Interview de M. François Baroin, porte-parole de l'UMP, dans "Le Figaro" du 10 octobre 2003, sur la proposition d'un retour de l'uniforme à l'école.

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Quelles considérations vous ont conduit à suggérer un retour de l'uniforme à l'école ?
Je suis parti d'un double constat. D'abord, l'uniforme, dans certains pays, est un élément qui a contribué à maintenir un équilibre entre différentes communautés. Ensuite, il est indéniable que la pression des marques suscite des tensions parmi les élèves. L'idée de l'uniforme est volontairement provocante. Mais pour peu qu'on y réfléchisse, elle n'est ni ringarde ni communiste. Il s'agit de susciter le débat.
A titre personnel, quel est votre religion sur ce sujet ?
Je n'ai, vous l'aurez compris, aucune religion en la matière. C'est un élément du débat général qui permet d'identifier les problèmes. Parler de blouse ou d'uniforme conduit à examiner les pressions consuméristes et communautaristes. Les chefs d'établissements, les professeurs, les parents et les élèves eux-mêmes subissent cette réalité. Alors, parlons-en. Peut-être pouvons-nous tenter, sur la base du volontariat, certaines expériences dans quelques établissements, au moins dans le primaire.
Jamais une blouse n'empêchera de laisser apparaître des chaussures de marque, et, les cours finis, des disparités socio-économiques...
C'est pourquoi je n'ai pas parlé de blouse, mais d'uniforme. Le racket existe. Il est également indéniable que des parents, moins fortunés que d'autres, souffrent de ne pouvoir répondre aux sollicitations de leurs enfants. Je n'ai ni vérité ni certitude. L'uniforme existe dans certains établissements des Dom-Tom. Pourquoi ne pas s'inspirer de certaines expériences ?
La carte scolaire, qui affecte les enfants d'un quartier à un collège donné, range les pauvres avec les pauvres, les riches avec les riches. Si la mixité sociale n'existe plus, pourquoi réfléchir à des uniformes ?
Mais la carte scolaire est souvent contournée ! Et un grand nombre d'établissements, collèges ou lycées, sont le reflet d'une mixité sociale qui n'a, heureusement, pas complètement disparu. C'est d'ailleurs dans les quartiers où s'exprime cette mixité sociale que des expériences devraient être tentées.
L'adolescent, grand consommateur, est une cible privilégiée des publicitaires : peut-il si facilement renoncer à son mode de vie ?
Mais nos enfants sont souvent les otages involontaires de modes consuméristes, tout comme d'entreprises religieuses ou de visées communautaristes. Veut-on les protéger ou pas ? Peut-on se satisfaire de la situation actuelle ? Encore une fois, ouvrons le débat !
(Source http://www.u-m-p.org, le 10 octobre 2003)