Texte intégral
Une semaine à hauts risques débute. Ce conflit social ne vous inquiète-t-il pas ?
Il faut être vigilant mais, à mon sens, pas inquiet outre mesure. Certes, la peur, jamais bonne conseillère, peut susciter des réactions de recul. J'ai le sentiment que les débordements, qui pourraient se produire, viendraient d'une fraction très politisée du syndicalisme dont la seule motivation est de faire échec à toute démarche réformiste. Ces minorités extrémistes, prêtes à aller jusqu'à la contestation violente, ne sont pas l'apanage d'une centrale en particulier ; elles traversent le mouvement syndical. Certaines organisations ont le courage de leur résister mieux que d'autres.
Ce ne sont pas elles qui mettent 400.000 personnes dans les rues de Paris...
Non, bien sûr. Entre une manifestation comme celle du 25 mai, qui s'inscrit dans les traditions syndicales, et les blocages auxquels nous assisterions, il y a une différence de nature. Le danger de la radicalisation est de conduire à un affrontement entre Français. Ces contestations minoritaires tentent de radicaliser le débat en jouant sur des peurs injustifiées. La première crainte est celle qui naît dans le secteur public de l'allongement de la vie professionnelle. Or accroître la durée de cotisation ne veut pas dire allonger de manière insupportable la vie professionnelle. Des souplesses sont introduites avec le rachat possible d'années de cotisation, avec la prise en compte du temps partiel et la mise en place très progressive de la décote... La deuxième peur, qui agite certains salariés du privé, concerne le chômage en fin de carrière. La peur de ne pas pouvoir réunir les années de cotisation nécessaires est une vraie souffrance sociale. Mais l'assurance-chômage paye des cotisations et les entreprises devront prendre des engagements sur l'emploi des travailleurs âgés. La troisième peur concerne celle d'une baisse des retraites. La garantie d'un taux de remplacement de 85 % pour les retraites des salariés au SMIC, l'amélioration de la retraite contributive minimale montrent au contraire qu'il y aura progrès. Mais les réponses à ces peurs doivent être plus explicitées. Car il y a eu un basculement d'un discours sur la réforme elle-même vers une position de principe politique. Beaucoup ont été stupéfaits de voir le secrétaire général de la CGT se rendre au congrès d'un Parti socialiste qui n'a eu pour seule exigence que l'ajournement de la réforme.
Le gouvernement doit-il tenir quoi qu'il arrive ?
Oui. D'abord parce qu'il y a eu une longue concertation, trop longue même aux yeux de certains. Mais si on était entré plus vite dans les modalités du projet, que n'aurait-on pas dit ? Et puis, de cette réforme des retraites devra découler toute une série d'améliorations concernant la vie professionnelle des Français. Dans le public, il va falloir aménager des deuxièmes carrières, donc introduire, enfin, une gestion des ressources humaines. Dans le privé, je souhaite par exemple que les salariés à temps partiel, qui sont surtout des femmes, puissent cotiser pour leur retraite sur la base d'un temps plein, au moyen d'une surcotisation facultative. C'est un moyen d'encourager la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale sans donner lieu à des inquiétudes concernant la retraite. Tout cela va permettre d'aider les Français à se montrer plus actifs. Car il faut impérativement remonter les taux d'activité français. Les entreprises n'échapperont pas à une obligation de négocier sur le travail des seniors. Et il faut que le débat parlementaire permette de programmer ces rendez-vous. Le patronat doit entrer dans cette dynamique nouvelle. Et, à terme, pour bien affirmer que la valeur du service public repose sur sa continuité, il faudra réfléchir et négocier sur la manière de garantir une certaine continuité du service.
Quelles modifications le groupe UMP apportera-t-il lors de la discussion à l'Assemblée nationale ?
Le projet de loi permet déjà d'atténuer les nombreuses injustices actuelles. Mais le débat parlementaire permettra d'en éclairer certaines autres. Plusieurs catégories sont aujourd'hui injustement pénalisées : par exemple, les retraités ayant accompli leur carrière sous plusieurs régimes, les conjoints survivants, les femmes collaboratrices de leur mari agriculteur ou travailleur indépendant, les parents d'enfants handicapés, etc. Dans la fonction publique où certaines disparités en matière de primes créent des inégalités, nous nous efforcerons aussi d'apporter des corrections. Bien entendu, cela devra se faire dans le cadre d'une enveloppe financière compatible avec l'équilibre financier de la réforme.
Les communistes ont annoncé 10.000 amendements. Poussez-vous le gouvernement à déclarer l'urgence ou à engager sa responsabilité ?
Je me refuse à croire à cette menace d'obstruction. Le PS et le PC ne peuvent appeler à plus de discussion parlementaire et gâcher le débat. Si cette hypothèse se confirme, nous résisterons, par la patience et la détermination, mais nous prendrons l'opinion à témoin.
Il n'y aura pas de 49-3 ?
Nous considérons l'usage du 49-3 ni souhaitable ni nécessaire : le gouvernement en a d'autant moins besoin qu'il rassemblera sans problème sa majorité sur cette réforme ; elle lui apportera un soutien sans faille.
Comment va se terminer cette épreuve de force ?
J'ai la certitude que l'opinion, dans sa majorité, a fait sienne la démarche de réforme. Les bénéficiaires de la réforme, ceux qui veulent plus d'équité, finiront pas se réveiller. Si les blocages se multiplient, la France silencieuse se fera entendre.
Comment ?
Il existe notamment un droit de pétition... Il peut, peut-être, être utilisé le moment venu.
(source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 8 juillet 2003)
Il faut être vigilant mais, à mon sens, pas inquiet outre mesure. Certes, la peur, jamais bonne conseillère, peut susciter des réactions de recul. J'ai le sentiment que les débordements, qui pourraient se produire, viendraient d'une fraction très politisée du syndicalisme dont la seule motivation est de faire échec à toute démarche réformiste. Ces minorités extrémistes, prêtes à aller jusqu'à la contestation violente, ne sont pas l'apanage d'une centrale en particulier ; elles traversent le mouvement syndical. Certaines organisations ont le courage de leur résister mieux que d'autres.
Ce ne sont pas elles qui mettent 400.000 personnes dans les rues de Paris...
Non, bien sûr. Entre une manifestation comme celle du 25 mai, qui s'inscrit dans les traditions syndicales, et les blocages auxquels nous assisterions, il y a une différence de nature. Le danger de la radicalisation est de conduire à un affrontement entre Français. Ces contestations minoritaires tentent de radicaliser le débat en jouant sur des peurs injustifiées. La première crainte est celle qui naît dans le secteur public de l'allongement de la vie professionnelle. Or accroître la durée de cotisation ne veut pas dire allonger de manière insupportable la vie professionnelle. Des souplesses sont introduites avec le rachat possible d'années de cotisation, avec la prise en compte du temps partiel et la mise en place très progressive de la décote... La deuxième peur, qui agite certains salariés du privé, concerne le chômage en fin de carrière. La peur de ne pas pouvoir réunir les années de cotisation nécessaires est une vraie souffrance sociale. Mais l'assurance-chômage paye des cotisations et les entreprises devront prendre des engagements sur l'emploi des travailleurs âgés. La troisième peur concerne celle d'une baisse des retraites. La garantie d'un taux de remplacement de 85 % pour les retraites des salariés au SMIC, l'amélioration de la retraite contributive minimale montrent au contraire qu'il y aura progrès. Mais les réponses à ces peurs doivent être plus explicitées. Car il y a eu un basculement d'un discours sur la réforme elle-même vers une position de principe politique. Beaucoup ont été stupéfaits de voir le secrétaire général de la CGT se rendre au congrès d'un Parti socialiste qui n'a eu pour seule exigence que l'ajournement de la réforme.
Le gouvernement doit-il tenir quoi qu'il arrive ?
Oui. D'abord parce qu'il y a eu une longue concertation, trop longue même aux yeux de certains. Mais si on était entré plus vite dans les modalités du projet, que n'aurait-on pas dit ? Et puis, de cette réforme des retraites devra découler toute une série d'améliorations concernant la vie professionnelle des Français. Dans le public, il va falloir aménager des deuxièmes carrières, donc introduire, enfin, une gestion des ressources humaines. Dans le privé, je souhaite par exemple que les salariés à temps partiel, qui sont surtout des femmes, puissent cotiser pour leur retraite sur la base d'un temps plein, au moyen d'une surcotisation facultative. C'est un moyen d'encourager la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale sans donner lieu à des inquiétudes concernant la retraite. Tout cela va permettre d'aider les Français à se montrer plus actifs. Car il faut impérativement remonter les taux d'activité français. Les entreprises n'échapperont pas à une obligation de négocier sur le travail des seniors. Et il faut que le débat parlementaire permette de programmer ces rendez-vous. Le patronat doit entrer dans cette dynamique nouvelle. Et, à terme, pour bien affirmer que la valeur du service public repose sur sa continuité, il faudra réfléchir et négocier sur la manière de garantir une certaine continuité du service.
Quelles modifications le groupe UMP apportera-t-il lors de la discussion à l'Assemblée nationale ?
Le projet de loi permet déjà d'atténuer les nombreuses injustices actuelles. Mais le débat parlementaire permettra d'en éclairer certaines autres. Plusieurs catégories sont aujourd'hui injustement pénalisées : par exemple, les retraités ayant accompli leur carrière sous plusieurs régimes, les conjoints survivants, les femmes collaboratrices de leur mari agriculteur ou travailleur indépendant, les parents d'enfants handicapés, etc. Dans la fonction publique où certaines disparités en matière de primes créent des inégalités, nous nous efforcerons aussi d'apporter des corrections. Bien entendu, cela devra se faire dans le cadre d'une enveloppe financière compatible avec l'équilibre financier de la réforme.
Les communistes ont annoncé 10.000 amendements. Poussez-vous le gouvernement à déclarer l'urgence ou à engager sa responsabilité ?
Je me refuse à croire à cette menace d'obstruction. Le PS et le PC ne peuvent appeler à plus de discussion parlementaire et gâcher le débat. Si cette hypothèse se confirme, nous résisterons, par la patience et la détermination, mais nous prendrons l'opinion à témoin.
Il n'y aura pas de 49-3 ?
Nous considérons l'usage du 49-3 ni souhaitable ni nécessaire : le gouvernement en a d'autant moins besoin qu'il rassemblera sans problème sa majorité sur cette réforme ; elle lui apportera un soutien sans faille.
Comment va se terminer cette épreuve de force ?
J'ai la certitude que l'opinion, dans sa majorité, a fait sienne la démarche de réforme. Les bénéficiaires de la réforme, ceux qui veulent plus d'équité, finiront pas se réveiller. Si les blocages se multiplient, la France silencieuse se fera entendre.
Comment ?
Il existe notamment un droit de pétition... Il peut, peut-être, être utilisé le moment venu.
(source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 8 juillet 2003)