Interview de M. Jacques Barrot, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, dans "La Tribune" du 26 mai 2003, sur son soutien au projet gouvernemental de réforme des retraites.

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Média : La Tribune

Texte intégral

Au lendemain d'une manifestation réussie, alors que le climat social ne donne aucun signe d'apaisement, comment abordez-vous le débat parlementaire à venir sur les retraites ?
- Les manifestations ne vont pas ébranler notre détermination à réformer. Nous le ferons au nom des générations qui nous suivent, car je suis profondément convaincu que les Français finiront par comprendre que l'effort que nous leur demandons aujourd'hui préserve l'avenir de leurs enfants et leurs petits-enfants. Ils expriment aujourd'hui un peu sur le tard une inquiétude compréhensible, mais en grande partie injustifiée. Ils vont découvrir progressivement les avancées que permet la réforme, sur les pensions de réversion, les "polypensionnés", l'abattement ramené de 10 à 5 % pour les salariés du privé qui partent un peu plus tôt, etc. Au Parlement, nous nous en tiendrons à ce qui a été convenu entre le gouvernement et les syndicats réformistes, sans exclure toutefois d'améliorer quelques points ou le calendrier d'application de certaines mesures, à la condition que l'équilibre financier de la réforme n'en soit pas affecté.
Sur quels points précisément la majorité envisage-t-elle d'amender le texte ?
- Il est encore un peu tôt pour le dire avec précision. Il y a clairement des améliorations à apporter pour ce qui concerne les handicapés, les familles ou la validation des cotisations dans le secteur associatif, par exemple. Il est très important aussi de permettre à chaque Français de savoir à tout moment quelle est sa situation en matière de retraite. Il est enfin essentiel de mettre en évidence le fait que la réforme ouvre largement à tous l'accès à l'épargne retraite en facilitant l'usage des outils existants.
Après la CFDT et la CFE-CGC, vous semble-t-il également important d'obtenir le ralliement de la CFTC, en entendant certaines de ses demandes ?
- Nous le souhaitons, mais je préfère ne pas parler de ralliement. Plus il y aura de syndicats réformistes soutenant cette réforme, plus les Français verront l'effort demandé comme il doit l'être, c'est-à-dire comme positif pour l'avenir. La CTFC reconnaît la nécessité de cet effort.
Le gouvernement parle beaucoup de pédagogie depuis quelques jours. Pourquoi avoir attendu que les gens soient dans la rue ?
- Je ne pense pas que l'on s'y prenne trop tard. On peut, en revanche, être plus simple et plus précis. Il faut dissiper deux peurs. La première repose sur un calcul simpliste : on rentre dans la vie active à 25 ans, on cotisera jusqu'à 42 ans, donc pas de retraite avant 67 ans. Il faut rappeler qu'il sera tenu compte des années d'études et que la rentrée dans la vie active se fera de plus en plus tôt. La deuxième peur est liée au risque de perdre son emploi et à la difficulté à en retrouver un autre à partir d'un certain âge. Il faut rappeler que l'assurance chômage prend en charge les cotisations.
Envisagez-vous les prochaines semaines avec inquiétude ?
- On est toujours préoccupé devant des mouvements sociaux. Nous mettons en garde ceux qui prennent le risque d'engager un mouvement dur, car ils creusent un fossé entre les Français, notamment avec ceux, nombreux, qui considèrent que la réforme est un pas en avant.
(source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 8 juillet 2003)