Texte intégral
Hervé Morin, bonjour.
Bonjour.
Vous êtes le président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, l'UDF qui s'est prononcée pour la réforme des retraites ; mais dans ce dossier, c'est plutôt la méthode que vous avez critiquée. C'est toujours le cas ?
Sur les retraites, il est clair que nous souhaitions un référendum ; non pas un référendum pour dénouer la crise actuelle. C'est trop tard. Sur les retraites, nous aurions souhaité qu'il y ait un grand débat national et que ce débat permette de faire oeuvre de pédagogie vis-à-vis des Français et d'arrêter les grands principes de la réforme. eut-on sauver notre régime par répartition, oui ou non ? Veut-on cotiser plus ou éventuellement travailler plus longtemps ? Veut-on instaurer le principe d'équité et faire en sorte qu'un cheminot soit traité de la même façon qu'un ouvrier du bâtiment ? Il fallait arrêter les cinq ou six principes sur lesquels ensuite la négociation aurait pu s'ouvrir avec le gouvernement. Cela n'a pas été comme cela, je le regrette. Mais aujourd'hui, le gouvernement a décidé d'engager une réforme et nous le soutenons. Malheureusement, on sent bien que les choses sont un peu plus compliquées.
Sur ce dossier des retraites, souhaitez-vous toujours l'ouverture de négociations ou çela vous paraît-il
Non, sur les retraites, il faut tenir. Je veux dire, si le gouvernement venait à céder sur les retraites cela veut dire qu'il se condamne pour les années à venir. Il n'a pas le choix.
Pour le gouvernement, pensez-vous qu'il y a en ce moment trop de réformes en cours ?
Non, je crois que c'est surtout sur l'éducation qu'il faut clarifier les choses. En matière d'éducation, depuis un an, on ne sait plus où on va. Nous l'avons dit à l'Assemblée nationale, lors de l'examen du projet de loi sur les assistants d'éducation que nous n'avons pas voté. En disant voilà, il faut qu'il y ait plus de lisibilité, plus de clarté et que l'on dise au monde de l'éducation où l'on veut aller. Or, depuis un an, à aucun moment, on a expliqué à l'Education nationale ce que l'on voulait faire du système éducatif français, où l'on voulait le conduire, quels étaient les objectifs qu'on voulait atteindre. Depuis un an, le monde de l'éducation se sent comme un monde mal aimé. Comme, en général, en plus, il y a un a priori plutôt négatif à l'égard d'un gouvernement de droite, les deux thèmes confondus font qu'aujourd'hui, on se retrouve dans une situation où les conditions du dialogue sont quasiment impossibles. Il va falloir que le gouvernement fasse un geste.
Xavier Darcos reconnaît que tout n'a pas été expliqué sur la décentralisation. Il y a quand même pour les personnels, une accumulation de mauvaises nouvelles depuis le mois de septembre, entre les surveillants qui disparaissent, les aides éducateurs qui disparaissent, le budget qu'ils estiment très défavorable, la décentralisation et les retraites, ça fait quand même beaucoup.
Oui. J'ai eu l'occasion de rencontrer Jean-Pierre Raffarin, sur un tout autre thème mardi dernier, mais on a évoqué le sujet pendant cinq minutes. Je lui ai dit que le gouvernement devait faire un geste sur ce qu'on appelle les TOS, c'est-à-dire les ouvriers d'entretien des collèges et des lycées.
Est-ce bien nécessaire, est-ce que c'est pas agiter un chiffon rouge pour rien, est-ce que cela va bouleverser les collèges et les lycées de maintenir les TOS fonctionnaires d'Etat ?
Je ne le crois. Je crois également qu'il serait bon que le gouvernement renonce pour le moment à son projet de loi d'autonomie des Universités parce que là, si on accumule le tout, le cocktail est absolument explosif.
Dernière question, si la crise sociale en France devait se figer un peu plus, vous pensez que Jacques Chirac devrait intervenir dans le débat ?
Il va falloir à un moment ou à un autre que le Premier ministre, dans un premier temps, puis éventuellement le Président de la République s'expriment. Voyons ce qui se passera dimanche. Je crains que dimanche la mobilisation soit très forte avec énormément de monde dans la rue. Au lendemain de cette manifestation, il va falloir que le gouvernement dise les choses.
Merci Hervé Morin.
(Source http://www.udf.org, le 27 mai 2003)
Bonjour.
Vous êtes le président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, l'UDF qui s'est prononcée pour la réforme des retraites ; mais dans ce dossier, c'est plutôt la méthode que vous avez critiquée. C'est toujours le cas ?
Sur les retraites, il est clair que nous souhaitions un référendum ; non pas un référendum pour dénouer la crise actuelle. C'est trop tard. Sur les retraites, nous aurions souhaité qu'il y ait un grand débat national et que ce débat permette de faire oeuvre de pédagogie vis-à-vis des Français et d'arrêter les grands principes de la réforme. eut-on sauver notre régime par répartition, oui ou non ? Veut-on cotiser plus ou éventuellement travailler plus longtemps ? Veut-on instaurer le principe d'équité et faire en sorte qu'un cheminot soit traité de la même façon qu'un ouvrier du bâtiment ? Il fallait arrêter les cinq ou six principes sur lesquels ensuite la négociation aurait pu s'ouvrir avec le gouvernement. Cela n'a pas été comme cela, je le regrette. Mais aujourd'hui, le gouvernement a décidé d'engager une réforme et nous le soutenons. Malheureusement, on sent bien que les choses sont un peu plus compliquées.
Sur ce dossier des retraites, souhaitez-vous toujours l'ouverture de négociations ou çela vous paraît-il
Non, sur les retraites, il faut tenir. Je veux dire, si le gouvernement venait à céder sur les retraites cela veut dire qu'il se condamne pour les années à venir. Il n'a pas le choix.
Pour le gouvernement, pensez-vous qu'il y a en ce moment trop de réformes en cours ?
Non, je crois que c'est surtout sur l'éducation qu'il faut clarifier les choses. En matière d'éducation, depuis un an, on ne sait plus où on va. Nous l'avons dit à l'Assemblée nationale, lors de l'examen du projet de loi sur les assistants d'éducation que nous n'avons pas voté. En disant voilà, il faut qu'il y ait plus de lisibilité, plus de clarté et que l'on dise au monde de l'éducation où l'on veut aller. Or, depuis un an, à aucun moment, on a expliqué à l'Education nationale ce que l'on voulait faire du système éducatif français, où l'on voulait le conduire, quels étaient les objectifs qu'on voulait atteindre. Depuis un an, le monde de l'éducation se sent comme un monde mal aimé. Comme, en général, en plus, il y a un a priori plutôt négatif à l'égard d'un gouvernement de droite, les deux thèmes confondus font qu'aujourd'hui, on se retrouve dans une situation où les conditions du dialogue sont quasiment impossibles. Il va falloir que le gouvernement fasse un geste.
Xavier Darcos reconnaît que tout n'a pas été expliqué sur la décentralisation. Il y a quand même pour les personnels, une accumulation de mauvaises nouvelles depuis le mois de septembre, entre les surveillants qui disparaissent, les aides éducateurs qui disparaissent, le budget qu'ils estiment très défavorable, la décentralisation et les retraites, ça fait quand même beaucoup.
Oui. J'ai eu l'occasion de rencontrer Jean-Pierre Raffarin, sur un tout autre thème mardi dernier, mais on a évoqué le sujet pendant cinq minutes. Je lui ai dit que le gouvernement devait faire un geste sur ce qu'on appelle les TOS, c'est-à-dire les ouvriers d'entretien des collèges et des lycées.
Est-ce bien nécessaire, est-ce que c'est pas agiter un chiffon rouge pour rien, est-ce que cela va bouleverser les collèges et les lycées de maintenir les TOS fonctionnaires d'Etat ?
Je ne le crois. Je crois également qu'il serait bon que le gouvernement renonce pour le moment à son projet de loi d'autonomie des Universités parce que là, si on accumule le tout, le cocktail est absolument explosif.
Dernière question, si la crise sociale en France devait se figer un peu plus, vous pensez que Jacques Chirac devrait intervenir dans le débat ?
Il va falloir à un moment ou à un autre que le Premier ministre, dans un premier temps, puis éventuellement le Président de la République s'expriment. Voyons ce qui se passera dimanche. Je crains que dimanche la mobilisation soit très forte avec énormément de monde dans la rue. Au lendemain de cette manifestation, il va falloir que le gouvernement dise les choses.
Merci Hervé Morin.
(Source http://www.udf.org, le 27 mai 2003)