Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, sur les relations franco-coréennes, Paris le 7 mars 2000.

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Circonstance : Déjeuner offert au président de la République de Corée M. Kim Dae Jung, à Paris le 7 mars 2000

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
Vous accueillant aujourd'hui à l'occasion de votre première visite en France, je salue un combattant de la liberté, un réformateur et celui qui préside aux destinées d'un important partenaire de la France.
Combattant de la liberté, vous l'avez été dans des temps difficiles pour votre pays. Un engagement sans compromis vous a conduit à affronter l'intimidation, la prison, la condamnation à mort. La France vous a alors soutenu. Et je me souviens avec émotion du discours que prononça François Mitterrand à Madrid. Je me souviens aussi des réunions que nous avons tenues pour le respect des Droits de l'Homme en Corée, dont vous étiez devenu un symbole.
Votre élection à la présidence, en 1997, a marqué la première véritable alternance constitutionnelle dans votre pays.
Et je veux saluer aussi en vous l'homme des réformes. Face à la crise économique et financière qui a frappé votre pays, votre diagnostic s'est révélé juste et courageux. Vous avez résumé votre action en une formule forte : pas d'économie sans démocratie. Vous avez su convaincre vos concitoyens de la nécessité de la solidarité et d'une réforme profonde des structures économiques.
La tâche est considérable. Les résistances sont fortes. Les regroupements et la restructuration des grands groupes industriels coréens ont un coût humain et financier. Cette tâche n'est pas terminée. Mais qui aurait pu prévoir, il y a un an, que la croissance de votre pays atteindrait 9 % en 1999 ? Vous avez donné avec détermination la direction, et la France a participé activement à l'aide financière que vous a fournie la communauté internationale.
Car la Corée est pour notre pays un important partenaire. Les relations que nous entretenons avec vous sont parmi les plus anciennes que nous ayons avec un pays d'Asie. Elles ont été scellées dans les épreuves de la guerre de Corée, dont nous commémorerons ensemble en juin prochain le 50ème anniversaire. La Corée est aussi le pays d'Asie où le français est le plus enseigné. Nous connaissons la situation si particulière qui est la vôtre et le risque permanent qui pèse sur votre pays. Vous avez entrepris de vous rapprocher de vos voisins, la Chine et le Japon. Vous avez fait ainsi le choix de la coopération, de la confiance et de l'avenir, malgré les blessures et les incompréhensions du passé.
La France, comme ses partenaires européens, soutient et approuve la politique lucide que vous avez engagée vis-à-vis de la Corée du Nord. Cette politique contribue à la stabilité de la péninsule coréenne, une stabilité qui nous importe tout particulièrement. C'est pourquoi la France et l'Union européenne s'y associent par leur aide humanitaire et en contribuant au financement de la KEDO.
Nous voulons travailler plus encore avec la Corée. Les occasions ne manqueront pas. Nous préparerons activement le Sommet de l'ASEM qui se tiendra à Séoul en octobre. Nous uvrerons pour la promotion d'une mondialisation maîtrisée, en particulier dans le cadre de l'OMC, comme nous l'avons déjà fait à Seattle. Nous approfondirons un dialogue politique où nous constatons souvent de larges convergences de vues.
Nos relations économiques sont riches de perspectives. Nos deux pays ont montré leur volonté de nouer dans la durée des partenariats industriels. Le TGV entre Séoul et Pusan en est bien évidemment le symbole. Notre coopération s'étendra également aux industries de défense pour conforter la relation stratégique que nous souhaitons développer avec la Corée.
Monsieur le Président,
Je souhaite saluer à travers vous la Corée. Par vos choix, vos combats, vos succès, par la claire conscience que vous avez des obstacles encore à surmonter, vous représentez pleinement un pays qui, dans les plus graves difficultés, a su retrouver le chemin de la croissance et qui sait faire entendre dans le concert international une voix juste et sereine. Je lève mon verre à la Corée, à la France et à l'amitié entre nos deux pays
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 mars 2000)