Déclaration de M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur la nécessité d'accroître et de pérenniser le soutien au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, à Paris le 16 juillet 2003.

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Circonstance : Conférence internationale de soutien au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, paris le 16 juillet 2003

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les représentants des organisations internationales, des entreprises et des organisations non gouvernementales,
Je voudrais d'abord saluer la présence de Monsieur Tommy Thompson, secrétaire à la Santé et aux Services sociaux des Etats-Unis d'Amérique, qui est également le président du Conseil d'administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Je le remercie très chaleureusement d'avoir fait le déplacement spécialement pour participer à cette réunion et je lui souhaite la bienvenue à Paris. Il coprésidera cette conférence, avec mon collègue ministre français de la Santé et de la Famille, Monsieur Jean - François Mattei, et moi-même.
Cette coprésidence est un signe supplémentaire de notre engagement commun et de celui de nos gouvernements dans la lutte contre ces trois maladies.
Je voudrais également saluer et remercier le docteur Richard Feacham, directeur exécutif du Fonds mondial, qui est le co-organisateur de cette conférence.
Mesdames et Messieurs, nous sommes heureux que vous ayez été nombreux à accepter l'invitation que le Fonds mondial et nous-mêmes vous avons adressée. Nous vous en sommes reconnaissants.
Plus de vingt ministres sont présents et plus de cinquante gouvernements sont représentés, dont de nombreux pays bénéficiaires de financements du Fonds mondial.
Nous avons aussi le plaisir d'accueillir : le nouveau directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé, Monsieur Jong - Wook Lee, le Docteur Peter Piot, directeur exécutif d'ONUSIDA, les représentants de la Banque mondiale, enfin, les représentants de la Commission européenne.
Le président de la Commission européenne, Monsieur Romano Prodi, interviendra d'ailleurs ce soir lors de la clôture, juste avant la déclaration du président Chirac.
Je remercie Monsieur Kofi Annan, Secrétaire général des Nations unies, qui a tenu à nous adresser un message que nous entendrons dans quelques minutes,
Le président Mandela, avec qui je me suis entretenu il y a deux jours, a tenu lui aussi à s'adresser à vous dans un message qui sera diffusé après le déjeuner.
Je veux remercier les dirigeants des grandes entreprises qui ont répondu à notre invitation. Il n'est pas si fréquent que chefs d'entreprises et responsables politiques se réunissent pour parler de santé publique. Mais la santé des entreprises, elle aussi à travers celle de leur personnel, est menacée par le développement des épidémies. Nous l'avons vu lors de l'apparition du syndrome respiratoire aigu. Les pays les plus touchés par le sida le mesurent chaque jour un peu plus.
Je tiens enfin à remercier de leur présence les représentants des organisations non gouvernementales et des personnes affectées par ces maladies. Vous avez souvent été à la pointe du combat et vous le restez. Il faut vous en rendre hommage.
Vous êtes surtout des acteurs clés de la réponse à apporter à l'immense défi que nous devons relever et votre engagement en faveur du Fonds mondial est pour nous la meilleure incitation pour entraîner une large mobilisation en faveur de cette institution.
Je voudrais maintenant en venir aux raisons qui nous ont conduits à organiser cette conférence et à ce que nous en attendons.
La vérité, c'est que si nous n'agissons pas à l'échelle du défi, ces maladies continueront leur expansion rapide dans des pays de plus en plus nombreux, particulièrement la pandémie du sida.
Une grande conférence internationale sur la pathogénèse et le traitement du sida se tient depuis trois jours dans ces mêmes lieux, et ce n'est pas une coïncidence fortuite. La recherche donne des moyens d'agir contre la maladie et nous indique les voies les plus efficaces à suivre dans cette lutte.
Mais cela ne suffit pas. Il faut les moyens, et notamment les moyens financiers. C'est maintenant que nous devons agir, ensemble et avec le souci de l'efficacité maximum.
Le Fonds mondial n'est pas le seul instrument de la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, mais c'en est un élément essentiel. Pour changer d'échelle dans la lutte contre ces trois maladies, il faut changer d'échelle dans le soutien apporté au Fonds mondial. C'était le message du président Chirac lorsqu'il a annoncé au Sommet du G8 à d'Evian le triplement de la contribution de la France, qui passera à 150 millions d'euros par an.
Si cette aventure, car c'en est une, du Fonds mondial échoue, nous n'aurons pas de deuxième chance. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.
Alors, que pouvons-nous faire ensemble pour accroître, diversifier et pérenniser le soutien au Fonds mondial ? Diverses voies seront explorées aujourd'hui. Je voudrais en évoquer quelques-unes qui nous paraissent essentielles.
Il faut d'abord augmenter et pérenniser les contributions financières directes au Fonds mondial. C'est évidemment une voie indispensable et la France l'a déjà empruntée. Le Fonds doit disposer de ressources suffisantes pour financer les programmes engagés et leur suite. Ces ressources doivent aussi être régulières et prévisibles car l'action doit s'inscrire dans la durée. Il faudra réfléchir à la meilleure méthode pour atteindre ce résultat.
Le soutien financier des Etats et des institutions internationales est essentiel, mais d'autres voies complémentaires doivent aussi être explorées, notamment avec les acteurs privés, qu'il s'agisse des entreprises et des organisations non gouvernementales.
Pour être solides, ces partenariats public/privé doivent être sans ambiguïté, c'est-à-dire des partenariats où chacun reste dans son rôle, assume ses responsabilités propres et respecte les logiques des autres.
Je pense au partenariat avec l'industrie pharmaceutique. Le Fonds mondial consacre actuellement près de 40 % de ses ressources à l'achat de consommables, et notamment de médicaments. Ce n'est pas le lieu ici de trouver des solutions à l'accès aux médicaments, dossier qui est débattu dans d'autres enceintes et qui trouvera, nous l'espérons, une issue positive d'ici la Conférence de Cancun.
Mais les sujets sont liés : l'avenir du Fonds et son équilibre financier dépendent en partie des solutions qui seront trouvées pour favoriser un accès à des médicaments de qualité à moindre coût, que ce soit des médicaments génériques ou des produits sous brevets.
Le partenariat public/privé doit être aussi renforcé sur le terrain. Déjà, des programmes de lutte sont conduits concrètement par des entreprises ou des groupes d'entreprises dans les pays touchés.
Ces programmes sont à multiplier et à développer, y compris avec l'appui du Fonds mondial. C'est le concept de co-investissement ou cofinancement.
Cette conférence n'a pas pour ambition d'apporter des réponses immédiates et définitives à tous ces sujets.
Mais j'espère vivement que nous ferons preuve de suffisamment d'imagination aujourd'hui pour explorer des voies nouvelles. Avec les institutions internationales et les Etats concernés, avec les entreprises, mais aussi avec les organisations non gouvernementales, avec les agences d'aide bilatérale et multilatérale.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 juillet 2003)