Texte intégral
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et messieurs les congressistes,
Mes chers amis,
Je suis très honoré de vous accueillir à Paris, au coeur d'un site historique et culturel exceptionnel, pour ce congrès mondial des jeunes agriculteurs.
Venus des cinq continents et représentant plus de 100 pays, vous êtes près de 600 jeunes agriculteurs qui veulent débattre de l'avenir de leur métier, de l'avenir du métier de paysan, de l'avenir du métier qui consiste à nourrir les hommes et les femmes de notre planète.
Vous qui représentez l'immense diversité des agricultures du monde, je vous souhaite la bienvenue en France, terre de contraste et de diversité. Vous êtes ici chez vous.
C'est aussi avec un très grand plaisir que je m'adresse à Jean-Pierre Raffarin, notre Premier ministre, qui a tenu à honorer de sa présence l'ouverture du congrès mondial. Votre présence, monsieur le Premier ministre, nous renforce dans l'idée que l'agriculture n'est pas seulement une affaire de spécialistes mais qu'il s'agit bien d'un enjeu fondamental pour l'avenir de nos sociétés humaines.
En tant que président de la délégation française, je suis particulièrement heureux de constater que nous allons pouvoir échanger entre jeunes agriculteurs venus de pays qui ne bénéficient pas tous des mêmes conditions de développement.
Je crois que c'est la première fois qu'autant de délégations de jeunes agriculteurs vont pouvoir travailler ensemble.
C'est aussi la première fois que le congrès mondial des jeunes agriculteurs est placé sous l'égide de la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles, la FIPA, que je tiens à remercier pour l'ouverture qu'elle a faite aux jeunes agriculteurs en créant il y a deux ans un comité spécifique au sein de ses instances.
En vous accueillant en France, je vous accueille aussi et surtout en Europe, une Europe en pleine évolution, qui est en train d'écrire sa future Constitution, une Europe qui a fait le choix d'une politique agricole commune pour assurer le développement de son agriculture.
1?C'est donc aussi le Conseil Européen des Jeunes Agriculteurs, le CEJA, qui vous accueille pour ce congrès mondial.
Si les jeunes agriculteurs se réunissent en congrès, c'est bien sûr pour débattre et échanger autour des grands enjeux agricoles et alimentaires mondiaux, mais surtout pour donner des perspectives aux jeunes générations face aux discussions qui s'intensifient sur l'avenir des politiques agricole et commerciale au niveau international.
Mais partons du constat, pour mieux identifier les problématiques que nous aborderons durant le congrès.
Aujourd'hui, le métier de paysan n'est plus convoité par les jeunes générations. Dans la plupart des pays, le nombre d'agriculteurs ne cesse de diminuer. Les campagnes se désertifient et les villes se gonflent de populations qui n'y trouvent généralement pas meilleure condition de vie.
Sur 6 milliards d'habitants, la planète compte près de 2 milliards de personnes en situation de sous alimentation chronique et 800 millions d'hommes et de femmes souffrent de la faim. Ce qui est le plus choquant, mais aussi le plus insupportable, c'est que les trois-quarts sont des paysans, des paysans dont la situation est si désastreuse qu'ils n'ont même plus les moyens de produire pour eux-mêmes et leur famille.
En même temps, dans de nombreux pays, notamment les plus développés, les consommateurs traversent une crise de confiance vis-à-vis du secteur agroalimentaire en général et des pratiques agricoles en particulier. Pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, les agriculteurs doivent adapter leurs pratiques, mais aussi et surtout mieux faire connaître leur métier.
En effet, on constate que le métier d'agriculteur évolue vers de nouvelles missions, comme par exemple l'accueil à la ferme ou les services en milieu rural, tandis que les paysans s'engagent résolument pour le respect de l'environnement et les démarches de qualité pour leurs produits.
Mais ce qui marque le plus l'économie agricole mondiale sur la dernière décennie, c'est bien l'impact des négociations de l'Organisation Mondiale du Commerce, qui placent le secteur agricole dans un contexte concurrentiel durci et les marchés agricoles dans une situation d'instabilité accrue. Et force est de constater que le revenu des agriculteurs, où qu'ils se trouvent sur la planète, a plutôt tendance à diminuer qu'à augmenter.
La situation agricole et alimentaire mondiale est donc fortement paradoxale.
D'un côté, pour résoudre l'équation alimentaire mondiale, il faudrait que tous les paysans restent actifs et que leur production augmente. Or, on vient de voir que leur nombre ne cesse de diminuer face à une population mondiale en forte croissance. C'est le premier paradoxe, et le vrai défi à relever.
De l'autre, pour satisfaire les exigences des consommateurs et des citoyens en matière de qualité et d'environnement, les agriculteurs font le choix d'améliorer leurs pratiques, ce qui tend à renchérir leurs coûts de production. Or, avec un revenu qui baisse, je ne vois pas comment ils pourront tenir le coup économiquement, à moyen et long terme.
2?C'est le deuxième paradoxe, qui conduit à dire que l'agriculture ne sera durable que si elle est économiquement viable.
Mais ce qui rapproche les deux analyses, c'est bien le renouvellement des générations en agriculture.
Parce que pour avoir une alimentation de qualité et en quantité suffisante, il faut des paysans ! Des paysans qui vivent dignement de leur métier et du prix de leur produits. Et il faut que le métier attire les jeunes. C'est peut être une évidence, mais je préfère quand même le rappeler à la veille des négociations de l'OMC qui vont avoir lieu à Cancun en septembre prochain.
Immanquablement, ces débats internationaux qui mettent en avant le libre échange vont nous amener à parler encore une fois d'un concept qui laisse sceptique bon nombre de paysans : le prix mondial.
Quand on voit la diversité des agricultures et des conditions de production - ne serait-ce que les gigantesques écarts de productivité qui existent d'une région à l'autre de la planète - je n'arrive pas à comprendre comment un même prix mondial peut rémunérer équitablement le travail des paysans.
C'est d'autant plus difficile à comprendre que le prix mondial fait souvent référence à un prix pratiqué dans une région où les conditions climatiques sont très favorables, où les charges sont réduites, où le coût du travail est diversement apprécié. Et c'est ce qui permet de produire à un prix très bas.
Mais quelle est la réalité économique d'un prix mondial qui permet seulement à une poignée de producteurs d'en vivre ?
Comment peut-on définir des règles commerciales mondiales à partir d'un prix qui n'a rien de mondial ?
En imposant un alignement progressif sur les prix mondiaux, et donc une baisse des prix pour la plupart des paysans, la discipline actuelle des politiques agricoles au niveau de l'OMC crée plus de pauvreté que de richesse. Dans les pays les plus pauvres, les prix bas mondiaux empêchent l'agriculture de se développer normalement, et c'est toute l'économie qui en souffre, sans parler de la souffrance de ceux qui ont faim.
Je ne tenterais aucune comparaison avec les pays développés, mais sachez quand même que nous préférerions vivre du prix de nos produits plutôt que de subventions publiques, qui n'empêchent de toute façon pas le nombre de paysans de diminuer.
En fait, la politique du prix mondial permet nul part de construire une véritable politique agricole.
La politique agricole dont nous avons besoin, c'est une politique qui tient compte de la diversité de nos conditions de production et des caractéristiques de nos différents marchés, une politique agricole qui permette à tous les producteurs de vivre de leurs produits.
A la logique actuelle de démantèlement devrait se substituer une logique d'organisation des politiques agricoles au niveau mondial.
En fait, je ne vois vraiment pas comment la libéralisation totale des marchés peut permettre de respecter les modèles de société auxquels nous sommes tous profondément attachés.
Aujourd'hui, monsieur le Premier ministre, vous avez en face de vous des jeunes agriculteurs qui veulent réagir et proposer, des jeunes agriculteurs motivés qui veulent prendre leur avenir en mains.
Et c'est ce que nous allons faire en essayant d'avoir, à l'issue de ce congrès, une déclaration commune qui sera transmise aux décideurs politiques dont vous faites partis, monsieur le Premier ministre.
Nous faisons le pari que les valeurs autour du métier d'agriculteur sont suffisamment fortes et universelles pour que les jeunes paysans du monde soient capables de s'entendre et de définir les bases d'une nouvelle politique agricole, juste et équitable.
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et messieurs les congressistes,
Mes chers amis,
Les Jeunes agriculteurs français ont voulu faire de ce congrès un événement qui aille au-delà d'une simple réunion professionnelle, pour faire en sorte que les messages forts qui s'en dégageront soient également perçus par le grand public.
Aujourd'hui et jusqu'à dimanche, je vous invite tous à découvrir l'exposition que nous avons réalisée sur le Champ de Mars, pour mettre en valeur toute la diversité des agricultures du monde et démontrer l'impérieuse nécessité de respecter cette diversité.
Samedi, un défilé de chars représentant nos terroirs français et réalisés par les jeunes agriculteurs de nos régions descendra les Champs-Élysées pour rejoindre le Champs de Mars. Il s'y installera jusqu'à dimanche soir. La diversité de l'agriculture française devrait trouver une place toute naturelle à côté des agricultures du monde.
Mais je ne peux conclure sans remercier les partenaires qui nous ont soutenu pour l'organisation de ce congrès mondial et les opérations évènementielles qui y sont associées.
Merci aux ministères et aux autorités publiques qui depuis le début sont à nos côtés.
Merci à tous les autres partenaires, et plus spécialement au Crédit Agricole, aux Entreprises Coopératives françaises, à Fendt, à Groupama et à Total.
Je vous souhaite à tous un très bon congrès, et de bons moments de détentes à Paris.
Monsieur le Premier ministre, je vous cède la parole.
(Source http://www.cnja.com, le 19 juin 2003)
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et messieurs les présidents,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les congressistes,
Mes chers amis,
Je tiens en premier lieu à vous remercier très sincèrement, monsieur le Président de la République, d'avoir tenu à honorer de votre présence la clôture du congrès mondial des jeunes agriculteurs.
C'est avec un grand plaisir, mais aussi une certaine émotion, que nous vous accueillons aujourd'hui, pour conclure les travaux de notre congrès.
Depuis trois jours, ce sont près de 600 jeunes agriculteurs, venus des cinq continents et représentant plus de 100 pays, qui débattent avec ferveur de l'avenir de leur métier, avec la volonté de continuer à remplir leur mission première, celle de nourrir les Hommes.
Je souhaite vraiment remercier tous les congressistes qui ont répondu présent à notre i itation et qui ont fait la démarche de venir à Paris pour participer à ce grand moment d'échange et de dialogue. Merci aussi pour les moments de convivialité et de détente que nous avons pu passer ensemble.
Lorsqu'ils sont réunis comme aujourd'hui, je crois que les jeunes agriculteurs constituent une force de proposition pour le devenir des agricultures du monde dont personne ne peut contester la légitimité.
Mais ce congrès, c'est aussi le résultat d'un partenariat étroit avec des entreprises, des organisations et des ministères. Merci à tous, pour votre soutien, en particulier le Crédit Agricole, les Entreprises Coopératives françaises, Fendt, Groupama et Total.
1?Ce congrès des jeunes agriculteurs est le premier qui est placé sous l'égide de la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles, la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles, qui a créé il y a deux ans un comité des jeunes agriculteurs au sein de ses instances.
Cette initiative mérite d'être saluée puisqu'elle permet à des jeunes agriculteurs du monde entier de se rencontrer régulièrement, ce qui favorise leur sensibilisation aux enjeux internationaux. Ce nouveau souffle, venant des jeunes, est porteur d'idées. Le rôle de la FIPA sera de faire vivre ces idées, en assurant une continuité d'action.
Monsieur le Président de la République,
A l'heure où les discussions sur l'agriculture et le commerce s'intensifient au niveau international, dans la perspective notamment de la conférence ministérielle de l'OMC à Cancun en septembre, les jeunes agriculteurs ont décidé de prendre leur avenir en main, en mettant au centre des débats du congrès les grands enjeux agricoles et alimentaires mondiaux.
Aujourd'hui, sur notre planète, la moitié de la population ne mange pas à sa faim. Plus de 2 milliards de personnes sont dans une situation de sous alimentation chronique, et 800 millions d'hommes et de femmes souffrent de la faim au point, trop souvent, d'en mourir. Et sur ces 800 millions de personnes, les trois quarts sont des paysans, tellement appauvris par la baisse des prix agricoles qu'ils ne peuvent même plus produire pour nourrir leur famille.
Cette situation d'insécurité alimentaire mondiale est insupportable, et ne peut plus durer.
Au-delà des souffrances endurées par les populations, c'est toute l'économie des pays pauvres qui souffre du manque de développement de la production agricole. Quittant les campagnes, les paysans vont vers les grandes villes offrir leur main d'oeuvre à si bas coût que l'ensemble des salaires se retrouvent indexés sur ce qui a provoqué le départ de ces mêmes paysans : la baisse des prix agricoles.
Il ne faut pas chercher plus loin d'où vient l'immense insolvabilité de la demande mondiale.
Au vu des chiffres des Nations Unies, avec une population mondiale qui pourrait doubler à l'horizon 2050, la production agricole mondiale devrait être multipliée au moins par deux pour que les besoins alimentaires soient convenablement satisfaits.
Il est donc indispensable, je dirais même vital, que l'agriculture se développe et que le plus grand nombre de paysans restent actifs dans tous les pays du monde, afin de relever ce véritable défi alimentaire.
La situation agricole et alimentaire dans les pays développés n'est bien entendu pas comparable, mais ce n'est pas pour autant que les agriculteurs ne se posent pas des questions sur l'avenir de leur métier.
Pour accompagner l'évolution des attentes des consommateurs et des citoyens, les agriculteurs ont fait le choix des démarches de qualité, du respect de l'environnement, du bien-être animal, et plus généralement de la gestion raisonnée de leur exploitation, ce qui tend à renchérir leurs coûts de production.
2?Et comme dans le même temps, les baisses de prix ont aussi fait baisser la rémunération de la production, il n'est pas nécessaire d'être un grand économiste pour comprendre que lorsque les produits diminuent et que les charges augmentent, c'est la rentabilité économique de l'exploitation qui est remise en cause.
Puisque ce ne sont pas non plus les consommateurs qui ont profité des baisses de prix à la production, vous comprendrez que nous nous intéressons de très près au secteur de la grande distribution, mais aussi aux multinationales de l'agroalimentaire.
N'oublions jamais que pour être durable, l'agriculture doit être économiquement viable.
En fait, partout dans le monde, vous l'aurez compris Monsieur le Président de la République, les paysans veulent vivre dignement de leur métier et du prix de leur produits.
C'est une condition impérieuse au renouvellement des générations en agriculture, et c'est donc aussi une condition pour résoudre l'équation alimentaire mondiale.
Durant ce congrès, nous avons pu faire le constat de l'extraordinaire diversité des agricultures du monde, avec des conditions de production incomparables, avec des écarts de productivité qui varient de 1 à 1000 d'une région à l'autre de la planète.
Or, vous savez tous que la doctrine qui prévaut dans les négociations de l'OMC, c'est le libre-échange, et que cette doctrine va de pair avec un concept qui laisse de marbre la plupart des paysans : le prix mondial.
Comment imaginer qu'un même prix mondial, qui souvent fait référence à des conditions de production extrêmement favorables, puisse rémunérer équitablement le travail de tous paysans.
Le prix mondial, c'est au mieux un prix local ou régional, au pire un leurre qui ne correspond à aucune réalité économique, sociale et environnementale.
Et c'est avec cette logique du prix mondial que l'OMC met en concurrence les agricultures du monde.
Le résultat, c'est une agriculture et des peuples qui souffrent dans les pays les plus pauvres, et des paysans toujours moins nombreux et sous perfusion sociale dans bon nombre de pays développés.
Si le vrai souci de l'OMC, c'est le développement et la croissance économique, alors il faut impérativement que le secteur agricole bénéficie d'un traitement spécifique, car l'alimentation des Hommes ne peut pas être traitée comme les produits industriels ou les services. J'irai même jusqu'à dire qu'il faut s'interroger sur la pertinence de l'orientation prise à Marrakech en 1994.
Les modalités de négociation qui seront sur la table à Cancun vont dans le sens d'une banalisation de l'agriculture, alors que c'est sans doute ce que nous avons de plus précieux, avec l'eau, sur cette planète.
3?Nous avons besoin d'une politique agricole qui tient compte de la diversité de nos conditions de production et des caractéristiques de nos différents marchés, une politique agricole qui permette à tous les agriculteurs de vivre dignement du prix de leurs produits.
Je crois qu'il est possible, et même urgent, d'imaginer un nouvel ordre agricole mondial qui favorise l'instauration de politiques agricoles régionales. A la logique actuelle de démantèlement doit se substituer une logique d'organisation des politiques agricoles.
La protection des agricultures au niveau de ces régions ne doit pas être vue comme une entrave aux échanges, mais comme un moyen pour les pays pauvres de développer leur production agricole et de parvenir à un meilleur niveau d'autosuffisance alimentaire.
Dans les pays qui maîtrisent leur production et participent ainsi à la régulation de l'offre, les efforts des agriculteurs pourraient aussi être anéantis par une ouverture totale des marchés.
En Europe par exemple, la maîtrise de la production, de même que l'ensemble des exigences liées à la qualité des produits, à la protection de l'environnement et aux conditions de travail, n'auraient aucun sens sans la préférence communautaire.
La libéralisation totale des marchés est une machine à broyer la diversité de nos modèles de société auxquels nous sommes tous profondément attachés.
Monsieur le Président de la République,
Après trois jours de débats intenses, nous sommes parvenus à nous mettre d'accord autour d'une déclaration commune qui pose les bases d'une politique agricole juste et équitable, fondée sur les prix, dont l'objectif premier est de permettre à tous les paysans du monde de vivre dignement de leur métier.
Nous réaffirmons que l'agriculture est une activité essentielle à la vie humaine, et qu'il faut des paysans nombreux sur tous les territoires pour relever le défi de la sécurité alimentaire mondiale.
Notre vision de la mondialisation n'est définitivement pas celle d'un grand marché unique qui ignore les identités des peuples et leurs modes de vie. Elle repose au contraire sur une logique de régulation des marchés et de protection des ressources, au premier rang desquelles l'agriculture.
Au moment où les jeunes agriculteurs du monde tracent la voie de leur avenir, je souhaite que la France conserve une position extrêmement ferme dans la négociation qui est en cours sur la réforme de la PAC.
Avec ce congrès mondial, les jeunes agriculteurs ont montré qu'ils constituaient une véritable force de proposition.
Mais ces propositions n'ont de sens que si elles sont comprises et partagées au-delà du monde agricole.
Aussi, pour mettre en valeur et faire découvrir au grand public toute la diversité des agricultures du monde, nous avons réalisé une grande exposition sur le Champ de Mars, que je vous invite tous à venir découvrir jusqu'à dimanche.
Samedi, c'est un défilé de chars représentant nos terroirs français et réalisés par les jeunes agriculteurs de nos régions qui descendra les Champs-Élysées pour rejoindre le Champ de Mars.
Quant aux messages forts à faire passer aux décideurs politiques, les délégations présentes à ce congrès s'en chargeront dans leur pays, mais nous comptons vraiment sur vous, monsieur le Président de la République, pour défendre cette nouvelle vision de la mondialisation, plus fraternelle, plus juste, en un mot, plus humaine.
Monsieur le Président de la République,
Je vous cède la parole.
(Source http://www.cnja.org, le 20 juin 2003)
Mesdames et messieurs les congressistes,
Mes chers amis,
Je suis très honoré de vous accueillir à Paris, au coeur d'un site historique et culturel exceptionnel, pour ce congrès mondial des jeunes agriculteurs.
Venus des cinq continents et représentant plus de 100 pays, vous êtes près de 600 jeunes agriculteurs qui veulent débattre de l'avenir de leur métier, de l'avenir du métier de paysan, de l'avenir du métier qui consiste à nourrir les hommes et les femmes de notre planète.
Vous qui représentez l'immense diversité des agricultures du monde, je vous souhaite la bienvenue en France, terre de contraste et de diversité. Vous êtes ici chez vous.
C'est aussi avec un très grand plaisir que je m'adresse à Jean-Pierre Raffarin, notre Premier ministre, qui a tenu à honorer de sa présence l'ouverture du congrès mondial. Votre présence, monsieur le Premier ministre, nous renforce dans l'idée que l'agriculture n'est pas seulement une affaire de spécialistes mais qu'il s'agit bien d'un enjeu fondamental pour l'avenir de nos sociétés humaines.
En tant que président de la délégation française, je suis particulièrement heureux de constater que nous allons pouvoir échanger entre jeunes agriculteurs venus de pays qui ne bénéficient pas tous des mêmes conditions de développement.
Je crois que c'est la première fois qu'autant de délégations de jeunes agriculteurs vont pouvoir travailler ensemble.
C'est aussi la première fois que le congrès mondial des jeunes agriculteurs est placé sous l'égide de la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles, la FIPA, que je tiens à remercier pour l'ouverture qu'elle a faite aux jeunes agriculteurs en créant il y a deux ans un comité spécifique au sein de ses instances.
En vous accueillant en France, je vous accueille aussi et surtout en Europe, une Europe en pleine évolution, qui est en train d'écrire sa future Constitution, une Europe qui a fait le choix d'une politique agricole commune pour assurer le développement de son agriculture.
1?C'est donc aussi le Conseil Européen des Jeunes Agriculteurs, le CEJA, qui vous accueille pour ce congrès mondial.
Si les jeunes agriculteurs se réunissent en congrès, c'est bien sûr pour débattre et échanger autour des grands enjeux agricoles et alimentaires mondiaux, mais surtout pour donner des perspectives aux jeunes générations face aux discussions qui s'intensifient sur l'avenir des politiques agricole et commerciale au niveau international.
Mais partons du constat, pour mieux identifier les problématiques que nous aborderons durant le congrès.
Aujourd'hui, le métier de paysan n'est plus convoité par les jeunes générations. Dans la plupart des pays, le nombre d'agriculteurs ne cesse de diminuer. Les campagnes se désertifient et les villes se gonflent de populations qui n'y trouvent généralement pas meilleure condition de vie.
Sur 6 milliards d'habitants, la planète compte près de 2 milliards de personnes en situation de sous alimentation chronique et 800 millions d'hommes et de femmes souffrent de la faim. Ce qui est le plus choquant, mais aussi le plus insupportable, c'est que les trois-quarts sont des paysans, des paysans dont la situation est si désastreuse qu'ils n'ont même plus les moyens de produire pour eux-mêmes et leur famille.
En même temps, dans de nombreux pays, notamment les plus développés, les consommateurs traversent une crise de confiance vis-à-vis du secteur agroalimentaire en général et des pratiques agricoles en particulier. Pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, les agriculteurs doivent adapter leurs pratiques, mais aussi et surtout mieux faire connaître leur métier.
En effet, on constate que le métier d'agriculteur évolue vers de nouvelles missions, comme par exemple l'accueil à la ferme ou les services en milieu rural, tandis que les paysans s'engagent résolument pour le respect de l'environnement et les démarches de qualité pour leurs produits.
Mais ce qui marque le plus l'économie agricole mondiale sur la dernière décennie, c'est bien l'impact des négociations de l'Organisation Mondiale du Commerce, qui placent le secteur agricole dans un contexte concurrentiel durci et les marchés agricoles dans une situation d'instabilité accrue. Et force est de constater que le revenu des agriculteurs, où qu'ils se trouvent sur la planète, a plutôt tendance à diminuer qu'à augmenter.
La situation agricole et alimentaire mondiale est donc fortement paradoxale.
D'un côté, pour résoudre l'équation alimentaire mondiale, il faudrait que tous les paysans restent actifs et que leur production augmente. Or, on vient de voir que leur nombre ne cesse de diminuer face à une population mondiale en forte croissance. C'est le premier paradoxe, et le vrai défi à relever.
De l'autre, pour satisfaire les exigences des consommateurs et des citoyens en matière de qualité et d'environnement, les agriculteurs font le choix d'améliorer leurs pratiques, ce qui tend à renchérir leurs coûts de production. Or, avec un revenu qui baisse, je ne vois pas comment ils pourront tenir le coup économiquement, à moyen et long terme.
2?C'est le deuxième paradoxe, qui conduit à dire que l'agriculture ne sera durable que si elle est économiquement viable.
Mais ce qui rapproche les deux analyses, c'est bien le renouvellement des générations en agriculture.
Parce que pour avoir une alimentation de qualité et en quantité suffisante, il faut des paysans ! Des paysans qui vivent dignement de leur métier et du prix de leur produits. Et il faut que le métier attire les jeunes. C'est peut être une évidence, mais je préfère quand même le rappeler à la veille des négociations de l'OMC qui vont avoir lieu à Cancun en septembre prochain.
Immanquablement, ces débats internationaux qui mettent en avant le libre échange vont nous amener à parler encore une fois d'un concept qui laisse sceptique bon nombre de paysans : le prix mondial.
Quand on voit la diversité des agricultures et des conditions de production - ne serait-ce que les gigantesques écarts de productivité qui existent d'une région à l'autre de la planète - je n'arrive pas à comprendre comment un même prix mondial peut rémunérer équitablement le travail des paysans.
C'est d'autant plus difficile à comprendre que le prix mondial fait souvent référence à un prix pratiqué dans une région où les conditions climatiques sont très favorables, où les charges sont réduites, où le coût du travail est diversement apprécié. Et c'est ce qui permet de produire à un prix très bas.
Mais quelle est la réalité économique d'un prix mondial qui permet seulement à une poignée de producteurs d'en vivre ?
Comment peut-on définir des règles commerciales mondiales à partir d'un prix qui n'a rien de mondial ?
En imposant un alignement progressif sur les prix mondiaux, et donc une baisse des prix pour la plupart des paysans, la discipline actuelle des politiques agricoles au niveau de l'OMC crée plus de pauvreté que de richesse. Dans les pays les plus pauvres, les prix bas mondiaux empêchent l'agriculture de se développer normalement, et c'est toute l'économie qui en souffre, sans parler de la souffrance de ceux qui ont faim.
Je ne tenterais aucune comparaison avec les pays développés, mais sachez quand même que nous préférerions vivre du prix de nos produits plutôt que de subventions publiques, qui n'empêchent de toute façon pas le nombre de paysans de diminuer.
En fait, la politique du prix mondial permet nul part de construire une véritable politique agricole.
La politique agricole dont nous avons besoin, c'est une politique qui tient compte de la diversité de nos conditions de production et des caractéristiques de nos différents marchés, une politique agricole qui permette à tous les producteurs de vivre de leurs produits.
A la logique actuelle de démantèlement devrait se substituer une logique d'organisation des politiques agricoles au niveau mondial.
En fait, je ne vois vraiment pas comment la libéralisation totale des marchés peut permettre de respecter les modèles de société auxquels nous sommes tous profondément attachés.
Aujourd'hui, monsieur le Premier ministre, vous avez en face de vous des jeunes agriculteurs qui veulent réagir et proposer, des jeunes agriculteurs motivés qui veulent prendre leur avenir en mains.
Et c'est ce que nous allons faire en essayant d'avoir, à l'issue de ce congrès, une déclaration commune qui sera transmise aux décideurs politiques dont vous faites partis, monsieur le Premier ministre.
Nous faisons le pari que les valeurs autour du métier d'agriculteur sont suffisamment fortes et universelles pour que les jeunes paysans du monde soient capables de s'entendre et de définir les bases d'une nouvelle politique agricole, juste et équitable.
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et messieurs les congressistes,
Mes chers amis,
Les Jeunes agriculteurs français ont voulu faire de ce congrès un événement qui aille au-delà d'une simple réunion professionnelle, pour faire en sorte que les messages forts qui s'en dégageront soient également perçus par le grand public.
Aujourd'hui et jusqu'à dimanche, je vous invite tous à découvrir l'exposition que nous avons réalisée sur le Champ de Mars, pour mettre en valeur toute la diversité des agricultures du monde et démontrer l'impérieuse nécessité de respecter cette diversité.
Samedi, un défilé de chars représentant nos terroirs français et réalisés par les jeunes agriculteurs de nos régions descendra les Champs-Élysées pour rejoindre le Champs de Mars. Il s'y installera jusqu'à dimanche soir. La diversité de l'agriculture française devrait trouver une place toute naturelle à côté des agricultures du monde.
Mais je ne peux conclure sans remercier les partenaires qui nous ont soutenu pour l'organisation de ce congrès mondial et les opérations évènementielles qui y sont associées.
Merci aux ministères et aux autorités publiques qui depuis le début sont à nos côtés.
Merci à tous les autres partenaires, et plus spécialement au Crédit Agricole, aux Entreprises Coopératives françaises, à Fendt, à Groupama et à Total.
Je vous souhaite à tous un très bon congrès, et de bons moments de détentes à Paris.
Monsieur le Premier ministre, je vous cède la parole.
(Source http://www.cnja.com, le 19 juin 2003)
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et messieurs les présidents,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les congressistes,
Mes chers amis,
Je tiens en premier lieu à vous remercier très sincèrement, monsieur le Président de la République, d'avoir tenu à honorer de votre présence la clôture du congrès mondial des jeunes agriculteurs.
C'est avec un grand plaisir, mais aussi une certaine émotion, que nous vous accueillons aujourd'hui, pour conclure les travaux de notre congrès.
Depuis trois jours, ce sont près de 600 jeunes agriculteurs, venus des cinq continents et représentant plus de 100 pays, qui débattent avec ferveur de l'avenir de leur métier, avec la volonté de continuer à remplir leur mission première, celle de nourrir les Hommes.
Je souhaite vraiment remercier tous les congressistes qui ont répondu présent à notre i itation et qui ont fait la démarche de venir à Paris pour participer à ce grand moment d'échange et de dialogue. Merci aussi pour les moments de convivialité et de détente que nous avons pu passer ensemble.
Lorsqu'ils sont réunis comme aujourd'hui, je crois que les jeunes agriculteurs constituent une force de proposition pour le devenir des agricultures du monde dont personne ne peut contester la légitimité.
Mais ce congrès, c'est aussi le résultat d'un partenariat étroit avec des entreprises, des organisations et des ministères. Merci à tous, pour votre soutien, en particulier le Crédit Agricole, les Entreprises Coopératives françaises, Fendt, Groupama et Total.
1?Ce congrès des jeunes agriculteurs est le premier qui est placé sous l'égide de la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles, la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles, qui a créé il y a deux ans un comité des jeunes agriculteurs au sein de ses instances.
Cette initiative mérite d'être saluée puisqu'elle permet à des jeunes agriculteurs du monde entier de se rencontrer régulièrement, ce qui favorise leur sensibilisation aux enjeux internationaux. Ce nouveau souffle, venant des jeunes, est porteur d'idées. Le rôle de la FIPA sera de faire vivre ces idées, en assurant une continuité d'action.
Monsieur le Président de la République,
A l'heure où les discussions sur l'agriculture et le commerce s'intensifient au niveau international, dans la perspective notamment de la conférence ministérielle de l'OMC à Cancun en septembre, les jeunes agriculteurs ont décidé de prendre leur avenir en main, en mettant au centre des débats du congrès les grands enjeux agricoles et alimentaires mondiaux.
Aujourd'hui, sur notre planète, la moitié de la population ne mange pas à sa faim. Plus de 2 milliards de personnes sont dans une situation de sous alimentation chronique, et 800 millions d'hommes et de femmes souffrent de la faim au point, trop souvent, d'en mourir. Et sur ces 800 millions de personnes, les trois quarts sont des paysans, tellement appauvris par la baisse des prix agricoles qu'ils ne peuvent même plus produire pour nourrir leur famille.
Cette situation d'insécurité alimentaire mondiale est insupportable, et ne peut plus durer.
Au-delà des souffrances endurées par les populations, c'est toute l'économie des pays pauvres qui souffre du manque de développement de la production agricole. Quittant les campagnes, les paysans vont vers les grandes villes offrir leur main d'oeuvre à si bas coût que l'ensemble des salaires se retrouvent indexés sur ce qui a provoqué le départ de ces mêmes paysans : la baisse des prix agricoles.
Il ne faut pas chercher plus loin d'où vient l'immense insolvabilité de la demande mondiale.
Au vu des chiffres des Nations Unies, avec une population mondiale qui pourrait doubler à l'horizon 2050, la production agricole mondiale devrait être multipliée au moins par deux pour que les besoins alimentaires soient convenablement satisfaits.
Il est donc indispensable, je dirais même vital, que l'agriculture se développe et que le plus grand nombre de paysans restent actifs dans tous les pays du monde, afin de relever ce véritable défi alimentaire.
La situation agricole et alimentaire dans les pays développés n'est bien entendu pas comparable, mais ce n'est pas pour autant que les agriculteurs ne se posent pas des questions sur l'avenir de leur métier.
Pour accompagner l'évolution des attentes des consommateurs et des citoyens, les agriculteurs ont fait le choix des démarches de qualité, du respect de l'environnement, du bien-être animal, et plus généralement de la gestion raisonnée de leur exploitation, ce qui tend à renchérir leurs coûts de production.
2?Et comme dans le même temps, les baisses de prix ont aussi fait baisser la rémunération de la production, il n'est pas nécessaire d'être un grand économiste pour comprendre que lorsque les produits diminuent et que les charges augmentent, c'est la rentabilité économique de l'exploitation qui est remise en cause.
Puisque ce ne sont pas non plus les consommateurs qui ont profité des baisses de prix à la production, vous comprendrez que nous nous intéressons de très près au secteur de la grande distribution, mais aussi aux multinationales de l'agroalimentaire.
N'oublions jamais que pour être durable, l'agriculture doit être économiquement viable.
En fait, partout dans le monde, vous l'aurez compris Monsieur le Président de la République, les paysans veulent vivre dignement de leur métier et du prix de leur produits.
C'est une condition impérieuse au renouvellement des générations en agriculture, et c'est donc aussi une condition pour résoudre l'équation alimentaire mondiale.
Durant ce congrès, nous avons pu faire le constat de l'extraordinaire diversité des agricultures du monde, avec des conditions de production incomparables, avec des écarts de productivité qui varient de 1 à 1000 d'une région à l'autre de la planète.
Or, vous savez tous que la doctrine qui prévaut dans les négociations de l'OMC, c'est le libre-échange, et que cette doctrine va de pair avec un concept qui laisse de marbre la plupart des paysans : le prix mondial.
Comment imaginer qu'un même prix mondial, qui souvent fait référence à des conditions de production extrêmement favorables, puisse rémunérer équitablement le travail de tous paysans.
Le prix mondial, c'est au mieux un prix local ou régional, au pire un leurre qui ne correspond à aucune réalité économique, sociale et environnementale.
Et c'est avec cette logique du prix mondial que l'OMC met en concurrence les agricultures du monde.
Le résultat, c'est une agriculture et des peuples qui souffrent dans les pays les plus pauvres, et des paysans toujours moins nombreux et sous perfusion sociale dans bon nombre de pays développés.
Si le vrai souci de l'OMC, c'est le développement et la croissance économique, alors il faut impérativement que le secteur agricole bénéficie d'un traitement spécifique, car l'alimentation des Hommes ne peut pas être traitée comme les produits industriels ou les services. J'irai même jusqu'à dire qu'il faut s'interroger sur la pertinence de l'orientation prise à Marrakech en 1994.
Les modalités de négociation qui seront sur la table à Cancun vont dans le sens d'une banalisation de l'agriculture, alors que c'est sans doute ce que nous avons de plus précieux, avec l'eau, sur cette planète.
3?Nous avons besoin d'une politique agricole qui tient compte de la diversité de nos conditions de production et des caractéristiques de nos différents marchés, une politique agricole qui permette à tous les agriculteurs de vivre dignement du prix de leurs produits.
Je crois qu'il est possible, et même urgent, d'imaginer un nouvel ordre agricole mondial qui favorise l'instauration de politiques agricoles régionales. A la logique actuelle de démantèlement doit se substituer une logique d'organisation des politiques agricoles.
La protection des agricultures au niveau de ces régions ne doit pas être vue comme une entrave aux échanges, mais comme un moyen pour les pays pauvres de développer leur production agricole et de parvenir à un meilleur niveau d'autosuffisance alimentaire.
Dans les pays qui maîtrisent leur production et participent ainsi à la régulation de l'offre, les efforts des agriculteurs pourraient aussi être anéantis par une ouverture totale des marchés.
En Europe par exemple, la maîtrise de la production, de même que l'ensemble des exigences liées à la qualité des produits, à la protection de l'environnement et aux conditions de travail, n'auraient aucun sens sans la préférence communautaire.
La libéralisation totale des marchés est une machine à broyer la diversité de nos modèles de société auxquels nous sommes tous profondément attachés.
Monsieur le Président de la République,
Après trois jours de débats intenses, nous sommes parvenus à nous mettre d'accord autour d'une déclaration commune qui pose les bases d'une politique agricole juste et équitable, fondée sur les prix, dont l'objectif premier est de permettre à tous les paysans du monde de vivre dignement de leur métier.
Nous réaffirmons que l'agriculture est une activité essentielle à la vie humaine, et qu'il faut des paysans nombreux sur tous les territoires pour relever le défi de la sécurité alimentaire mondiale.
Notre vision de la mondialisation n'est définitivement pas celle d'un grand marché unique qui ignore les identités des peuples et leurs modes de vie. Elle repose au contraire sur une logique de régulation des marchés et de protection des ressources, au premier rang desquelles l'agriculture.
Au moment où les jeunes agriculteurs du monde tracent la voie de leur avenir, je souhaite que la France conserve une position extrêmement ferme dans la négociation qui est en cours sur la réforme de la PAC.
Avec ce congrès mondial, les jeunes agriculteurs ont montré qu'ils constituaient une véritable force de proposition.
Mais ces propositions n'ont de sens que si elles sont comprises et partagées au-delà du monde agricole.
Aussi, pour mettre en valeur et faire découvrir au grand public toute la diversité des agricultures du monde, nous avons réalisé une grande exposition sur le Champ de Mars, que je vous invite tous à venir découvrir jusqu'à dimanche.
Samedi, c'est un défilé de chars représentant nos terroirs français et réalisés par les jeunes agriculteurs de nos régions qui descendra les Champs-Élysées pour rejoindre le Champ de Mars.
Quant aux messages forts à faire passer aux décideurs politiques, les délégations présentes à ce congrès s'en chargeront dans leur pays, mais nous comptons vraiment sur vous, monsieur le Président de la République, pour défendre cette nouvelle vision de la mondialisation, plus fraternelle, plus juste, en un mot, plus humaine.
Monsieur le Président de la République,
Je vous cède la parole.
(Source http://www.cnja.org, le 20 juin 2003)