Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Député,
Monsieur le Président du conseil d'administration du parc,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus nationaux, régionaux et locaux,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs,
Il y a 40 ans, le 6 juillet 1963, en Savoie, naissait le premier parc national français : celui de la Vanoise.
Je suis très heureuse de me trouver aujourd'hui dans ce site somptueux, aux côtés de mon ami Hervé Gaymard, pour célébrer cet anniversaire avec vous tous, habitants, gestionnaires, fervents adeptes ou visiteurs occasionnels de cet espace d'exception.
Contexte et personnalités marquantes
Permettez-moi tout d'abord une pensée reconnaissante pour tous ceux qui, uvrant à la création du parc de la Vanoise, ont contribué de façon déterminante au lancement de la politique des parcs nationaux en France.
Cette politique voulue par le Général de Gaulle, a été portée avec foi par Georges Pompidou et André Malraux Ces bâtisseurs de la Vème République ont ainsi forgé l'attachement de notre Nation à la protection d'un patrimoine naturel et -indissociablement - culturel inestimable.
Vous connaissez les noms des hommes de passion et de conviction qui en ont marqué la genèse, tant locale que nationale, du parc de la Vanoise :
§ le docteur COUTURIER, qui a eu l'idée d'un parc national voué au bouquetin, espèce ô combien emblématique ici,
§ le Club alpin français, le Touring Club de France, les associations cynégétiques, d'alpinistes, de naturalistes, qui ont enrichi et fait progresser l'idée initiale,
§ messieurs ANDRE et VARLET, qui ont été les inlassables promoteurs d'un parc national humaniste,
§ messieurs PRADELLE et BARDEL, qui en ont défini les contours et guidé la création,
§ enfin, monsieur DUMAS qui, en présidant son conseil d'administration pendant près de vingt ans, a marqué de sa forte empreinte les premières années du parc puis sa consolidation.
En prenant connaissance de l'histoire, longue et mouvementée, de ce doyen des parcs nationaux, j'ai noté combien certaines discussions des années 1950 apparaissent aujourd'hui d'une très grande actualité.
La relecture de ce qu'écrivait dans le registre d'enquête publique le docteur PETRI, alors maire de Val d'Isère, aide à comprendre certaines critiques actuelles, méritées ou non, du fonctionnement des parcs nationaux. Il est particulièrement frappant de constater que le statut de la " zone périphérique " reste toujours au cur des débats aujourd'hui, ainsi que l'équilibre entre la protection et ce qu'on n'appelait pas encore le développement durable.
Bilan et dynamisme actuel du parc de la Vanoise
Je tiens à souligner publiquement la contribution essentielle du parc, aux côtés de celle des élus, des populations locales et de tous les amoureux de la Vanoise, au maintien de l'intégrité d'un territoire de montagne unique, et ce malgré un tourisme important, attiré par un grand domaine skiable dont la réputation n'est plus à faire.
Les réalisations concrètes sont si nombreuses que je ne me risquerai pas à une énumération exhaustive. Je me limiterais, très arbitrairement, à citer :
§ les actions en faveur du bouquetin,
§ la mise en place d'un réseau de sentiers et de refuges,
§ la réalisation avec la commune de Termignon d'un centre d'accueil des visiteurs, la Maison de la Vanoise,
Mais le plus important, c'est que le conseil d'administration et l'équipe du parc ont su organiser la mobilisation de tous les partenaires autour d'un projet négocié de territoire qui n'est pas réductible à ce qu'on appelle couramment la zone centrale. Et avec les orientations de son nouveau programme d'aménagement, le parc de la Vanoise s'inscrit résolument dans des perspectives d'avenir.
Mission Giran et avenir des parcs nationaux
Vous le savez, un parc national, c'est une cathédrale des temps modernes, qui porte en elle l'architecture des relations complexes, riches et parfois âpres, de notre société avec la nature.
Or notre société évolue. Des nouveaux modes de gouvernance apparaissent ; des mutations agricoles et pastorales lourdes s'opèrent, avec des incidences fortes sur les milieux ; la fréquentation touristique estivale et hivernale s'accroît,
C'est dans ce contexte que le Premier ministre, sur ma proposition, a confié à Monsieur Jean-Pierre GIRAN, député du Var, une mission de réflexion et de proposition sur l'avenir des parcs nationaux.
J'ai lu avec grand intérêt et beaucoup de plaisir un rapport écrit avec passion par un homme politique, qui, tout en étant à l'écoute du " ressenti ", du " vécu " et des " attentes " des acteurs, regarde haut et loin. Ce texte percutant, qui ne ressemble guère à la très grande majorité des rapports administratifs, conjugue les critiques et les satisfecit, et propose des orientations fortes que M. Giran exposera dans quelques instants.
Sans préjuger de l'expertise interministérielle fine qui sera faite de ces propositions, je souhaite manifester d'ores et déjà très clairement quelques unes de mes convictions profondes :
§ D'abord, la politique des parcs nationaux a été et doit rester une politique de l'Etat, garant de l'identité nationale et des engagements internationaux du pays, même si des évolutions sont nécessaires. Je pense particulièrement à la nécessité de donner plus de responsabilité aux partenaires locaux, et en premier lieu aux élus, pour gérer ces territoires exemplaires mais vulnérables.
§ Ensuite, la vision de la conservation de la nature a évolué depuis 40 ans. Elle repose désormais sur une combinaison d'outils qui font une large place au concept de gestion des espaces protégés. Cette gestion doit donner un contenu et un sens à la notion, parfois incantatoire, de développement durable. Le titre du rapport " Les parcs nationaux, une référence pour la France, une chance pour ses territoires " me semble à cet égard résumer parfaitement les ambitions du Gouvernement : concilier la protection et la préservation du patrimoine naturel avec, justement, le développement durable.
§ Troisièmement, la politique française des parcs nationaux s'inscrit nécessairement dans un réseau international de parcs et d'aires protégées. A quelques mois de la prochaine conférence internationale de DURBAN (Afrique du sud) sur les parcs et réserves, je ne peux que me réjouir de l'implication forte du parc de la Vanoise dans la coopération internationale, à la fois dans le cadre du partenariat étroit avec le parc italien du grand Paradis, dont le directeur, siège au conseil d'administration de la Vanoise, mais aussi au travers du réseau alpin des aires protégées, dont l'action exemplaire est à saluer.
§ Quatrièmement, il est opportun que les parcs nationaux renforcent leur présence sur leur zone périphérique, au travers d'une charte contractuelle de développement durable, laissant une liberté d'adhésion pour les communes non concernées par la zone centrale. Dans cette dernière, la protection doit rester au cur des préoccupations et des missions du parc, sans exclure les préoccupations de développement durable et de contractualisation, et sans sous-estimer la place que les collectivités régionales et départementales doivent occuper aux côtés des communes dans ce projet de territoire. Il existe donc un fort enjeu à unifier, au sens où l'entend Monsieur GIRAN, le périmètre d'un parc national.
§ Enfin, je ne vois que des avantages à ce que le conseil d'administration, sous l'impulsion de son président, joue un rôle important de définition et d'animation de la politique contractuelle dans la zone périphérique. Pour ce faire, Président et directeur doivent élaborer en étroite concertation, sans doute plus encore qu'aujourd'hui, la stratégie d'ensemble du parc. Et je prends note de la suggestion, importante pour de nombreux élus, de permettre un certain recrutement local.
Il ne m'appartient pas de faire parler les grands anciens, mais il me semble que Monsieur Gilbert ANDRE, ici présent, qui a eu parfois le sentiment d'avoir été un peu trahi dans la traduction législative et réglementaire de ses intuitions et analyse, pourrait se retrouver dans une bonne partie des propositions de Monsieur Jean-Pierre GIRAN.
Je souhaite que les conseils d'administration des parcs et les élus, au premier rang desquels les parlementaires, les présidents de conseils régionaux et généraux, et les maires concernés par les sept parcs existants, puissent réagir à ces propositions.
J'attache également beaucoup de prix à ce que les partenaires des territoires concernés par la possible création d'un parc national puissent également me confirmer que ces orientations sont bien de nature à satisfaire leurs besoins et exigences d'enracinement local d'un outil national.
Je connais enfin les craintes manifestées par certains face à une évolution de la politique des parcs nationaux, et je tiens à un échange concret et constructif sur les propositions de Monsieur GIRAN.
Je chercherai à recueillir les avis de l'ensemble des partenaires de la politique de protection et de gestion du patrimoine naturel pour le début de l'automne 2003. Parallèlement les instances nationales de concertation seront réunies à la rentrée prochaine pour identifier les points de consensus et les difficultés méritant une expertise complémentaire. Ce calendrier doit permettre au Gouvernement de donner très rapidement des suites législatives et réglementaires à ce rapport.
Un patrimoine national à préserver et à gérer
Au-delà des parcs nationaux, notre patrimoine naturel dans son ensemble constitue un élément déterminant du cadre de vie. Façonné par l'action humaine, il a, dans notre pays, une valeur exceptionnelle.
Mon ambition est de réconcilier les acteurs de la gestion du patrimoine naturel, en proscrivant les polémiques vaines et les affrontements stériles, le plus souvent contre-productifs.
Ecouter, associer, responsabiliser, simplifier, contractualiser sont les principes de mon action.
Dans cet esprit, je m'attache à rénover la politique de protection et de gestion du patrimoine naturel, en préservant ses acquis incontestables, mais en l'inscrivant sur l'ensemble du territoire national, en recherchant le bon niveau de cohérence territoriale et en modernisant ses méthodes. Comme entériné dans la stratégie nationale du développement durable, cette rénovation prendra en compte la volonté de décentralisation du Gouvernement, dans un cadre adapté à la politique de la protection de la nature.
La réflexion portera sur l'amélioration des outils de connaissance, de labellisation et de gestion existants, ainsi que sur les dispositifs financiers d'accompagnement (dont incitations fiscales). Elle associera l'ensemble des acteurs concernés, pour déboucher, en 2004, sur des évolutions législatives et réglementaires.
Le travail de M. Giran est une première pierre, très remarquable, à cet édifice. D'autres chantiers sont engagés : la mise en place d'un observatoire de la faune sauvage et de ses habitats, l'élaboration pour 2004 de notre stratégie nationale pour la biodiversité, la création d'un conseil scientifique, l'ancrage de Natura 2000 dans les territoires ruraux remarquables pour leur richesse patrimoniale, la structuration d'un réseau écologique national sous l'égide du muséum national d'histoire naturel,...
Dans l'ensemble de cet édifice, les élus locaux, les associations, les acteurs locaux au premier rang desquels les agriculteurs et les éleveurs, détiennent un rôle essentiel.
Conclusion
L'écosystème Terre vit par la responsabilité de chacun. Nous sommes collectivement, et particulièrement en France, dépositaire d'un magnifique héritage.
J'entends, à travers la rénovation de notre politique du patrimoine naturel, en commençant par la modernisation de nos parcs nationaux, doter notre pays d'outils à la hauteur de ses ambitions nationales, européennes et internationales.
Partout dans le monde, les parcs apparaissent comme des lieux symboliques majeurs où se déclinent, de manière concrète et partagée, les valeurs universelles de responsabilité à l'égard de la biodiversité et d'appartenance à des territoires culturels.
Je souhaite que les évolutions qui se dessinent renforcent à la fois ce " vouloir être ensemble " et cette " fierté d'être d'ici ".
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.environnement.gouv.fr, le 11 mai 2004)
Monsieur le Député,
Monsieur le Président du conseil d'administration du parc,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus nationaux, régionaux et locaux,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs,
Il y a 40 ans, le 6 juillet 1963, en Savoie, naissait le premier parc national français : celui de la Vanoise.
Je suis très heureuse de me trouver aujourd'hui dans ce site somptueux, aux côtés de mon ami Hervé Gaymard, pour célébrer cet anniversaire avec vous tous, habitants, gestionnaires, fervents adeptes ou visiteurs occasionnels de cet espace d'exception.
Contexte et personnalités marquantes
Permettez-moi tout d'abord une pensée reconnaissante pour tous ceux qui, uvrant à la création du parc de la Vanoise, ont contribué de façon déterminante au lancement de la politique des parcs nationaux en France.
Cette politique voulue par le Général de Gaulle, a été portée avec foi par Georges Pompidou et André Malraux Ces bâtisseurs de la Vème République ont ainsi forgé l'attachement de notre Nation à la protection d'un patrimoine naturel et -indissociablement - culturel inestimable.
Vous connaissez les noms des hommes de passion et de conviction qui en ont marqué la genèse, tant locale que nationale, du parc de la Vanoise :
§ le docteur COUTURIER, qui a eu l'idée d'un parc national voué au bouquetin, espèce ô combien emblématique ici,
§ le Club alpin français, le Touring Club de France, les associations cynégétiques, d'alpinistes, de naturalistes, qui ont enrichi et fait progresser l'idée initiale,
§ messieurs ANDRE et VARLET, qui ont été les inlassables promoteurs d'un parc national humaniste,
§ messieurs PRADELLE et BARDEL, qui en ont défini les contours et guidé la création,
§ enfin, monsieur DUMAS qui, en présidant son conseil d'administration pendant près de vingt ans, a marqué de sa forte empreinte les premières années du parc puis sa consolidation.
En prenant connaissance de l'histoire, longue et mouvementée, de ce doyen des parcs nationaux, j'ai noté combien certaines discussions des années 1950 apparaissent aujourd'hui d'une très grande actualité.
La relecture de ce qu'écrivait dans le registre d'enquête publique le docteur PETRI, alors maire de Val d'Isère, aide à comprendre certaines critiques actuelles, méritées ou non, du fonctionnement des parcs nationaux. Il est particulièrement frappant de constater que le statut de la " zone périphérique " reste toujours au cur des débats aujourd'hui, ainsi que l'équilibre entre la protection et ce qu'on n'appelait pas encore le développement durable.
Bilan et dynamisme actuel du parc de la Vanoise
Je tiens à souligner publiquement la contribution essentielle du parc, aux côtés de celle des élus, des populations locales et de tous les amoureux de la Vanoise, au maintien de l'intégrité d'un territoire de montagne unique, et ce malgré un tourisme important, attiré par un grand domaine skiable dont la réputation n'est plus à faire.
Les réalisations concrètes sont si nombreuses que je ne me risquerai pas à une énumération exhaustive. Je me limiterais, très arbitrairement, à citer :
§ les actions en faveur du bouquetin,
§ la mise en place d'un réseau de sentiers et de refuges,
§ la réalisation avec la commune de Termignon d'un centre d'accueil des visiteurs, la Maison de la Vanoise,
Mais le plus important, c'est que le conseil d'administration et l'équipe du parc ont su organiser la mobilisation de tous les partenaires autour d'un projet négocié de territoire qui n'est pas réductible à ce qu'on appelle couramment la zone centrale. Et avec les orientations de son nouveau programme d'aménagement, le parc de la Vanoise s'inscrit résolument dans des perspectives d'avenir.
Mission Giran et avenir des parcs nationaux
Vous le savez, un parc national, c'est une cathédrale des temps modernes, qui porte en elle l'architecture des relations complexes, riches et parfois âpres, de notre société avec la nature.
Or notre société évolue. Des nouveaux modes de gouvernance apparaissent ; des mutations agricoles et pastorales lourdes s'opèrent, avec des incidences fortes sur les milieux ; la fréquentation touristique estivale et hivernale s'accroît,
C'est dans ce contexte que le Premier ministre, sur ma proposition, a confié à Monsieur Jean-Pierre GIRAN, député du Var, une mission de réflexion et de proposition sur l'avenir des parcs nationaux.
J'ai lu avec grand intérêt et beaucoup de plaisir un rapport écrit avec passion par un homme politique, qui, tout en étant à l'écoute du " ressenti ", du " vécu " et des " attentes " des acteurs, regarde haut et loin. Ce texte percutant, qui ne ressemble guère à la très grande majorité des rapports administratifs, conjugue les critiques et les satisfecit, et propose des orientations fortes que M. Giran exposera dans quelques instants.
Sans préjuger de l'expertise interministérielle fine qui sera faite de ces propositions, je souhaite manifester d'ores et déjà très clairement quelques unes de mes convictions profondes :
§ D'abord, la politique des parcs nationaux a été et doit rester une politique de l'Etat, garant de l'identité nationale et des engagements internationaux du pays, même si des évolutions sont nécessaires. Je pense particulièrement à la nécessité de donner plus de responsabilité aux partenaires locaux, et en premier lieu aux élus, pour gérer ces territoires exemplaires mais vulnérables.
§ Ensuite, la vision de la conservation de la nature a évolué depuis 40 ans. Elle repose désormais sur une combinaison d'outils qui font une large place au concept de gestion des espaces protégés. Cette gestion doit donner un contenu et un sens à la notion, parfois incantatoire, de développement durable. Le titre du rapport " Les parcs nationaux, une référence pour la France, une chance pour ses territoires " me semble à cet égard résumer parfaitement les ambitions du Gouvernement : concilier la protection et la préservation du patrimoine naturel avec, justement, le développement durable.
§ Troisièmement, la politique française des parcs nationaux s'inscrit nécessairement dans un réseau international de parcs et d'aires protégées. A quelques mois de la prochaine conférence internationale de DURBAN (Afrique du sud) sur les parcs et réserves, je ne peux que me réjouir de l'implication forte du parc de la Vanoise dans la coopération internationale, à la fois dans le cadre du partenariat étroit avec le parc italien du grand Paradis, dont le directeur, siège au conseil d'administration de la Vanoise, mais aussi au travers du réseau alpin des aires protégées, dont l'action exemplaire est à saluer.
§ Quatrièmement, il est opportun que les parcs nationaux renforcent leur présence sur leur zone périphérique, au travers d'une charte contractuelle de développement durable, laissant une liberté d'adhésion pour les communes non concernées par la zone centrale. Dans cette dernière, la protection doit rester au cur des préoccupations et des missions du parc, sans exclure les préoccupations de développement durable et de contractualisation, et sans sous-estimer la place que les collectivités régionales et départementales doivent occuper aux côtés des communes dans ce projet de territoire. Il existe donc un fort enjeu à unifier, au sens où l'entend Monsieur GIRAN, le périmètre d'un parc national.
§ Enfin, je ne vois que des avantages à ce que le conseil d'administration, sous l'impulsion de son président, joue un rôle important de définition et d'animation de la politique contractuelle dans la zone périphérique. Pour ce faire, Président et directeur doivent élaborer en étroite concertation, sans doute plus encore qu'aujourd'hui, la stratégie d'ensemble du parc. Et je prends note de la suggestion, importante pour de nombreux élus, de permettre un certain recrutement local.
Il ne m'appartient pas de faire parler les grands anciens, mais il me semble que Monsieur Gilbert ANDRE, ici présent, qui a eu parfois le sentiment d'avoir été un peu trahi dans la traduction législative et réglementaire de ses intuitions et analyse, pourrait se retrouver dans une bonne partie des propositions de Monsieur Jean-Pierre GIRAN.
Je souhaite que les conseils d'administration des parcs et les élus, au premier rang desquels les parlementaires, les présidents de conseils régionaux et généraux, et les maires concernés par les sept parcs existants, puissent réagir à ces propositions.
J'attache également beaucoup de prix à ce que les partenaires des territoires concernés par la possible création d'un parc national puissent également me confirmer que ces orientations sont bien de nature à satisfaire leurs besoins et exigences d'enracinement local d'un outil national.
Je connais enfin les craintes manifestées par certains face à une évolution de la politique des parcs nationaux, et je tiens à un échange concret et constructif sur les propositions de Monsieur GIRAN.
Je chercherai à recueillir les avis de l'ensemble des partenaires de la politique de protection et de gestion du patrimoine naturel pour le début de l'automne 2003. Parallèlement les instances nationales de concertation seront réunies à la rentrée prochaine pour identifier les points de consensus et les difficultés méritant une expertise complémentaire. Ce calendrier doit permettre au Gouvernement de donner très rapidement des suites législatives et réglementaires à ce rapport.
Un patrimoine national à préserver et à gérer
Au-delà des parcs nationaux, notre patrimoine naturel dans son ensemble constitue un élément déterminant du cadre de vie. Façonné par l'action humaine, il a, dans notre pays, une valeur exceptionnelle.
Mon ambition est de réconcilier les acteurs de la gestion du patrimoine naturel, en proscrivant les polémiques vaines et les affrontements stériles, le plus souvent contre-productifs.
Ecouter, associer, responsabiliser, simplifier, contractualiser sont les principes de mon action.
Dans cet esprit, je m'attache à rénover la politique de protection et de gestion du patrimoine naturel, en préservant ses acquis incontestables, mais en l'inscrivant sur l'ensemble du territoire national, en recherchant le bon niveau de cohérence territoriale et en modernisant ses méthodes. Comme entériné dans la stratégie nationale du développement durable, cette rénovation prendra en compte la volonté de décentralisation du Gouvernement, dans un cadre adapté à la politique de la protection de la nature.
La réflexion portera sur l'amélioration des outils de connaissance, de labellisation et de gestion existants, ainsi que sur les dispositifs financiers d'accompagnement (dont incitations fiscales). Elle associera l'ensemble des acteurs concernés, pour déboucher, en 2004, sur des évolutions législatives et réglementaires.
Le travail de M. Giran est une première pierre, très remarquable, à cet édifice. D'autres chantiers sont engagés : la mise en place d'un observatoire de la faune sauvage et de ses habitats, l'élaboration pour 2004 de notre stratégie nationale pour la biodiversité, la création d'un conseil scientifique, l'ancrage de Natura 2000 dans les territoires ruraux remarquables pour leur richesse patrimoniale, la structuration d'un réseau écologique national sous l'égide du muséum national d'histoire naturel,...
Dans l'ensemble de cet édifice, les élus locaux, les associations, les acteurs locaux au premier rang desquels les agriculteurs et les éleveurs, détiennent un rôle essentiel.
Conclusion
L'écosystème Terre vit par la responsabilité de chacun. Nous sommes collectivement, et particulièrement en France, dépositaire d'un magnifique héritage.
J'entends, à travers la rénovation de notre politique du patrimoine naturel, en commençant par la modernisation de nos parcs nationaux, doter notre pays d'outils à la hauteur de ses ambitions nationales, européennes et internationales.
Partout dans le monde, les parcs apparaissent comme des lieux symboliques majeurs où se déclinent, de manière concrète et partagée, les valeurs universelles de responsabilité à l'égard de la biodiversité et d'appartenance à des territoires culturels.
Je souhaite que les évolutions qui se dessinent renforcent à la fois ce " vouloir être ensemble " et cette " fierté d'être d'ici ".
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.environnement.gouv.fr, le 11 mai 2004)