Texte intégral
J.-J. Bourdin-. Notre invité ce matin J.-M. Le Pen, président du Front national. J.-M. Le Pen, bonjour.
- "Bonjour."
Merci d'être avec nous. Comment avez-vous trouvé le film de S. Moati diffusé sur France 2 vendredi soir " Le Pen, vous et moi " ?
- "Je l'ai trouvé choquant et décevant parce que j'avais crédité S. Moati de qualités d'objectivité que, semble-t-il, il n'avait pas. "
Mais vous êtes choqué par quoi ?
- "J'ai consacré surtout au moins près de cinquante heures d'enregistrement pour aboutir à ça, c'est très décevant. "
Mais vous êtes choqué par quoi ?
- "Je suis choqué par le fait que S. Moati commente d'abord mes réponses sans que je sois là bien sûr. Ensuite, il introduit des éléments visuels qui sont strictement hors du débat et qui constituent, à mon avis, on peut dire, une diffamation par l'image."
Mais quels éléments, par exemple ?
- "Il y en a plusieurs. Il y a sur la guerre d'Indochine, la guerre d'Algérie, les camps de concentration, enfin toutes ces choses-là qui sont tout à fait hors du débat. "
C'est-à-dire que lorsque vous parlez de point de détail, attendez...
- "S. Moati m'a interrogé sur le sujet, je lui ai répondu, je lui ai donné mon explication. Et revenir ensuite et surtout avec des images horribles, eh bien, je trouve que c'est un procédé assez scandaleux et assez malhonnête. "
Oui. Sur le point de détail, il a enchaîné avec des images de camps de concentration, de déportés.
- "Oui, absolument. Images qui, je le rappelle... "
Il n'y a pas de rapport selon vous ?
- "Absolument aucun rapport. Je n'ai pas à battre ma coulpe pour des responsabilités qui ne sont pas les miennes. Moi, mon père est mort pour la France. J'étais jeune résistant à la Libération. Et par conséquent, je n'ai pas à m'expliquer sur les crimes qui ont été commis. Et je pense que se servir de ça, soixante ans après, dans la politique actuelle, ce n'est pas très correct. "
Bien. Le 18 juin, J.-M. Le Pen, est-ce un moment historique, le 18 juin 44 ? Dans deux jours, on va fêter l'appel du 18 juin.
- "Non, c'est le 18 juin 40."
Oui, 40, pardon. Est-ce que pour vous c'est un moment historique ?
- "Oh oui. Il l'est devenu par la suite parce que, sur le moment, je crois que presque personne n'a entendu l'appel du général De Gaulle à Radio Londres, à la BBC. Mais depuis, il est devenu le symbole de la résistance extérieure avant d'être celui de la résistance intérieure."
Vous auriez répondu à cet appel ?
- "Je ne sais pas. Je me trouvais..."
Vous vous souvenez ?
- "Oui, très bien. Je me souviens très, très bien. J'ai entendu celui du maréchal Pétain annonçant l'Armistice. Et comme je me trouvais, je venais de quitter Lorient dont l'Arsenal était en feu, les dépôts de carburant de la Marine étaient en feu, mon père venait de partir on ne savait pour où, puisqu'il était mobilisé et je voyais sur les routes les débris de notre armée, les réfugiés belges et hollandais avec leurs matelas sur les toits et je pensais que c'était une décision sage que d'arrêter le combat, c'est sûr. Cela étant, moi, j'ai toujours cru que le maréchal Pétain était le bouclier, et le général De Gaulle l'épée. Il me semblait que leurs actions se complétaient l'une l'autre. Je regrette qu'on en est donné une autre version après, car je crois que celle-là correspondait à une réalité. "
Le poignard et la torture en Algérie, J.-M. Le Pen.
- "Oui, ça, c'est un gag."
Non, mais gag, attendez, attendez, permettez-moi de resituer les choses pour l'auditeur qui ne saurait pas. Le 15 mai dernier, 17ème chambre correctionnelle de Paris, vous poursuivez le journal Le Monde pour diffamation, après deux articles parus l'année dernière qui dénonçaient votre participation à la torture pendant la guerre d'Algérie. Alors, un témoin a comparu, Algérien de 58 ans, 12 ans à l'époque des faits, Mohammed Cherif Moulay. Il a fourni à la barre le poignard qui porte le nom de J.-M. Le Pen, 1er REP, régiment étranger de parachutistes et il raconte qu'il l'a trouvé au lendemain des faits après l'assassinat de son père. Le jugement sera prononcé le 26 juin.
- "Tout cela, je rappelle que ces assertions fantaisistes et diffamatoires ont déjà été condamnées il y a dix ans. C'était Libération, et je ne sais plus quel autre journal à ce moment là. Cela a été repris, je vous le rappelle, selon une technique qui est particulière au Monde au deuxième tour des élections présidentielles, sans aucun rapport avec des événements d'Algérie. Quant à ceux qui pourraient croire que la jeune femme reporter de ce journal ait rencontré, comme ça, quarante ans après dans la rue des gens qui avaient connu J.-M. Le Pen, là aussi..."
Il y a quand même un témoin.
- "Quel témoin ?"
M. Mohammed Cherif Moulay.
- "C'est un Fellaga qui fait une déclaration. Mais cette déclaration n'est pas un témoignage. Et pour que ce soit un témoignage, il eut fallu qu'il eût été vérifié. Or, qui peut croire qu'un officier de parachutiste de la Légion étrangère en opération se promenait avec un poignard d'Hitler Jugen sur lequel, en surcroît, il avait marqué son nom. Il est vrai qu'il avait oublié son numéro de téléphone mais ça avait fait rire tout le monde, y compris le tribunal d'ailleurs."
Est-ce que vous avez torturé en Algérie ?
- "Non, M., mais je dois dire que..."
Vous me regardez droit dans les yeux.
- "Oui, tout à fait. Je crois que je ne peux pas vous regarder plus droit que je ne le fais."
Tous les deux, on se regarde droit dans les yeux.
- "Tous les deux."
J.-M. Le Pen, vous n'avez jamais torturé en Algérie ?
- "Non. Mais je dois dire que si j'en avais reçu l'ordre, je l'aurais fait car je considère que la bataille était menée..."
Vous l'auriez fait. Et pourquoi ?
- "Ecoutez, on parle beaucoup de terrorisme ces temps-ci. Il paraît que le monde entier est mobilisé contre le terrorisme. Eh bien, la division de parachutisme, sur l'ordre du gouvernement socialiste, avait reçu l'ordre de briser le réseau terroriste qui faisait éclater des bombes. On montre quelquefois les fellagas dans les films mais on ne montre jamais les cadavres des enfants déchiquetés par les bombes des terroristes à Alger. Je trouve que les procédés qui ont été utilisés ont été le plus près possible de l'humanité qu'il était possible de faire car je rappelle que la guerre, ça tue, ça blesse, ça fait souffrir."
Des deux côtés.
- "Et je ne vois pas pourquoi on devrait avoir plus de considération pour un terroriste qui s'attaque aux civils que pour un soldat ennemi à qui on plonge sa baïonnette dans le ventre. "
Bien. Regardons l'actualité, J.-M. Le Pen. D'abord, tiens ! une question avant d'entrer sur le dossier des retraites et celui de l'éducation, l'immigration. Est-ce que vous êtes un incompris ? Est-ce que vous êtes une victime permanente ? J'ai l'impression à chaque fois que vous venez, vous me dites : je suis une victime permanente des médias. Vous êtes un incompris ou...
- "Non, je suis surtout une victime du silence des médias puisque, comme l'a remarqué le CSA, en 2000, le Front national a eu droit à 0,17 % du temps d'antenne politique et en 2001, à 0,23. En 2002, on ne sait pas, ça n'a pas encore été publié six mois après la fin de l'année."
En 2002, vous avez été présent quand même avec les élections.
- "Oh, relativement présent. "
Non, mais est-ce que vous ne jouez pas en vous posant en victime permanente ?
- "Ecoutez, j'en joue comme la vieille dame qui, ayant été agressée, tabassée et volée, geint sur sa civière. On trouve que ces gémissements sont insupportables, ils dérangent tout le monde. "
Les retraites. Si vous étiez député, est-ce que vous voteriez le projet de loi du Gouvernement ?
- "Oui, en sachant qu'il est très incomplet et que, en toute hypothèse, même si on votait la loi de M. Fillon, qui est votée le dos au mur, parce que M. Raffarin vient nous expliquer tout cela, mais le parti de M. Raffarin a été au pouvoir pendant quinze ans sur les trente dernières années et il n'a pas plus fait que la gauche pour avertir les Français que tout ce que nous savions, en tous les cas tout ce que je disais moi, à savoir que la situation démographique de la France, que le phénomène de l'immigration, de l'allongement de la vie allait nous amener inéluctablement un jour ou l'autre à la ruine comme nous allons aller à la ruine de la Sécurité sociale. Alors le dos au mur, on essaie de faire quelque chose mais ce que propose le gouvernement Raffarin résoudra à peine le tiers du problème. "
Nous allons dans un instant, J.-M. Le Pen, regarder ce que vous proposez, vous, sur le dossier des retraites. Nous allons parler de l'éducation et de l'immigration et de la délinquance aussi avec les dernières propositions de N. Sarkozy.
Deuxième partie
Notre invité ce matin, J.-M. Le Pen, les retraites donc, vous nous l'avez dit, si vous étiez député vous voteriez le projet de loi du gouvernement. Que proposez-vous de votre côté, un allongement de la durée du travail..
- "Je le voterais dos au mur, comme un pis-aller, et comme un commencement de solution, mais il n'y aura pas de solution au problème français quel qu'il soit y compris celui de la retraite ou de la Sécurité sociale, sans une transformation radicale de la politique d'immigration car tout le monde s'indignerait que la politique d'immigration nous coûte entre 300 et 400 milliards par an, ce qui sur 20 ans fait 10 000 milliards, ce qui est quand même une perte de substances extraordinaires."
De francs ou d'euros J.-M. Le Pen ?
- "Je parle en francs, moi, je ne parle pas en monnaie d'occupation pour l'instant."
Ah monnaie d'occupation l'euro !
- "Oui monnaie d'occupation, oui c'est comme ça que je le ressens. Moi, je suis attaché à notre monnaie nationale, et je pense qu'un pays qui n'a plus de monnaie nationale, qui est en voie de ne plus avoir d'armée nationale, qui ne vote plus pratiquement la majorité de ses lois, n'est plus un pays indépendant, et moi je suis attaché à l'indépendance de la France."
J.-M. Le Pen, les retraites donc, quelques mots sur vos projets, vous êtes favorable à un allongement de la durée hebdomadaire du travail de 35 à 42 heures et vous êtes favorable au report progressif de la retraite de 60 à 70 ans. C'est cela ?
- "Progressivement, oui, parce que je crois que ça va correspondre à l'absolue nécessité, parce que je crois que le projet du Gouvernement est affecté d'une erreur prévisible considérable, à savoir que le Gouvernement table sur un taux de chômage de 4,5 à 5% dans 10 ans ou 15 ans, alors qu'actuellement, le chômage est en train de s'aggraver. Il table sur un taux de croissance de 2,5 à 3%, alors que nous serons sans doute à peine à un 0,5% cette année. Par conséquent c'est toujours le fait de se mettre des lunettes roses sur le nez, même quand on n'est pas socialiste, on se met des lunettes roses pour voir sous des couleurs agréables un avenir qui est probablement très noir. Les solutions qui sont à appliquer sont de différents ordres et il n'y a pas un problème des retraites, il y a un problème de la politique française, il y a un problème de la fiscalité écrasante, la première d'Europe sinon du monde et le découragement qui frappe les gens qui veulent travailler en France. Et d'ailleurs quand ils veulent travailler de surcroît, les grèves les en empêchent."
40 ans pour tous, vous êtes favorables, public - privé ?
- "Oui, 40 ans aussi bien que pour le public que le privé, il me paraît cela assez naturel. Je note d'ailleurs, ce qui est paradoxal, c'est que les gens qui sont dans la rue qui font les grèves, ce sont les régimes spéciaux qui pour l'instant ne sont pas visés par la réforme. C'est assez singulier quand même de voir des régimes qui sont privilégiés, dont certains privilèges sont justifiés, encore faudrait-il en redébattre parce que donner une prime de charbon aux conducteurs des locomotives électriques, c'est peut-être un petit peu désuet, tout de même."
J.-M. Le Pen, l'éducation, oui ou non faut-il décentraliser, les personnels administratifs doivent-ils dépendre des régions ?
- "Je crois qu'il faut, en tous les cas, démanteler le mammouth, cette espèce de gigantesque machine d'1,3 millions fonctionnaires. On disait avant quelle était la deuxième entreprise du monde après l'Armée rouge, maintenant depuis la fin de l'Armée rouge, c'est la première entreprise du monde."
Démanteler comment ?
- "Le démanteler parce que ses résultats ne correspondent pas au prix qu'elle coûte à la Nation. Je crois qu'il faut en effet donner l'autonomie, par exemple à l'enseignement supérieur, une autonomie régionale, par exemple à l'enseignement supérieur pourquoi pas, mais je crois surtout que ce qu'il faut réformer c'est la formation des maîtres pour que cesse cette influence marxiste qui est diffusée par les IUFM et qui forge des gens qui sont tout à fait en rupture avec la réalité du temps, avec la réalité de l'économie et de la société, et qui prolongent un rêve révolutionnaire désuet qui s'est effondré avec l'Union Soviétique."
Alors l'immigration, parlons-en, N. Sarkozy fait des propositions : 15.000 clandestins expulsés depuis le début de l'année, objectif, 30 à 40.000 par an nous dit Sarkozy. On entre en France légalement nous dit-il, visa de tourisme de trois mois, on y reste ensuite illégalement et il dit à propos de la délinquance, à propos des demandeurs de visas, qu'à partir de janvier 2004, nous mettrons en place un fichier d'empreintes digitales pour les demandeurs de visas. Voilà des mesures qui doivent vous satisfaire, J.-M. Le Pen.
- "Tout cela ce sont des mesurettes qui ne résoudront pas le problème, d'ailleurs le ministre l'a reconnu en parlant de l'immigration algérienne, il a reconnu... Vous savez, je crois qu'on donne des centaines de milliers de visas et un jour dans une interview, il a reconnu qu'environ 10% seulement de ces demandeurs de visas rentraient en Algérie. Ce qui veut dire que 90% restaient ici. On ne sait pas à un, deux ou trois millions près, combien il y a de clandestins en France. Parce qu'on vit comme clandestin, on est même assisté comme clandestin, on peut trouver des logements comme clandestin, sauf le petit paquet qui est nécessaire à ATTAC et à quelques mouvements, comme ceux là pour faire leur publicité."
Justement il fait tout pour changer les choses apparemment.
- "Mais je ne le crois pas. Ecoutez, pour résoudre le problème de l'immigration, la première mesure consisterait à couper les pompes aspirantes, c'est-à-dire à dire aux étrangers : si vous venez chez nous comme touristes, vous êtes les bienvenus, mais vous devrez savoir que vous paierez tout ce que vous utiliserez, vous paierez l'hôpital, vous paierez les écoles, vous n'aurez pas d'allocations familiales parce que vous êtes étrangers et que nous réservons ces mesures et cet argent, qui est le leur, aux Français et aux travailleurs français. Nous appliquerons la préférence nationale. A ce moment-là, la plupart des immigrés n'auront plus d'intérêts à venir chez nous car qu'est-ce qui les poussent à venir chez nous ? C'est qu'ils savent qu'en venant chez nous, ils gagneront sans travailler 10-20-30 fois ce qu'ils gagnent chez eux en travaillant."
Alors autre mesure de Sarkozy, alors il dit 80% des visas de tourisme sont accordés sur la foi d'un certificat d'accueil qui prouve que le demandeur dispose d'un hébergement. Ces certificats ne sont pas vérifiés, c'est le constat qu'il fait...
- "Quel aveu, quel aveu ! !"
Alors, dorénavant, les maires pourront refuser les certificats qu'ils jugent frauduleux. Voilà une bonne mesure non ? Oui ou non ?
- "Non, c'est une bonne mesure..."
Non, mais vous n'arrivez pas à dire que N. Sarkozy prend de bonnes mesures.
- "Non, parce que je crois qu'il n'en prend pas. Monsieur Sarkozy est un illusionniste, c'est un maître du Bonto. Il séduit par l'affirmation de mesures qu'il va prendre, mais moi, je juge la politique à ses résultats et je constate que les annonces de M. Sarkozy sont rarement suivies d'effets."
Recul de 6 % de la délinquance en un Assemblée nationale ?
- "Oui, mais ça, il suffit de trafiquer un peu les statistiques. On sait comment tout cela s'obtient et on sait aussi qu'un corps de fonctionnaires, qui est dynamisé sur un sujet particulier, plus sur les automobilistes que dans les banlieues, il faut le dire, arrive à avoir un certain nombre d'effets positifs tout de même, encore heureux. Mais ce n'est pas cela qui résoudra le problème. On ne résout pas le problème si on ne contrôle pas ses frontières, on ne résout pas le problème si on ne peut pas expulser. Il raconte qu'il expulse, qu'il expulse des Roumains, il expulse des Bulgares, mais il n'expulse pas des Africains, des Asiatiques ou des Algériens. Pourquoi ? C'est parce que nos avions ne peuvent pas..."
Ils sont différents ? Est-ce qu'ils sont les Africains et les Asiatiques ?
- "Non mais c'est pas le problème. Je vous dis que nos avions ne peuvent pas se rendre et savez-vous que pour expulser 20 personnes, il faut 40 policiers dans l'avion pour les accompagner ? On se rend bien compte qu'il s'agit là de mesures destinées à tromper l'opinion, à faire croire qu'on fait quelque chose alors qu'en fait, on ne fait rien d'efficace."
Pierre, un auditeur du Vaucluse, afficheur de presse : C'est au niveau politique que j'aimerais vraiment savoir votre point de vue. Selon vous ou en tout cas ce qui remonte de vos militants par rapport à l'action menée par N. Sarkozy... L'action, le numéro d'illusionniste, peut-être bien, ou d'autres paramètres d'accord[...]. Est-ce que M. Sarkozy, par son action consolide, votre électorat dans ses convictions, est-ce qu'il vous fait perdre des électeurs ou alors vous en fait-il gagner car lui prétend vous en faire perdre.
- "Nous verrons ça dans les urnes. Moi, personnellement, je ne crains pas M. Sarkozy. Mais si M. Sarkozy est si convaincu de cela, qu'il vienne se présenter comme tête d'une liste UMP dans une des grandes régions françaises. Qu'il vienne par exemple en Provence Alpes Côte d'Azur, ou bien qu'il vienne en Ile-de-France et on verra bien ce que pèse sa popularité réelle."
Pierre : D'accord et vous pensez qu'il consolide votre électorat ou pas ?
- "Je crois que dans la mesure où il est obligé d'exposer les raisons pour lesquelles il agit, il consolide en effet l'analyse que nous faisons des raisons de l'insécurité."
Un dernier mot sur la Corse tiens, oui ou non au référendum ?
- "Ecoutez, le bureau politique du Front National se réunit aujourd'hui pour prendre une position officielle. Mais quand je constate que l'UMP, le Parti Socialiste et les Indépendantistes sont pour le oui, je peux vous dire à l'avance que ça ne sera pas oui."
C'est-à-dire, ce sera ?
- "Ca peut être l'abstention, le boycott ou le " non ". "
Qu'est-ce que vous recommandez, vous, J.-M. Le Pen, à titre personnel ?
- "Personnellement, je suis hostile à cette énième réforme qui s'engage dans un processus que nous avons connu, quand il s'est placé en Nouvelle-Calédonie et dont le but final est d'aboutir à l'indépendance sans oser le dire ni au peuple corse ni au peuple français."
Si je comprends bien, vous demandez de dire non au gouvernement de la République. Est-ce la meilleure façon d'inscrire la Corse dans la République ?
- "Ecoutez le gouvernement de la République, il a eu sur ce sujet beaucoup de positions divergentes. Par conséquent, je combats la politique du Gouvernement quand j'estime qu'elle est contraire à l'intérêt de la Nation. Et là je crois qu'elle l'est. "
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 juin 2003)
- "Bonjour."
Merci d'être avec nous. Comment avez-vous trouvé le film de S. Moati diffusé sur France 2 vendredi soir " Le Pen, vous et moi " ?
- "Je l'ai trouvé choquant et décevant parce que j'avais crédité S. Moati de qualités d'objectivité que, semble-t-il, il n'avait pas. "
Mais vous êtes choqué par quoi ?
- "J'ai consacré surtout au moins près de cinquante heures d'enregistrement pour aboutir à ça, c'est très décevant. "
Mais vous êtes choqué par quoi ?
- "Je suis choqué par le fait que S. Moati commente d'abord mes réponses sans que je sois là bien sûr. Ensuite, il introduit des éléments visuels qui sont strictement hors du débat et qui constituent, à mon avis, on peut dire, une diffamation par l'image."
Mais quels éléments, par exemple ?
- "Il y en a plusieurs. Il y a sur la guerre d'Indochine, la guerre d'Algérie, les camps de concentration, enfin toutes ces choses-là qui sont tout à fait hors du débat. "
C'est-à-dire que lorsque vous parlez de point de détail, attendez...
- "S. Moati m'a interrogé sur le sujet, je lui ai répondu, je lui ai donné mon explication. Et revenir ensuite et surtout avec des images horribles, eh bien, je trouve que c'est un procédé assez scandaleux et assez malhonnête. "
Oui. Sur le point de détail, il a enchaîné avec des images de camps de concentration, de déportés.
- "Oui, absolument. Images qui, je le rappelle... "
Il n'y a pas de rapport selon vous ?
- "Absolument aucun rapport. Je n'ai pas à battre ma coulpe pour des responsabilités qui ne sont pas les miennes. Moi, mon père est mort pour la France. J'étais jeune résistant à la Libération. Et par conséquent, je n'ai pas à m'expliquer sur les crimes qui ont été commis. Et je pense que se servir de ça, soixante ans après, dans la politique actuelle, ce n'est pas très correct. "
Bien. Le 18 juin, J.-M. Le Pen, est-ce un moment historique, le 18 juin 44 ? Dans deux jours, on va fêter l'appel du 18 juin.
- "Non, c'est le 18 juin 40."
Oui, 40, pardon. Est-ce que pour vous c'est un moment historique ?
- "Oh oui. Il l'est devenu par la suite parce que, sur le moment, je crois que presque personne n'a entendu l'appel du général De Gaulle à Radio Londres, à la BBC. Mais depuis, il est devenu le symbole de la résistance extérieure avant d'être celui de la résistance intérieure."
Vous auriez répondu à cet appel ?
- "Je ne sais pas. Je me trouvais..."
Vous vous souvenez ?
- "Oui, très bien. Je me souviens très, très bien. J'ai entendu celui du maréchal Pétain annonçant l'Armistice. Et comme je me trouvais, je venais de quitter Lorient dont l'Arsenal était en feu, les dépôts de carburant de la Marine étaient en feu, mon père venait de partir on ne savait pour où, puisqu'il était mobilisé et je voyais sur les routes les débris de notre armée, les réfugiés belges et hollandais avec leurs matelas sur les toits et je pensais que c'était une décision sage que d'arrêter le combat, c'est sûr. Cela étant, moi, j'ai toujours cru que le maréchal Pétain était le bouclier, et le général De Gaulle l'épée. Il me semblait que leurs actions se complétaient l'une l'autre. Je regrette qu'on en est donné une autre version après, car je crois que celle-là correspondait à une réalité. "
Le poignard et la torture en Algérie, J.-M. Le Pen.
- "Oui, ça, c'est un gag."
Non, mais gag, attendez, attendez, permettez-moi de resituer les choses pour l'auditeur qui ne saurait pas. Le 15 mai dernier, 17ème chambre correctionnelle de Paris, vous poursuivez le journal Le Monde pour diffamation, après deux articles parus l'année dernière qui dénonçaient votre participation à la torture pendant la guerre d'Algérie. Alors, un témoin a comparu, Algérien de 58 ans, 12 ans à l'époque des faits, Mohammed Cherif Moulay. Il a fourni à la barre le poignard qui porte le nom de J.-M. Le Pen, 1er REP, régiment étranger de parachutistes et il raconte qu'il l'a trouvé au lendemain des faits après l'assassinat de son père. Le jugement sera prononcé le 26 juin.
- "Tout cela, je rappelle que ces assertions fantaisistes et diffamatoires ont déjà été condamnées il y a dix ans. C'était Libération, et je ne sais plus quel autre journal à ce moment là. Cela a été repris, je vous le rappelle, selon une technique qui est particulière au Monde au deuxième tour des élections présidentielles, sans aucun rapport avec des événements d'Algérie. Quant à ceux qui pourraient croire que la jeune femme reporter de ce journal ait rencontré, comme ça, quarante ans après dans la rue des gens qui avaient connu J.-M. Le Pen, là aussi..."
Il y a quand même un témoin.
- "Quel témoin ?"
M. Mohammed Cherif Moulay.
- "C'est un Fellaga qui fait une déclaration. Mais cette déclaration n'est pas un témoignage. Et pour que ce soit un témoignage, il eut fallu qu'il eût été vérifié. Or, qui peut croire qu'un officier de parachutiste de la Légion étrangère en opération se promenait avec un poignard d'Hitler Jugen sur lequel, en surcroît, il avait marqué son nom. Il est vrai qu'il avait oublié son numéro de téléphone mais ça avait fait rire tout le monde, y compris le tribunal d'ailleurs."
Est-ce que vous avez torturé en Algérie ?
- "Non, M., mais je dois dire que..."
Vous me regardez droit dans les yeux.
- "Oui, tout à fait. Je crois que je ne peux pas vous regarder plus droit que je ne le fais."
Tous les deux, on se regarde droit dans les yeux.
- "Tous les deux."
J.-M. Le Pen, vous n'avez jamais torturé en Algérie ?
- "Non. Mais je dois dire que si j'en avais reçu l'ordre, je l'aurais fait car je considère que la bataille était menée..."
Vous l'auriez fait. Et pourquoi ?
- "Ecoutez, on parle beaucoup de terrorisme ces temps-ci. Il paraît que le monde entier est mobilisé contre le terrorisme. Eh bien, la division de parachutisme, sur l'ordre du gouvernement socialiste, avait reçu l'ordre de briser le réseau terroriste qui faisait éclater des bombes. On montre quelquefois les fellagas dans les films mais on ne montre jamais les cadavres des enfants déchiquetés par les bombes des terroristes à Alger. Je trouve que les procédés qui ont été utilisés ont été le plus près possible de l'humanité qu'il était possible de faire car je rappelle que la guerre, ça tue, ça blesse, ça fait souffrir."
Des deux côtés.
- "Et je ne vois pas pourquoi on devrait avoir plus de considération pour un terroriste qui s'attaque aux civils que pour un soldat ennemi à qui on plonge sa baïonnette dans le ventre. "
Bien. Regardons l'actualité, J.-M. Le Pen. D'abord, tiens ! une question avant d'entrer sur le dossier des retraites et celui de l'éducation, l'immigration. Est-ce que vous êtes un incompris ? Est-ce que vous êtes une victime permanente ? J'ai l'impression à chaque fois que vous venez, vous me dites : je suis une victime permanente des médias. Vous êtes un incompris ou...
- "Non, je suis surtout une victime du silence des médias puisque, comme l'a remarqué le CSA, en 2000, le Front national a eu droit à 0,17 % du temps d'antenne politique et en 2001, à 0,23. En 2002, on ne sait pas, ça n'a pas encore été publié six mois après la fin de l'année."
En 2002, vous avez été présent quand même avec les élections.
- "Oh, relativement présent. "
Non, mais est-ce que vous ne jouez pas en vous posant en victime permanente ?
- "Ecoutez, j'en joue comme la vieille dame qui, ayant été agressée, tabassée et volée, geint sur sa civière. On trouve que ces gémissements sont insupportables, ils dérangent tout le monde. "
Les retraites. Si vous étiez député, est-ce que vous voteriez le projet de loi du Gouvernement ?
- "Oui, en sachant qu'il est très incomplet et que, en toute hypothèse, même si on votait la loi de M. Fillon, qui est votée le dos au mur, parce que M. Raffarin vient nous expliquer tout cela, mais le parti de M. Raffarin a été au pouvoir pendant quinze ans sur les trente dernières années et il n'a pas plus fait que la gauche pour avertir les Français que tout ce que nous savions, en tous les cas tout ce que je disais moi, à savoir que la situation démographique de la France, que le phénomène de l'immigration, de l'allongement de la vie allait nous amener inéluctablement un jour ou l'autre à la ruine comme nous allons aller à la ruine de la Sécurité sociale. Alors le dos au mur, on essaie de faire quelque chose mais ce que propose le gouvernement Raffarin résoudra à peine le tiers du problème. "
Nous allons dans un instant, J.-M. Le Pen, regarder ce que vous proposez, vous, sur le dossier des retraites. Nous allons parler de l'éducation et de l'immigration et de la délinquance aussi avec les dernières propositions de N. Sarkozy.
Deuxième partie
Notre invité ce matin, J.-M. Le Pen, les retraites donc, vous nous l'avez dit, si vous étiez député vous voteriez le projet de loi du gouvernement. Que proposez-vous de votre côté, un allongement de la durée du travail..
- "Je le voterais dos au mur, comme un pis-aller, et comme un commencement de solution, mais il n'y aura pas de solution au problème français quel qu'il soit y compris celui de la retraite ou de la Sécurité sociale, sans une transformation radicale de la politique d'immigration car tout le monde s'indignerait que la politique d'immigration nous coûte entre 300 et 400 milliards par an, ce qui sur 20 ans fait 10 000 milliards, ce qui est quand même une perte de substances extraordinaires."
De francs ou d'euros J.-M. Le Pen ?
- "Je parle en francs, moi, je ne parle pas en monnaie d'occupation pour l'instant."
Ah monnaie d'occupation l'euro !
- "Oui monnaie d'occupation, oui c'est comme ça que je le ressens. Moi, je suis attaché à notre monnaie nationale, et je pense qu'un pays qui n'a plus de monnaie nationale, qui est en voie de ne plus avoir d'armée nationale, qui ne vote plus pratiquement la majorité de ses lois, n'est plus un pays indépendant, et moi je suis attaché à l'indépendance de la France."
J.-M. Le Pen, les retraites donc, quelques mots sur vos projets, vous êtes favorable à un allongement de la durée hebdomadaire du travail de 35 à 42 heures et vous êtes favorable au report progressif de la retraite de 60 à 70 ans. C'est cela ?
- "Progressivement, oui, parce que je crois que ça va correspondre à l'absolue nécessité, parce que je crois que le projet du Gouvernement est affecté d'une erreur prévisible considérable, à savoir que le Gouvernement table sur un taux de chômage de 4,5 à 5% dans 10 ans ou 15 ans, alors qu'actuellement, le chômage est en train de s'aggraver. Il table sur un taux de croissance de 2,5 à 3%, alors que nous serons sans doute à peine à un 0,5% cette année. Par conséquent c'est toujours le fait de se mettre des lunettes roses sur le nez, même quand on n'est pas socialiste, on se met des lunettes roses pour voir sous des couleurs agréables un avenir qui est probablement très noir. Les solutions qui sont à appliquer sont de différents ordres et il n'y a pas un problème des retraites, il y a un problème de la politique française, il y a un problème de la fiscalité écrasante, la première d'Europe sinon du monde et le découragement qui frappe les gens qui veulent travailler en France. Et d'ailleurs quand ils veulent travailler de surcroît, les grèves les en empêchent."
40 ans pour tous, vous êtes favorables, public - privé ?
- "Oui, 40 ans aussi bien que pour le public que le privé, il me paraît cela assez naturel. Je note d'ailleurs, ce qui est paradoxal, c'est que les gens qui sont dans la rue qui font les grèves, ce sont les régimes spéciaux qui pour l'instant ne sont pas visés par la réforme. C'est assez singulier quand même de voir des régimes qui sont privilégiés, dont certains privilèges sont justifiés, encore faudrait-il en redébattre parce que donner une prime de charbon aux conducteurs des locomotives électriques, c'est peut-être un petit peu désuet, tout de même."
J.-M. Le Pen, l'éducation, oui ou non faut-il décentraliser, les personnels administratifs doivent-ils dépendre des régions ?
- "Je crois qu'il faut, en tous les cas, démanteler le mammouth, cette espèce de gigantesque machine d'1,3 millions fonctionnaires. On disait avant quelle était la deuxième entreprise du monde après l'Armée rouge, maintenant depuis la fin de l'Armée rouge, c'est la première entreprise du monde."
Démanteler comment ?
- "Le démanteler parce que ses résultats ne correspondent pas au prix qu'elle coûte à la Nation. Je crois qu'il faut en effet donner l'autonomie, par exemple à l'enseignement supérieur, une autonomie régionale, par exemple à l'enseignement supérieur pourquoi pas, mais je crois surtout que ce qu'il faut réformer c'est la formation des maîtres pour que cesse cette influence marxiste qui est diffusée par les IUFM et qui forge des gens qui sont tout à fait en rupture avec la réalité du temps, avec la réalité de l'économie et de la société, et qui prolongent un rêve révolutionnaire désuet qui s'est effondré avec l'Union Soviétique."
Alors l'immigration, parlons-en, N. Sarkozy fait des propositions : 15.000 clandestins expulsés depuis le début de l'année, objectif, 30 à 40.000 par an nous dit Sarkozy. On entre en France légalement nous dit-il, visa de tourisme de trois mois, on y reste ensuite illégalement et il dit à propos de la délinquance, à propos des demandeurs de visas, qu'à partir de janvier 2004, nous mettrons en place un fichier d'empreintes digitales pour les demandeurs de visas. Voilà des mesures qui doivent vous satisfaire, J.-M. Le Pen.
- "Tout cela ce sont des mesurettes qui ne résoudront pas le problème, d'ailleurs le ministre l'a reconnu en parlant de l'immigration algérienne, il a reconnu... Vous savez, je crois qu'on donne des centaines de milliers de visas et un jour dans une interview, il a reconnu qu'environ 10% seulement de ces demandeurs de visas rentraient en Algérie. Ce qui veut dire que 90% restaient ici. On ne sait pas à un, deux ou trois millions près, combien il y a de clandestins en France. Parce qu'on vit comme clandestin, on est même assisté comme clandestin, on peut trouver des logements comme clandestin, sauf le petit paquet qui est nécessaire à ATTAC et à quelques mouvements, comme ceux là pour faire leur publicité."
Justement il fait tout pour changer les choses apparemment.
- "Mais je ne le crois pas. Ecoutez, pour résoudre le problème de l'immigration, la première mesure consisterait à couper les pompes aspirantes, c'est-à-dire à dire aux étrangers : si vous venez chez nous comme touristes, vous êtes les bienvenus, mais vous devrez savoir que vous paierez tout ce que vous utiliserez, vous paierez l'hôpital, vous paierez les écoles, vous n'aurez pas d'allocations familiales parce que vous êtes étrangers et que nous réservons ces mesures et cet argent, qui est le leur, aux Français et aux travailleurs français. Nous appliquerons la préférence nationale. A ce moment-là, la plupart des immigrés n'auront plus d'intérêts à venir chez nous car qu'est-ce qui les poussent à venir chez nous ? C'est qu'ils savent qu'en venant chez nous, ils gagneront sans travailler 10-20-30 fois ce qu'ils gagnent chez eux en travaillant."
Alors autre mesure de Sarkozy, alors il dit 80% des visas de tourisme sont accordés sur la foi d'un certificat d'accueil qui prouve que le demandeur dispose d'un hébergement. Ces certificats ne sont pas vérifiés, c'est le constat qu'il fait...
- "Quel aveu, quel aveu ! !"
Alors, dorénavant, les maires pourront refuser les certificats qu'ils jugent frauduleux. Voilà une bonne mesure non ? Oui ou non ?
- "Non, c'est une bonne mesure..."
Non, mais vous n'arrivez pas à dire que N. Sarkozy prend de bonnes mesures.
- "Non, parce que je crois qu'il n'en prend pas. Monsieur Sarkozy est un illusionniste, c'est un maître du Bonto. Il séduit par l'affirmation de mesures qu'il va prendre, mais moi, je juge la politique à ses résultats et je constate que les annonces de M. Sarkozy sont rarement suivies d'effets."
Recul de 6 % de la délinquance en un Assemblée nationale ?
- "Oui, mais ça, il suffit de trafiquer un peu les statistiques. On sait comment tout cela s'obtient et on sait aussi qu'un corps de fonctionnaires, qui est dynamisé sur un sujet particulier, plus sur les automobilistes que dans les banlieues, il faut le dire, arrive à avoir un certain nombre d'effets positifs tout de même, encore heureux. Mais ce n'est pas cela qui résoudra le problème. On ne résout pas le problème si on ne contrôle pas ses frontières, on ne résout pas le problème si on ne peut pas expulser. Il raconte qu'il expulse, qu'il expulse des Roumains, il expulse des Bulgares, mais il n'expulse pas des Africains, des Asiatiques ou des Algériens. Pourquoi ? C'est parce que nos avions ne peuvent pas..."
Ils sont différents ? Est-ce qu'ils sont les Africains et les Asiatiques ?
- "Non mais c'est pas le problème. Je vous dis que nos avions ne peuvent pas se rendre et savez-vous que pour expulser 20 personnes, il faut 40 policiers dans l'avion pour les accompagner ? On se rend bien compte qu'il s'agit là de mesures destinées à tromper l'opinion, à faire croire qu'on fait quelque chose alors qu'en fait, on ne fait rien d'efficace."
Pierre, un auditeur du Vaucluse, afficheur de presse : C'est au niveau politique que j'aimerais vraiment savoir votre point de vue. Selon vous ou en tout cas ce qui remonte de vos militants par rapport à l'action menée par N. Sarkozy... L'action, le numéro d'illusionniste, peut-être bien, ou d'autres paramètres d'accord[...]. Est-ce que M. Sarkozy, par son action consolide, votre électorat dans ses convictions, est-ce qu'il vous fait perdre des électeurs ou alors vous en fait-il gagner car lui prétend vous en faire perdre.
- "Nous verrons ça dans les urnes. Moi, personnellement, je ne crains pas M. Sarkozy. Mais si M. Sarkozy est si convaincu de cela, qu'il vienne se présenter comme tête d'une liste UMP dans une des grandes régions françaises. Qu'il vienne par exemple en Provence Alpes Côte d'Azur, ou bien qu'il vienne en Ile-de-France et on verra bien ce que pèse sa popularité réelle."
Pierre : D'accord et vous pensez qu'il consolide votre électorat ou pas ?
- "Je crois que dans la mesure où il est obligé d'exposer les raisons pour lesquelles il agit, il consolide en effet l'analyse que nous faisons des raisons de l'insécurité."
Un dernier mot sur la Corse tiens, oui ou non au référendum ?
- "Ecoutez, le bureau politique du Front National se réunit aujourd'hui pour prendre une position officielle. Mais quand je constate que l'UMP, le Parti Socialiste et les Indépendantistes sont pour le oui, je peux vous dire à l'avance que ça ne sera pas oui."
C'est-à-dire, ce sera ?
- "Ca peut être l'abstention, le boycott ou le " non ". "
Qu'est-ce que vous recommandez, vous, J.-M. Le Pen, à titre personnel ?
- "Personnellement, je suis hostile à cette énième réforme qui s'engage dans un processus que nous avons connu, quand il s'est placé en Nouvelle-Calédonie et dont le but final est d'aboutir à l'indépendance sans oser le dire ni au peuple corse ni au peuple français."
Si je comprends bien, vous demandez de dire non au gouvernement de la République. Est-ce la meilleure façon d'inscrire la Corse dans la République ?
- "Ecoutez le gouvernement de la République, il a eu sur ce sujet beaucoup de positions divergentes. Par conséquent, je combats la politique du Gouvernement quand j'estime qu'elle est contraire à l'intérêt de la Nation. Et là je crois qu'elle l'est. "
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 juin 2003)