Déclaration de M. François Loos, ministre délégué au commerce extérieur sur l'intensification des échanges et des investissements dans la zone euro-méditerranéenne, Marseille le 7 novembre 2003.

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Circonstance : Convention régionale DREE consacrée au processus euro-méditerranéen à Marseille le 7 novembre 2003

Texte intégral


Chers invités,
Monsieur le Sénateur-Maire,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Marseille, nous le savons, aime les grands défis. Ce n'est pas la coupe de l'America qui nous réunit aujourd'hui, mais un autre défi au moins aussi important, celui de la construction d'un vaste ensemble autour de la Méditerranée, réunissant les pays d'Europe à ceux qui bordent l'autre rive de cette mer.
L'amour de Marseille pour les grands défis pourrait à lui seul justifier le choix de ce lieu pour tenir notre réunion. Mais tout converge, la situation géographique de la ville, sa vocation marchande. Le Palais de la Bourse peut à juste titre s'enorgueillir d'abriter la plus ancienne chambre de commerce de France (elle date de 1599). Son décor nous rappelle l'histoire glorieuse du commerce marseillais.
C'est d'ailleurs dans cette ville qu'a été décidé, les 15 et 16 novembre 2000, le renforcement de la coopération économique et commerciale d'Euromed. Je remercie tout particulièrement à cette occasion mes homologues italien et algérien, Adolfo Urso et Noureddine Boukrouh, d'avoir accepté de se joindre à nous. Je remercie également les représentants des autres pays membres d'Euromed, ainsi que l'ensemble des participants à cette convention. Ils manifestent ainsi leur attachement au renforcement des relations euro-méditerranéennes. C'est un bon signe de la vitalité de cette relation particulière.
Tous ici nous partageons une même conviction : c'est l'intensification des échanges et des investissements entre les pays de la zone qui est porteuse de stabilité et de croissance. L'Europe transmet de cette manière à ses plus proches voisins une recette qui a bien fonctionné pour elle.
L'intensification des échanges et des investissements est d'abord du ressort des entreprises. Elle passe par l'esprit d'entreprenariat, le savoir, l'innovation. Nos entreprises en sont largement dotées, de part et d'autre de la Méditerranée. Elles ne nous ont pas attendus pour nouer des liens commerciaux, Marseille en témoigne.
Mais l'attractivité d'un marché pour les investissements internationaux ne se décrète pas. Elle doit se construire.
Cela suppose bien sûr de rallier les opinions publiques à l'ouverture et à l'intégration régionale et sub-régionale. D'une Europe d'abord à six, nous voilà aujourd'hui à vingt-cinq. Nous mesurons avec le recul de notre histoire les difficultés que représente ce mouvement. Mais, d'expérience, le développement économique qu'il apporte aide à surmonter ces difficultés. La croissance qui naît du partenariat est elle-même porteuse d'intégration et cela vaut aussi dans les relations euro-méditerranéennes, j'en suis convaincu.
L'Europe et la Méditerranée ont choisi d'aller ensemble bien au-delà des simples accords de libre-échange. Dans ce que l'on peut appeler une relation de co-développement durable, les pays de l'euro-méditerranée ont décidé de s'accompagner mutuellement dans le processus de globalisation pour que tous en tirent les meilleurs avantages. Tous ensemble, nous l'avons bien compris, il est de notre intérêt collectif de répondre au défi majeur des décennies à venir : la création d'emplois pour répondre au choc démographique. Pour créer les emplois nécessaires aux nouvelles générations dans des pays très proches du Maghreb par exemple, nous savons qu'il faudrait une croissance annuelle minimum de 8 %. Voilà le défi que nous voulons relever.
C'est cet objectif qui nous réunit. Ensemble, nous voulons inciter à l'investissement, ouvrir les échanges qui aideront à la croissance. Pour y parvenir, nous multiplions les liens entre les gouvernements, les collectivités régionales, les chambres consulaires et bien sûr les entrepreneurs des deux rives.
Bien sûr, c'est un effort considérable que nous sommes appelés à produire. Voilà maintenant huit ans que le rapprochement des deux rives de la Méditerranée a été décidé à Barcelone. Le stock d'investissements dans les pays méditerranéens n'est encore que de cent huit milliards de dollars, soit 4 % des investissements directs étrangers dans les pays en développement. Seulement vingt trois milliards de dollars proviennent de l'Europe.
Au-delà des investissements, il faut un environnement.
Et bien, cet espace économique euro-méditerranéen commun est déjà en construction. Ensemble, nous avons commencé à fabriquer un cadre technique commun de ces échanges. Cela passe par l'harmonisation des normes, des règles techniques, des procédures de contrôles et des systèmes de certification et d'évaluation. Il y a une illustration récente avec la déclaration d'intention dans le domaine de l'électricité signée par le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et l'Union européenne le 21 mai 2003. C'est un pas important dans la bonne direction. Accélérer l'interconnexion et l'interopérabilité des réseaux d'infrastructures constitue certainement un socle indispensable. Et nous voulons nous montrer encore plus ambitieux : ouvrir aussi nos marchés de services, comme les accords d'association en offrent la perspective.
Tout cela nécessite des actions de jumelage entre organisations des deux rives. Le relais doit venir aussi du secteur privé, des groupements professionnels, des institutions consulaires, à travers les échanges d'expériences, de formations ou de compagnonnage. Je crois fermement à ces actions de " portage " que les institutions peuvent engager et dans lesquelles l'expérience des uns profite à tous.
Il faut resserrer les liens entre le Nord et le Sud, mais il est également impératif de faire émerger un marché sud-méditerranéen plus intégré. L'absence d'intégration Sud-Sud a un coût, je laisse les économistes invités à vos travaux le soin de développer ce thème. La seule façon de promouvoir une croissance porteuse d'emplois est d'améliorer la compétitivité et les efforts marketing des entreprises d'une part, et de poursuivre l'intégration des échanges Sud-Sud d'autre part. Un domaine tout particulièrement illustre nos ambitions : nous veillons attentivement à la réalisation d'une zone euro-méditerranéenne du textile. Nous l'avons tous bien compris, c'est la seule réponse crédible et durable face à la redistribution mondiale des cartes qui va se jouer dans l'industrie textile fin 2004, avec la suppression des derniers quotas d'importation. Nos objectifs sont clairs : d'une part permettre le cumul des règles d'origine entre les pays du sud de la Méditerranée, et d'autre part aboutir au libre-échange entre ces pays. C'est une ambition immense. Tout cela doit permettre à nos industries textiles d'abord, puis à toutes les industries des deux rives de la Méditerranée de progresser dans leur coopération et d'assurer notre présence collective dans le marché mondial en pleine réorganisation.
Il faut pour cela une vision commune, de l'audace et la volonté de dépasser les schémas de pensée hérités du passé.
La Méditerranée a connu la prospérité grâce à l'essor commercial ; l'histoire de Marseille, vieille de 2600 ans, en témoigne. Il ne tient qu'à nous tous, partenaires euro-méditerranéens, acteurs publics et privés, d'aller de l'avant sur le terrain de l'économie pour donner au processus de Barcelone toute son ampleur et faire de la Méditerranée un espace de prospérité retrouvée.
Je suis sûr que cette convention participera à cette ambitieuse entreprise.
Je vous remercie de votre attention.

(source http://www.minefi.gouv.fr, le 10 novembre 2003)