Déclaration de M. Jean-François Mattei, ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, sur les missions du numéro d'appel "Cancer info Service", Paris le 22 mars 2004.

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Circonstance : Inauguration du numéro d'appel "Cancer info service" à Paris le 22 mars 2004

Texte intégral

Mesdames et messieurs,
Un an après le lancement du Plan Cancer par le Président de la République, j'ai aujourd'hui le plaisir de vous annoncer la mise en service du numéro d'appel "Cancer info service", (0 810 810 821). Ce service téléphonique d'information, de conseil et de soutien, qui s'adresse à tous ceux qui sont concernés par le cancer, soit directement, soit indirectement, est accessible dès aujourd'hui, à tous ceux qui attendent des informations sur cette maladie, ou simplement qui souhaitent être écoutés. C'est à la Ligue contre le cancer, que mon Ministère a confié la mise en oeuvre de ce service d'information sur le cancer et nous ne pouvons que nous en féliciter. Je souhaiterais vous dire, en quelques mots brefs, les objectifs pour lesquels ce service a été conçu, et ce que les personnes qui appellent pourront y trouver.
1. L'humanité et l'écoute
Vous le savez, parmi les constats dressés par la commission d'orientation lors de la préparation du plan cancer, il y en a un qui n'est pas toujours facile à percevoir par le monde médical, mais qui est particulièrement ressenti par ceux à qui l'on vient d'annoncer cette terrible maladie : ce constat, c'est celui de la grande solitude dans laquelle on se trouve, face à une maladie que l'on connaît mal et qui fait peur. C'est aussi parfois le sentiment d'être perdu ou désemparé face à toutes les conséquences de cette annonce. On se trouve alors parfois très seul, et confronté à une quantité de questions, souvent sans réponse : Quelle est exactement cette maladie ? Quels sont les traitements ? Y en a -t-il de meilleurs que d'autres ? Y en a-t-il de moins douloureux ? Puis-je guérir ? Où serai-je le mieux soigné ? Et comment faire, avec ma famille, avec mon travail ?
Ces questions, les proches, les amis, la famille aussi se les posent. Et les réponses ne sont pas faciles à obtenir. Parfois, il ne peut y avoir de bonne réponse. Et l'inquiétude n'en est que plus grande. Mais il devrait toujours y avoir la possibilité de parler.
Prendre en charge le cancer dans toutes ses dimensions, accompagner les patients, c'est bien entendu aussi écouter et tenter de répondre à ces questions. C'est écouter avec attention, disponibilité et empathie. C'est tenter de répondre objectivement, aussi précisément que possible, et dans le contexte le plus favorable possible pour le patient ou la personne qui lui est proche. Voilà l'un des objectifs principaux de "Cancer info service". Bien évidemment, c'est dans la relation directe avec le médecin et avec les soignants, dans le cadre de l'accompagnement thérapeutique, ou encore dans le cadre des soins de support que le patient doit pouvoir trouver les réponses aux questions qu'il peut poser sur sa maladie. Dans ce cadre, le devoir du soignant est d'informer et de répondre aux questions du patient, dès lors que celui-ci le souhaite. Pour autant, je crois qu'il est extrêmement utile et tout à fait complémentaire de pouvoir échanger, partager, questionner auprès de bénévoles et de répondants formés à ces sujets, en marge de la relation purement soignante. La ligue contre le cancer a développé, depuis longtemps déjà, les groupes de paroles, généralement animés par d'anciens malades. Ces groupes ont montré leur énorme utilité pour certains malades, et ils permettent de répondre à beaucoup de souffrance, et à un besoin de partage, que le système de soins ne peut évidemment pas offrir.
Je voudrais d'ailleurs rendre ici un hommage appuyé à ces groupes de parole, à tous leur membres et à leurs animateurs, dont je salue le dévouement, comme je veux saluer le dévouement de tous les bénévoles engagés dans la mobilisation contre le cancer.
Ce numéro n'a bien entendu pas la même fonction de soutien et d'écoute, mais grâce au téléphone qui est un média neutre et anonyme, il constitue un élément important dans la palette des points d'accès à l'information qui ne seront jamais assez nombreux pour répondre aux besoins des patients.
Un autre objectif de "Cancer info service" est de fournir une information aux personnes qui ne seraient pas touchées directement par le cancer, mais qui peuvent souhaiter mieux connaître cette maladie, pour mieux en connaître les facteurs de risque par exemple, ou qui recherchent des informations sur les possibilités de dépistage. Je souhaite que cette ligne téléphonique puisse également répondre à ce type de demande.
2. Les services de "Cancer info service"
Que pourra-t-on trouver en composant le numéro de "Cancer info service" ?
D'emblée, je veux préciser que l'on n'y trouvera pas d'avis médical, de consultation à distance, ou de commentaires sur un traitement en cours. Il ne s'agit pas d'entrer dans le traitement du cancer, qui doit bien évidemment rester sous la responsabilité de l'équipe médicale. En revanche, on y trouvera les informations générales sur les différents cancers, les moyens de les prévenir, lorsqu'ils existent, et les principaux types de traitement. On y trouvera surtout une écoute attentive et des conseils pratiques pour concilier les traitements et la vie familiale ou professionnelle, pour aider à organiser le retour à une vie normale après l'hôpital, ou tout simplement, mais si humainement, pouvoir parler à un écoutant disponible, lorsque l'on se sent seul ou déprimé.
Henry Pujol et les organisateurs de ce service préciseront dans un instant les différentes dimensions de l'informations et du contact qu'offre la ligne "Cancer info service". Cette ligne a été conçue pour répondre aux demandes de tous ceux qui veulent en savoir un peu plus sur le cancer, et je crois qu'il est temps qu'elle puisse être ouverte aujourd'hui.
Je sais que derrière "Cancer info service", il y a en permanence des écoutants, bénévoles pour certains, professionnels pour d'autres. Tous, sont là pour apporter une réponse ou un soutien à ceux qui appellent et sont souvent dans l'angoisse ou la détresse. Je sais également qu' un support psychologique et médical a été mis en place, pour qu'aucun appel, autant que possible, ne puisse rester sans réponse.
Je voudrais en remercier chaleureusement la Ligue, qui, sous l'impulsion notamment de Claire Compagnon, a organisé la mise en place de ce numéro, a formé les écoutants et a préparé la plate forme téléphonique où nous nous trouvons. Et je sais que derrière un simple numéro, il y a beaucoup de travail, et beaucoup de talents. Merci donc à vous tous qui permettrez de rendre le cancer un peu plus compréhensible et aidez à mieux vivre les traitements.
"Cancer info service" s'ouvre. C'est un commencement. Nous évaluerons régulièrement ce service, et nous le complèterons, en particulier dans le cadre de la mise en place prochaine de l'Institut National du Cancer. Je souhaite en effet, qu'avec la mise en place des différentes mesures d'organisation des soins prévues dans le plan cancer, nous puissions dans un avenir proche répondre à des questions auxquelles il nous est encore impossible de répondre aujourd'hui, comme d'aider une personne à trouver les établissements ou les réseaux de soins pouvant prendre en charge leur cancer dans les meilleures conditions. Cela nécessite préalablement que l'offre de soins en cancérologie soit organisée dans toutes les régions, ce qui est en cours. Cela nécessite également que les référentiels qualité auxquels les structures de cancérologie devront se soumettre soient établis et mis en uvre.
Or c'est justement le principal objectif de l'année 2004, pour la mission interministérielle de lutte contre le cancer. L'Institut National du Cancer qui sera créé prochainement aura pour mission d'aider à la définition et à la mise en place de cette organisation et de ces référentiels qualités. Il aura également pour mission l'information du public, et pilotera, à terme, l'organisation de la ligne "Cancer info service", en lien étroit avec la Ligue. Son objectif sera également d'enrichir ce service par des médias complémentaires comprenant en particulier l'internet.
Nous disposerons alors d'un ensemble plus complet de canaux d'information et d'aide aux malades et à leurs proches, qui j'espère permettra de répondre à l'ensemble des questions posées.
Aujourd'hui, le plan cancer a encore avancé d'un pas. Un pas vers les attentes des patients et de leurs proches. Il reste encore beaucoup de travail et il faudra encore beaucoup d'efforts pour vaincre le cancer, mais chaque avancée constitue une victoire sur la maladie. Aider ceux qui en ont besoin à mieux connaître le cancer, c'est les aider à mieux le combattre, et cela, c'est déjà commencer à le vaincre.
Je vous remercie.

(source http://www.sante.gouv.fr, le 23 mars 2004)