Texte intégral
Permettez-moi d'abord de vous souhaiter la bienvenue, et d'exprimer ma satisfaction d'ouvrir en compagnie de Roselyne Bachelot-Narquin ce séminaire des correspondants environnement. Je salue la présence parmi nous de M. Julius Georg Luy, ambassadeur chargé de l'Environnement au sein du ministère des affaires étrangères allemand, au côté de son homologue français, qui témoigne de l'excellente coopération qui existe entre nos deux pays sur le sujet, ainsi que le représentant de l'ambassade du Royaume-Uni à Paris, M. Hugh Elliott, conseiller pour les affaires globales.
Les temps ont bien changé, où notre diplomatie ne se saisissait que des sujets strictement liés à la paix et à la guerre. Ils restent évidemment le cur de notre métier. Mais notre mission s'est considérablement enrichie et la diplomatie moderne se doit d'englober tous les relais d'influence et d'aborder toutes les grandes problématiques qui façonnent le monde d'aujourd'hui, marqué désormais par sa nature globale et les interactions qu'entretiennent les phénomènes transnationaux en tous genres : positifs comme la diffusion des moyens de communication, mais aussi néfastes comme les grandes pandémies. Aux défis anciens, comme le sous-développement, viennent se superposer des menaces nouvelles : terrorisme, prolifération, criminalité transnationale...
Aujourd'hui, préserver l'environnement, au Nord comme au Sud, et mettre en uvre à l'échelle mondiale une véritable stratégie de développement durable constituent des défis majeurs. Les menaces pesant sur notre planète donnent lieu depuis une dizaine d'années à une accélération de la mobilisation internationale. Il s'agit pour la France d'un enjeu central pour une diplomatie globale qui souhaite intégrer toutes les dimensions de la mondialisation et contribuer à l'avènement d'un monde plus juste, plus stable, plus sûr. La défense de l'environnement ne saurait être une cause distincte des autres enjeux et priorités de notre action extérieure. Elle se situe au contraire au cur d'une démarche cohérente, d'une nouvelle manière de concevoir et de construire le monde.
* * *
La tâche est immense.
Elle est identifiée depuis longtemps. Permettez-moi de citer Jean-Baptiste Lamarck, le grand naturaliste : "L'homme, par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en un mot par son insouciance pour l'avenir et pour ses semblables, semble travailler à l'anéantissement de ses moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce".
Ce propos prémonitoire, qui date de 1820, est aujourd'hui devenu un constat partagé par l'immense majorité des scientifiques. Le quart des espèces vivantes sont gravement menacées. Le cinquième des terres arides fragiles est touché par une importante dégradation des sols qui met en danger environ un milliard de personnes. Lors de mes déplacements en Afrique, j'ai eu l'occasion d'observer les tensions que pouvait créer la gestion des ressources en eau, de voir aussi l'avancée du désert. Si les modes de production et de consommation actuels persistent, l'augmentation de température devrait être comprise entre 1,5 et 6 degrés d'ici la fin du siècle, avec de sévères conséquences : deux personnes sur trois risquent de connaître en 2025 des difficultés d'alimentation en eau. Depuis la fin des années soixante-dix, et du fait notamment d'une série de catastrophes hélas bien connues, de Seveso à Three Mile Island, de Bhopal à Tchernobyl, nous avons connu l'émergence d'une prise de conscience planétaire des menaces qui pèsent sur l'avenir de notre monde.
Comme l'a affirmé le président de la République à Johannesburg, il y a un an, l'urgence est désormais à l'action.
La France doit donc faire des propositions et rassembler les énergies.
Notre pays a pris conscience tardivement des enjeux. Lorsque l'écologie est apparue au XIXème siècle, la France est restée longtemps en retrait par rapport à l'Allemagne, où des universitaires comme Ernst Haeckel ou Karl Moebius ont su alors donner corps à une science nouvelle. A l'exception du botaniste Aimé Bonpland, qui accompagna Alexandre de Humboldt dans son célèbre périple en Amérique latine et centrale, la France paraissait à la traîne. Si l'écologie a suscité au départ peu d'intérêt dans la communauté scientifique française, c'est peut être parce que celle-ci s'est focalisée sur des disciplines plus spécialisées, comme la botanique, illustrée par Charles Flahaut qui tenta de constituer une cartographie botanique mondiale au début du XXème siècle, ou la géographie, à l'image de Vidal de la Blache.
Aujourd'hui, la France a largement rattrapé son retard. Nos experts sont particulièrement actifs au sein de la communauté scientifique internationale. Ils contribuent aux côtés de leurs pairs à la compréhension et à la résolution des problèmes d'environnement. Nous devons cependant nous mobiliser davantage. Les défis de la mondialisation, parmi lesquels figure la gestion des biens publics environnementaux, exigent en effet une diplomatie active et ambitieuse, prenant appui sur une expertise fiable. Je n'oublie pas que notre pays est, peut-être, le plus riche au monde en diversité biologique terrestre, avec notre présence dans presque tous les grands milieux de la planète, qu'ils soient tempérés, méditerranéens, insulaires, tropicaux ou polaires. Ceci nous impose des responsabilités particulières.
La France se trouve désormais à la pointe de l'action en faveur de l'environnement. Dans le domaine de la protection du milieu marin, notre diplomatie s'est particulièrement illustrée, montrant du même coup la capacité d'action qui peut être la nôtre sur ces nouveaux enjeux, à condition bien entendu que cette action soit bien conçue, déterminée et durable. La France possède la deuxième zone économique exclusive du monde. Notre histoire d'ancienne puissance maritime et les liens noués avec la plupart de nos voisins de cette immense zone nous donnent des responsabilités particulières, de la gestion durable des ressources marines à la création d'aires protégées permettant de préserver une biodiversité menacée. Nous sommes particulièrement engagés dans la bataille pour la sauvegarde des mammifères marins ou des récifs coralliens.
Les catastrophes écologiques répétées provoquées par les naufrages de pétroliers devant nos côtes (Amoco Cadiz, Erika) ont fait prendre conscience de la nécessité d'une stricte réglementation en matière de sécurité maritime. La France a été la première à se lancer dans un combat, aux côtés de ses partenaires de l'Union européenne puis auprès de l'Organisation maritime internationale, afin de faire avancer un dispositif de réforme ambitieux. Les idées françaises font leur chemin puisque nos partenaires de la Baltique s'en inspirent aujourd'hui pour mieux protéger leur propre espace maritime, très vulnérable lui aussi.
3) Les phénomènes dont nous parlons aujourd'hui ne connaissent pas de frontières. Il faut les approcher à l'échelle mondiale, en privilégiant le dialogue avec les pays du Sud.
Leur association à ces démarches constitue un enjeu essentiel. Toute notre action obéit donc à une logique de convergence qui rejoint l'ambition de solidarité dont nous sommes porteurs. Les plus pauvres sont aussi les plus vulnérables face aux mutations environnementales. La crise écologique revêt ses aspects les plus alarmants dans les pays en développement et les pays émergents. Aux ruptures de l'âge préindustriel, comme par exemple la déforestation massive à des fins agricoles, viennent s'ajouter celles de l'âge industriel avec ses modes de production et de consommation non durables, générateurs de surexploitation, de pollutions chimiques et de déchets non recyclés.
Avec les pays du Sud, nous devons donc définir des objectifs communs : combattre la pauvreté, soutenir le développement économique tout en gérant durablement les ressources naturelles et en améliorant l'environnement mondial. Car, contrairement à une idée reçue, la protection de l'environnement n'est pas incompatible avec le développement économique : elle en constitue au contraire une garantie indispensable pour l'avenir.
Nous devons aussi identifier des actions ciblées et prioritaires. Ainsi, lutter contre la désertification au Sahel, c'est contribuer simultanément à l'amélioration des moyens de subsistance des agriculteurs locaux et à la réduction de l'effet de serre par le développement ou le maintien de plantations.
Pour renforcer notre crédibilité, notre action relève d'abord d'une responsabilité nationale. Mais c'est aussi un enjeu européen : dans les enceintes internationales, nous défendons des positions communes.
La Stratégie nationale de Développement durable, qui a été présentée début juin par Roselyne Bachelot-Narquin, fixe des priorités au niveau international pour les cinq prochaines années. Ces objectifs seront encore précisés dans quelques jours dans une communication spécifique en conseil des ministres sur l'action internationale dans le domaine de l'environnement.
Nous entendons notamment contribuer à l'amélioration de la gouvernance internationale de l'environnement. Les accords internationaux dans ce domaine sont nombreux (plus de 500) mais leur mise en uvre n'est pas satisfaisante. Un renforcement du Programme des Nations unies pour l'Environnement est nécessaire. La France est favorable à sa transformation en une organisation spécialisée, disposant d'un budget assuré sous forme de contributions obligatoires, d'un conseil d'administration universel et d'un dirigeant élu. Il nous faut aussi mieux faire prendre en compte les considérations environnementales à l'OMC ainsi qu'établir un cadre international propice au renforcement de la responsabilité environnementale des entreprises.
S'agissant des priorités sectorielles, il convient de concentrer nos efforts sur les grandes conventions issues du sommet de Rio. Pour la lutte contre les changements climatiques, nous continuons de plaider auprès de la Russie pour qu'elle ratifie le Protocole de Kyoto, afin de permettre son entrée en vigueur. Nous travaillons aussi à la mise en uvre effective de ce Protocole au sein de l'Union européenne. Nous renforçons le dialogue avec les pays émergents au sujet de leur contribution aux efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous entendons contribuer activement au succès de la conférence qui se tiendra à Bonn en 2004 sur les énergies renouvelables. Concernant la diversité biologique, nous essayons de mieux en faire connaître les enjeux et d'améliorer la mise en uvre de la convention biodiversité.
* * *
Mesdames, Messieurs,
Pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par le président de la République à Johannesburg, votre participation est essentielle. C'est à vous qu'il revient, dans nos postes à l'étranger ou auprès des représentations permanentes, à travers vos contacts quotidiens avec les administrations, les personnalités d'influence et les représentants de la société civile, de défendre et d'illustrer la vision et l'ambition de la France. Dans les pays du Sud notamment, il vous appartient de montrer que nos buts correspondent aussi à leurs intérêts et que la défense de l'environnement ne constitue ni une entrave à leur développement, ni un moyen de mettre en place de nouvelles barrières protectionnistes. Vous constituez un réseau unique par la diversité de vos compétences et la variété de vos réseaux. Vos informations, qui bénéficient à l'ensemble des services de l'Etat, nous permettent de mieux préparer les conférences des Parties des grandes Conventions en matière d'environnement.
Je vous encourage donc vivement à vous rapprocher de vos collègues allemands, et ultérieurement britanniques, sur le terrain afin de partager vos analyses, voire d'effectuer des démarches communes. Vos interventions au niveau politique seront de nature à faire sortir les débats d'un petit cercle d'initiés et à mettre en évidence les grands enjeux liés à la protection de notre planète et au développement durable. Au-delà de ces débats, notre présence active dans les enceintes multilatérales, au sein desquelles se mettent en place les normes de demain, est un impératif.
La France doit demeurer à l'avant-garde de la défense internationale de l'environnement. Parce qu'il y a urgence. Parce qu'il y va de notre avenir à tous. Mais aussi parce que notre pays a aujourd'hui une conscience particulière de ces enjeux et doit la faire entendre au service de l'intérêt général
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 juillet 2003)
Les temps ont bien changé, où notre diplomatie ne se saisissait que des sujets strictement liés à la paix et à la guerre. Ils restent évidemment le cur de notre métier. Mais notre mission s'est considérablement enrichie et la diplomatie moderne se doit d'englober tous les relais d'influence et d'aborder toutes les grandes problématiques qui façonnent le monde d'aujourd'hui, marqué désormais par sa nature globale et les interactions qu'entretiennent les phénomènes transnationaux en tous genres : positifs comme la diffusion des moyens de communication, mais aussi néfastes comme les grandes pandémies. Aux défis anciens, comme le sous-développement, viennent se superposer des menaces nouvelles : terrorisme, prolifération, criminalité transnationale...
Aujourd'hui, préserver l'environnement, au Nord comme au Sud, et mettre en uvre à l'échelle mondiale une véritable stratégie de développement durable constituent des défis majeurs. Les menaces pesant sur notre planète donnent lieu depuis une dizaine d'années à une accélération de la mobilisation internationale. Il s'agit pour la France d'un enjeu central pour une diplomatie globale qui souhaite intégrer toutes les dimensions de la mondialisation et contribuer à l'avènement d'un monde plus juste, plus stable, plus sûr. La défense de l'environnement ne saurait être une cause distincte des autres enjeux et priorités de notre action extérieure. Elle se situe au contraire au cur d'une démarche cohérente, d'une nouvelle manière de concevoir et de construire le monde.
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La tâche est immense.
Elle est identifiée depuis longtemps. Permettez-moi de citer Jean-Baptiste Lamarck, le grand naturaliste : "L'homme, par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en un mot par son insouciance pour l'avenir et pour ses semblables, semble travailler à l'anéantissement de ses moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce".
Ce propos prémonitoire, qui date de 1820, est aujourd'hui devenu un constat partagé par l'immense majorité des scientifiques. Le quart des espèces vivantes sont gravement menacées. Le cinquième des terres arides fragiles est touché par une importante dégradation des sols qui met en danger environ un milliard de personnes. Lors de mes déplacements en Afrique, j'ai eu l'occasion d'observer les tensions que pouvait créer la gestion des ressources en eau, de voir aussi l'avancée du désert. Si les modes de production et de consommation actuels persistent, l'augmentation de température devrait être comprise entre 1,5 et 6 degrés d'ici la fin du siècle, avec de sévères conséquences : deux personnes sur trois risquent de connaître en 2025 des difficultés d'alimentation en eau. Depuis la fin des années soixante-dix, et du fait notamment d'une série de catastrophes hélas bien connues, de Seveso à Three Mile Island, de Bhopal à Tchernobyl, nous avons connu l'émergence d'une prise de conscience planétaire des menaces qui pèsent sur l'avenir de notre monde.
Comme l'a affirmé le président de la République à Johannesburg, il y a un an, l'urgence est désormais à l'action.
La France doit donc faire des propositions et rassembler les énergies.
Notre pays a pris conscience tardivement des enjeux. Lorsque l'écologie est apparue au XIXème siècle, la France est restée longtemps en retrait par rapport à l'Allemagne, où des universitaires comme Ernst Haeckel ou Karl Moebius ont su alors donner corps à une science nouvelle. A l'exception du botaniste Aimé Bonpland, qui accompagna Alexandre de Humboldt dans son célèbre périple en Amérique latine et centrale, la France paraissait à la traîne. Si l'écologie a suscité au départ peu d'intérêt dans la communauté scientifique française, c'est peut être parce que celle-ci s'est focalisée sur des disciplines plus spécialisées, comme la botanique, illustrée par Charles Flahaut qui tenta de constituer une cartographie botanique mondiale au début du XXème siècle, ou la géographie, à l'image de Vidal de la Blache.
Aujourd'hui, la France a largement rattrapé son retard. Nos experts sont particulièrement actifs au sein de la communauté scientifique internationale. Ils contribuent aux côtés de leurs pairs à la compréhension et à la résolution des problèmes d'environnement. Nous devons cependant nous mobiliser davantage. Les défis de la mondialisation, parmi lesquels figure la gestion des biens publics environnementaux, exigent en effet une diplomatie active et ambitieuse, prenant appui sur une expertise fiable. Je n'oublie pas que notre pays est, peut-être, le plus riche au monde en diversité biologique terrestre, avec notre présence dans presque tous les grands milieux de la planète, qu'ils soient tempérés, méditerranéens, insulaires, tropicaux ou polaires. Ceci nous impose des responsabilités particulières.
La France se trouve désormais à la pointe de l'action en faveur de l'environnement. Dans le domaine de la protection du milieu marin, notre diplomatie s'est particulièrement illustrée, montrant du même coup la capacité d'action qui peut être la nôtre sur ces nouveaux enjeux, à condition bien entendu que cette action soit bien conçue, déterminée et durable. La France possède la deuxième zone économique exclusive du monde. Notre histoire d'ancienne puissance maritime et les liens noués avec la plupart de nos voisins de cette immense zone nous donnent des responsabilités particulières, de la gestion durable des ressources marines à la création d'aires protégées permettant de préserver une biodiversité menacée. Nous sommes particulièrement engagés dans la bataille pour la sauvegarde des mammifères marins ou des récifs coralliens.
Les catastrophes écologiques répétées provoquées par les naufrages de pétroliers devant nos côtes (Amoco Cadiz, Erika) ont fait prendre conscience de la nécessité d'une stricte réglementation en matière de sécurité maritime. La France a été la première à se lancer dans un combat, aux côtés de ses partenaires de l'Union européenne puis auprès de l'Organisation maritime internationale, afin de faire avancer un dispositif de réforme ambitieux. Les idées françaises font leur chemin puisque nos partenaires de la Baltique s'en inspirent aujourd'hui pour mieux protéger leur propre espace maritime, très vulnérable lui aussi.
3) Les phénomènes dont nous parlons aujourd'hui ne connaissent pas de frontières. Il faut les approcher à l'échelle mondiale, en privilégiant le dialogue avec les pays du Sud.
Leur association à ces démarches constitue un enjeu essentiel. Toute notre action obéit donc à une logique de convergence qui rejoint l'ambition de solidarité dont nous sommes porteurs. Les plus pauvres sont aussi les plus vulnérables face aux mutations environnementales. La crise écologique revêt ses aspects les plus alarmants dans les pays en développement et les pays émergents. Aux ruptures de l'âge préindustriel, comme par exemple la déforestation massive à des fins agricoles, viennent s'ajouter celles de l'âge industriel avec ses modes de production et de consommation non durables, générateurs de surexploitation, de pollutions chimiques et de déchets non recyclés.
Avec les pays du Sud, nous devons donc définir des objectifs communs : combattre la pauvreté, soutenir le développement économique tout en gérant durablement les ressources naturelles et en améliorant l'environnement mondial. Car, contrairement à une idée reçue, la protection de l'environnement n'est pas incompatible avec le développement économique : elle en constitue au contraire une garantie indispensable pour l'avenir.
Nous devons aussi identifier des actions ciblées et prioritaires. Ainsi, lutter contre la désertification au Sahel, c'est contribuer simultanément à l'amélioration des moyens de subsistance des agriculteurs locaux et à la réduction de l'effet de serre par le développement ou le maintien de plantations.
Pour renforcer notre crédibilité, notre action relève d'abord d'une responsabilité nationale. Mais c'est aussi un enjeu européen : dans les enceintes internationales, nous défendons des positions communes.
La Stratégie nationale de Développement durable, qui a été présentée début juin par Roselyne Bachelot-Narquin, fixe des priorités au niveau international pour les cinq prochaines années. Ces objectifs seront encore précisés dans quelques jours dans une communication spécifique en conseil des ministres sur l'action internationale dans le domaine de l'environnement.
Nous entendons notamment contribuer à l'amélioration de la gouvernance internationale de l'environnement. Les accords internationaux dans ce domaine sont nombreux (plus de 500) mais leur mise en uvre n'est pas satisfaisante. Un renforcement du Programme des Nations unies pour l'Environnement est nécessaire. La France est favorable à sa transformation en une organisation spécialisée, disposant d'un budget assuré sous forme de contributions obligatoires, d'un conseil d'administration universel et d'un dirigeant élu. Il nous faut aussi mieux faire prendre en compte les considérations environnementales à l'OMC ainsi qu'établir un cadre international propice au renforcement de la responsabilité environnementale des entreprises.
S'agissant des priorités sectorielles, il convient de concentrer nos efforts sur les grandes conventions issues du sommet de Rio. Pour la lutte contre les changements climatiques, nous continuons de plaider auprès de la Russie pour qu'elle ratifie le Protocole de Kyoto, afin de permettre son entrée en vigueur. Nous travaillons aussi à la mise en uvre effective de ce Protocole au sein de l'Union européenne. Nous renforçons le dialogue avec les pays émergents au sujet de leur contribution aux efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous entendons contribuer activement au succès de la conférence qui se tiendra à Bonn en 2004 sur les énergies renouvelables. Concernant la diversité biologique, nous essayons de mieux en faire connaître les enjeux et d'améliorer la mise en uvre de la convention biodiversité.
* * *
Mesdames, Messieurs,
Pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par le président de la République à Johannesburg, votre participation est essentielle. C'est à vous qu'il revient, dans nos postes à l'étranger ou auprès des représentations permanentes, à travers vos contacts quotidiens avec les administrations, les personnalités d'influence et les représentants de la société civile, de défendre et d'illustrer la vision et l'ambition de la France. Dans les pays du Sud notamment, il vous appartient de montrer que nos buts correspondent aussi à leurs intérêts et que la défense de l'environnement ne constitue ni une entrave à leur développement, ni un moyen de mettre en place de nouvelles barrières protectionnistes. Vous constituez un réseau unique par la diversité de vos compétences et la variété de vos réseaux. Vos informations, qui bénéficient à l'ensemble des services de l'Etat, nous permettent de mieux préparer les conférences des Parties des grandes Conventions en matière d'environnement.
Je vous encourage donc vivement à vous rapprocher de vos collègues allemands, et ultérieurement britanniques, sur le terrain afin de partager vos analyses, voire d'effectuer des démarches communes. Vos interventions au niveau politique seront de nature à faire sortir les débats d'un petit cercle d'initiés et à mettre en évidence les grands enjeux liés à la protection de notre planète et au développement durable. Au-delà de ces débats, notre présence active dans les enceintes multilatérales, au sein desquelles se mettent en place les normes de demain, est un impératif.
La France doit demeurer à l'avant-garde de la défense internationale de l'environnement. Parce qu'il y a urgence. Parce qu'il y va de notre avenir à tous. Mais aussi parce que notre pays a aujourd'hui une conscience particulière de ces enjeux et doit la faire entendre au service de l'intérêt général
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 juillet 2003)