Interview de Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes, dans "Le Havre libre" du 20 novembre 2003, sur l'utilisation des fonds structurels européens, notamment avec l'exemple du Havre, la future directive européenne sur les services portuaires et la promotion auprès des jeunes de l'Union européenne.

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Média : Le Havre libre

Texte intégral

Q - Six mois après votre première visite au Havre, vous revenez cette fois avec Pat Cox. Quels sont l'esprit et le but de ce déplacement ?
R - Le but de ce déplacement est de montrer à un grand européen, Pat Cox, ce que l'on peut faire dans certaines régions de France qui ont eu à régler beaucoup de problèmes à la fois, comme celui du chômage des jeunes notamment. Nous allons également montrer une région qui valorise ses atouts au travers de l'utilisation des Fonds structurels européens. C'est un très bon point pour Le Havre qui se développe avec Port 2000 ou Pic Urban dans les quartiers sud. Cela prouve bien qu'au niveau des villes - et c'est vrai aussi pour certaines régions et certains départements - on sait s'inscrire dans des initiatives de croissance qui permettent de faire face à la concurrence pour se hisser au plus haut niveau de la compétitivité. Dans ce cadre-là, il faut développer les infrastructures de transport, de fret, les activités portuaires avec tous les services qui en découlent. Par ailleurs, je dois dire que j'ai une grande amitié pour Antoine Rufenacht, qui est aussi très intéressé par les affaires européennes puisqu'il préside la commission Europe de l'Association des maires de France.
Q - Votre déplacement au Havre, avec Pat Cox, correspond aussi au moment où doit être votée, au Parlement européen, la directive sur les services portuaires. A quelle date sera -t-elle transposée en droit national pour être applicable ?
R - C'est une directive très sensible mais à mon avis, elle ne va pas être adoptée ces jours-ci parce qu'il y a une forte objection des Etats sur certains points, différents selon les Etats. En ce qui nous concerne, nous avons sauvé l'essentiel sur l'auto-assistance, mais on peut faire un peu mieux. Pat Cox et moi venons également pour donner un signal et dire que ce n'est pas parce que les textes se décident à Bruxelles que nous n'entendons pas les gens. Je pense que le vote va être retardé de quelques semaines, au début de l'année prochaine.
Q - La France va-t-elle profiter de ce délai pour demander de nouveaux amendements à cette directive ?
R - Nous allons être très vigilants sur les qualifications professionnelles. Si l'auto-assistance est reconnue, évidemment nous allons demander que cela soit limité au personnel navigant avec les normes sociales qui sont les nôtres - c'est une mesure protectrice - et des qualifications professionnelles. Ces deux conditions, normes sociales et qualifications professionnelles, dans la plupart des cas vont priver de son intérêt l'auto-assistance.
Q - Il faut compter sur une application dans le courant de l'année prochaine ?
R - Après le vote, il y aura le temps de transposition en droit national. Cela peut mettre encore un an ou deux
Q - Au Havre, vous allez rencontrer des jeunes pour leur parler de l'Europe. Un récent sondage montre que les 15-24 ans veulent plus d'Europe alors qu'ils sont que 5 % à se sentir très européens. N'est-ce pas là le signe de la complexité de la question européenne ?
R - C'est tout le paradoxe des sondages. Premier point : pour les jeunes, l'Europe c'est le nouvel engagement politique. On parle beaucoup dans nos démocraties d'une certaine "dépolitisation" et si on veut "repolitiser" la jeunesse par un engagement, l'Europe est un espace approprié. On donne là aux jeunes la possibilité de débattre autour de questions comme : "Que veulent-ils comme modèle social ? Sont-ils d'accord, pour avoir un niveau de formation élevé, d'aller d'un pays à un autre ?". L'Europe est un levain pour permettre le nouvel engagement politique. Second point, sur le "on ne se sent pas européen", il est vrai que pour l'instant, l'image que renvoie le sport par exemple est à la fois très ouverte sur le monde tout en valorisant l'aspect très national. Pour développer l'esprit européen, les jeunes doivent donc s'approprier l'espace européen et l'idée que l'Europe peut leur octroyer des droits. Il y a plusieurs mesures pour développer cette idée, notamment celle de pavoiser les manifestations sportives avec les couleurs européennes et faire retentir l'hymne européen ; demain, on va entendre cet hymne au Havre. Il y aura aussi le livret du citoyen européen qui sera distribué lors des journées de préparation des jeunes à la défense. C'est un document symbolique important
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 novembre 2003)