le plan cancer, c'est aussi l'action des associations, qui sont les opérateurs privilégiés sur le terrain, et que nous avons souhaité aider très fortement cette année pour un total de 6 millions d'euros. En particulier, un appel d'offre de 4 millions d'euros a été lancé auprès des acteurs associatifs, dont le dépouillement est en cours. Cet appel d'offre permettra de financer des actions de débanalisation du tabac au plan national, et des actions en milieu scolaire et du travail au plan régional.
Concernant la prévention des cancers professionnels, qui est porteuse d'un fort enjeu de santé publique, je souhaite développer les actions permettant de mieux reconnaître les cancers professionnels et de mieux les prévenir. C'est dans ce sens que je proposerai en octobre prochain à François Fillon de signer un contrat cadre autour de ces objectifs. Dans le domaine de l'environnement, j'ai installé la semaine dernière la commission chargée de préparer le plan national santé - environnement dont les cancers d'origine environnementale sont l'un des thèmes importants. Dans le domaine de la nutrition, le programme national nutrition santé a été également renforcé dès cette année.
Abordons maintenant le sujet du dépistage. Je m'étais engagé en mars à couvrir 100% des départements par un programme organisé de dépistage du cancer du sein. Aujourd'hui, je peux vous confirmer que nous tiendrons l'objectif. De la même façon, le programme évaluatif de dépistage du cancer colo-rectal est aujourd'hui actif dans 22 départements. Enfin, dans le domaine de l'oncogénétique, nous venons de terminer le dépouillement de l'appel d'offre destiné à renforcer les consultations d'oncogénétique, pour doubler la capacité et parvenir à 15000 consultations en 2004.
J'en arrive aux actions qui concernent les soins et les infrastructures de prise en charge. Le plan cancer avait souligné l'urgence de moderniser et de renforcer le parc d'imagerie et de radiothérapie qui est actuellement vieillissant. J'ai annoncé il y a dix jours, dans le cadre du plan hôpital 2007 que le cancer était l'une des trois priorités d'investissement de ce programme : au total, ce ne sont pas moins de 133 accélérateurs de radiothérapie qui seront installés d'ici cinq ans, dont 54 financés en totalité par le programme hôpital 2007. Le programme TEP sera par ailleurs non seulement tenu mais renforcé, ce qui nous permettra de rattraper dès 2004 la moyenne d'équipement européenne à 1.2 TEP par million d'habitants. Des instructions très précises ont été données aux ARH pour que ce programme soit scrupuleusement respecté. Le programme Hôpital 2007 a également identifié de nombreuses opérations de modernisation des locaux hospitaliers, dont plus de 40 concernent exclusivement le cancer.
La modernisation hospitalière, c'est aussi une meilleure coordination autour des plateaux techniques lourds de cancérologie : à ce sujet, je peux vous dire que les CLCC et les CHU discutent activement pour mettre en place les pôles régionaux de cancérologie. A Marseille par exemple, un accord en ce sens a été signé tout récemment. Les réseaux sont également l'une des orientations fortes proposées par le plan cancer. Ce sujet est en cours de travail au sein de la mission interministérielle, qui a monté un groupe de travail devant aboutir à un état des lieux précis d'ici octobre. J'ai également donné mon accord pour le financement d'un dossier médical communiquant au sein de quatre réseaux pilotes sur ce thème. Ces réseaux sont financés pour 1 Million d'euros à ce titre dès 2003.
Plusieurs sujets important du plan cancer, dont la mise en oeuvre n'est pas prévue dès cette année font déjà l'objet de travaux préparatoires de la mission : c'est le cas de la consultation d'annonce, des centres de coordination en cancérologie, du programme personnalisé de soins, et du développement de la chimiothérapie à domicile.
Le renforcement des moyens des structures délivrant des soins en cancérologie s'est poursuivi en 2003 avec, outre plusieurs mesures spécifiques au cancer, la distribution aux ARH d'une enveloppe de financement des molécules onéreuses pour les hôpitaux sous dotation globale. Ce financement sera poursuivi et amplifié l'année prochaine dans le cadre de la TAA, et permettra d'éviter les distorsions de financement existant aujourd'hui entre le secteur public et le secteur privé. En outre les programmes de renforcement des structures de soins complémentaires et de soins palliatifs sont prêts pour permettre l'engagement de moyens supplémentaires dès 2004.
En matière de recherche, l'appel d'offre 'émergence des cancéropôles' doté de 16,5 millions d'euros, que nous avons lancé en partenariat avec le ministère de la recherche en juin a été un succès, et a permis d'identifier six cancéropôles. Ils sont financés dès à présent, afin que l'effort de relance des actions de recherche et d'innovation soit immédiat.
Concernant l'Institut National du Cancer, vous savez qu'il sera en discussion parlementaire dans le cadre de la loi de santé publique dès le 2 octobre. Je souhaite qu'il puisse voir le jour avant l'été 2004.
Je ne peux pas être complet sur l'ensemble des mesures du plan cancer en quelques minutes, et la mission interministérielle tient à votre disposition l'ensemble des informations détaillant l'avancement de ce plan. Cependant, je veux terminer cette présentation en vous informant que dès cet automne, nous avons engagé un million et demi d'euros pour mettre en place un numéro azur, 'cancer info service', permettant d'informer et d'orienter toutes les personnes qui le désirent. Bien entendu, nous vous informerons dès que ce numéro sera opérationnel, c'est à dire dans quelques semaines.
Vous voyez que nous travaillons. Nous travaillons dans ce Ministère bien sûr, mais surtout, les professionnels et les représentants des patients travaillent. Après six mois, je crois que nous avons déjà bien avancé. Je suis confiant dans notre capacité à mettre en oeuvre ce plan cancer si attendu, conformément à ses objectifs. C'est mon devoir de ministre, et je veux l'assumer avec détermination.
Je vous propose de passer la parole à Pascale Briand, qui va compléter mon intervention et vous exposer les actions spécifiques de la mission interministérielle de lutte contre le cancer.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 26 septembre 2003)