Texte intégral
Permettez-moi à mon tour de vous dire tout le plaisir que j'ai à vous accueillir, Madame, ainsi qu'un certain nombre de personnalités qui ont bien voulu rejoindre votre comité national handicap intitulé " Sensibiliser, Informer, Former ". Vous en aviez annoncé la création dans votre lettre au Président de la République sur " les citoyens en situation de handicap, à l'usage de ceux qui le sont et de ceux qui ne le sont pas ".
Certaines des personnes contactées, malgré leur absence en cette fin de matinée, liée à des contraintes d'agenda, ont confirmé leur volonté de participer aux travaux de votre comité. Ceci est très encourageant pour vous Madame, mais aussi pour nous Ministres qui avons vraiment besoin que venant d'horizons très divers, des responsables, des relais d'opinion de ce qu'il est convenu d'appeler la société civile, acceptent de se mobiliser pour les personnes handicapées. Car cette grande cause nationale doit devenir l'affaire de tous et de chacun, pas seulement en cette année européenne des personnes handicapées mais de façon durable, j'ai même envie de dire de façon définitive.
Le titre que vous donnez à votre comité est à lui seul plus qu'un programme. C'est une véritable stratégie au service d'un défi plutôt inhabituel lancé par le Président de la République qui dépasse à nos yeux l'intégration des personnes handicapées en nous incitant à une réflexion sur le sens de la vie et à une refondation du pacte démocratique. Le chantier du Président Chirac est celui, écrivez-vous, d'une citoyenneté partagée.
" La question du handicap ", accessoire pendant de trop nombreuses décennies, se retrouve au coeur de nos préoccupations. En transformant notre vision de l'homme, elle ouvre la voie, dites-vous à un nouvel humanisme.
En abordant le problème de cette manière, nous sommes bien au-delà des solutions pourtant nécessaires qu'appellent le manque de places en établissement, d'aides techniques ou humaines pour une prise en charge décente de trop nombreux enfants ou adultes aujourd'hui encore totalement livrés à eux-mêmes. Car les personnes handicapées sont les seuls citoyens français auxquels la société n'apporte parfois aucune réponse autre que les allocations insuffisantes pour les cas graves.
Des parents me demandent de venir partager une journée avec eux pour mieux me rendre compte de ce qu'ils appellent leur enfer quotidien et chaque jour des dizaines de lettres arrivent sur mon bureau décrivant des cas lourds qui auraient mérité des solutions il y a plusieurs années voire plusieurs décennies
Une réponse digne d'une société qui se dit civilisée à des situations trop souvent moyenâgeuses passe par l'instauration de mécanismes de compensation du handicap qui seront proposés dans la future législation.
Pour que la société accepte le principe et les conséquences financières du droit à compensation, il faut un changement profond des mentalités. Il me semble que vous ne dites pas autre chose en proposant un nouveau contrat démocratique.
Si nous avons souhaité, Jean-François MATTEI et moi-même, rencontrer les membres de votre comité, c'est bien sûr pour saluer votre initiative, mais surtout pour vous dire combien nous avons besoin de votre engagement, de votre combat. Il s'agit rien de moins que d'établir un nouveau contrat social qui n'exclut personne.
" La pire des choses, disait Mère Teresa, ce n'est pas d'être handicapé mais d'être marginalisé ".
Ce combat, j'en suis convaincue, est essentiel pour l'avenir de nos sociétés tout autant que celui de la construction européenne ou d'une mondialisation régulée et humanisée.
Ce combat, Mesdames et Messieurs, est au coeur de l'action politique de ce gouvernement qui se veut à la fois déterminée et modeste
Déterminée je le suis, à l'instar d'un de mes prédécesseurs, femme comme moi, bretonne comme moi. Elle s'appelait Marie-Madeleine DIENESCH. Quel que soit le sujet abordé en Conseil des Ministres, elle levait la main et disait au Président Pompidou : " et les personnes handicapées ?".
Modeste car nous avons la certitude que le grand défi de l'intégration des personnes handicapées ne peut être relevé que par la société toute entière. Peut être que cette dernière est davantage plus prête à agir dans ce domaine que nous le pensons. C'est du moins l'impression que je retire le plus souvent de mes visites. Beaucoup de nos concitoyens interrogés disent par exemple qu'ils travailleraient volontiers un jour férié pour financer la politique en faveur des personnes handicapées. D'autres pays, comme l'Allemagne, ont adopté cette solution pour les personnes âgées.
Et vous qu'en pensez-vous ?
Le sujets ne manquent pas sur lesquels j'ai hâte de connaître votre analyse et les solutions proposées.
Pour alimenter votre réflexion, vous serez toujours les bienvenus dans les forums que j'organise, dans le cadre de l'année européenne comme dans les visites hebdomadaires que j'effectue sur le terrain.
Je serai également heureuse de discuter avec les uns et les autres d'un sujet qui vous l'avez compris, me tient à coeur, d'échanger en toute amitié, c'est-à-dire en toute indépendance d'esprit, en tout respect de ce que vous êtes et de ce que vous représentez.
Pour l'heure j'ai envie de vous dire allez au bout de votre coeur, car si j'en crois le philosophe chinois Mencius " celui qui va au bout de son coeur connaît sa nature d'homme et connaître sa nature d'homme, c'est connaître le ciel ".
Le ciel ce n'est peut être que, ou c'est d'abord, mais c'est sûrement cette sérénité intérieure qui n'a pas de prix !
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 30 avril 2003)
Certaines des personnes contactées, malgré leur absence en cette fin de matinée, liée à des contraintes d'agenda, ont confirmé leur volonté de participer aux travaux de votre comité. Ceci est très encourageant pour vous Madame, mais aussi pour nous Ministres qui avons vraiment besoin que venant d'horizons très divers, des responsables, des relais d'opinion de ce qu'il est convenu d'appeler la société civile, acceptent de se mobiliser pour les personnes handicapées. Car cette grande cause nationale doit devenir l'affaire de tous et de chacun, pas seulement en cette année européenne des personnes handicapées mais de façon durable, j'ai même envie de dire de façon définitive.
Le titre que vous donnez à votre comité est à lui seul plus qu'un programme. C'est une véritable stratégie au service d'un défi plutôt inhabituel lancé par le Président de la République qui dépasse à nos yeux l'intégration des personnes handicapées en nous incitant à une réflexion sur le sens de la vie et à une refondation du pacte démocratique. Le chantier du Président Chirac est celui, écrivez-vous, d'une citoyenneté partagée.
" La question du handicap ", accessoire pendant de trop nombreuses décennies, se retrouve au coeur de nos préoccupations. En transformant notre vision de l'homme, elle ouvre la voie, dites-vous à un nouvel humanisme.
En abordant le problème de cette manière, nous sommes bien au-delà des solutions pourtant nécessaires qu'appellent le manque de places en établissement, d'aides techniques ou humaines pour une prise en charge décente de trop nombreux enfants ou adultes aujourd'hui encore totalement livrés à eux-mêmes. Car les personnes handicapées sont les seuls citoyens français auxquels la société n'apporte parfois aucune réponse autre que les allocations insuffisantes pour les cas graves.
Des parents me demandent de venir partager une journée avec eux pour mieux me rendre compte de ce qu'ils appellent leur enfer quotidien et chaque jour des dizaines de lettres arrivent sur mon bureau décrivant des cas lourds qui auraient mérité des solutions il y a plusieurs années voire plusieurs décennies
Une réponse digne d'une société qui se dit civilisée à des situations trop souvent moyenâgeuses passe par l'instauration de mécanismes de compensation du handicap qui seront proposés dans la future législation.
Pour que la société accepte le principe et les conséquences financières du droit à compensation, il faut un changement profond des mentalités. Il me semble que vous ne dites pas autre chose en proposant un nouveau contrat démocratique.
Si nous avons souhaité, Jean-François MATTEI et moi-même, rencontrer les membres de votre comité, c'est bien sûr pour saluer votre initiative, mais surtout pour vous dire combien nous avons besoin de votre engagement, de votre combat. Il s'agit rien de moins que d'établir un nouveau contrat social qui n'exclut personne.
" La pire des choses, disait Mère Teresa, ce n'est pas d'être handicapé mais d'être marginalisé ".
Ce combat, j'en suis convaincue, est essentiel pour l'avenir de nos sociétés tout autant que celui de la construction européenne ou d'une mondialisation régulée et humanisée.
Ce combat, Mesdames et Messieurs, est au coeur de l'action politique de ce gouvernement qui se veut à la fois déterminée et modeste
Déterminée je le suis, à l'instar d'un de mes prédécesseurs, femme comme moi, bretonne comme moi. Elle s'appelait Marie-Madeleine DIENESCH. Quel que soit le sujet abordé en Conseil des Ministres, elle levait la main et disait au Président Pompidou : " et les personnes handicapées ?".
Modeste car nous avons la certitude que le grand défi de l'intégration des personnes handicapées ne peut être relevé que par la société toute entière. Peut être que cette dernière est davantage plus prête à agir dans ce domaine que nous le pensons. C'est du moins l'impression que je retire le plus souvent de mes visites. Beaucoup de nos concitoyens interrogés disent par exemple qu'ils travailleraient volontiers un jour férié pour financer la politique en faveur des personnes handicapées. D'autres pays, comme l'Allemagne, ont adopté cette solution pour les personnes âgées.
Et vous qu'en pensez-vous ?
Le sujets ne manquent pas sur lesquels j'ai hâte de connaître votre analyse et les solutions proposées.
Pour alimenter votre réflexion, vous serez toujours les bienvenus dans les forums que j'organise, dans le cadre de l'année européenne comme dans les visites hebdomadaires que j'effectue sur le terrain.
Je serai également heureuse de discuter avec les uns et les autres d'un sujet qui vous l'avez compris, me tient à coeur, d'échanger en toute amitié, c'est-à-dire en toute indépendance d'esprit, en tout respect de ce que vous êtes et de ce que vous représentez.
Pour l'heure j'ai envie de vous dire allez au bout de votre coeur, car si j'en crois le philosophe chinois Mencius " celui qui va au bout de son coeur connaît sa nature d'homme et connaître sa nature d'homme, c'est connaître le ciel ".
Le ciel ce n'est peut être que, ou c'est d'abord, mais c'est sûrement cette sérénité intérieure qui n'a pas de prix !
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 30 avril 2003)